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30/09/2006

Axiome 3

medium_maton.jpg.

David

Hilbert

et

Raymond

Queneau

l'oulipien

.

AXIOME DES PARALLELES

(vulgo : Postulatum d'Euclide)
 

Une phrase étant donnée, soit un mot n'appartenant pas à cette phrase ; dans le paragraphe déterminé par la phrase et ce mot, il existe au plus une phrase comprenant ce mot et qui n'ait aucun mot commun avec la première phrase donnée.

COMMENTAIRE : Soit la phrase : "Longtemps je me suis couché de bonne heure". Et le mot "réveil". I1 existe dans le paragraphe les comprenant une phrase et une seule contenant le mot "réveil" et ne comprenant pas d'autre mot de la phrase "Longtemps je me suis couché de bonne heure", à savoir : "Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil". Le premier paragraphe d'A la recherche du Temps Perdu obéit donc au moins localement au postulatum d'Euclide.

Nous (Queneau et moi) laisserons au, lecteur le soin de transposer les axiomes de congruence et de continuité.
On pourrait poursuivre encore plus loin cette transposition. Il est curieux qu'en arrivant aux coniques, on n'en aurait nul besoin de transposition, on s’y trouve en pleine rhétorique, ellipses, paraboles, hyperboles…

00:55 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (1) |

29/09/2006

Axiomes 2

medium_maton.jpg.

David

Hilbert

et

Raymond

Queneau

l'oulipien

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2 - axiomes d'ordre

2, 1 Si dans une phrase un mot se trouve entre deux mots pris dans un ordre donné, il se trouve également entre ces deux mois pris en sens inverse.

COMMENTAIRE : Trivial.


2, 2 - Etant donné deux mots d'une phrase, il existe au moins un troisième mot tel que le second soit entre le premier et le troisième.

COMMENTAIRE : Voilà qui peut surprendre.

2, 3- De trois mots d'une phrase, il y en a un qui se trouve entre les deux autres.

COMMENTAIRE : En cherchant bien, on trouvera dans la littérature quelques phrases auxquelles cet axiome ne s'applique pas comme, par exemple, au chapitre XCVIII de Tristam Shandy.

2, 4- Soit trois mots d'un paragraphe n'appartenant pas tous à la même phrase et soit une phrase ne comprenant pas ces trois mots mais appartenant au même paragraphe, si cette phrase comprend un mot de la phrase déterminée par deux de ces mots, elle comprendra toujours un mot commun avec la phrase déterminée par l'un de ces mots et le troisième.

COMMENTAIRE : Pour éclaircir cet axiome, revenons à Hilbert qui le formule ainsi d'une façon plus intuitive : si une droite entre dans un triangle, elle en sort. Nous laissons au lecteur le soin de chercher ou de construire des paragraphes conformes à cet axiome. Hilbert démontre ensuite quelques théorèmes dont le

Théorème 3: Deux mots étant donnés, la phrase où ils figurent comporte au moins un mot entre ces deux mots.
Théorème 7 : Entre deux mots d'une phrase, il en existe une infinité d'autres.

COMMENTAIRE : Le lecteur surpris par l'axiome 2, 2 se dira sans doute qu'il avait bien raison de l'être. Pour dominer cet étonnement et comprendre ces théorèmes, il faut simplement admettre l'existence de ce que, suivant l'exemple de la vieille géométrie projective, nous appellerons "mots imaginaires" et "mots à l'infini". Toute phrase comprend une infinité de mots ; on n'en perçoit qu'un nombre fort limité, les autres se trouvant à l'infini ou étant imaginaires. Bien des esprits en ont eu le pressentiment, mais jamais la nette conscience. I1 sera désormais impossible à la rhétorique de ne plus tenir compte de ce théorème capital. La linguistique pourra également en faire son profit.

Demain le postulat d'Euclide et les parallèles.

00:40 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (2) |

28/09/2006

Axiomes 1

medium_maton.jpg.

David

Hilbert

et

Raymond

Queneau

l'oulipien

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Je vous ai parlé de David Hilbert, mais oui, souvenez-vous : un très grand mathématicien du XXe siècle… Un jour Hilbert eu cette réflexion relatée par Queneau dans les cahiers de l’Oulipo « Au lieu de points, droites et plans, on pourrait aussi bien employer tables, chaises et vidrecomes. » Par la sui Hilbert écrivit Les Fondements de la Géométrie qui sont les bases nouvelles de la géométrie euclidienne.

Sur cette idée Raymond Quenau présenta à l’OULIPO une axiomatique de la littérature en remplaçant dans les propositions d'Hilbert les mots points, droites et plans, respectivement par mots, phrases, paragraphes.


Ci-dessous et dans les notes suivantes, vous trouverez quelques extraits de cette axiomatique. J’ai un peu élagué les commentaires de Raymond, n’hésitez pas à donner les votres car c’est ainsi que progresse l’ouvroir.

Rappelons que Hilbert énonce cinq groupes d'axiomes: appartenance, ordre, congruence, parallèles et continuité.

 1 - axiomes d'appartenance

1 – 1  - Il existe une phrase comprenant deux mots donnés.

COMMENTAIRE: Évident. Exemple soit les deux mots « la » et « la », il existe une phrase comprenant ces deux mots "le violoniste donne le la à la cantatrice".

1 – 2  Il n'existe pas plus d'une phrase comprenant deux mots donnés.

COMMENTAIRE: Voilà, par contre qui  peut surprendre. Cependant si l'on pense à des mots comme « longtemps » et « couché », il est évident qu'une fois écrite cette phrase les comprenant, à savoir « longtemps je me suis couché de bonne heure », toute autre expression est à rejeter… on n'écrit pas deux fois A la recherche du temps perdu.

1, 3 - Dans une phrase il y a au moins deux mots ; il existe au moins trois mots n'appartenant pas tous à la même phrase.


COMMENTAIRE : Il n'y a donc pas de phrases d'un seul mot.


1, 4a - Il existe un paragraphe comprenant trois mots n'appartenant pas tous à la même phrase.


COMMENTAIRE : Il suit de là qu'un paragraphe comprend au moins deux phrases. On remarquera que la formulation des axiomes 1- 1 à 1- 4 est contraire à l'axiome 1- 2 puisque tous quatre ont besoin pour être exprimés des mots « mots » et « phrases », alors que, selon cet axiome, il ne devrait y avoir qu'une seule phrase les comprenant.
 

On peut donc formuler cet axiome de métalittérature : Les axiomes n'obéissent pas aux axiomes.

1, 4 b - Tout paragraphe comprend au moins un mot.

COMMENTAIRE : « Oui », « Non » qui ne sont pas des phrases d'après 1, 3 ne peuvent donc former à eux seuls un paragraphe.

1, 5 - Il n'existe pas plus d'un paragraphe comprenant trois mots n'appartenant pas tous à la même phrase.

1, 6 - Si deux mots d'une phrase appartiennent à un paragraphe, tous les mots de cette phrase appartiennent à ce paragraphe.

1, 7 - Si deux paragraphes ont en commun un mot, ils en ont encore un autre en commun.

1,8 - Il existe au moins quatre mots n'appartenant pas au même paragraphe.

De ces axiomes Hilbert tire le théorème I

Deux phrases distinctes d'un même paragraphe ont au plus un mot en commun ; deux paragraphes distincts ou bien n'ont aucun mot en commun ou bien ils ont en commun une phrase et n'ont aucun autre mot commun en dehors de cette phrase.

COMMENTAIRE : (…) Nous revenons donc à une conception plus flaubertienne. Répéter un mot déjà employé dans un paragraphe précédent, oblige à répéter toute la phrase, contrainte violente : autant ne pas répéter le mot, c'est bien plus prudent et Flaubert observe scrupuleusement cet axiome.

...Demain les axiomes d’ordre....

00:45 Publié dans Science | Lien permanent | Commentaires (0) |

27/09/2006

Morphine

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J’ai la chance de posséder un CD (sans doute difficie à trouver) de

  

Morphine,

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l’œuvre de

Boulgakov

.

dite par

Philippe Léotard

 

Dans ce court roman, Boulgakov raconte l’histoire d’un médecin rongé par la morphine. Boulgakov était médecin, avant d’être écrivain et journaliste, et il décrit avec réalisme et précision la dépendance que la voix de Léotard nous restitue à merveille.

 

Je n'en pouvais plus. Alors j'ai pris ma seringue et je me suis fait une piqûre.
Un soupir.
Encore un soupir.
Ça va mieux... Le revoilà, ce petit froid mentholé au creux de l'estomac...
Trois seringues à trois pour cent.
Cela me suffira jusqu'à minuit...

 

On peut aussi voir dans morphine une allégorie de l’ambiance pesante de la société soviétique à l’époque stalinienne dont on ne s’échappait pas mais ce n'est pas nécéssaire.  

00:00 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (4) |

26/09/2006

Coeur de chien

medium_bulgakov.jpg
[source]

Boulgakov - Cœur de chien

"Ouah-ou-ou-ou-ou-Ouah-ou-Ouah-ou ! Oh ! Jetez un oeil sur moi, je me meurs. Sous le porche, la tempête rugit la prière des agonisants, et je hurle avec elle. Je suis fichu, complètement fichu."

C’est un chien qui nous parle. C'est le pauvre chien Charik, un chien de gouttière maltraité, mal dans sa peau mais pas idiot (il sait lire le mot saucisson). Il est prêt à tout y compris suivre un inconnu en pelisse qui lui a semblé sympathique.

L’inconnu est rabatteur pour un professeur de médecine un peu brindezingue, Philip Philippovitch. Ce professeur a un projet pour Charik mais en attendant il est en train d’organiser la greffe des ovaires de guenon sur une patiente. Sur Charik, victime consentante, il va greffer l'hypophyse du cadavre d'un jeune bolchevik. A la demie surprise du professeur, Charik vas se métamorphoser en un petit ivrogne méchant et  héritant de tares du donneur tout en continuant de chasser les chats.
 
Comme dans le Maître et Marguerite, Boulgakov utilise l’absurde qu’il a créé pour se moquer des tares du système soviétique... Il ridiculise ces savants idéologues qui prétendaient créer un homme nouveau. Il s'en donne à coeur joie pour étriller aussi la bureaucratie étatique et les absurdités de la politique du logement communautaire de l'époque. C'est saignant et drôle !

Charik greffé dit : « Aucune liberté ne me fera partir d’ici… Je suis déjà habitué… J’ai un maître, je suis une créature intellectuelle, j’ai goûté au meilleur de la vie. Et puis la liberté qu’est ce que c’est ? De la fumée, une fiction… Le délire de ces dangereux démocrates…

Coeur de chien, traduction de Janine Lévy,

Kiosque Flammarion.

00:05 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) |

24/09/2006

Boulgakov

medium_Behe.jpg
Béhémoth

au pays

des

merveilles

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L’œuvre la plus connue de Boulgakov, le Maître et Marguerite, conçue en 1928 et réécrite maintes fois, a été publiée en version censurée en 1966. La première version non censurée paraît à Francfort en 1969. En Russie, il faudra attendre 1973. Un parcours assez étonnant quand on sait le culte porté aujourd’hui à cette œuvre cheffe de Boulgakov.

Un des personnages les plus drôle de ce roman est un gros chat noir nommé Béhémoth, un des compagnons du diable, qui va semer dans Moscou plein de petites diableries très amusantes.

En parcourant le Web à la recherche d’informations sur un personnage célèbre, on se demande parfois comment on a pu retrouver de tels détails de l’époque obscure du personnage. En lisant la bio très détaillée de Boulgakov sur Wiki, je tombe sur le texte ci-dessous qui explique comment cela se passait en Russie communiste.

"…le 28 février 1929, Boulgakov rencontre d'Elena Chilovskaïa, c’est le coup de foudre… Elle sera sa troisième épouse et le modèle de Marguerite dans Le Maître et Marguerite. Le même jour, l'Oguépéou (la police politique) enregistre une information selon laquelle Boulgakov aurait entrepris un nouveau roman. Il s'agit d'un « roman sur le diable », conçu en 1928, et dont Boulgakov a commencé la rédaction au début de l'année.

Attention, big brother is watching you.

A part ça, un message pour Xav et les amateurs d’opéra, allez faire un tour sur ce blog

Même si vous n’aimez pas l’opéra allez quand même écouter et voir cette prouesse de Natalie Dessay.

10:30 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (5) |

22/09/2006

Je me souviens

Un petit extrait de Sami Frey disant je me souviens de George Perec. 

Un thème récurrent sur ce blog ici 1 - ici 2 - ici 3


Sami Frey : Je me souviens par ina