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31/03/2007

(1) Notes

medium_jouet.JPG.

L'Amour

comme

on l'apprend

à

l'école

hôtelière(1)

de

Jacques Jouet

"Le deux février 1930, à six heures du matin, naquit Georges Romillat (2) entre les cuisses de sa mère. Elle dira volontiers, sa vie durant, qu'il vint dès le début jouer entre ses jambes (3)"

(1) On peut se demander si l'amour s'enseigne vraiment dans les écoles hôtelières ? Il suffit d'avoir fréquenté quelque peu les hôtels pour comprendre qu'à l'évidence, il y a matière. Un gros roman, qui commence, comme il se doit, par un avertissement : "Toute ressemblance des personnages de ce roman avec des personnes existant, ayant existé ou existant dans le futur et le concret ne saurait être que le fruit de la potentialité."
(2) Romillat n'est pas le premier venu, on l'a croisé au détour des livres de Jacques Jouet. L'histoire de Georges (a)  d'abord, puis de Sylvain (b), à travers un demi-siècle d'Histoire de France.
(3) Ce ton de narration jouissif doit tenir le lecteur éveillé pendant 28 cahiers de seize pages, soit plus de quatre cents pages (c), quatre cents pages (en comptant les notes de bas de page) d'histoires humaines, drôles, parfois loufoques, grandeur et décadence du sentiment hôtelier sur deux générations .

(a) Georges, fils de pâtissier, brillant écolier, tuberculeux bien soigné en sanatorium, représentant du Chasseur français, et bien vite professeur d'amour à l'école hôtelière. Il épouse Mariette(B1) et rêve avec elle de mettre en pratique les théories qu'il professa. Il fondent l'Hôtel du Large à Etampes, avec, pour comptable et âme tutélaire, Julie, bigote hygiéniste et sœur aînée de Georges. Tout va bien dans le meilleur des mondes hôteliers possibles jusqu'à ce que la guerre d'Algérie qui ne dit pas encore son nom vienne briser les hommes et les rêves.

(b) Sylvain qui va mettre cul par-dessus tête toute la maisonnée. Mauvais sujet, chapardeur et charmant, Sylvain trouve vite sa voie : une activité sexuelle, homosexuelle surtout, débordante et appréciée de ses partenaires. Il nous fera traverser les plus beaux culs de Beauce (C1) et de Navarre (C2), hilare et insouciant, beau et monté comme un astre. Traverser Mai 68 avec entrain, jusqu'aux années sida que personne non plus n'avait vu venir. Sylvain ne viendra pas à bout de l'Hôtel du Large, le capitalisme hôtelier s'en chargera.

(c) On lit le gros du livre comme si nous y étions (nous y fûmes) sans chercher à en savoir plus qu'on nous en dit. On s'étonne bien sûr d'y trouver des notes de bas de pages qui les envahissent parfois jusqu'en haut, d'un autre ton, d'une autre assurance, comme si ce qu'elles disent était au plus vrai ce que le texte a romancé. Elles engendrent parfois leurs propres notes, une descente en abîme, vers des lettres de plus en plus petites comme on remonte le cours d'un ruisseau jusqu'à la première goutte. Une note occupe neuf pages du livre en si petits caractères qu'elle contient à elle seule un vrai roman gigogne passionnant.

(B1) Mariette accouche de Sylvain pendant que son homme est encore à Oran à n'en pas croire ses yeux. Bientôt, ils auront trente chambres d'amour, un restaurant soigné et des triplés, dont Benjamin, dit Jiji, dont il faudra bien reparler.

(C1) Région plate et sans intérêt.
(C2) Région dont Henri IV fut le roi et dont personne ne sait plus où elle se trouve.

04:05 Publié dans Papous | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : notes, commentaires, tags, oulipo |

29/03/2007

Paul Celan

medium_celanstretto.jpg

Paul Celan,

plus grand

poète

de langue

allemande

de l'après-guerre?

.

L’an dernier, en lisant un étrange livre pour le prix Inter, je suis tombé sur Paul Celan, un poète et un destin. Dans son blog naarjuk me demande de mettre un mot sur Celan. J’écrivais donc: « Celan  est né en Bucovine dans une famille juive, il parlait toutes les langues mais mettait un point d’honneur à n’écrire qu’en allemand. Il fréquentait, René Char, Nelly Sachs, prétendait que le langage doit se libérer de l’histoire, et doit être utilisé pour mettre des mots qui répondent au silence imposé sur la situation terrible de l’Holocauste. Celan traduit  Jean Cocteau, Henri Michaux, Osip Mandelstam, Guiseppe Ungaretti, Fernando Pessoa, Arthur Rimbaud, Paul Valéry, René Char, André du Bouchet, et Jacques Dupin… En 67, Celan, le juif martyrisé,  rencontre le philosophe Martin Heidegger, ancien membre du parti nazi, et qui ne renia jamais cette appartenance, ce qui lui inspire le poème Todtnauberg dont est extrait le vers cité plus haut. Après la guerre, il s’installe finalement à Paris, où il est professeur d'allemand à l'École normale supérieure. Il se suicide à 50 ans en se jetant dans la Seine le 20 avril 1970 son corps étant retrouvé le 1e mai. Voilà je viens de vous documenter une ligne du livre : « Vom Blau, das noch sein Auge sucht... C'était cuistre, mais sensuel ».

Paul Celan est peut être le plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre, composant une œuvre absolument innovante, consciente de venir après l'événement majeur de l'extermination des juifs d'Europe.

En 1942, ses parents sont envoyés dans un camp d’internement en Transnistrie où son père meurt de typhus et où sa mère est abattue d'une balle dans le dos.
En 1943, Paul est envoyé dans un camp de travail forcé en Moldavie. Il est libéré par les Russes en 1944. En 1947, il quitte la Roumanie et s’installe finalement à Paris, où il est professeur d'allemand à l'École normale supérieure.
Ses premiers poèmes datent de 1940, dans différents périodiques, mais son deuxième livre, Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire, 1952) assoit sa réputation de poète de l'Holocauste, d'abord en Allemagne, puis dans le monde entier. Son poème le plus connu, Todesfuge (Fugue de la Mort) a pour thème le sort des juifs dans les camps d'extermination.
La fausse accusation de plagiat de l'œuvre de Yvan Goll par sa femme Claire Goll le conduit à la dépression nerveuse. Claire Goll fit une campagne de diffamation contre Paul Celan tout le long de sa vie.
Il est interné plusieurs fois à partir de 1965 dans un asile psychiatrique, d'où il écrit quelques textes en hébreu.
Témoin et victime du nazisme, Celan contredit en apparence la fameuse parole d’Adorno selon laquelle « il ne peut plus y avoir de poésie après Auschwitz »

Voir aussi Celan-Cioran

01:20 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |

27/03/2007

Smoking

On le sait, ce blog est un blog humaniste puisqu’il se propose de donner des nouvelles de l’homme. Cette chronique donne des nouvelles de la ressource confrontée à un monde devenu mondial et un univers impitoyable dont les seules valeurs sont rendement, croissance, performance, compétition et challenge permanent.

A moins de vivre au fin fond de la Creuse et faire des fromages de chèvres (salut Michel) on sait que la ressource fume de moins en moins. Pourtant, mine de rien, la clope était un sacré exutoire pour la ressource ancienne confrontée à des cadences de travail encore plus infernale qu'aujourd'hui. Naguère, la moindre réunion se passait dans un brouillard aussi épais que le smog qui sévit en automne dans le bassin genevois quand l’anticyclone se prélasse dans nos contrées. En ces temps là, même les non-fumeurs fumaient.

Et puis, soudain, presque sans s’en apercevoir, on n’a arrêté de fumer. La vague a traversée l’Atlantique comme les dépressions qui, sans prévenir, viennent chasser l’anticyclone automnal. Cela a commencé par les salles de réunions car, au début, on avait beau lui donner mauvaise conscience, le programmeur continuait de cloper dans son bureau. Il ricanait en douce derrière son écran, avec la fumée qui lui sortait par les oreilles. Il ne perdait rien pour attendre.

Trois ans plus tard, ce fut la mode des bureaux paysagers. Un bureau où on entasse trente experts assez bien payés, supposés se concentrer, car l’avenir de l’entreprise en dépend. Les conflits entre fumeurs et non-fumeurs devenaient ingérables. Trois mois plus tard, on interdisait de fumer dans tous les bâtiments à l’exclusion d’un petit local exigu et non ventilé. L’affaire devenait grave. La qualité des programmes s’en ressentait. Chaque soir le femme du programmeur pouvait, elle aussi, sentir la douce odeur de tabac froid de la salle fumeur imprégnée sur les vêtements de son mari multipliant les sources de conflit : « -T’es encore allé traîné où hier soir ? – Quand j’ai eu fini de tester mon programme, il était onze heures, je suis rentré. » Il n’était pas cru et, à terme, leur union était cuite.

Pourtant, il s’est passé une chose étonnante dans les salles fumeurs. C’était le seul endroit de l’entreprise où on communiquait. On parlait foot, télé, mais aussi de boulot. Ce regain de communication entre les personnes et les départements évitait bien des bourdes à l’entreprise… C’est pourquoi quelqu’un a décidé que c’en était trop, qu’il fallait sévir et revenir aux pratiques anciennes d’hermétisme entre les ressources. Le management prétendit que c’étaient une décision des RH, les RH dirent avoir agit sur ordre. N’empêche que plus personne ne fume dans les bâtiments. La consommation d’anti-dépresseurs augmente. Comme l’argent, ces derniers n’ont pas d’odeurs et le DRH peut savourer sa satisfaction d’avoir mener à bien l’éradication.

Seule sa femme fume encore le soir, une cigarette ou deux après le repas. Il l’a prévenu si elle ne change pas ses habitudes, elle est virée.

Rien ne va plus dans le monde de la ressource…

18:55 Publié dans Ressources | Lien permanent | Commentaires (9) |

25/03/2007

Catch à 4

Ce soir, à 4 semaines du premier tour, j’ai envie de prendre un pari. Parier que les quatre gros candidats vont finir dans un mouchoir de poche. Ce qui pourrait donner, sur un coup de dés, 6 finales possibles et même 12 si l’on tient compte de l’ordre d’arrivée des deux premiers. Si ce pronostic se vérifie, il faut bien admettre que le système qui consiste à ne garder que 2 candidats au second tour est plutôt stupide.

Sarkozy – Le Pen
Sarkozy – Royal
Sarkozy – Bayrou
Le Pen – Royal
Le Pen – Bayrou
Royal – Bayrou

Faites votre choix. C’est assez déprimant je trouve !

22:15 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (9) |

24/03/2007

Projets

medium_projets.gifNTIC

Ordinateurs

et

Projets

.

Les projets de l’ordinateur ne sont que gigahertz et terabytes, rien de sérieux. L’homme a des projets bien plus importants, il veut connaître le tour de taille de la standardiste ainsi que son tour de poitrine . Il peut avoir des projets encore plus grandioses et il arrive même qu’il les réalise... Ressource naguère très convoitée, l’informaticien a de grandes ambitions et des projets en rapport. Ils foirent presque tous*. C’est pourquoi il change fréquemment de méthodes… Il développe par étapes, objet après objet… Il développe autrement… Il va déployer rapide… plus moderne… Il convainc son directeur que sa méthode est la bonne, que l’argent de l’entreprise sera bien placé, le retour sur investissement garanti (RIGAR)…

Sur cette base, un programme manager organise un grand meeting international, les projects managers provoquent des réunions ciblées, les chefs des projets motivent leurs troupes. Les jours passent… la ligne de mort s’approche dangereusement… Le programme manager songe au suicide… Pour les programmeurs, la journée s’allonge… C’est huit heures, puis neuf… minuit enfin… On parle de divorce, les couples sont en danger ! Les dernières nuits avant la délivrance (que contre toute logique l’utilisateur a exigée sans faute pour le 31 mai à quatorze heures) tous travaillent non-stop. À deux heures de l’après-midi pétantes le projet est livré avec sa tonne de documents. On time ! Bravo ! Congratulations ! Well done ! Good job !

Et puis… surprise, surprise ! Les objets ne veulent pas collaborer, les bugs surgissent comme des nuées de criquets dans le sud saharien. Le management s’interroge ? N’aurait-on pas confondu vitesse et précipitation ? Rien ne va plus. On punit les innocents, on félicite les coupables… et puis… on oublie… On fait de nouveaux projets. Ainsi va la gloire du monde.

Non, rien ne va plus dans le monde de la ressource…

* 34% des projets inormatiques sont abandonnés avant leur mise en exploitation, 83% dérivent et/ou ne satisfont pas les utilisateurs selon le Sema Group.

02:40 Publié dans Ressources | Lien permanent | Commentaires (5) |

23/03/2007

Ordinautes

medium_iMac-t.jpg.

Pub pour

Mac / Apple

et

L'ordi fait sa

mauvaise tête

et vous prend...

pour une pomme.

Avez-vous remarqué à quel point les ordinateurs s’humanisent ? Ils font leur tête de cochon. D’un jour sur l’autre, ils changent d’avis. Ils cachent leurs connaissances dans des menus secrets, camouflent leurs préférences, changent de look, de menu, de comportement... Certains matins, ils démarrent du mauvais pied, méprisent leurs interlocuteurs, affirment des contrevérités avec un aplomb imperturbable :

- Veuillez mettre en route votre imprimante !
- Elle est déjà en marche, eh patate !
- Votre imprimante n’est pas connectée, insiste-t-il.

Ils ont déjà la parole. Il ne leur manque que l’ego démesuré de l'humain et en particulier du programmeur, la vanité d’exécuter leurs beaux programmes plus vite plus haut, plus fort. Un de ces jours, il faudra bien compter l’ordinateur parmi les ressources humaines. L’ordinateur du DRH refusera de livrer des chiffres de crainte que cela n'entraînent la mise au rebut des collègues plus âgés, de ceux qui ont moins de dix gigahertz de CPU ou de douze terabytes de disque dur. Cet afflux de nouvelles ressources humaines va plonger le DRH, conscient de son rôle de promoteur de NTIC, dans des abîmes de perplexité. Comment se sortira-t-il de cette situation incestueuse ?

Cessons ces spéculations sur les TICs pour revenir à l’homme. A l’homme qui fait des projets. Les projets de l’ordinateur ne sont que gigahertz et terabytes, rien de sérieux. L’homme a des projets bien plus importants, il veut connaître le tour de taille de la standardiste ainsi que son tour de poitrine...

à suivre...

22/03/2007

Chansons

medium_savoanim.gifEntendu hier la Maïon su on pomi sur France-Inter... pas banal. En fait c'était un extrait d'un site de chansons folkloriques françaises. J'ai aussi trouvé ici des chansons savoyardes et notament l'hymne savoyard:

Allobroges vaillants!
Dans nos vertes campagnes,
Accordez-moi toujours asile et sûreté,
Car j'aime à respirer
L'air pur de vos montagnes.
Je suis la Liberté! La Liberté! 

 

Un peu pompier mais de belles paroles...

Les paroles de la maïon:

La Maïon su on pomi
Qué se guinguénavé...
On Bossu vint a passa
Qué la régardavé...
N'aquetta pas tant Bossu
Té né pas tant bravé...
Que tse brave tsé lé
Té saré ma mia...
La Maïon prit son côté
Pé copa sa bossa...
Quand la bossa fut copa
Le bossu pleuravé...
 Ne pleura pas tant Bossu
Té rindra ta bossa...
Quand la bossa fut rindua
Le bossu cantavé...

 

07:25 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pétasse, bonasse |