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04/04/2018

Rhèmatologue

Il me semble que cela fait un moment que je n’ai pas mis un truc un peu abscons sur ce blog. En attirant mon attention sur un homme tout à fait exceptionnel, Aredius me donne l’occasion de renouer avec la cuistrerie.

braffort.jpgLe monsieur s’appelle Paul Braffort, né en 1923, scientifique, ingénieur, écrivain, poèteparolier et compositeur de chansons. Paul Braffort est membre de l'Oulipo et régent de rhématologie du Collège de 'Pataphysique’. Il a écrit en 1968 un livre sur l’Intelligence Artificielle (IA) et on peut trouver ici, le texte d’une conférence qu’il a donné beaucoup plus tard sur l’IA. Un successeur de Pic de la Mirandole.

C’est le mot rhématologie qui m’a tracassé. En fait, on devrait écrire rhèmatologie, car le mot vient rhème, un terme de linguistique (le rhème complémente le thème) que Braffort assimile au mot commentaire. Par les temps qui courent, où le commentaire grossi à gros bouillon et bien plus vite que le thème, on comprendra que cette régence pataphysique était de première importance. Par chance, Braffort n’ayant pu faire une thèse sur le fondement des mathématiques (sous la direction de Gaston Bachelard excusez du peu, mais avec Braffort on passerait son temps à s’excuser du peu), il était devenu bibliothécaire et même chargé de mettre en place un nouveau classement. La suite est ici.   

ubu125.jpg(Je suis un peu déçu, on ne m’a jamais proposé de devenir auditeur amphytéote du collège ni membre de l’Oulipo. Tant pis !)

 

Extrait qui me fait rêver : Poète apprenti, j’avais été mis en rapport avec Raymond Queneau par Jean Paulhan, dès 1945. Nous avions surtout parlé Bourbaki et structures mathématiques, puis nous nous étions retrouvés chez les Vian, le 2 décembre 1947, pour une soirée chansons. 
Je le revis à plusieurs reprises et plus tard, le 5 novembre 1953, je pris l’initiative d’une rencontre, chez moi, entre Raymond et Jean Margat, déjà éminent hydrogéologue et fondateur de la Jocondologie*. J’en profitai pour évoquer ma naissante Classification alphanumérique. L’idée plut à Queneau qui en fit une analyse succincte, mais très claire, dans le "prospectus" Présentation de l’Encyclopédie (où, curieusement, il me prénomme "Pierre").

* On ne dira jamais assez l’importance de la jocondologie et de la jocondoclastie.

PS:Je classe ce billet sous "Papous" car Brafford me semble faire parti de cette confrérie.

17:53 Publié dans Papous | Lien permanent | Commentaires (0) |

17/01/2018

Agélaste

L'agélaste est un peu coincé et souvent puritain. Relire cette note sur le livre de Jacques A. Bertrand qui dresse un catalogue des êtres détestables. Vous y rencontrerez le touriste (insupportable), le Parisien (odieux), le provincial (qui ne l'est pas moins), le voisin (Ah ! le voisin !), l imbécile heureux (Malheur !), le médecin (à fuir), le malade (il est partout), le conjoint (indispensable), le jeune (il prolifère)... et vous découvrirez même l'agélaste qui, comme chacun le sait, est celui qui ne rit jamais.

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Agélaste

Nom masculin.

Terme inventé par Rabelais. Du grec « a » privatif et « gelos » qui signifie rire.

Se dit de celui qui ne rit pas ou qui n’a pas le sens de l’humour.

http://lephare1.e-monsite.com/pages/guilde-des-agelastes-grincheux.html

11:11 Publié dans Papous | Lien permanent | Commentaires (2) |

13/12/2014

Portemanteau

sarkommence.jpg

En hommage au Garde Mots qui nous a quitté trop tôt, un billet sur les mots-valises illustré par ses soins. C'était en 2005, image toujours d'actualité... et je suis toujours sarkophage.

Cette notion a été créée par Lewis Caroll dans De l’autre côté du miroir, la suite de Alice au pays des merveilles. Humpty Dumpty explique à Alice la fabrication (coinage) des mots bizarres qu'elle vient de lire dans le poème surréaliste Jabberwocky.

Ces mots sont appelés portemanteaux par Lewis Caroll, un mot français ; à l’époque un portemanteau était une valise.  "Il y a deux sens empaquetés en un seul mot" dit Humpty Dumpty à Alice. 

Quelques mots-valises :

adulescent, d'adulte et adolescent ; alicament, d'aliment et médicament ; aspivenin, d'aspirer et venin ; bobo, de bourgeois et bohème ; Modem Modulateur-démodulateur,  franglais, informatique de information et automatique, Motel de motor et hotel, progiciel, logithèque, tapuscrit, courriel, pourriel (spam), smog (smoke et fog), brunch (breakfast et lunch)…

Foultitude (Hugo), tomber en pommoison l’Écume des jours), Velcro (de velours et crochet), Microsoft…  

51FZVYSQV7L.jpgParfois le mot valise permet d’associer des contraires tel statodynamique ou flexisécurité.

Je vous passe les constructions parfois complexes des ces mots.

Au fait, en math, le simplexe est-il simple ou complexe. Une  utopie qui ne fait pas rêver serait-elle utopire ? Et bien sûr la célèbre question Le pornythorinque est-il un salopare ? Mais assez de devinaigrettes (petites énigmes piquantes donc ceux qui racontent des salades se servent pour assaisonner leur récit)

Le personnage de Humpty-dumpty représenté avec un corps d’œuf est très populaire dans les crèches anglaises. 

Une traduction de jabberwocky trouvée ici (attention à la publexcité). Un poème qui fera l'admiration des surréalistes et des oulipiens.

Il était grilheure ; les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient :
Tout flivoreux allaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.


« Prends garde au Jabberwock, mon fils !
A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent !
Gare l'oiseau Jujube, et laisse
En paix le frumieux Bandersnatch ! »


Le jeune homme, ayant pris sa vorpaline épée,
Cherchait longtemps l'ennemi manxiquais...
Puis, arrivé près de l'Arbre Tépé,
Pour réfléchir un instant s'arrêtait.

Le jabberwock du chat chez Walt Disney

06:48 Publié dans Mots, Papous | Lien permanent | Commentaires (6) |

02/02/2014

Ouripo

Suite de la note d'hier et récupération d'un document ancien, et néanmoins précieux, qui posait la question existentielle suivante :

L'ouie-Rire est-il un Ouripo ?

papous.jpglettrage%20Mosner.jpgOn pourra distinguer dans les recherches de l’Ouvroir, deux tendances : Une résolument tournée vers l’analyse et l’autre axée sur la synthèse. L’analyse travaille sur les œuvres du passé, d’Aristophane aux papous dans la tête  en passant par Plaute, Rabelais, Molière, Vialatte ou Desproges. La synthèse, plus ambitieuse  se propose  d’ouvrir des voies nouvelles dans l’élaboration de la matière à rire.

Dans le domaine de la création humoristique nous sommes, à l’Ouï-rire, convaincus que, par manque de systématique, d’immenses champs n’ont pas été explorés. Des champs de rires fins comme des greens de ray-grass anglais, de rires gras comme ces terrains où pousse  le sainfoin et le trèfle, des rires riches couvert de fétuque rouge, de paturin à mouton ou de pimprenelle des alpages. Mais je m’emballe… de foin.

Conscients que la voie est escarpée et que les diamants les plus purs ne se trouvent pas sous les pas du premier ouvreur venu nous sommes prêts à accepter de régresser, voire de s’ennuyer, pour retrouver un jour la voix de la rigolade qui dérouille les muscles joviaux.


Pour les besoins d’une fonction ouripienne spécifique, l’Ouïe-Rire se réserve la possibilité de créer, à la manière de l’Oulipo, des instituts. On pense immédiatement à l’Institut de Prothèse Zygogène qui serait chargée de restaurer des saillies anciennes de qualité mais qui auraient subit des dégradations dues l’air du temps et de ce fait perdues quelque peu de leur pouvoir de faire travailler les zygomatiques par trop encalminés.

09:45 Publié dans Historique, Papous | Lien permanent | Commentaires (0) |

01/02/2014

Ouïe-Rire

En triant mes fichiers, je retrouve une esquisse de manifeste pour l'Ouie-Rire, un club chic très fermé et ambitieux créé naguère avec deux compères. Ambition secrète : créer des papous dans les têtes. C'était en 2005, cette note en témoigne.

duo-du-rire-bourvil-de-funes_500x500.jpg

Manifeste: L’Ouïe-Rire se propose de réunir à Genève une bande de lurons et luronnes qui ont envie de se marrer le dernier jeudi de chaque mois. Le mode de fonctionnement est celui de l’auberge espagnole. Une auberge dans laquelle l’aubergiste présente sans chichi un écrivain comique et son œuvre, histoire de créer l’ambiance. Ensuite, tous le monde s'y colle.

Deux questions se posent :

·   L’ouï-rire est t’il un OuRiPo ?

·   Ou bien ?

Mais qu'est-ce qu'un Ouripo ? 

C'est un OUvroir de RIgolades¹ POtentielles

Comme le célèbre Oulipo avant lui, l’Ouripo se proposerait d’utiliser toutes méthodes systématiques et scientifiques pour engendrer des bons mots, des textes amusants (hilarants si possible), des traits, des boutades, des calembours et toutes autres sortes de saillies².

¹.Rigolades fait moins sérieux que rires. Divertissements ou distraction eussent donné OuDiPo, trop gras. Récréation, ou réjouissances donneraient OuRePo, pas assez nerveux. Esprit, un brin prétentieux donnerait OuEsPo, le cri des fêtards égarés. On pourrait faire Larigo – Laboratoire des Rigolades… mais OuRiPo est bien, non ? Ou Bien ?

 ²…engendrer des saillies, il faudra que j’en parle à mon cheval. 

A ce propos, doit on toujours s’en tenir aux recettes connues pour produire de bonnes saillies ? Les partisans de l’immobilisme (et de la reproduction équine) vous diront que oui. Leur conviction ne s’appuie pas tant sur une réflexion raisonnée que sur la force de l’habitude et sur l’impressionnante séries de chefs-d’œuvre (et hélas d’œuvre moins chefs) produit par de grands anciens, dont Pierre Dac, Coluche ou Desproges ne sont que les derniers avatars, qui tous utilisaient les contraintes fixées par le bon goût ou encore la durée des spectacles comme par exemple la minute de monsieur Cyclopède accordées avant chaque journal télévisé.

A l’heure d’Internet, l’humanité doit-elle se contenter des jeux de mots antiques ou se concentrer sur des pensers nouveaux ou encore des dépenses nouvelles ? Nous ne le croyons pas... bien au contraire.

28/01/2014

Mots d'ailleurs

rob.pngGrâce à l'horoscope de Rob Brezsny que publie désormais Courrier International, je découvre Other Wordly, un blog fascinant où la traqueuse de mots intraduisibles Yee-Lum Mak publie des mots d'origines variées.

Une sorte de baleinier (dictionnaire des tracas) sauf que là, ce sont de vrais mots.

Disons une sorte de garde-mots internationaux.

Exemples : le terme suédois resfeber : Le battement tourmenté du cœur du voyageur avant le départ, quand la crainte se mêle à l’impatience.

Mamihlapinatapai - Un mot Yaghan (peuplade de la terre de feu) qui désigne un regard partagé par deux personnes, chacune désirant initier quelque chose qu'ils désirent tout deux mais qu'ils ne veulent ni l'un ni l'autre commencer.

Tsundoku (Japanais) Acheter des livres et ne pas les lire ; Les laisser s'empiler non lus sur des étagères, sur le plancher ou mieux sur sa table de chevet. (Note du traducteur: et faire des sudoku à la place de lire)

Il y a des mots français comme sillage : La trace laissée dans l'eau, l'impression laissée dans la pièce après que quelqu'un est passé puis parti, une senteur persistante dans l'air traces subtiles de parfum d'une personne.

Encore un pour la route, retour d'Israël, le mot Firgun: (n. Hébreux) L'acte de partager ou même de contribuer au plaisir ou à la fortune de quelqu'un d'autre avec un cœur pur et généreux, sans trace de jalousie. Plus prosaïquement, humour juif je pense, faire un prêt qui ne soit pas usurier (sharing credit fairly).

15:11 Publié dans Mots, Papous | Lien permanent | Commentaires (6) |

30/04/2012

Puritain

167-1.gifLe poids de la religion aux Etats-Unis demeure exceptionnel par rapport aux autres pays occidentaux.  Seuls les pays pauvres de la planète rivalisent avec les US en ce qui concerne la foi. Quarante pour cent des américains vont à l'église chaque semaine, une proportion énorme comparée à la France bien en dessous des 10%.

Une forte minorité d'Américains gravite autour du fondamentalisme religieux, une foi enracinée dans une interprétation littérale de la Bible et une opposition farouche aux mœurs modernes, surtout en matière de sexualité.

Lisez l’article de Mugabi Jouet sur Huffington Post.

Vous pouvez aussi écouter ce que pense des puritains Jacques A. Bertrand. Jacques est un Papou qui a écrit un livre de portraits étonnants et drole intitulé :

Les autres, c’est rien que des sales types.

Mais qui sont ces fameux autres, ces gens singuliers qui nous imposent leur présence et qu'on reconnaît assez aisément en société car, la plupart du temps, ils nous pourrissent la vie ?

 

Jacques A. Bertrand a entrepris de dresser un catalogue de ces êtres détestables. Catalogue accablant... à défaut d'être exhaustif. Vous y rencontrerez le touriste (insupportable), le Parisien (odieux), le provincial (qui ne l'est pas moins), le voisin (Ah ! le voisin !), l imbécile heureux (Malheur !), le médecin (à fuir), le malade (il est partout), le conjoint (indispensable), le jeune (il prolifère)... et vous découvrirez même l'agélaste qui, comme chacun le sait, est celui qui ne rit jamais.

Il doit travailler à la deuxième série… voici pour écoute le dernier  texte lu aux papous de dimanche. Savoureux 

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