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16/02/2019

Annonay 2019 - 4

Un seul film possible le samedi. On a vu les autres. Par chance il fait un temps splendide. On se croirait en Juin. On part donc se promener avec Pascale du côté de Burdignes. Splendide vue sur les monts du Pilat et les Alpes. Mi-février à presque 1000 mètres d'altitude et il fait 20 degrés, à la fois plaisant et un peu inquiétant.

807322840.jpgVoyage autour de la chambre d'une mère Espagne

L’heure est venue de s’en aller de la maison, mais Leonor est incapable de laisser sa mère seule. Estrella, la mère, ne veut pas qu’elle parte, mais n’ose pas non plus la retenir à ses côtés. Cet hiver, elles vont toutes les deux devoir entreprendre un voyage autour de leur chambre, pour cesser de n’être qu’une mère et une fille, mais pour découvrir qui elles sont, une fois séparées.

Le film raconte avec beaucoup de justesse les rapports d'une mère et de sa fille qui vivent une relation fusionnelle difficile à rompre. On craint toujours le pire mais non, la séparation se déroule sans vrai drame, juste la difficulté de la vivre.

Le petit débriefing hors du théâtre après la séance me laisse à penser que beaucoup de femmes vont aimer ce film qui va leur rappeler leur relation avec leur mère forte en émotions. 

Je n'aime pas le titre. R&N : Oui 

Le dimanche matin, traditionnelle rencontre avec les réalisateurs, acteurs, directeurs de la photos venus défendre leur film. Toujours passionnant et frustrant de ne pas pouvoir participer aux trois tables rondes. On s'installe avec le réalisateur philippin qui parle de Respeto, des Philippines de Dutertre et du Hip-hop avec beaucoup de verve. Ensuite on passe à la table des deux réalisateurs belges avec la charmante Sofia Lesaffre. Il nous reste un film :   

2897210059.pngManta Ray Thaïlande

Dans un village en bord de mer, un jeune pêcheur trouve un homme blessé inconscient dans la forêt. Il sauve l’étranger, qui ne parle pas un mot, et le nomme Thongchai. Les deux hommes commencent à vivre ensemble et à développer une relation complice.
Un jour, le pêcheur sort de nuit sur son bateau de pêche pour ne jamais revenir, laissant Thongchai seul dans sa maison. Peu à peu, Thongchai commence à faire sienne la vie de son ami – prenant pour lui sa maison, son travail et son ancienne épouse.

On suit avec plaisir la première partie de ce film qui raconte lentement sans parole l'histoire de ces deux hommes. Pas mal d'images oniriques mais on suit sans bien comprendre ces guirlandes de noël dans la forêt... Puis dans la deuxième partie on est largué. On ne comprend plus rien. Il faudrait sans doute se laisser porter par la images mais le film dure 1:45, c'est long... et celà finit par un vol de raies mantas, comme il se doit. En plus une inscription au départ : "Aux rohingyas" pose un vrai problème. En effet si Respeto pose le problème de la violence politique aux Philippines, en quoi ce film a vraiment à voir avec les rohingyas. Le réalisateur interrogé dit : "je cherchais un sujet, je suis monter à la frontière birmane..." Pas très convaincant.  

Le soir Pascale, comme chaque année nous envoie les textos du palmarès :

- Deux prix, public et lycéen, aux séraphins

- Le prix du jury au film algérien Jusqu'à la fin des temps

- Le grand prix à Manta Ray  

les deux prix aux séraphins me déçoivent comme cela m'arrive à peu près chaque année. Par contre le grand prix à Manta Ray avec les 3500 euros au distributeur français, me pose un vrai problème. Ce genre de film que Gaël Labanti qualifie de film "d'essence" par opposition à film "de sens" doit-il être dans la même catégorie que les huit autres ? Gaël a demandé au réalisateur Phuttiphong Aroonpheng, s'il s'inspirait de son compatriote Apichatpong Weerasethakul et aussi de David Lynch, il a répondu oui sans expliquer vraiment.

Ce film n'a-t-il pas sa place dans un musée d'art contemporain ? Donner le prix à ce genre de film dans un festival de cinéma n'est-ce pas se moquer du public qui met derrière le mot film autre chose que cette curiosité artistique ? Du coup j'ai cherché les avis des spectateurs sur la famause palme d'or 2010 "Oncle Boonmee (Celui Qui Se Souvient De Ses Vies Antérieures)" sur allocine, résultats : 31% mettent 0 ou 0.5 et 20% mettent 1 ou 1.5 et les critiques des spectateurs sont archi-sévères. Assez peu de films navets ont une note inférieure à 2.2 (1.5 pour mon curé chez les nudistes) et là ont parle d'une palme d'or. Voilà, moi je mets un zéro pointé au jury d'Annonay 2019. 

Mais je mets une très bonne note au festival, Gaël immense cinéphile, la sélection toujours de grande qualité, de bons films hors sélection, les bénévoles sur le pont et cette ambiance toujours très sympa sur la place des Cordeliers très printanière cette année. Et finalement je suis d'accord avec Pascale sur tous les films.

15/02/2019

Annonay 2019 - 3

Quatre films en compétition aujourd'hui. Un bonne journée.

1454407309.jpgRespeto 1er film en compétition - Philippines

Manille, de nos jours. Hendrix rêve de gloire dans le milieu du hip-hop mais crime et pauvreté le maintiennent dans un cercle vicieux jusqu’à ce qu’il rencontre Doc, un vieux poète toujours hanté par les lois martiales du passé.

On plonge d'entrée dans le coeur de Manille, la misère, la violence. Violence des battles de slam déclamé dans une enceinte sans gradins. On peine un peu à suivre le texte déclamé à toute vitesse. Deux personnages principaux, Hendrix, accompagné de ses deux amis et un vieil homme, poète. Le vieil homme raconte la torture sous Marcos mais bien sûr cela fait le lien avec l'actuel président Dutertre, un Hitler comique.

Il y a mille choses, mille détails dans ce film vivant, chaleureux, énergique. Il y a la  dont on sort rassuré de retrouver la lumière du soleil, mais triste et révolté de quitter des jeunes gens face à un avenir plus qu'incertain. Alors que les meurtres extrajudiciaires font rage sous le règne du président actuel des Philippines, Duterte, ce film nous rappelle l’importante dimension politique du hip-hop.

R&N : Oui

Comme Pascale, c'est mon film favori dans la sélection.

731279168.jpgJusqu'à la fin des temps Film algérien

Ali, fossoyeur septuagénaire et gardien du cimetière de Sidi Boulekbour, et Djoher, veuve septuagénaire également qui visite pour la première fois ce cimetière pour se recueillir sur la tombe de sa sœur.

Un peu curieux l'idée de faire un film dans un cimetière mais on s'attache très vite aux personnages de ce monde un peu fermé. L'imam, Ali le fossoyeur, l'assistant qui veut monter une sorte d'agence de pompes funèbres (qui n'existe pas en Algérie, dixit la réalisatrice) et aussi Djoher, femme antipathique au départ qui va s'adoucir au fur et à mesure que s'affirme la relation avec Ali.  R&N : Oui

2107853178.jpgBitter Flowers  Belgique

Lina, une jeune femme ambitieuse, laisse son mari et son fils en Chine pour partir à Paris afin de leur assurer un avenir meilleur. Mais une fois en Europe rien ne se passe comme prévu et elle s’enferme dans un monde de mensonges pour ne pas abandonner son rêve.

Le réalisateur, ancien documentariste, qui parle chinois nous a expliqué le genèse du film par sa rencontre à Paris de ses femmes du nord de la chine (Dongbei) venues dans l'eldorado européen et qui vont n'avoir d'autre choix que de se prostituer. Elles envoient de grosses sommes d'argent à leurs familles. Mais à quel prix ! Le tour de force est de ne jamais tomber dans le misérabilisme. Malgré l'ignominie de ce qu'elles vivent, elles restent dignes et combatives. Passent des appels vers chez elles et sourient, mentent, cachent la honte de leurs désillusions. Un beau film. R&N : Oui

139389012.jpgPour vivre heureux Deuxième film belge

Amel et Mashir, deux jeunes bruxellois, s’aiment en secret. Ni leurs parents, ni leurs amis ne se doutent de leur relation et encore moins de leur projet de passer l’été ensemble à Londres. Le jour où la famille de Mashir décide de le marier à sa cousine Noor, qui est aussi l’amie d’Amel, c’est tout leur monde qui s’écroule. Comment pourront-ils sauver leur amour sans faire souffrir tous ceux qui les entourent ?

Un sujet que l'on a déjà vu mais très bien traité. Des acteurs non professionnels à part Amel, jouée par la très belle Sofia Lesaffre présente à Annonay avec un des deux réalisateurs. L'idée des filles qui sont amies et fréquente le même lycée rend le film plus passionnant. R&N : Oui

14/02/2019

Annonay 2019 - 2

1013992.jpgL'enkas avec Sandor Funtek (photo) et Sandrine Bonnaire. Sortie prochainement.

Après 6 mois de prison pour une petite histoire de stups, Ulysse veut s’en sortir. Il lui faut de l’argent et vite, Gabrielle sa mère dépressive est à la dérive et les factures s’accumulent. Avec son ami David, ils mettent au point un dernier coup : acheter un food truck et écouler des boissons à la Kétamine dans les raves party. Mais rien ne se passe comme prévu.

Une tranche de la vie d'Ulysse. Un peu brouillon, difficile de suivre les paroles ce qui est la tare des films en français. Les avis sont partagés. Moi c'est plutôt non.

 

1700109823.jpgA l'ombre des séraphins Roumain

En Roumanie, dans les années 1990, Gabriel, un adolescent de 15 ans, entre au séminaire afin de devenir prêtre. Confiant et plein d’espoir, il se heurte vite aux brimades des élèves des classes supérieures, à leurs petites combines, et aux méthodes souvent abusives des enseignants. Dans ce monde sans scrupule où la piété et la foi ne sont qu’un leurre, il devra apprendre à survivre par le mensonge, la tricherie, le vol et la trahison.

Deux heures et demi pour nous raconter les débauches et les déboires de ces futurs curés orthodoxes dans les années 90 c'est un peu abuser de notre patience. Mais comme on se trompe régulièrement il va obtenir deux prix, le public et les lycéens. 

3650118671.9.pngMafak Palestinien

Après quinze ans de prison, Ziad, que tout le monde considère comme un héros, tente de se réadapter à la vie "normale" en Palestine. Incapable de distinguer la réalité de ses hallucinations, il se force à revenir là où tout a commencé.

Mon film préféré dans la compétition avec Respeto. Le réalisateur se concentre sur Ziad qui n'arrive pas à se remettre de ses années de prison. Il a de la peine à accepter son statut de héros, il est une victime broyée par un système qui le dépasse. Un angle de vue original sur ce conflit interminable. Mention spéciale pour les graffitis artistiques qui embellissent le camp de réfugiés. Faut-il embellir un camp que l'on veut provisoire ? 

1227589.jpgC'est ça l'amour 

Depuis que sa femme est partie, Mario tient la maison et élève seul ses deux filles. Frida, 14 ans, lui reproche le départ de sa mère. Niki, 17 ans, rêve d'indépendance. Mario, lui, attend toujours le retour de sa femme.

Date de sortie 27 mars 2019 (1h 38min)
De Claire Burger
Avec Bouli Lanners, Justine Lacroix, Sarah Henochsberg plus
Genre Drame
Nationalité Français

Pas transcendant mais un film agréable à suivre. Pour tenter de retrouver un équilibre Mario se met dans une activité de théâtre/expression corporelle qui a lieu dans le centre d'art où travaille sa femme ce qui les met dans une situation peu confortable pour elle. J'ai trouvé cette aspect sur la manière d'affronter la séparation et la difficulté de se retrouver seul à élever ses filles particulièrement intéressant.

13/02/2019

Annonay 2019 - 1

Quatre jours à Annonay pour le festival du premier film. On aime l’ambiance. On aime la ville, l’hôtel du Midi, les présentations du directeur artistique, Gaël. Bref, on aime presque tout et en plus cette année le festival tombe au printemps... enfin début février avec du soleil et de la chaleur.

Comme d’habitude, je vais piquer sans gène aucune et mettre des liens sur le site de Pascale, « La route du cinéma ». En général je suis d’accord avec elle sinon je le mentionne… Je mettrai aussi un avis sur le fait de pouvoir passer ou non au Rouge et Noir.

Aujourd’hui, 3 film hors compétition :

794252176.pngFunan La survie et le combat de Chou, une jeune mère cambodgienne, durant la révolution Khmère rouge, pour retrouver son fils de 4 ans, arraché aux siens par le régime. Toute l’horreur de la bande à Pol Pot dans un dessin animé simple et efficace. Sortie en Mars. Pour le R&N

Je cite Pascale : « Un film fort et nécessaire qui ravive la mémoire d'une des tragédies du XXème siècle. »

Pour le R&N 

 

 

4287151157.jpgPearl Léa Pearl s’apprête à concourir pour le prestigieux titre de Miss Heaven. Son entraîneur, Al, espère, grâce à elle, revenir sur le devant de la scène et rien ne pourra les détourner de cet objectif… Mais à quelques heures de la finale, Ben, l’ex-mari Léa débarque avec Joseph, leur enfant, qu’elle n’a pas vu depuis 4 ans.

 

Un film sur le culturisme féminin en particulier. Beaucoup de défauts mais pas totalement intéressant. Pas pour le R&N

 

 

0453500.jpgTOUT CE QU'IL ME RESTE DE LA RÉVOLUTION

Angèle retourne vivre chez son père, ancien maoïste resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée dans sa volonté de changer le monde  Angèle fuit les rencontres amoureuses. 
Que lui reste-t-il de la révolution, de ses transmissions, de ses rendez-vous ratés et de ses espoirs à construire? Tantôt Don Quichotte, tantôt Bridget Jones, Angèle tente de trouver un équilibre…

  Sortie 6 février 2019 (1h 28min)

Un film distrayant sur les limites de l'engagement politique. Un film de Judith Davis avec Judith Davis dans le rôle d’Angéle. Elle jouait dans le magnifique Viva la libertà

Déjà au R&N

12/02/2019

Lutte des classes

lotta-classe-libro.gifJe suis tombé sur un livre du sociologue italien Luciano Gallino, un des plus éminents sociologues italiens de l’après guerre, mort en 2015. La liste de ses publications est ici, malheureusement pas traduites en français. Sa biographie en italien est ici.

Il a commencé à travailler dans les années 60 chez Olivetti à Ivrea, il connaissait donc bien le monde du travail et en particulier les nouvelles technologies. 

(Olivetti aurait pu être avec Bull et Siemens et d'autres le fondement d'un groupe européen d'informatique rivalisant avec IBM. Mais nous, plus malins, on avait le Plan Calcul, un plan bien français et on l'a eu dans le calCul...)

Je vous traduis la 4ième de couverture de sa dernière parution intitulée :

 « La lutte des classes après la lutte des classes »   

lotta-di-classe.jpgLa caractéristique saillante de la lutte des classes à notre époque est celle-ci : La classe que l’on peut définir comme celle des vainqueurs, conduit une lutte tenace contre la classe des perdants.

Depuis les années quatre-vingts la lutte conduite par la base pour améliorer sa vie a cédé la place a une lutte du haut pour récupérer les privilèges, les profits et surtout le pouvoir qui s’était d’une certaine manière érodé dans les trente années précédentes.

Ainsi est le monde du travail au XXIième siècle, ainsi a changé la physionomie des classes sociales, ainsi sont les normes et les lois voulues par la classe dominante pour renforcer sa position et défendre ses intérêts.

L’armature idéologique qui est derrière ces politiques est celle du néolibéralisme, une théorie générale qui a donné un grand coup de pouce  à la financiarisation du monde et qui a maintenu une pression ininterrompue malgré les bruyants démentis auxquels la réalité l’a soumise.

La compétitivité que cette théorie invoque et les coûts que cette compétitivité impose aux travailleurs constituent une des formes assumées de la lutte des classes de nos jours. Les conséquences sont sous les yeux de tous : augmentation des inégalités, redistribution des revenus du bas vers le haut, politique d’austérité qui minent les bases du modèle social européen.   

 L'entretien qui a précédé le livre est ici. Ce n'est pas très original mais c'est un bon résumé des causes des certains mouvements.

11/02/2019

Real polique

La Turquie s’attaque à la grande Chine. Pourquoi ? A cause des OuÏghours. Les Ouïghours sont un peuple turcophone et musulman sunnite qui habite le nord-ouest de la Chine au nord du Tibet. Comme les tibétains, les ouïghours jouissent d’une certaine autonomie. Mais ils veulent plus et les chinois supportent mal leurs volontés d’indépendance. Comme au Tibet, la religion joue un grand rôle dans l’affrontement entre Pékin et les minorités réfractaires. Comme au Tibet, les Hans, principal ethnie en Chine, occupe le terrain et tentent d'atteindre la majorité de ces régions. 

carte_chine_ouighour-2.jpg

Le mouvement islamiste du Turkistan Oriental (le pays des Ouïghours appelé Xinjiang par les chinois) prône la charia. Bien sûr les états-uniens qui se battent contre Daech et surveillent de près les musulmans radicaux chez eux soutiennent ce mouvement radical avec vigueur. De la « real » politique bien sûr. Et comme d’habitude les deux camps s’affrontent à coup de fake news. Pour les US les chinois tiennent le peuple Ouïghours en otage, ils les emprisonnent et les tuent. Pour les chinois il n’existe aucun camp de concentration dans le XinJiang.

Le XinJiang es riche en pétrole ce qui bien sûr complique encore un peu la chose. Voilà donc un sujet de tension entre la Chine et l’Occident mais aussi entre la Chine et les pays musulmans car après la Turquie les autres pays musulmans vont sans doute se manifester à moins que les intérêts économiques ne soient les plus forts.      

En français     Ouïghours

En anglais      Uyghurs

En catalan      Uigurs

En allemand   Uiguren

En néerlandais Oeigoeren

En italien :      Uiguri

En Occitan      Oigors

En Portugais    Uigures

En Ouïghour :   ئۇيغۇر ; 

En chinois simplifié : 维吾尔 ; 

En chinois traditionnel : 維吾爾 ; 

En pinyin : Wéiwú'ěr

Pour en savoir plus :

12:42 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (0) |

07/02/2019

Exprimer un désaccord

J’aime bien les échelles mais aussi tous les modèles qui cherchent à nous aider à mieux appréhender la réalité. En matière de pyramide on connaît celle des besoins, dite de Maslow, j’en ai parlé jadis.  

Je viens de découvrir sur twitter la Pyramide de Graham (ou pyramide du désaccord) théorisée par Paul Graham en 2008 dans son essai "How to disagree". Elle permet d'illustrer une hiérarchisation de la manière dont on argumente ou dont on débat. Le but étant évidemment de se tirer vers le sommet. On peut trouver un développement en anglais par Paul Graham lui-même ici. J’ai trouvé du Twitter un développement plus court pas Omar El Hamoui. On peut aussi lire l’art de toujours avoir raison.

 

400px-Graham%27s_Hierarchy_of_Disagreement-fr.svg.png

Insulte : c'est le niveau ultime de bassesse en argumentation, et sûrement le plus courant. Et ça peut être de la forme "Espèce de connard" mais également plus élaborée du style "Vous vous complaisez dans votre ignorance et votre incompétence". Mais c'est du même acabit.

Ad hominem : même niveau que l'insulte, l'ad hominem ne réfute rien. On le croise souvent en débat politique : "oui fin normal que tu dises ça vu que t'es de gauche/droite". Ou bien "en même temps c'est Monsanto, donc normal de ne pas faire confiance". Voltaire en était victime.

Attaque sur la forme : là on ne s'intéresse plus à la personne mais à la forme de son argument, et c'est pas forcément mieux. Plutôt que de pointer ce qui est faux, on souligne comment c'est dit, où avec quel ton. Si l'auteur est grossier et ce qu'il dit est vrai, bah on accepte.

Contradiction : là on s'oppose au fond avec du fond, mais sans réfuter ce qu'a dit le contradicteur. Une contradiction peut avoir du sens, mais ne justifie rien. "Vous dites que le glyphosate est cancérigène. Alors que c'est faux, scientifiquement parlant". ne suffit pas. 

Contre-argument : ici on devient un peu plus convaincant. C'est une forme de contradiction mais avec un raisonnement. Sauf qu'ici on sort (ou dévie) souvent du sujet central à chaque contre-argument qui s'oppose et ça donne souvent lieu à un mille-feuille argumentatif. 

Réfutation : là c'est du lourd. Car on va citer un passage spécifique de l'argument contradicteur, qui semble erroné, qu'on tente de réfuter à travers un raisonnement et des preuves. C'est un cas d'argumentation qu'on retrouve rarement car il demande du travail. 

Réfuter le point central : niveau ultime. Si l'objet à réfuter est le point central de l'argumentaire contradicteur, alors on tente ici de réfuter ce point central, en l'explicitant citation à l'appui. "Votre point central semble être X car vous dites «...». Sauf que..."

... et bien évidemment, on use d'un raisonnement, de preuves et également de diplomatie (dans la mesure du possible). 

Un tel classement ne permettra pas forcément un bon débat ou d'avoir tout le temps raison. Un niveau de réfutation au sommet de cette pyramide peut s'avérer faux. La différence est que l'insulte et l'ad hominem seront TOUJOURS mauvais.

Le but est d'identifier le niveau d'argumentation de ce qu'on peut lire ou ce qu'on peut entendre, pour trier entre les bons argumentateurs et les démagogues. Un excellent tribun peut être convaincant, mais peut se contenter d'attaques sur la forme de son opposant ou ad hominem (pas mal d'exemple en ce moment et pas unique chez la France Insoumise). 

En ce sens, on aiguise notre esprit critique en déterminant les formes des arguments qu'on retrouve, souvent sur des sujets polémiques, et ce qui s'apparente à de la malhonnêteté. Par ailleurs, ça nous permet de faire l'effort nous-même d'améliorer nos arguments. Et surtout, ça nous rend moins virulents face à la malhonnêteté. Bien sûr cette dernière peut nous énerver et nous attrister, mais s'efforcer d'être moins méchants (base de la pyramide) nous rend plus heureux et fiers.

Finalement, c'est un outil, comme les armes données par l'ensemble de la communauté sceptique à travers leurs vidéos sur la zététique (et de deux) ou les formations, afin de déceler les biais cognitifs. Le but est de s'en prémunir en sachant qu'ils existent. Sauf qu'ici c'est plus général.