28/05/2009
Lingua Corsa
La Punta Bianca sur le GR20, non loin du croisement avec le mare a mare centre
Au hasard des promenades en Corse on traverse des villages au nom écrit en corse (boca di San Ghjorghju), souvent en italien (Bonifacio) parfois en français (Saint Cyprien). On découvre les U qui remplacent des O, des CHJU et GHJU, des doubles L remplacé par des doubles D (Bavadda pour Bavella), des I qui remplacent des O (Porti Vecchju). Alors forcément on s’interroge sur cet écrit corse.
En parcourant le net, on découvre que cette langue s’écrit depuis moins d’un siècle et que c’est en 1971 (hier) que l’écriture corse se complexifie pour des raisons qui semblent bien purement nationalistes. (source) EN 1971, Pascal MARCHETTI publie "Intricciate è cambiarine", un ouvrage de référence.
Les Intrecciate sont les groupes chj et ghj. Les Cambiarine sont des consonnes qui peuvent, selon leur position, se prononcer de façon sourde ou sonore. Cela concerne les lettres C (qui peuvent passer à G comme dans la français second), F (V), P (B en Corse du nord), QU (GU), S (Z), T (D en Corse du nord). A celles-ci s’ajoutent le B et le V qui peuvent passer à une sorte de W. (source) Marchetti propose d’ajouter des accents (diacritiques).
Pourquoi avoir complexifier l’orthographe alors que l’écriture italienne fonctionnait tant bien que mal ? Surtout lorsqu’on sait que le corse est un joyeux mélange* dont le principal, le cismontano, est un dialecte toscan. (l’italien est à l’origine le dialecte de Sienne en Toscane). Beaucoup de jeunes corses apprennent maintenant leur langue, ils sauront la parler, avec cette complexité sauront-ils l’écrire ?
* un ensemble de dialectes romans subdivisés en deux groupes dialectaux principaux, le cismuntincu (appellation traditionnelle : cismontano), très "proche" du toscan, et le pumuntincu (appellation traditionnelle : oltramontano), qui présente des caractéristiques communes avec les parlers de l'Italie méridionale, mais aussi avec le sarde et surtout la langue sicilienne.
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27/05/2009
Mare a mare
Comment faire le Mare a Mare de Corse centre en six jours au lieu de sept ? Il suffit de le prendre à l’envers, partir depuis Porticcio à l'ouest et arriver à Ghisonaccia à l'est, en comprimant les deux dernières étapes dans le sens de la descente.
Etape 1 : Porticcio – Col St Gorges (San Ghjorghju) 7:30 heures
Etape 2 : >Quasquara 5 :45
Etape 3 : >Guitera (Vitera) 4 heures
Etape 4 : >Cozzano 5:30 par la variante Zicavo
Etape 5 : >Catastaghju 6:30 Descente terrible depuis le col Laparo
Etape 6 : >Pont de l’Abatescu 6:30
C’est assez sportif mais la vésicule de Catherine et le genou de Raymonde, qui nous avaient causés bien du souci avant le départ au point de rendre celui-ci improbable, ont tenus. Depuis Raymonde a passé un IRM et appris qu’elle avait le plateau tibial fêlé ce qui transforme sa performance en exploit. Descendre les mille mètres du col Laparo sur un chemin caillouteux et horrible, c’est fatiguant avec un genou normal, mais là, c’est carrément exceptionnel.
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26/05/2009
Narrations
En octobe 207, j'avais mis une note sur Storytelling. J'ai trouvé quelque chose qui ressemble sur la note "togetherness" du blog Errances Narratives de Pierre Blanc-Sahoun. Un très bon blog qui parle de la théraphie par l'écriture, la narration...
Le début de la note :
“Togetherness” signifie en anglais dont il est à peu près intraduisible quelque chose comme l’état d’esprit de celui qui est tout le temps en contact avec l’idée qu’il fait partie d’une communauté.
Cette très belle idée a émergé d’un séminaire de Comité Exécutif d’une multinationale des produits de la mer, que je facilitais en début de semaine dans un endroit complètement magique : l’Abbaye des Vaux de Cernay, en Vallée de Chevreuse. Cette Abbaye cistercienne du XIIIème siècle dégage une puissante sérénité, une énergie hors du temps, une invitation à la spiritualité. En prime, les artéfacts électroniques du pouvoir moderne n’y fonctionnent jamais, le téléphone ne passe pratiquement pas et le réseau wi-fi ne traverse pas les murs.
06:01 Publié dans Au fil de la toile | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : narrations |
24/05/2009
Kupinam
Il était une fois...
...un guru qui avait un très bon disciple, un brahmacharin inspiré par l'esprit de renoncement. Il ne possédait qu’un simple kupinam (linge servant de caleçon, le vêtement minimum). Un jour, son guru lui dit: « Tu vas te rendre dans un endroit isolé pour te consacrer à la méditation. Je te donnerai un mantra (formule rituelle et incantatoire) et je viendrai voir dans quelques années comment ça va. »
Le jeune homme parti et se mis à pratiquer la méditation selon les instruction de son guru. Son programme journalier était le suivant: le matin il se levait, lavait son kupinam, le faisait sécher sur l'herbe, puis commençait sa méditation. Ensuite, vêtu de son seul kupinam, il allait au village pour mendier sa nourriture. Il revenait pour le repas et s'asseyait de nouveau pour la méditation.
Un jour, une souris fit des trous dans son kupinam. Notre brahmacharin était désespéré; c'était sa seule possession. Il l'a raccommodé tant bien que mal et, en mendiant sa nourriture au village, il a dit aux gens qu'il n'avait plus de kupinam. Les villageois lui dirent: « Cela ne fait rien, on va te donner un autre kupinam ! » Ainsi fut fait. Il était tout à fait heureux avec son nouveau kupinam, et il a recommencé son programme journalier.
Quelques jours après, la même histoire s'est reproduite. Une souris a de nouveau fait des trous à son kupinam; il va de nouveau au village et redemande un kupinam que les villageois lui ont volontiers donné. Cette histoire est arrivée deux ou trois fois. Finalement, les gens se sont fatigués et lui ont dit: « Bâbâ, on ne va pas te donner tous les jours un nouveau kupinam ! On va te donner un chat, tu le garderas près de toi, le chat chassera les souris et celles-ci ne viendront plus manger ton kupinam ! » Le brahmachârin a alors emmené son chat, et les souris se sont éloignées. Il était tout heureux, son kupinam n'était plus déchiré par les souris.
Seulement voilà, il y avait un autre problème. Il fallait nourrir le chat, lui donner du lait. De ce fait, quand il allait au village, il demandait aux gens: « S'il vous plaît, donnez-moi aussi un peu de lait pour mon chat. » Les villageois lui ont donné volontiers du lait pour le chat. Cela s'est reproduit plusieurs jours, pendant une semaine ou deux, et les villageois ont fini par se fatiguer. « Eh, Bâbâ, on ne va pas te donner tous les jours du lait ! On va te donner une vache, tu vas la traire et tu auras du lait pour nourrir ton chat. » Alors il a emmené la vache, a appris à la traire et ainsi il a eu du lait tous les jours pour lui et pour son chat.
Mais un nouveau problème est apparu: il fallait nourrir la vache. Quand il allait mendier, il demandait aux villageois de lui donner du foin pour nourrir sa vache. Les villageois lui ont d'abord donné du foin, puis finalement se sont lassés et lui ont dit: « Eh, Bâbâ, on ne va pas toujours te donner du foin ! Il y a des terres en friche près de ton âshram. Tu vas les cultiver, on va te donner du blé à semer, il va pousser, tu auras du blé pour faire tes galettes et tu auras de la paille pour ta vache. Alors il a dit oui, car il était obéissant et très influençable, comme beaucoup de brahmachârin et de sâdhu. Il a fait cela, récolté son blé, en a semé une partie à nouveau, a commencé à stocker de la paille.
Finalement, au cours des années, il n'a plus pu faire le travail lui-même. Il a dû demander aux villageois des hommes pour l'aider. Au début, il lui en ont donné, mais après ils lui ont dit: « Bâbâ, on va te donner une femme, tu vas te marier avec elle, elle t'aidera, elle te donnera des enfants et les enfants t'aideront à leur tour. » C'est ce qu'il a fait, et petit à petit son âshram s'est transformé en une grande propriété, avec des greniers pour le foin et le blé, des ouvriers comme dans une entreprise.
Un jour, son guru est venu rendre visite à son disciple. Il a vu la ferme, avec des gens occupés à droite et à gauche. Il a demandé à un homme: « Dis donc, j'avais mis un brahmachârin ici, qu'est-il devenu ? Est-il parti ? » L'homme répondit: « Non, non, il est debout là-bas. » Notre brahmachârin était habillé comme tout le monde, il donnait des ordres à ses ouvriers. Son guru s'est approché de lui. Quand le brahmachârin l'a vu, il est tombé à genoux et a dit: « Guruji, regardez ! Tout ça, c'est à cause d'un kupinam ! »
Note du 11 avril 2008
Petit supplément gratos à l'occasion de la semaine du pouvoir d'achat...
10:40 Publié dans Simplicité | Lien permanent | Commentaires (0) |
23/05/2009
Enthèogène
- En – à l’intérieur de soi
- Théo – Dieu
- Gènes – Qui engendre
Quelques exemples de substances enthéogènes :
- la mescaline (le peyotl) produit par un cactus [photo]
- la psilocybine produite par un champignon
- la diméthyltryptamine produite par des plantes de la famille des caféiers [photo] ou des mimosa et même par la Bufo alvarius
- la bufoténine chez le Bufo alvarius et dans les urines des schizophrènes.
- la salvinorine produite par la sauge des devins
- le LSA présent dans les graines de certaines plantes.
- le LSD tiré de l’ergot du seigle
- la scopolamine contenue dans la datura (de la famille des tomates et des patates)
- l 'ibogaïne contenue dans la racine de la Tabernanthe iboga
Les sorciers et autres chamans ont utilisé ces substances hallucinogènes, sans doute pour trouver Dieu. On peut lire les œuvres de Carlos Castaneda en commençant par l’herbe du diable et la petite fumée. Le Bufo alvarius est un crapeau.
Note paru le 3-mai-08
07:00 Publié dans hallucinant | Lien permanent | Commentaires (9) |
21/05/2009
Toujours simple
Je parle depuis longtemps de SimplicitéVolontaire sur ce blog. Ma première note date même de mai 2005. J'ai envoyé cet article à AgoraVox. NaturaVox l'a pris tout de suite et PlanèteInfo a suvi. S'il a fait découvrir le mouvement à quelques personnes, c'est bien.
C’est devenu un truisme, on brûle la planète par tous les bouts et forcément elle se réchauffe. Faut-il attendre ou faut-il agir? Les adeptes de la Simplicité Volontaire ont décidé d’agir. Pas par altruisme, mais parce qu’ils pensent que privilégier l’être sur l’avoir, le simple sur le complexe est une manière de vivre mieux et plus sereinement. Quelle est l’ampleur de ce mouvement? Va-t-il empêcher les glaciers de fondre?
Jean-Pierre et Nathalie sont de nouveaux adeptes de la simplicité volontaire, la SV. 57 et 54 ans, leurs deux enfants sont maintenant autonomes financièrement. Leur maison est devenue bien trop grande pour eux. JP se dit qu’il a travaillé dur et qu’il pourrait peut être prendre du bon temps. Tant pis pour les annuités perdues et la retraite plus modeste. Ils pourraient vendre la maison et s’installer dans un appartement plus petit et confortable. Ils n’ont pas vraiment besoin d’aller chaque année en vacance dans l’hémisphère sud. Ils peuvent consommer moins... Depuis quelques temps, Nat et JP parcourent les forums de la SV. Au milieu de tous ces jeunes adeptes écolos et alter mondialistes, JP retrouve des idées enfouies depuis longtemps dans sa mémoire.
Le mouvement
Les adeptes du mouvement pour a simplicité volontaire se proposent de réduire leur dépendance à l’argent, à la vitesse, à la compétition... pour libérer du temps. La simplicité volontaire est un style de vie choisi pour des raisons très diverses : spiritualité, santé, qualité de vie (moins de stress, temps pour la famille, les amis), convictions politiques, goût personnel... La SV n’est normalement pas un ascétisme impliquant de grands sacrifices. C’est un mouvement qui se veut tolérant : A chacun sa simplicité. La SV n’implique pas, par exemple, l’adhésion à l’idée de décroissance.
La suite est là
03:52 Publié dans Simplicité | Lien permanent | Commentaires (2) |
13/05/2009
Philosophe
Hier, sur la montagne, j’ai rencontré un philosophe. C’e n’est pas si courant. Surtout quand ce philosophe est un ex-marchand de voiture d’occasion.
Je ne sais pas exactement pourquoi mais j’ai un a priori défavorable en ce qui concerne les vendeurs. Cela me vient peut-être de mon grand-père, un artisan, qui traitait les marchands de « mercanti ». En fait, il n’aurait dû y mettre aucune intention maligne, vu qu’il était italien et que mercanti veut dire marchands en italien. Mais lui l’utilisait sciemment dans le sens français du mot : « Un homme qui ne pense qu’à gagner de l’argent. »
Toujours sans grande justification, dans mon esprit, le marchand de voiture d’occasion est le mercanti, le plus truand et le plus superficiel de tous. Il adore les bagnoles. Le week-end, il emprunte tout les cabriolet de la concession pour faire le cacou et tomber les gonzesses.
Eh bien, celui que j’ai rencontré hier est d’une autre trempe. Il m’a avoué faire plus de kilomètres à pied et en vélo qu’avec sa voiture. Sa voiture vieillit au garage pendant qu’il grimpe le Salève et cycle sur les pistes cyclables de la banlieue genevoise. C’est à cela qu'on reconnait le nouveau philosophe, il réduit ses besoins et sauve la planète, cela sans faire de publicité.
00:25 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |