21/07/2013
Le progrès
On connait la complainte du progrès de Boris Vian :
« Autrefois pour faire sa cour / On parlait d'amour / Maintenant c'est plus pareil / Ça change ça change /Pour séduire le cher ange / On lui glisse à l'oreille / Ah Gudule, viens m'embrasser, et je te donnerai...un cire-godasses, un repasse-limaces, un tabouret-à-glace et un chasse-filous!...
Et surtout la tourniquette, à faire la vinaigrette Mais aussi le ratatine ordures, le coupe friture, le chauffe-savates, le canon à patate, l’éventre-tomate et l'écorche-poulet !
Mais tous ces merveilleux objets qui agrémentent la vie de la ménagère de moins de 50 ans, ne résolvent pas complètement le problème de la confection d'un repas avec un emploi du temps surchargé. Depuis Boris, on a donc inventé les menus lyophilisé, barquettisé, hamburgerisé, fastfoodisé, précuits, bref prêts à être consommer.
On peut faire mieux, toujours, c'est pourquoi on vend maintenant des bananes pré-pelées.
Si on a pas le temps d’éplucher les bananes, on les achète prête à manger.
Courrier International nous révèle qu'on trouve aussi des œufs à la coque pré-cuits.
Eh oui ! Si on ne sait pas se faire cuire un œuf avec la mollesse du jaune qui convient, on peut acheter l’oeuf à la coque tout prêt ou presque.
Dommage pour les gens qui en matière culinaire ne savait que se faire cuire un œuf et peler une banane.
On ne pourra donc plus dire:
« Va te faire cuire un œuf, hé banane ! »
Ancienne méthode : A l’aide d’une cuillère, déposer délicatement les œufs pour éviter les chocs. Compter 3 mn à ébullition pour un œuf coque avec un blanc pas tout-à-fait cuit, 4 mn pour un blanc bien cuit et 5 mn pour un œuf mollet.
Nouvelle méthode: Ouvrir votre ipad sur youtube and, in english, you get it...
10:37 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (2) |
08/07/2013
Crucifiés
Enfin l’été. Du coup, nous voilà partis à vélo sur le Canal du Centre. Chalon – Le Creusot le samedi et retour le dimanche.
Avec toutes ses voies vertes, la Bourgogne est un lieu bien agréable pour cycler si on ne s’éloigne pas trop des cours d'eau, ailleurs ça monte.
On a trouvé un hôtel au Creusot, le Jour et Nuit. C'était plutôt la nuit. Chambre petite, moquette douteuse, béton brut dans la salle de bain... mais grande télé.
Rien de bien folichon à la télé au Creusot comme ailleurs. Du coup, on se pointe sur les canaux des news, les 15 et 16, toutes deux en grande compète sur la voie de... la médiocrité. Ce soir là, c’était un avion qui s’était crashé à San Francisco. Du coup, c’était non-stop la même photo de l’avion et les mêmes commentaires idiots. Seule Marion, la tenniswoman, entrecoupait l’avion crucifié pour nous faire part, tout sourire, de sa satisfaction d’avoir gagné Wimbledon. Sympa Marion mais au troisième passage, ras le bol.
Pour expliquer le crash de l’avion, BFM et iTélé avait toutes deux dégotté des pilotes à la retraite qui "expliquaient" ce qui s’était passé. Bien sûr personne n’avait aucune info alors ils brodaient un max. Usant ! Mortel !
Les sous-titres défilants parlaient du retour probable de Sarko en politique, de la visite de Hollande dans les Pyrénées et sur le tour de France et annoncait en dix mots le vainqueur du jour, pas grand chose d'autres... Le tout en boucle... Le lendemain au réveil, exactement le même scénario lamentable. On en était presque à regretter qu'un truc bien grave, genre 11 septembre, ne se soit produit pendant la nuit.
Pourquoi me direz-vous s’infliger un tel pensum ? Et bien parce que j’aurais bien aimé avoir des infos sur le meeting d’athlétisme. Rien, nada, ni d'ailleurs sur mille autres infos que relatent à merveille Courrier International ou d'autres.
Je crois que c’est ça qui me tue le plus avec ces deux chaînes. Comment est-ce possible de faire preuve de si peu d’imagination en diffusant toujours les mêmes choses. Est-ce cela que demandent les gens ? Je ne peux pas croire que les téléspectateurs soient cons à ce point. A mon avis, c’est une copie des CNN et autres chaînes d’info étasuniennes. Faut taper toujours sur le même clou, même si le clou est rouillé comme cet accident d’avion qui a fait infiniment moins de victimes que le départ des vacances chez nous.
Rassurez-vous, ni la chambre médiocre, ni BFM ne nous ont pas gâché le week-end. On a eu la chance de partager le repas du soir, moules frites avec un archiviste qui nous a raconté l’histoire de la métallurgie au Creusot, des Schneider à Arcelor-Mital. Passionnant. On se souviendra donc du canal et du repas du soir. On oubliera très vite le mal aux fesses, le Boeing 777 d’Asiana Air Lines, Marion, le retour du petit énervé et la visite de Hollande aux sinistrés.
Mot du jour Crucifixion (ou cruci-fiction sur BFM et ses vieux pilotes). De crux-crucis donc, croix en latin qui a donné croiser, croisement, croisade, croisillon, crucifère (plante qui porte une croix), croisière (en bateau), croisée (des chemins), croiseur (le bateau), décroiser, entrecroiser, recroiser, crucial, cruciforme, crucifix.
12:25 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (2) |
26/06/2013
Enceint
L'adjectif enceint n'existe qu'au féminin. Pourtant, selon Alain Rey, on parlait jadis d'un "ventre enceint".
Néanmoins (ou en plus) on peut maintenant dire d'un monsieur qu'il est enceint. Et même que... la sensation d'enceint serait à la portée de tout un chacun...
En effet, selon courrier International et à en croire la vidéo de l’agence Ogilvy & Mather Argentina désormais, l’émotion des premiers mouvements n’est plus réservée aux femmes. Les futurs pères peuvent éprouver de l’intérieur les galipettes du fœtus grâce à un dispositif conçu par un fabricant de couches américain. Composé de deux ceintures high-tech connectées – une pour Madame, une pour Monsieur –, ce système reproduit en temps réel les sensations maternelles. A pleurer de bonheur !!
Plus fort, Thomas Beatie... Pas toujours facile de savoir si l'art précède l'actualité ou vice-versa. La question se pose avec l'artiste Marc Quinn, exposé à Venise, qui a fait une superbe sculture d'un homme enceint (ci-dessous) et se serait inspiré de...
...Thomas Beatie, le premier transsexuel enceint (photo) ! Il a à son actif trois grossesses ! Trois enfants en sont nés : Susan Juliette, Austin Alexander et Jensen.
Thomas était une femme, Tracy Lagondino (photo), avant de devenir homme. Elle/il a changé de sexe lorsqu’il avait un peu plus de 20 ans. Il a pris des hormones pour devenir plus masculin et avoir une pilosité plus forte mais n’a jamais subi d’hystérectomie (ablation totale de l’utérus). C’est sa femme Nancy qui a subi une hystérectomie à cause d’une endométriose grave. Elle n’était pas en mesure de tomber enceinte.
La petite Susan est née en 2008 et sait comment elle est née. Elle sait que c’est son papa qui l’a portée durant neuf mois et qui l’a mise au monde. « Je lui dit ce que j’ai fait : je l’ai portée dans mon ventre comme Mr Hippocampe ! Elle ne trouve pas ça bizarre. Il y a une photo de moi, enceint. Elle me la montre tout le temps en disant : "Papa, je suis à l’intérieur de toi et je suis devenue de plus en plus grande et j’ai dû sortir!" », a-t-il expliqué au Daily Mail. [source]
A propos de Marc Quinn, c'est en ce moment à Venise. En pleine biennale, la bonne dose d'images qui dérangent et de polémiques vénitiennes près de l'église de San Giorgio. "Une belle œuvre est celle qui fait parler, c’est celle qu’on aime ou que l’on déteste et donc que l’on critique ou que l’on encense."
15:40 Publié dans Art, Au fil de la toile, Blog | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : marc quinn |
25/06/2013
Snowden007
Partant de Hong-Kong (Chine) pour se réfugier en Russie, l'ex-consultant de la CIA Edward Snowden, à l'origine des révélations du programme d'écoute Prism, devait partir lundi 24 juin de Moscou (Russie) pour La Havane (Cuba) et sans doute poursuivre sa route vers Quito (Equateur) où il a demandé l'asile politique, en dépit des pressions américaines pour son extradition. Il n'était pas dans l'avion Easyjet Venise-Genève hier. A moins que derrière ses lunettes noires, le jeune homme assis sur le siège d'à côté... Allez savoir...
Mais où est passé Edward ?
08:48 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
15/06/2013
Sucre et cafard
Le sucre date de la plus haute antiquité. On sait qu’il ne faut pas donner trop de sucre aux enfants si on ne veut pas qu’ils deviennent obèses, diabétiques avec en plus des dents toutes pourries.
Le cafard est encore plus vieux que le sucre. Son expérience est énorme. Du coup, on enveloppe le poison que l’on donne aux cafards dans du sucre, de même que l’on encapsule de la strychnine dans des boulettes de viande pour de débarrasser d’un chien agressif. Attention aux candidats empoisonneurs, les chiens sont mieux protégés par la loi que les cafards.
Les cafards adorent le sucre, ils se moquent de leur ligne et n’ont pas de dent à carier. Du coup, ils becquettent volonté la boulette sucrée et hop, plus de bestiole. Et comme le monde entier se fout des cafards, personne ne porte plainte. Mais le cafard est sournois. En quelques années, il a développé une aversion au sucre. Les généticiens se sont penché sur la chose et ont constaté que les cafards, pour survivre, ont muté génétiquement plus vite que prévu par Darwin. Merci la science, sans laquelle nous serions envahi de cafards et ne saurions rien de cette affaire qui touche le meilleur ami du prisonnier.
Il y a bien un petit inconvénient pour la santé du cafard survivant : il trouve un goût amer au sucre : du coup, il perd un peu de poids et garde définitivement la ligne. Cette mutation va multiplier les sales bêtes mais elle mérite notre attention. Se pourrait-il qu’il soit transposable à l’homme ? Je pense que oui.
On pourrait imaginer que les téléspectateurs, de chaînes en continu qui diffusent des programmes affligeants enrobés dans des annonces alléchantes, deviennent résistants à la connerie télévisuelle. Rapidement, ils se mettraient à éteindre leur télé, à sortir, à lire ou à aller au cinéma. L’audiovisuel public et privé seraient terrassé. Les chaînes grecques n’auraient pas besoin de recommencer à diffuser. Un autodafé de poste de télé. Un acte de foi dans l’intelligence de l’homme.
Face au bourrage de crâne, on devrait pouvoir faire aussi bien que les cafards. Si en plus on développe une allergie au sucre et au sodas, c’est tout bénéf.
17:59 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) |
10/06/2013
Bonheur
« Le bonheur date de la plus haute antiquité, il est quand même assez neuf car il a assez peu servi » écrivait Alexandre Vialatte.
Attention, le bonheur ne se mesure pas avec un double mètre. Le Bouthan, a adopté le BIB, Bonheur Intérieur Brut comme indice de mesure au détriment du PIB, le produit Intérieur brut. La France pourrait faire pareil, sauf que, les français sont moroses, notre BIB (biberon en anglais) est à moitié vide.
Une autre manière de mesurer le bonheur consiste à mesurer l’IDH, indice de développement humain, qui prend en compte l’éducation, l’espérance de vie, la santé, le niveau de vie… Selon ce critère, la France arrive vingtième, pas si loin du peloton de tête scandinave.
On peut aussi sonder le bonheur en demandant aux gens leur perception du bonheur. Pour la France, c’est là que le bas blesse. Notre perception nous met à 7,2 sur une échelle de 10 et encore, on a pas fait la mesure après une mois de mai pourri. N’empêche que si nous voyions notre vie avec la mentalité de belges on serait à 7,6 sans rien changer, et on serait à 8,9 pour un bouthanais de Thimphou.
Quoique, si ce bouthanais se livre à la méditation régulièrement, il augmente ses ondes gamma dans la cortex préfrontal gauche du cerveau et devient de plus en plus heureux. C’est ce qu’a démontré Richard Davidson, éminent neurologue américain. En plaçant 256 électrodes sur la tête de ses patients, il a mesuré les ondes gamma de pas mal de monde, méditants et non méditants, et surprise :
Le record appartient à un français.
Eh oui, vous l'aurez reconnu sous sa mise en plis, c’est notre ami Matthieu Ricard qui l’emporte, ce qui fait de lui l’homme le plus heureux du monde.
Désolé, mais la nouvelle n'est pas fraiche. Elle date de 2005. Ce qui ne fait qu'accroître mon acrimonie. Grrrr ! Alors là, franchement on se demande ce qu’a foutu Sarkozy. Au lieu de prendre comme conseillers des gens aussi déprimants que Patrick Buisson, Alain Minc, Alain Bauer, Guaino, Guéant, Morano... il aurait pris Ricard, on n’en serait pas là, à ce record de déprime printanière.
On perd en foot, en tennis, en rugby, il pleut encore... Et que fait Hollande ? Il consulte des économistes ! Le cerveau d'un économiste génère très peu d'ondes alpha, à la rigueur quelques courbes du CAC40 à la hausse et uniquement si le chômage monte. C'est trop tristre. Alors, je dis STOP. Un Ricard, sinon rien !
Voilà, il faut donner des responsabilités à Matthieu Ricard. Nommons à la place de Montebourg au redressement de la gaitée collective, nommons le premier ministre s'il le faut ! Avec Matthieu, on tient un recordman, il faut en profiter et redonner confiance aux français.
10:47 Publié dans Au fil de la toile, Simplicité | Lien permanent | Commentaires (0) |
19/05/2013
Scalp
L’homme voyageur s’est fait scalper par un grand sorcier. Normalement le sorcier ne scalpe pas. La scalpation est l’affaire des guerriers. La valeur du peau-rouge se mesure au nombre de scalps récoltés.
Le scalp peut être pris sur un ennemi mort ou vivant, peu importe. Ce qui compte c’est le trophée.
Dans le cas de notre voyageur, c’est le sorcier de Dijon qui a marqué un point.
En fait, le découpage du scalp ne remonte pas au amérindiens et encore moins à la chirurgie moderne appliquée à notre ami voyageur. Cette sympathique coutume remonte aux Scythes. C’est du moins ce que nous narre Hérodote qui est quand même le papa de l’histoire et même de la géographie et donc le saint patron du voyageur.
Voici ce qu’il nous rapporte dans son Histoires au livre 4, chapitre 64 : « Quant à la guerre, voici les usages qu'ils observent. Un Scythe boit du sang du premier homme qu'il renverse, coupe la tête à tous ceux qu'il tue dans les combats, et la porte au roi. (…) Pour écorcher une tête, le Scythe fait d'abord une incision à l'entour, vers les oreilles, et, la prenant par le haut, il en arrache la peau en la secouant. Il pétrit ensuite cette peau entre ses mains, après en avoir enlevé toute la chair avec une côte de bœuf ; et, quand il l'a bien amollie, il s'en sert comme d'une serviette. Il la suspend à la bride du cheval qu'il monte, et s'en fait honneur : car plus un Scythe peut avoir de ces sortes de serviettes, plus il est estimé vaillant et courageux. Il s'en trouve beaucoup qui cousent ensemble des peaux humaines, comme des capes de berger, et qui s'en font des vêtements.
Les amers indiens avaient donc tout appris des scythes qui pourtant vivaient au Kirghizstan sur la route de la soie. A noter que l'homme kirghize protège habilement son scalp [photo].
A noter encore que français et anglais du nouveau monde, toujours avides de progrès, offraient, eux aussi, des primes élevées en récompenses des scalps ennemis.
Par contre, ils gardaient la côte de bœuf pour le barbecue.
18:31 Publié dans Au fil de la toile, Géographie | Lien permanent | Commentaires (2) |