13/12/2014
Portemanteau
En hommage au Garde Mots qui nous a quitté trop tôt, un billet sur les mots-valises illustré par ses soins. C'était en 2005, image toujours d'actualité... et je suis toujours sarkophage.
Cette notion a été créée par Lewis Caroll dans De l’autre côté du miroir, la suite de Alice au pays des merveilles. Humpty Dumpty explique à Alice la fabrication (coinage) des mots bizarres qu'elle vient de lire dans le poème surréaliste Jabberwocky.
Ces mots sont appelés portemanteaux par Lewis Caroll, un mot français ; à l’époque un portemanteau était une valise. "Il y a deux sens empaquetés en un seul mot" dit Humpty Dumpty à Alice.
Quelques mots-valises :
adulescent, d'adulte et adolescent ; alicament, d'aliment et médicament ; aspivenin, d'aspirer et venin ; bobo, de bourgeois et bohème ; Modem Modulateur-démodulateur, franglais, informatique de information et automatique, Motel de motor et hotel, progiciel, logithèque, tapuscrit, courriel, pourriel (spam), smog (smoke et fog), brunch (breakfast et lunch)…
Foultitude (Hugo), tomber en pommoison l’Écume des jours), Velcro (de velours et crochet), Microsoft…
Parfois le mot valise permet d’associer des contraires tel statodynamique ou flexisécurité.
Je vous passe les constructions parfois complexes des ces mots.
Au fait, en math, le simplexe est-il simple ou complexe. Une utopie qui ne fait pas rêver serait-elle utopire ? Et bien sûr la célèbre question Le pornythorinque est-il un salopare ? Mais assez de devinaigrettes (petites énigmes piquantes donc ceux qui racontent des salades se servent pour assaisonner leur récit)
Le personnage de Humpty-dumpty représenté avec un corps d’œuf est très populaire dans les crèches anglaises.
Une traduction de jabberwocky trouvée ici (attention à la publexcité). Un poème qui fera l'admiration des surréalistes et des oulipiens.
Il était grilheure ; les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient :
Tout flivoreux allaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.
« Prends garde au Jabberwock, mon fils !
A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent !
Gare l'oiseau Jujube, et laisse
En paix le frumieux Bandersnatch ! »
Le jeune homme, ayant pris sa vorpaline épée,
Cherchait longtemps l'ennemi manxiquais...
Puis, arrivé près de l'Arbre Tépé,
Pour réfléchir un instant s'arrêtait.
Le jabberwock du chat chez Walt Disney
06:48 Publié dans Mots, Papous | Lien permanent | Commentaires (6) |
Commentaires
J'avais loupé ce petit livre chez Mille et une nuits.
Merci
Du Ph. Murray pour compléter :
http://lefenetrou.blogspot.fr/2014/11/artistocrates-rebellocrates-mutins-de.html
Écrit par : Aredius | 13/12/2014
J'ai oublié le poème de Raymond Queneau
Pour un art poétique
Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir’ comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d’innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?
Écrit par : Joël | 13/12/2014
Merci de mettre le poème de Raymond Queneau qui n´a pas trop de la sauce énigmatique.
Mon pauvre et mauvais francais ne pourrait jamais comprendre les flivoreux, les borogoves ni les slictueux non plus.
Merci aussi de faire hommage a notre cher Garde Mots.
Écrit par : ana | 13/12/2014
Je te rassure, personne ne peut comprendre les flivoreux, les borogoves ni les slictueux sauf peut-être à faire une analyse du Jabberwocky avant :-)
Écrit par : Joël | 14/12/2014
Passagère du hasard et de ton site, j'ouvre avec délectation les mots-valises qui offrent au voyage les désirs piquants de paysages, jamais saisis par aucun tir-ailleurs d'imagazines. J'aimerais avoir moi aussi au bout des mains d'habiles aiguilles qui me tricoteraient deux-trois mots à la fois, à l'envers , à l'endroit pour un pullouvert à la fantaisie rimailleuse.
MERCI Jojo de ce florilèger qui enchante mon audimatin. Josie
Écrit par : josie GAY | 15/12/2014
Hello Josie,
Merci de venir faire bouillir quelques mots ici. Et pendant qu'ils mijotent à petit feu, tu en tricotes d'autre en jersey ou en point mousse en remontant les côtes, jouant sur les diminutions et les augmentations de braquet pour réaliser un devant en jaquard comme une femme de métier qui triture la maille en se demandant parfois à quoi tout s'arrime.
Écrit par : Joël | 15/12/2014
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