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29/08/2008

mont-Blanc -3-

Le mont-Blanc de Raymonde. Jour 2 – mardi 26 

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On m’avait dit pour le mal d’altitude il faut boire beaucoup, c’est important. Bon, d’accord. Mais c’est pas facile de se lever à une heure du mat quand on loge au premier étage dans un refuge et que le sol est jonché de sacs à dos. Tant pis ! Quand faut y aller… Ça caille, mais le ciel qui était tout couvert hier soir est maintenant parsemé d’étoiles. La chance ! Je n’ai pas redormi depuis qu’un malin a fait sonner sa montre à 11 heures. De toutes façons à 2 heures ce sera le lever général des grimpeurs, je grimpe dans ma couchette… et dans ma tête je commence l'ascension.

Après le petit déj, nous voici en train de chausser les crampons. Hier soir on a essayé ceux que René s’est fait prêter pour moi. Je suis équipé gratos par la maison C., piolet, crampons, baudrier et longe. Ces problèmes de matériels m’angoissent toujours mais tout semble baigner ce matin. On attaque la petite côte derrière le refuge pour s’encorder sur le replat. Raymonde a déjà de la peine. Cinq mètres de dénivelé parcourus et il en reste un peu plus de 1000, ça va être chaud, enfin façon de parler, il doit faire bien en dessous de zéro. René nous encorde, Raymonde est au milieu et moi derrière. Corde vers l’aval pour ne pas s’encoubler en cas de chute et piolet vers l’amont pour le planter comme une pioche au cas où.

Malgré le camping interdit, il y a pas mal de tentes en dessus du refuge. On croise nos amis basques qui se préparent. Ils devraient être en haut avant nous. En levant la tête on voit la procession des lampes frontales qui se confondent à la limite des étoiles. C’est raide, les crampons crissent sur la neige. Je me sens dans une forme éblouissante. Pour Raymonde, c’est plus dur. Un départ qui ne laisse rien augurer de bon et comme on est sur la même corde je croise les doigts.

René a prévu 5 heures de montée pour se retrouver au dernier tramway à 16:35. Cela fait du 200 mètres à l’heure. En bas ce serait facile. Ici, on ne sait pas. Raymonde s’arrête régulièrement pour boire ou manger une petite graine. René manifeste son inquiétude en râlant un peu à chaque nouvel arrêt. Une heure 200 mètres, deux heures 400. On a franchi le dôme du Gouter. Le ciel rougeoie à l’horizon.

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On  a bientôt dépassé la mi-course, on arrive au refuge Vallot (le bloc en haut). Le jour est presque levé, on éteint les frontales. C’est magique. On contemple l’arête des bosses devant nous. Impressionnante ! Une bonne centaine de personnes par petits groupes serpentent sur les derniers 400 mètres. Le ciel est clair et on voit très bien la pente. Encore plus raide.

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Vide de chaque côté comme ces centaines de photos d’arêtes qu’on a déjà vu mais ce coup ci, c’est nous qui sommes dessus. On commence à se dire que l’affaire est dans le sac. Raymonde puise dans ces dernières réserves et on franchit les 200 derniers mètres dans l’heure. Sur l’arête sommitale, on croise nos trois basques qui redescendent.

4808 mètres. Tout le monde semble heureux et souriant même certains autistes croisés hier se sont mis à sourire. On a vaincu la grosse bosse.

En fait ce n’est pas une bosse mais bien une arête. À un certain moment Il y a un peu plus de place pour la photo mais pas de quoi mettre une table et des chaises pour le pique-nique. D’ailleurs, il n’est que 8 heures et quart. René nous dit à quel point nous sommes chanceux de ne pas avoir de vent. L’an dernier, dans sa dernière montée, c’était le blizzard et la neige soulevée qui fouette le visage. On fait des photos. On contemple le paysage époustouflant et on change de sens.

Me voilà donc seul devant la descente des Bosses. Même pas peur. Je suis sur un petit nuage, je plante le crampon dans la neige sans plus de souci pour le vertige (la trouille en fait) qui habituellement m’habite. On contemple l’arête de Bionassay à gauche, à droite on se retourne sur les plus beaux sommets, on voit, entre autre, l’Aguille du Midi, la Verte et le Cervin un peu plus loin.  

Vers 11:30 on est au refuge. Casse-croûte rapide. Il y a encore l’arête à désescalader, le couloir aux pierres à passer. Ce sera très juste pour attraper le tramway et si on le rate… Passé le couloir des pierres, on ne chôme plus. Déjà 2000 mètres de descendus, les pieds se rappellent à notre bon souvenir. Avec René on fonce tant bien que mal pour prendre les tickets de réservation. On y est. On a bien mérité la bière au Fayet et on ouvre le champagne à la maison.

Bravo Raymonde, ton mont-Blanc était super !

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Le jour perce: 

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Arête:
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 En haut: 

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A la descente:
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Au refuge Vallot
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ON L'A EU !
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06:50 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (3) |

28/08/2008

mont-Blanc -2-

Le mont-Blanc de Raymonde. Jour 1 - Lundi 25

(un titre piqué à René qui a écrit lui aussi son texte) 

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Départ du Tramway du mont-Blanc à 10 heures 15. Raymonde et moi, on partait gaiement prendre le train à la gare du Fayet. Il faut dire que c’est juste à coté du départ du tramway que se rencontrent les trains normaux et ceux de la voie vers Chamonix Vallorcine. Eh bien non, René se marre, c’est le tramway qu’il faut prendre. Remarquez, il est normal que René le sache vu que c’est son 5ième mont-Blanc par la voie royale*. En fait je me suis incrusté dans le mont-Blanc que René offre à sa chère et tendre qui cette année se sentait prête à l’ascension. C’est une décision assez courageuse. Comme moi, Raymonde n’est pas une pratiquante de haute montagne ni une sportive de haut niveau et comme moi, elle commence à se avoir quelques années, même si on ne dit pas l’âge des dames. 

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* La voie dite normale est aussi appelée royale, elle n’est pas facile mais c’est la plus facile. Une autre voie passe par les trois monts et commence au mont-Blanc du Tacul (ma seule haute montagne jusque là, si on excepte un 4000 marocain, les deux avec René et Raymonde d’ailleurs.) Le Tacul a fait 8 morts dimanche matin. Lundi (jour du récit) l’accès en est interdit pour la journée. Il existe une montée depuis l’Italie et aussi la voie historique de Balmat à travers les séracs en dessus du glacier des Bossons. La voie royale que l’on emprunte ne fait que 5 à 7 morts par an.   Ca-vient.jpg
Superbes paysages de forêt passant par St Gervais, le col de Voza, Bellevue pour finalement arriver au Nid d’Aigle. Le minéral commence là. On est à peine à 2400 mais c’est déjà très roc et glace. Le glacier de Bionassay a bien fondu comme les autres.
 
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A peine partis, on croise un jeune bouquetin qui cherche sa maigre pitance entre les blocs de granit. Rapidement on monte à 3000 où l’on rencontre un vieux japonais épuisé qui n’a pas eu la chance de monter au sommet, comme la plupart des montagnards du jour, car ce matin il neigeait par là-haut.
 
On casse la croûte près d’un petit glacier à côté du refuge de Tête-Rousse. Il y a là un groupe des pays de l’est. Les campeurs sont priés de rester ici, le camping est interdit en haut. Ce qui veut dire pour eux un mont-Blanc très difficile demain matin. Difficile car en dessus de Tête Rousse nous attend la montée du l’arête du Gouter après la traversée du couloir. Pas très long le couloir, 50 mètres,  mais les pierres y pleuvent alors faut éviter si possible de s’en prendre une sur le ciboulot. On a bien des casques mais… On passe un par un, les deux autres surveillent le haut. In petto, je me dis « demain, vers cette heure-ci, quand on repassera le couloir, mont vaincu ou non, ce sera la fin de l’aventure. »
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Raide l’arête du Gouter. Depuis le bas on voit le refuge et on pense qu’on pourrait le toucher mais il n’y a pas loin de 600 mètres de dénivelé à gravir. De l’escalade facile à condition de ne pas glisser, lâcher les prises ni faire tomber des cailloux sur les copains. Et il y a pas mal de copains dessus pour nos têtes et dessous pour nos pieds. Peu de descendeurs. Le ciel n’est pas des plus cléments. On prie sainte météo de se montrer sympa et surtout exacte dans la nuit qui vient. En attendant, il tombe du grésil et sur le rocher, c’est pas génial… Heureusement, les chutes de pastille blanches (version céleste de l’homéopathique Coca 9 CH qu l’on prend depuis samedi) sont intermittentes et on arrive aux câbles qui aide le grimpeur sur les 200 derniers mètres (de dénivelé) très glissants avec leurs restes de neige.

Raymonde a un peu perdu de sa bonne humeur légendaire. Elle demande sans cesse à combien du refuge on se trouve et peste contre des derniers mètres aussi longuets. Le brouillard nous cache la bâtisse par intermittence. Je double une fille exsangue et à bout qui ne comprend pas mon anglais. On finit enfin par arriver. Drôle de baraque perchée sur le rocher frontière entre roc et glace. René va s’occuper des formalités. Pas sûr que j’ai un matelas, il se peut que je doive coucher tête-bêche sur un matelas étroit.

Raymonde et moi, fatigués et coincés au milieu d’un amas de sacs, cherchont pantoufles à nos pieds pour les dortoirs. Ici, c’est Babel. L’espagnol domine et on ne distingue pas toutes les langues. Le refuge est bondé, bruyant et c’est tout les jours pareil. Il ne faut pas trop être claustrophobe.

On a finalement 3 couchettes en hauteur dans l’annexe. On s’installe. On fait la causette à des valaisans fort sympathiques. Le « vieux » de la bande en est lui aussi à son 5ième mont-Blanc, il nous parle d’un guide qui l’a abandonné dans l’Aconcagua, de vrais montagnards, pas de doute. Repas, second service à 6 :45. A notre table, 3 jeunes basques espagnols dont l’un parle français. Ils viennent de faire le Grand Paradis et demain ils seront avec nous sur les pentes enneigées.

Extinction des feux à 8 heures. Demain, petit déjeuner à 2 heures 30 puis crampons, corde et départ.

Raymonde dans les premiers lacets: 

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Pauses :  

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Deuxième service. Demain suivre la ligne rouge : 
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 Les photos sont de René, guide et reporter en même temps, un service de première qualité.

08:15 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (2) |

26/08/2008

mont-Blanc

Pas trop eu le temps d’écrire ces jours, j’étais en plein mont-Blanc *. Grâce à Raymonde et René, j’ai pu faire cette montagne dans les plus belles conditions qui soient. Merci à eux.

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Un beau jour d’août lorsqu’on faisait le Rognolet, mon ami René m’a demandé si ça me dirait de faire le mont-Blanc sur une gentille cordée le 25, 26 août. Il faut dire que quelques jours plus tôt sur l’Aiguillette des Houches, face au grand sommet, j’avais déclaré qu’il n’était pas nécessaire de faire le mont-Blanc. Mais bon… pas nécessaire ne veut pas dire inenvisageable.

Question posée. J’étais donc au pied du mont et je n’ai pas hésité longtemps. La chose était encore secrète, Raymonde ne voulait pas qu’on lui parle trop longtemps à l’avance d’un mont-Blanc qui lui semblait par trop hypothétique. Pour moi, il y avait deux petits points d’interrogation, la météo qui se doit d’être parfaite pour faire le mont et une place au refuge du Gouter. Très dur d’obtenir une place au refuge. Il faut téléphone un jour précis d’avril et après moult sonneries occupées on peut prendre date pour l’été ou l’automne, c’est ce qu’avait fait René mais… pour deux personnes.  

Bref, je vous la fais courte. Il y avait une possibilité au refuge, restait la météo de lundi et mardi. Incroyable ce que les prévisions ont pu changer la semaine dernière. Finalement, on s’est retrouvé lundi matin, 8 heures 45, à consulter la météo de Chamonix qui était optimiste pour mardi. Il ne restait plus qu’à aller prendre le tramway du Mont-Blanc vers le 10 heures 15 au Fayet pour monter au Nid d’Aigle, coucher au Gouter et le lendemain monter la grande montagne. Ce qui fut fait. Nous étions donc au sommet, ce matin, à 8 heures et quart. Plus de détails et photos à suivre. 

* Le sommet s’écrit mont-Blanc, le massif Mont-Blanc

23:10 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (3) |

13/08/2008

Pointe Blanche

Une autre note sur l’épopée de dimanche à la pointe blanche. La photo montre la désescalade dans une phase cruciale. Photo prise par Raymonde, René étant très occupé avec les pieds de Josie. Le texte suivant de Josie décrit avec talent à quel point l’aventure fut pleine de drame.

 

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Encre Noire pour une Pointe Blanche

Pris au col, le chemin court d'abord allégrement à travers la prairie.

J'entame joyeusement la marche, vivifiée par la brise et l'amitié de ceux qui me lient à leur bonheur, les amis de coeur, quinquas et sexas, à qui la montagne sait livrer ses secrets sous leurs semelles de  randonneurs.

Bon début, donc, que le poids relatif du sac et l'esprit détaché de  soucis oubliés n'entachent d'aucune lourdeur.  Le ciel a la couleur de la mer, c'est un signe porteur... Je m’élève dans la légèreté, portée par  la croyance que la course sera à la hauteur de ma  forme , une belle balade de jambes alertes, bénéfique à mon corps amolli par quinze jours ensablés dans l'océan de la Galice.

Après un dénivelé d'environ 500 m,  nous voici déjà au pied de la Belle, grisée de ses rochers hautains. Jusqu'ici tout va bien...

Mais le chemin se fait maintenant bien plus raide que mes douces pensées envers  les montagnes aimées de ma jeunesse.  Qu'il monte, passe encore, l'épreuve a toute sa normalité ! mais qu'il s'acharne à semer ses caillasses, ça n'est pas prévu dans mon programme mental ! Mes pieds piétinent, reculent, s'empierrent sans repère. Mes genoux se mettent à grincer et les dents font pareil, les mollets se raidissent,   le coeur s'échauffe. Et  je deviens bête... comme mes pieds, avec en tête  les pensées des grands panseurs de  santé  : vivre chaque minute d'effort au plus près du corps car c'est lui qui mène l'affaire, il suffit de n'être qu'avec lui, entièrement  dans la confiance de ses  ressources. Tu parles! Le corps crie ses efforts sans pour autant me ressourcer, j'endure et j'en bave... comme un crapaud dans le désert.

Je suis belle dernière, suivant au pas le tracé persévérant et sage de Mimi qui avance lentement  mais sûrement, me nourrissant de son attention et d'amendes et raisins requincants.

Mais ça se corse encore dans une montée de plus en plus dure et le sentier, non content d'être  ardu,  devient  revêche dans son  lit de pierres, fuyantes sous  les souliers, histoire de nous rappeler que le sommet se mérite et qu'il ne suffit pas de dire « oh, la belle pointe! » mais de la faire!!

René m'a rejointe et suit ma pénible avancée. Bienfaiteur de la grimpe, il accompagne mes suées de conseils avisés. Je suinte de partout. Le corps sait sa douleur et ne la retient plus.

Hoquet sur rochers et envie de vomir la prétention à  cette ascension qui me cogne maintenant aux bords de mes limites. Même l'expression « péter de trouille » prend son sens littéral: j'évente de pets foireux les narines de mon souteneur.

Mais l'allant du  René a ses pouvoirs magiques. Après fortes poussées, aidée de la bienveillance des copines et les encouragements concoctés par la « cohésion du groupe », j'atteins presqu'en rampant- enfin!- le sommet que Lulu m'a vanté et vendu dans sa bucolique description de la veille.  

La pointe blanche, au pic plutôt émoussé, me fait voir rouge, dans la chauffe d'un mauvais sang.

D'avoir pu la monter, j'attends d'elle un plaisir digne de tout ce que j'ai sué pour l'atteindre.

Mais à l'avoir maudite, je ne la trouve plus du tout sexy, ni dans sa forme aussi  figée que la mienne, ni dans l'accueil austère qui reçoit mon corps meurtri. Un vent violent envole mes dernières tentatives à la vouloir aimante.  Je la classe en pierre noire sur mon chemin de vie.

Pourtant, je dois le reconnaître, l'environnement est magnifique, cercle sacré  par  toutes les autres pointes montagneuses qui  rappellent  la modestie de se sentir petit devant leur majesté.

Oui, la vue est unique à ceux qui la méritent!

Bon! Je compte sur le repos et le pique-nique pour  retrouver la certitude que mes coups de reins  valaient mes peines, mes peurs et mes suées.

Niet! Car il faut tout de suite redescendre avant que  « ça  refroidisse ».

Dont acte! J'essuie mes larmes, je mouche la morve de ma régression infantile et je suis le groupe.

Vous dire que la descente sera pire que la montée est une énorme vérité qui s'affiche à mes yeux dès les premiers pas engagés vers le bas.

Le bas? Il ne se voit pas, je le soupçonne au fin fond d'un abîme, loin, très loin de mes certitudes... D'habitude, j'aime les descentes  et  mes pieds connaissent mon allure quand ils vont vers le plaisir d'une bonne bière à l'arrivée!

Mais là, face au Vide,  gouffre aspirant et attirant, c'est une autre bière qui me vient à l'esprit.

La peur revient en force, le mental galope au plus noir des pensées.

Je suis chiffe molle et jambes coupées.

Je m'accroche à mes guides, Bernard, d'abord qui s'essaie en vain à se faire écouter et de nouveau René ... les hommes sont mes secours mais je n'y crois plus guère. Que peuvent ils pour ce que je suis, dans cette heure mortifère,  petite fille qui a régressé de 50 années,  pleurant ses angoisses et  l'attention des autres.  J'essaie de me raisonner mais la vague aspirée du plus profond de mes peurs archaïques me submerge et me déraisonne...de vieux démons s'agrippent en sangsues dévorantes.

Grâce pourtant d' un moment de répit où je crois enfin être au bout de mes peines.

Mais non, ça se corse de plus belle par une désescalade obligée. Obligée? Non, je ne le ferai pas! Autant sauter, qu'on en finisse!

Où est cette voie du milieu qui me donnerait une alternative?  Le miracle d'un envol hors de ce trou rempli de vide? Mais pas de choix, il faut passer !

Derrière moi, Lulu  se réjouit des bouquetins et me tient la jambe pour divertir ma panique.

Joël me rappelle la force élémentaire du physique pour conjurer les mauvais esprits : concentration entière sur la terre. Retrouvailles avec le cerveau reptilien, organe de survie à sortir de son sac quand le péril sonne en la demeure... 

« Sans le senti, le mental ment! » tiens, ma petite phrase fétiche prend ici un nouveau sens : sentir sans ressentir. Les mains pour l'accroche et  les pieds au  sol... mais le sol se dérobe ou du moins je me dérobe à lui.

Le « René » me prend en mains et aux chevilles pour  fixer, pas après pas, mes godillots aux assises du rocher. Je tourne le dos au vide et suspendues à la roche, je comprends qu'en effaçant de mon mental l'image vertigineuse qui me tient lieu de décor arrière, je retrouverai un brin d'assurance.

Plus loin devant moi, la force tranquille des femmes du  groupe me montre le chemin.

J'admire d'ailleurs leur avancée silencieuse et  concentrée face à laquelle mes râles et mes larmes prennent un ton détonnant, certainement perçu en fausses notes incongrues là où la maîtrise s'impose.  Les copines me donnent ainsi sans le vouloir une leçon de retenue, que je ne retiens pas...

Je progresse tout de même jusqu'au pied de l'hostile façade... et là  où je croyais la fin de mon calvaire et la grande résurrection,  l'évidence du vide, encore lui, me souffle à plein visage

Non, ce n'est pas encore  le bout du bout et le trouver nous fera passer par le chas de l'aiguille, au fil du rasoir et à deux pas du col qui porte le même nom et qui va le tranchant de son appellation!

bouquetin_0.jpgLes bouquetins nous ravissent et me narguent. Pourquoi ne serais-je pas cet animal aux pattes agiles qui sait si bien sauter les rocheuses épreuves? 

Maintenant, le sentier avance péniblement dans un pierrier de poussières caillouteuses qui permettrait  le risque d'oser le descendre « en ramasse » pour autant que la pente ne nous affole pas.

La trouille et la fatigue  me retiennent, me vissent,  me clouent et j'avance  au pas lent de celle qui ne sait plus marcher.

Mais elle arrive enfin...  la prairie attendue, vertueuse et généreuse de son herbeuse couche et de  d'un coin de pause pour compenser en vins et victuailles l'énergie dépensée.

Ah! le goût du repas et du repos, pris dans l'humeur joyeuse et riante de la cohésion du groupe pour donner de la langue à ce qui s'est vécu et vaincu.

J'arrose de paroles la solide conviction que s'ils n'étaient pas là, je n'y serai plus et je salue  les dieux pour ces instant bénis où les maux se ridiculisent dans une mignardise à la saveur si subtile qu'on hésite à l'avaler, dans une salade de pâtes qui nous fait regretter l'italien de notre enfance, dans un cake fait maison comme je n'ai jamais su le faire.

La pointe est derrière moi... les amis sont devant et je me sens un peu caqueuse de mon irrationnel  émoi et moi et moi... je jure que cette pointe, je ne la referai pas mais, dans le fond de ma vérité présente, je ne regrette surtout pas ce défi qui m'a défaite pour mieux me refaire, à la pointe de mes émotions

Merci les amis!                                                   Josie -11 Août 08

09:50 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (6) |

11/08/2008

Montagne

L’été est à la montagne et à la marche.

En une semaine :

fea3d9976be11b81d0ef9f008efbf806.jpgAiguillette des Houches.

850 mètres de  dénivelé seulement

pour une vue exceptionnelle sur le Mont-blanc et sa chaîne

 

  

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Le Rognolet

avec un peu de glissade sur le névé

 

et des fleurs magnifiques.

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Le Cheval Noir, un chemin dur à trouver et assez raide avec au sommet une vue circulaire sur les Alpes, Mont-blanc, Vanoise, Meije, Ecrins, Pelvoux, Chartreuse…

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Sous la houlette d'Anne-Marie, descente des gorges de l’Areuse avec passage au Creux du Van.
 
L’Areuse est une petite rivière tourmentée qui se jette dans la lac de Neuchâtel.
Peu de dénivelé mais des paysages à la Indiana Jones en plein Jura suisse.

 

 

 

 

Et hier, la Pointe Blanche, à côté du Jalouvre. Pas de chemin indiqué sur les cartes mais, sur les conseils de Lulu et Mimi, nous voilà parti à la conquête de ce sommet difficile. Josie n’a pas apprécié, les autres ont surtout eu peur pour les chutes de pierre, il n’est pas vraiment conseillé de la faire en groupe. De bons souvenirs... après coup.

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11:15 Publié dans Montagne | Lien permanent | Commentaires (1) |

22/06/2008

Monstre

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L’homme fut étonné d’apprendre que la montagne proche de Genève qu’il parcourt chaque semaine a, un beau jour des années 1800, été escaladée par un monstre. Un vrai monstre.

La montagne, elle, n’a rien de monstrueuse, une simple montagne à vache. Il n’y a rien  de plus rassurant qu’une vache qui paît en paix sur la montagne. Un vache repue qui a pu (ou qui est pue, mais pû de paître n’existe pas) tout son sou.

Paître nous fait défault.

La montagne s’appelle le Salève. Une bien belle montagne qui borde Genève au sud et qui a même sa maison. Maison où l’on trouve toutes sortes d’ouvrages locaux et un petit musée régional. Cette maison est une manière de  reprendre aux genevois un petit bout de cette  montagne  qu'ils  ont créée en inventant la varappe.

Revenons au monstre. Un vrai monstre puisque c’était un monstre de littérature. Et quel monstre ? La créature de Frankenstein. Ne me dites pas que vous pensiez que Frankenstein était un monstre. Non ? Frankenstein n’était que le créateur du monstre. Le grand ancêtre de tous les fabricants de robots et autres androïdes plus ou moins malfaisants.

D’accord, mais que vient faire le héros de Mary Shelley et son monstre alpiniste dans une note de ce blog ? C’est ce que nous a appris l’autre soir Georgette Chevalier, une prof de français à la retraite. Une soirée organisée par la bien nommée Salévienne ou l'on a parcouru l'oeuvre et ses références à la Savoie. En fait un brin de curiosité nous l’aurait fait découvrir dans l’article Salève de Wikipedia.  
 
Au tout début du XIXième siècle, Mary Shelley, épouse du poète Shelley et ami de Byron avait répondu à un jeu d’un dimanche d’ennui pluvieux, partagé avec ses deux monstres de poètes anglais, dans un salon genevois par la création de Frankeinstein, qui lui avait, selon Mary, créé LE MONSTRE. Rien de moins  pour ce petit jeu dominical. Un monstre par ailleurs très gentil… mais malheureux et qui escaladait le Salève pour tenter de calmer son désarroi. Il n’est pas facile d’être un monstre, les monstres que nous sommes le savent bien.
 
C’est pourquoi l’homme escalade les Petites Croix, Orjebet, la grande Gorge, les Pitonsou les Convers aussi souvent qu’il le peut. C’est un assez bon exutoire au mal de vivre. Cela fait travailler le souffle et muscle les mollets, toutes choses excellentes à la santé de l’homme et à son bon moral. Et puis maintenant qu'il sait qu'il pourrait, un jour, rencontrer un de ces merveilleux personnages que la littérature nous a fabriquées par des dimanche pluvieux, l'homme se sent encore plus l'âme d'un grimpeur.

22:00 Publié dans Montagne, Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |

20/04/2008

Mont Veyrier

Depuis le petit port à Annecy le Vieux. Montée par la crête et le mont Baron. Vue sur Annecy et la lac. Retour col des contrebandiers et sentier de talabar en dessus du Biclop. Magnifique. 

 

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