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14/10/2014

Heimat

21036615_20130906144740187.jpgPour les Zémour et autres passéistes qui rêvent de vivre dans les siècles précédents, il leur faut voir le film Heimat, la version qui se passe entre 1842 et 1844 dans le Hunsrück non loin de la frontière française. La misère qui régnait dans cette région aujourd’hui prospère était terrible !

Au départ, Heimat est une série télé que tout allemand connaît  11 épisodes de 55 à 138 minutes qui racontaient la vie du village imaginaire de Schabbach de 1919 à 1945  créé par Edgar Reitz et Peter Steinbach et diffusée à partir du 6 mars 1984 sur le réseau ARD. 

En 2013, Edgard Reitz décide de donner à Heimat un pré-scriptum en deux épisodes de deux fois deux heures. Ce sont ces deux merveilles que l’on a pu voir au Rouge et Noir. Plutôt que d’expliquer toute l’émotion et la beauté de ce film, je cite l’excellente critique de La route du Cinéma :

En vieillissant certains réalisateurs semblent devenir séniles (ex. Ridley Scott, 75 ans) et proposent des films sans queue ni tête avec scènes de cul lamentables en guise de Viagra, d'autres au contraire tel Edgar Reiz (81 ans) conserve une haute opinion de leur art et l'élève à des sommets de beauté et de perfection. Heimat est de ces films qui foudroie le regard et s'imprime dans la rétine. Quand en plus le fond est au niveau de la forme on est face à une véritable œuvre d'art. Et pourtant cela dure 4 heures. Mais lorsque le premier épisode s'achève, on a pas vraiment le choix : l'envie de connaître la suite est trop pressante. Impossible de quitter Jakob dans la situation et dans l'état de désarroi où on le laisse...

Mais le réalisateur ne se contente pas de nous mettre dans les conditions de vie épouvantables de ces paysans par ailleurs accablés de taxes par les hobereaux locaux, il fait également passer sur le destin de Jakob un souffle romanesque et romantique affolant. Et parfois au détour d'une scène il applique quelques touches de couleurs contribuant par contraste à rendre ce somptueux noir et blanc encore plus beau : les bleuets dans un champ, une couronne de fleurs sur une porte ou toutes les nuances de la couleur verte... Au milieu d'une routine harassante qui brise les plus faibles, surgissent comme des points d'orgue, des points de suspension, quelques scènes exceptionnelles d'une beauté, d'une puissance et d'une intensité rares : une fête de village, contraste saisissant avec la dureté implacable du quotidien, moment crucial où se joue l'essentiel, l'enterrement collectif de plusieurs bébés qui n'ont pas résisté à la rudesse d'un hiver particulièrement terrible ou une scène d'amour, une des plus belle et bouleversante jamais vue...

Heimat, selon Wikipedia, est un mot allemand intraduisible en français, bien qu'il corresponde à un sentiment universellement répandu. Il désigne à la fois le pays où l'on naît, le village où l'on a grandi, mais aussi la maison où on a passé son enfance ou celle où on est chez soi. (...) Il y eut une époque où la langue allemande opposait "Heimat" à "Elend", la misère. Ce dernier mot vient de l’ancien allemand "ali-lenti" qui signifie littéralement "l’autre pays" ou l’étranger. Vivre "à l’étranger" était donc synonyme de vivre "dans la misère", ce qui définit par extension "Heimat" comme un équivalent du bonheur.

A propos de mots, j'ai adoré la maitrise des langues et en particulier des langues indiennes d’Amérique du sud de Jakob le héros. Ce qui nous vaut l'apparition à l'écran de Werner Herzog, lui-même, dans le rôle d'Humbolt, le grand géographe.

Voir le livre Les arpenteurs du monde de Daniel Kehlmann

dont j'ai parlé ici

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19:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) |

11/09/2014

Trois films

On profite de la nouvelle saison du Rouge et Noir. Trois films en trois jours. Comme je partage le point de vue de Pascale, lisez ses critiques sur La route du Cinéma.

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"Un film tape à l'œil et faussement profond qui ne laissera pas beaucoup de trace... sauf peut-être celle de ce serpent nuageux entre deux montagnes..."

Je serai un peu moins critique que Pascale. A un certain moment, on y croit... presque (à la profondeur).

 

 

 

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La palme d'or de Cannes pour ce film turc de 3 heures et quart...Du très grand cinéma.

Et pratiquement pour conclure son film grandiose, Palme d'Or d'exception, Ceylan nous offre une scène d'anthologie entre trois pochtrons qui rien qu'à elle seule mériterait la Palme...

 

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Et pour finir, un film trop bien, d'une grande fraicheur et qui révèle deux acteurs excellents... Allez-y !

"Adèle Haenel est un ovni, une extra-terrestre. Tout chez elle attire, surprend, enthousiasme. Sa présence, sa voix, son débit inimitable, son allure, ses rares sourires irrésistibles. 

Et quand on s'y attend le moins, le réalisateur nous balance une scène quasi apocalyptique d'une beauté et d'une force inouïes, absolument inoubliable. Et ce que réussit le frêle Kévin Azais à ce moment là est époustouflant."

A voir donc, toute affaire cessante."

10:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) |

22/08/2014

Jimmy's hall

jimmy-hall-affiche.jpgAprès un exil de 10 ans aux Etats-Unis, Jimmy Gralton rentre au pays en 1932 pour revoir sa mère qui se retrouve seule. Jimmy est un ex militant de l'IRA. L'Irlande, dix ans après la guerre civile, est sous le gouvernement de Eamon de Valera, le héros de l'indépendance qui refuse la partition. Tous les espoirs sont permis pour la nouvelle Irlande…

Les jeunes du Comté de Leitrim, demandent à Jimmy, de rouvrir le "Hall". Improprement traduit par Dancing, le Hall est un lieu de convivialité où les habitants se retrouvent pour apprendre, échanger et pour s'amuser, un foyer de jeunesse gratuit et ouvert à tous. Musique et danse sont vitales pour ces irlandais de la campagne.

Jimmy est réticent car il sait qu'il risque de provoquer ses vieux ennemis comme l’Église ou les propriétaires terriens (pastors ans masters). Malgré tout, il décide de rouvrir le "Hall", . Le succès est immédiat. Mais l'influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes n'est pas du goût de tout le monde au village. Les tensions refont surface.

Dans la lignée des films de Ken Loach, Jimmy's Hall, est une illustration de plus de la lutte des pauvres pour obtenir un minimum de droit de vivre dignement face à des puissants qui veulent tout garder pour eux. Le rôle de l'église, toujours du côté des puissants y est pitoyable. Le glaive des fascistes et le goupillon des cléricaux unis pour mater la populace. Le personnage du vieux curé intransigeant mais tout de même perturbé par le charisme de Jimmy est remarquable au point de devenir le personnage principal du film.

Face à la grisaille de l'église et à la raideur des possédants la chaleur du Hall attire du monde venu rire et danser. Dans cette baraque, on se réjouit, on fait la fête. Au delà de la politique Ken Loach célèbre la vie, même si la réalité demeure dure pour les pauvres.

10:03 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) |

13/07/2014

Gett

Gett, un film de Ronit et Shlomi Elkabetz, en français le procès de Viviane Absalem. Une bonne critique ici sur la route du cinéma.

Le divorce selon la loi juive et israélienne est entériné par un acte de divorce écrit en araméen : le get (ou gett, guet…). Celui-ci ne s’obtient qu’avec l’accord du mari et après une cérémonie rituellement fixée devant un tribunal rabbinique.

le-proces-gett-le-proces-de-viviane-amsalem-25-06-2014-1-g.jpgViviane et Elisha sont mariés mais le mariage bat de l’aile. Viviane ne supporte plus Elisha qui lui prétend l’aimer. Viviane a entamé une procédure de divorce. Le film nous raconte cinq années de procédure du tribunal rabbinique. Elisha s’obstine a dire non et le tribunal composé de vieilles barbes entérine à chaque fois sa décision sans se préoccuper de la souffrance de Viviane.

Ronit Elkabetz, la réalisatrice, joue Viviane, Simon Abkarian joue Elisha. Ils sont tous les deux exceptionnels, tout simplement. La caméra enchaîne les plans fixes, on sort à peine de la salle du tribunal pour... la salle d’attente du tribunal. C’est filmé de manière terriblement dépouillée, on pense à Bresson ou encore à Ozu. Un film magnifique à décortiquer dans de futures exégèses du cinéma.

Le-proces-de-Viviane-Amsalem_portrait_w858.jpgAu delà de l’œuvre, pèse ici le poids de la tradition juive. J’ai parlé un peu ici du contraste étonnant dans ce pays entre modernité et traditions dans mes notes de janvier.

Avec ce film, on touche l’aspect le plus poussiéreux de la vie en Israël. En matière de traditions machistes et archaïques les israéliens n’ont rien à envier à leurs voisins arabes. Je me demande comment les progressistes de ce pays supportent de telles vieilleries. Ronit Elkabetzh en a fait un petit bijou de cinéma très graphique.

Une mention pour Sasson Gabai (le retour de la fanfare) qui joue le frère de Elisha et son défenseur. Une aussi pour Eli Gornstein qui joue le défenseur de Vivane avec une grande sobriété et économie de moyens comme tout le film.

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19:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) |

25/05/2014

Godard butor ?

jean-luc-godard.gifJean-Luc Godard : Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule !

Tarentino : Ah ?… Et moi, Quentin Tarentino, cinéaste, auteur de Pulp Fiction, Inglorious Basterds, Django Unchained

Godard : Bouffon

Tarentino: Enchanté !

Si le ridicule tuait, nul doute que Godard serait mort depuis longtemps et avec lui toute une bande de snobinards qui font semblant de comprendre tous ses films même les plus abscons, surtout les plus abscons. Dommage pour Xavier Dolan que le jury de Cannes ait cru devoir lui donner le prix ex-æquo avec Godard, soi-disant pour faire taire le chien qui aboie.

quentin-tarantino.jpgTarentino admire Godard. Il le crie partout. Et Godard, du haut de sa morgue et son mépris, le traite de Faquin, de pauvre garçon. C'était sur France-Inter l'autre matin. Sa majesté Godard ne se déplace pas, il fait venir la presse à lui. Il habite Rolle sur la côte lémanique. C'est Patrick Cohen qui s'y est collé pour son émission 7-9.

Faquin. Le mot signifie "homme méprisable".

Pour ce mépris, il a mérité 400 coups de fouet le Jean-Luc. L’auteur de Pulp Fiction, de passage à Cannes, a de la peine à le croire. Lui qui a appelé sa maison de production Bande à Part en hommage au maitre est en train de ce demander si, celui qu'on a surnommé le  "plus con des suisses pro-chinois", ne serait pas "Le plus con des cinéastes" tout simplement. 

Décidément Jean-Luc ressemble bien au portrait qu’en à dressé Truffault dans sa lettre de mai-juin 1973

Jean-Luc. Pour ne pas t’obliger à lire cette lettre désagréable jusqu’au bout, je commence par l’essentiel : je n’entrerai pas en coproduction dans ton film.

Deuxièmement, je te retourne ta lettre à Jean-Pierre Léaud : je l’ai lue et je la trouve dégueulasse. C’est à cause d’elle que je sens le moment venu de te dire, longuement, que selon moi tu te conduis comme une merde.

Je n’ai jamais formulé la moindre réserve sur toi devant Jean-Pierre (Léaud) qui t’admirait tant, mais je sais que tu lui as souvent balancé des saloperies sur mon compte, à la manière d’un type qui dirait à un gosse : “alors, ton père, il se saoule toujours la gueule ?”

Tu as changé ta vie, ton cerveau, et, quand même, tu continues à perdre des heures au cinéma à t’esquinter les yeux. Pourquoi ? Pour trouver de quoi alimenter ton mépris pour nous tous, pour te renforcer dans tes nouvelles certitudes ?

A mon tour de te traiter de menteur. (…) Autre mensonge, à propos de ton nouveau film : tu ne parles pas de la confortable avance sur recettes que tu as sollicitée, obtenue, et qui doit suffire même si Ferreri, comme tu l’en accuses drôlement, a dépensé l’argent qui t’était “réservé”. Alors, il se croit tout permis ce macaroni qui vient manger notre pain, ce travailleur immigré, il faut le reconduire à la frontière, via Cannes !

Tu l’as toujours eu, cet art de te faire passer pour une victime, comme Cayatte, comme Boisset, comme Michel Drach, victime de Pompidou, de Marcellin, de la censure, des distributeurs à ciseaux, alors que tu te débrouilles toujours très bien pour faire ce que tu veux, quand tu veux, comme tu veux et surtout préserver l’image pure et dure que tu veux entretenir, fût-ce au détriment des gens sans défense…

Le texte complet est ici

17:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) |

13/05/2014

Leçons d'harmonie

Un film qui passe dans assez peu de salles mais que le Rouge et Noir, toujours perspicace, a choisi. Bon choix, sans aucun doute. Leçons d'harmonie est un film Kazakh d'Emir Baigazin qui réalise ici son premier film. Le cinéma Kazakh n'a produit que 5 films ces 3 dernières années.

482162.jpgQuand on voit Aslan, cet ado qui vit chez sa grand-mère, tuer un mouton, on est tout de suite fasciné par le personnage que joue Timur Aidarbekov. Aslan parle peu et ne rit jamais dit sa grand-mère. A travers son obsession pour le propreté et sa manière d'être on sent un caractère bien trempé et une intelligence vive.

Dans le collège qu'il fréquente sévit violence et racket systématique. Le petit caïd local, une vraie teigne, tente de l'éloigner des autres collégiens. Il ne s'attaque pas directement à Aslan qui vit cet isolement sans difficulté jusqu'à l'arrivée d'un jeune de la ville...

Superbes images de la steppe Kazakh et aussi de ces intérieurs pauvres et simples. Un scénario très sophistiqué qui nous fait passer avec habileté des scènes de vie courante au racket puis à la dure réalité de la police locale en apportant des éclairages progressifs sur l'action. Très elliptique dans sa construction, peut-être un peu trop sur la fin car on ne comprend plus très bien ce qui s'est exactement passé et ce qui est du niveau du rêve. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur cette fille voilée que l'on suppose être le pendant féminin d'Aslan dans la recherche de l'harmonie.

Bref, un beau film qui nous fait découvrir ce pays d'Asie musulman tout en faisant preuve d'une grande qualité artistique. Un plat pour gourmets cinéphiles comme conclut Christoblog.

Au Rouge et Noir, nouvelle semaine italienne à partir de demain qui aura sans doute autant de succès que ces dernières années. Six films dont :

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12:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rouge et noir |

08/02/2014

Les mauvaises gens

51YDZMQC23L._.jpgComme j’avais bien apprécier « Les ignorants » de Davaudeau qui racontait l’échange entre un vigneron et l’auteur (initiation croisée vin contre BD), Xavier et Inés m’ont offert un coffret de trois autres BDs d’Etienne Davaudeau. Je les gardais pour la bonne bouche. Je viens de terminer la première « Les mauvaises gens » qui raconte le parcours des parents de l’auteur.

Étienne Davodeau est issu d'une famille ouvrière des Mauges. Dans Les Mauvaises Gens, il retrace la jeunesse de ses parents : tous deux nés en 1942. Ils commencent à travailler dans l'industrie locale à 13 et 14 ans et deviennent membres de la JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, et aussi syndicalistes CFTC puis CFDT.

C’est le monde d’après guerre. Une époque où il y avait du travail mais quels travaux ! Des patrons paternalistes à souhait, ERAM, local de l'étape, n’échappait pas à la norme. La guerre d'Algérie. Des bonnes sœurs pas rigolotes qu'on imaginent pas loin de celles de Philomena. (film de Stephen Frears sur nos écrans très bon et très émouvant, allez-y !). A l’exception de quelques vicaires, qui, à cette époque, s'engagent aux côté des ouvriers, le conservatisme des curés est très prégnant... les Mauges furent au cœur de la guerre de Vendée. 

C’est de la BD-récit, très littéraire... même si on dit qu'on n’aime pas la BD, c’est par là qu’il faut commencer. La bonne nouvelle pour moi, c’est qu’il y en a trois dans le coffret.

Davaudeau est aussi l'auteur de Lulu femme nue, qui a inspiré un autre bon film éponyme du moment à Solveig Anspach.

21:36 Publié dans Cinéma, Ecriture | Lien permanent | Commentaires (7) |