15/03/2006
Insomnomonie
Les bons mots, les mots d’esprit
Les mots taiseux, les mots bavards
Les mots tueurs, les mots tôt et les mots tard.
Les mots do
Les mots dorés
Les mots parés, les mots parmi
Les mots faciles, les mots solitaires
Les mots par la, les mots par si, les mots pardonnés
Les mots scient, les mots scions
Les mots scions du bois pour la mère Nicolas…
Les mots modulaires et les mots médullaires
Les mots valise
les mots malle et les mots maux
Les mots des mots niais et les mots démoniaques.
Les mots émoi
Les mots et toi
Le mot îlet... tout seul
Les mots noués, les mots nouveaux
Les mots avoués, les mots à moitié pardonnés
Les mots îles sont archipels.
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14/03/2006
Jaloux ?
Après Annie Hall il y a trois semaines, ce soir le ciné-club de St Ju passait Sonate d’automne, des merveilles dont je reparlerais ici.
J'ai reçu aujourd'hui une lettre de France Inter. Il faut envoyer une lettre d’acceptation et de bon pour règlement. C’est prêt ! J’ai même demandé l’autorisation de mettre des notes de lecture sans prendre trop parti. C'est pour rassurer les inquiets :-)
Je fais des jaloux, nous faisons des jaloux, Alexandra et moi, n’est-ce pas JPaul ? Alexandra c’est ma co-jurée, qui s’est signalée dans un commentaire cet après-midi. Elle a été choisie au premier essai, il y en a qui sont chanceuse. Je sens que l’aventure s’annonce palpitante.
Depuis cette nomination comme juré, on en parle beaucoup autour de moi. Il y a plusieurs types de réactions. Ceux qui ne savent pas de quoi on parle. Cela me surprend toujours qu’après 31 prix et autant de battages annuels, il puisse y avoir encore autant de gens pas au courant…
Et puis il y a ceux qui connaissent très très bien, qui ont éventuellement postulé une fois ou plus et qui me regardent avec un air envieux. Ils expliquent aux autres ce qu’est ce prix, un prix décerné par des lecteurs, pas par l’intelligentsia parisienne qui fait la pluie et le beau temps de la littérature française, un prix qui n’est pas concocté par des jurés confortablement installés chaque année chez Drouant et dont on dit qu’ils défendent plus leur éditeur que les livres… non le Livre Inter, ce sont des lecteurs passionnés qui sont podologue :-), infirmière, agent de maîtrise, vendeurs… et dont on peut être sûr et certain que le 14 mai, ils auront humé, caressé, lu, décortiqué, pesé, soupesé, analysé les dix livres en compétition.
Pour jeter un peu d’huile sur le feu de leur jalousie, je leur dis mon plaisir anticipé de rencontrer Jean Echenoz, les autres jurés, Vincent Josse le découvreur de talents passionné, et j’ajoute perfide « et peut-être même Patricia Martin. » Les yeux de ceux qui connaissent Patricia s’allument… on me parle du Masque et la plume, de Philofil, de ses chroniques littéraires… C’est incroyable le nombre de fans de Patricia (photo).
Et il y a aussi le Dauphiné qui m'a appelé, c'est la gloire!
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13/03/2006
Braques
MIAMI - Onelio Diaz, Karl Monzon, et Jeffrey Boatswright piquent cinq sacs de billets venus d’Allemagne d’une valeurde 7,4 millions de dollars. Onelio et Karl arrêtés, Jeffrey kidnappé par trois collègues, rançon : un million. Les trois braqueurs et les trois ravisseurs hier devant le même tribunal.
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12/03/2006
Ravel
Jean Echenoz
Ravel
Roman
Avant de lire les dix livres du prix Inter, je lis et relis Echenoz. Si vous n'avez rien lu de lui vous pouvez commencer par Ravel, un petit livre de 124 pages à 12 euros sorti depuis peu et victime de tous les éloges. Ce roman nous raconte les dernières années de la vie du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937).
Il n'est pas facile de rendre la vie par l'écriture et de ce point de vue, ce Ravel est une réussite. Il y a ici du Flaubert. Dès les premières pages on rentre dans la baignoire du compositeur, puis on prend le bateau, le France, avec notre héros et ses vingt-cinq pyjamas, ses soixante chemises, ses soixante-quinze cravates, ses trentes paires de chaussures plus ou moins vernies. Un Ravel en première classe, tiré à quatre épingle... A New York, le 7 mars 1928, il fête ses 53 ans. Puis, on participe à son tour moucheronesque et vibrionnant des Etats-Unis dans des trains de luxe, des hôtels de luxes, des réceptions où il mange mal, lui qui "aimait la viande rouge bleue"... Il revient en France et on arrive à ce fameux boléro, « ce petit truc en ut majeur qui va marcher cent mille fois mieux que La Madelon. » Pas beaucoup d'oeuvres citées, même pas sa pavane pour une infante défunte dont le titre sonne si bien.
Ravel fut grand comme un jockey, donc comme Faulkner. Son corps était si léger qu'en 1914, désireux de s'engager, il tenta de persuader les autorités militaires qu'un pareil poids serait justement idéal pour l'aviation. Cette incorporation lui fut refusée, d'ailleurs on l'exempta de toute obligation mais, comme il insistait, on l'affecta sans rire à la conduite des poids lourds.
Le personnage toujours souriant, dandy et solitaire était-il sympathique? Difficile à dire. Echenoz nous renvoie à la vérité de l'être sur la fin de sa vie entre art et vanité. Il y a au moins deux choses que j'ai aimé chez Ravel, c'est qu'il s'intéresse au Jazz, ce qui ne devait pas être si courant à l'époque, et il ne se prend pas toujours pour un maître. A preuve ce paragraphe.
Il est devenu tellement incontestable que les jeunes compositeurs commencent à s'énerver, ruent dans les brancards jusqu'à l'éreinter dans la presse mais on dirait qu'une fois de plus il s'en fout. Un soir qu'il assiste avec le jeune Rosenthal à un ballet de Darius Milhaud, il applaudit à se faire mal et trouve ça parfaitement formidable, bravo, magnifique, superbe. Mais enfin, lui dit son voisin, vous ne savez pas ce que Milhaud dit de vous ? Il passe son temps à vous traîner dans la boue. Il n'a pas tort, fait observer Ravel, c'est ce qu'il faut faire quand on est jeune. Un autre soir avec Hélène, cette fois c'est un autre ballet composé par Georges Auric et qu'il trouve tout aussi formidable, tellement bien qu'il veut aller complimenter l'auteur. Comment, dit Hélène, vous iriez féliciter Auric après ce qu'il a écrit sur vous ? Pourquoi pas, répond-il. Il tape sur Ravel ? Eh bien il a raison de taper sur Ravel. S'il ne tapait pas sur Ravel, il ferait du Ravel et ça suffit, maintenant, avec Ravel.
Je ne vous raconte pas la fin un peu triste et qui nous ramène à un autre époque.
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11/03/2006
Poésie
Encore une superbe soirée culturelle à St Julien
dans le cadre du printemps des poètes.
Erik Desfosses (photo) artiste de St Julien nous a interprèté des textes de Philippe Garnier, un poète entre Prévert et Devos, né en 1951 et disparu en 1984.
Garnier aimait inventer des mots, des histoires, des climats sonores. Voici deux de ses textes:
La langue a des tics
La langue a des tics
Disons
A la limite
Au niveau de
Vraiment fantastique
C'est bien vu ça délire
Enfin
Pas mal
Tu vois Quoi
J'veux dire
Oui mais non d'accord
Un p'tit peu carrément
Ca fonctionne
Encore que
Pas vraiment
Faudrait casser l'truc
C'est comme ça qu'j'le sens
Enfin
Moi
Je
Personnellement
Mais peut-être qu'en tant qu'être
Et au niveau du vécu
Dans l'sens où ça t'rejette
Ça t'a plu ?
Toi j'sais pas mais moi
Quand j'parle je marche plus
Je rêve d'une pomme d'amour
Qui ait pas été mordue
Et puis y a l'contexte
Appréhendé et tout
Rien qu'au niveau du texte
J't'en dis pas plus c'est fou
Le rapport au discours
Quelque part n'est pas clair
En ce sens que dans l'autre
C'est l'contraire
Les mots c'est trop et tout
Suffit d'les écouter
Pour savoir c'qui nous noue
Nous noue d'puis qu'on est né
Les mots faut-il les déc
Ouper
Ou pas ? Ou peu ?
Est-ce parce que tu dissèques
Que j'peux pas dire pluvieux ?
___________________
Au lieu de de dire SAU il disait Ci au lieu de dire CI il disait SON et au lieu de dire SAU-Ci-SSON il ne disait rien
Or si le mot SAU -bon- a un joli son le mot CI et le mot SON sont avant tout des sons que l'on peut trouver plus ou moins agréables c'est entendu mais sont avant tout ici des sons qui ne sont et c'est ca qui est admirable rien d'autre que des sy- des syl-labes...
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10/03/2006
Juré !
Voilà, j’ai été choisi.
Je m’étais fait à l’idée de ne pas être sélectionné, je me disais même que j’allais gagner du temps et lancer un nouveau blog et puis voilà, mon nom est tombé ce midi au 13-14 de France-Inter. J’avais dit dans ma lettre que je tiendrais la chronique sur mon blog, je vais donc le faire. Je vais vous parler des dix livres que je vais lire d’ici le dimanche 14 mai et un peu de l’expérience que cela représente d'être membre d'un jury populaire qui décerne un prix très prisé et qui peut lancer la carrière d'un écrivain.
Pour l’instant, je suis un peu surpris et plutôt content. Ce soir, le téléphone n’a pas arrété de sonner, à croire que tout le monde écoute la radio à midi. Certains avaient été avertis par des copains par email… C’est étonnant de voir comment les réseaux fonctionnent bien.
Vous avez peut-être lu le début de ma lettre ici. Mon fils a fait remarquer que finalement, c’était comme partout, qu’il n’y avait que la lèche que marchait. Et si vous lisez la fin, vous allez voir, c’est encore pire, de la pure flagornerie…
_______la _ fin____________________________________
…
Que dire de plus ? Que la lecture est sans doute le seul domaine où je ne cours pas le risque de devenir blasé. Bien sûr mes goûts ont changé, je ne relis plus Jules Verne avec le même appétit mais quand on me parle avec enthousiasme des nouvelles de Flannery O’Connor, de celles de Trevor William, du Siège de l’aigle de Carlos Fuentes, du Tzvetan Todorov, de ce recueil de nouvelles de Mishima, DoJoji paru en Folio, en parlant de Folio, j’aimerais aussi relire ces courtes nouvelles de Tchekhov… Alors, il me prend des envies furieuses d’île désertes pour enfin lire tout mon soûl et peut-être écrire… un peu.
Depuis l’an dernier, il y a autre chose qui me mange du temps et me soustrait un peu plus à mes obligations sociales et familiales : Les blogs. Passionnants ces blogs littéraires qui allongent la liste des livres à lire, des notes à publier, des commentaires à faire…
(…) Et, vous savez quoi ? Je vais tout écrire sur mon blog. Et même que, si vous me choisissez, je vais consacrer mon blog rien qu’à cette expérience, comme ça non seulement je rencontrerais ce grand écrivain qu’est Jean Echenoz mais en plus je passerais à Blog à part l’émission du matin sur France-Inter, parce que j’ai oublié de vous dire tout le bien que je pense de France-Inter :-)
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09/03/2006
Chimère
Questio subtilissima:
utrum Chimera, in vacuo bombinans, possit comedere secundas intentiones et fuit debatuta per decem hebdomadas in concilio Constantiensi.
.
La remarque de Dominique sur les livres à mettre au rebut m’a rappelé cette chimère vrombissant dans le vide et j’ai retrouvé mon Pantagruel au chapitre 7 où Rabelais nous raconte comment son héros arrive à Paris et visite la Bibliothèque de s. Victor. Feuilletant dans les vieux livres, Pantagruel tombe sur un codex qui porte le titre latin ci-dessus que l'on peut traduire par:
«Question très subtile débattue pendant dix semaines au concile de Constance: est-ce qu'une chimère, vrombissant dans le vide, peut dévorer des intentions secondes ? » *
La chimère est un animal imaginaire à tête de lion, corps de chèvre et arrière-train de dragon et les intentions secondes sont des sortes de meta-concepts (des concepts qui désignent des concepts.)
Il y a pas mal d’autres livres dans la bibliothèque s. Victor :
- L’éléphantesque couille des preux.
- Comment avaler des chevreaux délicatement accommodés de cardons en temps papal interdit par l’église.
- Sur l’excellence des tripes
- La rustrerie des curetons
- Pour une utilisation militaire des cheveux (en trois volumes)
- De l’art de servir de la moutarde après les repas (14 volumes)
- La ratatouille des bigots.
- Recherche pointilleuse sur les heures canoniques (40 volumes)
- L’histoire des farfadets
- La gueuserie des millionnaires
- …
Sur la philosophie médiévale. par un collégue de Fritz Oser
Voltaire cite ce titre tiré du Pantagruel dans 2 articles de son dictionnaire philosophique. Autorité et Athéisme
Encore un livre de la bibliothèque s. Victor:
- Comment tirer profiterolles des indulgences ?
Je reviendrais sur les indulgences.
*Au fait la réponse selon Voltaire est : Oui. Bien sûr.
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