05/06/2010
Transcendant
Corps,
Groupes
et tribus.
L'ensemble de Mandelbrot (en noir),
illustration d'un système dynamique
dans le plan complexe
En math, les mots prennent des sens un peu étrange. Il en va ainsi des corps, des anneaux, des groupes ou des tribus. Les nombres peuvent être réels ou imaginaires. ils peuvent aussi perdre la raison et devenir irrationnels. Certains d’entre eux, mais pas tous, sont alors transcendants. A noter que c’est comme dans la vie : une personne rationnelle n’est jamais transcendante et que les gens irrationnels ne sont pas tous transcendants, loin s'en faut.
Les nombres transcendants refusent catégoriquement d’être des solutions d’une équation polynomiale. On les comprend. C'est un corps plutôt rebelle et même anarchiste. Leur refus est intrinsèque, donc indépendant de tous caractères extérieurs. D’ailleurs, pourquoi y aurait-il des caractères extérieurs ? On ne sait pas.
A noter que rationnel, même pour un nombre, vient aussi de ratio, raison. La raison d’un nombre, c’est quand il accepte de se retrouver sous forme de ratio. La raison du plus fort est toujours la meilleure, c'est pareil avec les nombres. Les nombres réels sont donc des nombres bien sages contrairement aux irrationnels transcendants. Quand aux imaginaires, on les appelle aussi complexes, ce sont juste des réels un peu plus difficiles à imaginer. C’est grâce à eux que l’on construits ces merveilleuses fractales si mystèrieuses et attirantes. Mais attention, elles mènent tout droit au chaos.
Quant à la tribu, c’est un ensemble non vide de parties de X, stable par complémentation et par union dénombrable (donc aussi par intersection dénombrable). Les tribus permettent de définir rigoureusement la notion d'ensemble mesurable. En ces temps de rigueur cachée, les tribus stables par complémentation se font très rares.
* La raison d'être des nombres réels est d'offrir un ensemble de nombres avec les bonnes propriétés permettant la construction de l'analyse
08:57 Publié dans Mathématique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : oulipo |
31/03/2007
(1) Notes
.
L'Amour
comme
on l'apprend
à
l'école
hôtelière(1)
de
"Le deux février 1930, à six heures du matin, naquit Georges Romillat (2) entre les cuisses de sa mère. Elle dira volontiers, sa vie durant, qu'il vint dès le début jouer entre ses jambes (3)"
(1) On peut se demander si l'amour s'enseigne vraiment dans les écoles hôtelières ? Il suffit d'avoir fréquenté quelque peu les hôtels pour comprendre qu'à l'évidence, il y a matière. Un gros roman, qui commence, comme il se doit, par un avertissement : "Toute ressemblance des personnages de ce roman avec des personnes existant, ayant existé ou existant dans le futur et le concret ne saurait être que le fruit de la potentialité."
(2) Romillat n'est pas le premier venu, on l'a croisé au détour des livres de Jacques Jouet. L'histoire de Georges (a) d'abord, puis de Sylvain (b), à travers un demi-siècle d'Histoire de France.
(3) Ce ton de narration jouissif doit tenir le lecteur éveillé pendant 28 cahiers de seize pages, soit plus de quatre cents pages (c), quatre cents pages (en comptant les notes de bas de page) d'histoires humaines, drôles, parfois loufoques, grandeur et décadence du sentiment hôtelier sur deux générations .
(a) Georges, fils de pâtissier, brillant écolier, tuberculeux bien soigné en sanatorium, représentant du Chasseur français, et bien vite professeur d'amour à l'école hôtelière. Il épouse Mariette(B1) et rêve avec elle de mettre en pratique les théories qu'il professa. Il fondent l'Hôtel du Large à Etampes, avec, pour comptable et âme tutélaire, Julie, bigote hygiéniste et sœur aînée de Georges. Tout va bien dans le meilleur des mondes hôteliers possibles jusqu'à ce que la guerre d'Algérie qui ne dit pas encore son nom vienne briser les hommes et les rêves.
(b) Sylvain qui va mettre cul par-dessus tête toute la maisonnée. Mauvais sujet, chapardeur et charmant, Sylvain trouve vite sa voie : une activité sexuelle, homosexuelle surtout, débordante et appréciée de ses partenaires. Il nous fera traverser les plus beaux culs de Beauce (C1) et de Navarre (C2), hilare et insouciant, beau et monté comme un astre. Traverser Mai 68 avec entrain, jusqu'aux années sida que personne non plus n'avait vu venir. Sylvain ne viendra pas à bout de l'Hôtel du Large, le capitalisme hôtelier s'en chargera.
(c) On lit le gros du livre comme si nous y étions (nous y fûmes) sans chercher à en savoir plus qu'on nous en dit. On s'étonne bien sûr d'y trouver des notes de bas de pages qui les envahissent parfois jusqu'en haut, d'un autre ton, d'une autre assurance, comme si ce qu'elles disent était au plus vrai ce que le texte a romancé. Elles engendrent parfois leurs propres notes, une descente en abîme, vers des lettres de plus en plus petites comme on remonte le cours d'un ruisseau jusqu'à la première goutte. Une note occupe neuf pages du livre en si petits caractères qu'elle contient à elle seule un vrai roman gigogne passionnant.
(B1) Mariette accouche de Sylvain pendant que son homme est encore à Oran à n'en pas croire ses yeux. Bientôt, ils auront trente chambres d'amour, un restaurant soigné et des triplés, dont Benjamin, dit Jiji, dont il faudra bien reparler.
(C1) Région plate et sans intérêt.
(C2) Région dont Henri IV fut le roi et dont personne ne sait plus où elle se trouve.
04:05 Publié dans Papous | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : notes, commentaires, tags, oulipo |