26/03/2018
Un popolo così
Michele Serra est un chroniqueur très apprécié en Italie. Il écrit un papier chaque jour dans la Repubblica, chronique intitulée « Amaca », Hamac. L'amaca est courte, simple et souvent amusante.
Traduction par mes soins de l'amaca du 19 novembre 2017, quelques mois avant les élections qui ont amené les partis populistes en tête. J'aime bien la chute.
Hier matin, le caissier du supermarché était furieux.
Il disait à haute voix que “maintenant on allait tous les renvoyer à la maison, « ces cochons ». Il le disait à une paire de collègues avec force voix et regards devant quelques clients atterrés – comme s’ils n’étaient pas là d’ailleurs - et les collègues répondaient par un crépitement de gros mots utilisés comme ponctuation, « bien sûr, renvoyons les à la maison. Les Cinque Stelle vont arriver et on les renvoie tous à la maison. »
J’ai pensé à l’explosion, brutale mais légitime, d'un homme de 40 ans qui gagne un salaire de misère pour un horaire infernal, avec un petit job en CDD. J’ai pensé à la frustration économique, j’ai pensé, en fait, à la politique. Toujours respectable la politique, même quand elle prend les manières brusques de ce garçon terne qu'on a rendu méchant.
Je me trompais. En sortant, j’ai vu le caissier prendre une amende sur le pare-brise de sa voiture mal garée (très mal garée) et la secouer furibond. La raison de sa furie était donc que « ces cochons » (le flic, le gouvernement, l’Etat, le Maire, l’Italie, le Pouvoir, peut importe qui ou qu’est-ce) avaient osé lui coller une prune parce que mal garé.
Il n’y a pas de parti (Cinquestelle, Gauche, Droite) en capacité de gérer un tel peuple.
16:15 Publié dans Chroniques Italiennes | Lien permanent | Commentaires (2) |
21/03/2018
L'an 33
La série de Patrick Boucheron diffusée sur Arte et réalisée par mon ami Denis van Waerebeke s’appelle « Quand l’histoire fait date. »
Le premier épisode fixe les dates, du moins dans notre système, une date de référence fixée seulement au 6ième siècle et vraiment diffusée au 11ième.
On a choisi 33 pour la crucifixion du Christ à cause d’un certain Joël, petit prophète, qui avait affirmé : « Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang avant que vienne le jour du Seigneur. » Et en 33, paf, éclipse de lune le jour J (03-04-33), visible une heure de Jérusalem. C’était pendant le règne d’Auguste. Jérusalem, si fascinante aujourd’hui, n’était alors qu’une ville insignifiante de l’empire romain.
Comme j’étais à Rome, j’en ai profité pour mettre ma main dans la Bocca della Verità, la bouche de la vérité, saluer l’Ara Pacis prés du tombeau d’Auguste en travaux, traverser les fora impériaux, visiter Ciné-Città et faire une visite passionnante de la villa Medicis. A suivre des notes post-datées.
17:24 Publié dans Historique | Lien permanent | Commentaires (3) |
16/03/2018
Roma G9-G13
Una seconda settimana di lezioni con Alessandra sanzionato da un test il venerdì. Atmosfera tesa nella classe, al limite dello sciopero :-). L'impressione generale é di non comprendere nulla su queste complicate concordanze e coniugazioni. Vedremo alla fine della settimana...
Da mezzogiorno alle due, diversi insegnanti, tutti divertanti, per il vocabolario, Ilaria ha un raffreddore.
Alla fine il test del venerdì è andato abbastanza bene.
Stasera aereo per Ginevra e ritorno a casa.
Un grande ringraziamento alla famiglia Cupido per l'ospitalità, l'atmosfera familiare che include la famiglia della sorella di Carla e gli amici mezzo-vegan (Sono ormai un assoluto sostenitore della filosofia mezzo-vegan con cui si può mangiare qualsiasi tipo di carne masticando bene :-).
Grazie ad Alessandra per la grammatica.
Grazie alla scuola Leonardo da Vinci per la buona organizzazione.
11:55 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
11/03/2018
Roma G7-G8
Un week-end pour visiter Rome.
Le samedi, je repars « a zonzo » dans la Città eterna. Tram 8, je descends avant de traverser le Tibre. A travers l’île Tibérine, je me rend à la Bocca della Verità puis traverse le Circo Massimo et je prends le métro. Sortie Cavour. Je veux aller faire un petit salut au Moïse de Michel-Ange à la chiesa San Pietro in Vincoli.
Puis, sans plan, je me retrouve à la basilique de Latran dont Macron est cardinal avant de manger à Spaccio Pasta, échange de messages avec Raymonde.
La balade continue… mais le temps vire à la pluie. Je reprends le métro pour la piazza di Spagna histoire de retrouver les dizaine de millier de touristes.
Le dimanche, départ pour Cinecittà, la fabbrica dei sogni (rêves), en métro. J’arrive pile pour la visite de 11 :30. On longe les « théâtres » et notamment le Théâtre 5 où Fellini a tourné la plupart de ses films, encore en activité. Puis, ce sont tous les décors extérieurs construits en résine, temple de Jérusalem, temples romains qui ont servis à pas mal de films. Les connaisseurs expliquent. Puis visite de la Mostra, photos, décor, films… Passionnant!
Pour les détails de la visite, allez sur le blog d'Emma.
Westerns, films antiques, séries télévisées, grosses productions américaines, classiques italiens : les studios ont vu défiler des milliers de films. Créé dans les années 30 sous Mussolini pour concurrencer Hollywood, Cinécittà s’étend sur 35 hectares. On y a tourné plus de 3000 films. La fin de la Seconde Guerre mondiale, la chute de Mussolini et la naissance du néoréalisme italien marquent un tournant dans « la ville du cinéma ». A partir de 1945, le cinéaste Roberto Rossellini avec Rome ville ouverte, suivi de Vittorio De Sica et Luchino Visconti, s'attache à montrer la réalité et les mutations de la société italienne au sortir de la guerre. Par définition, le néoréalisme a l'ambition de décrire le vrai visage du pays et du peuple et se doit, de ce fait, de délaisser Cinecittà, au profit de la rue.
Dès 1951, la Cinecittà est réinvestie par les producteurs américains désireux de tourner des films d'époque en Italie, à cause du coût de revient bien inférieur à celui d'Hollywood. Mais c'est sans conteste au début des années 1960 que Cinecittà va vivre son âge d'or grâce à Federico Fellini puis aux comédies à l'italienne ainsi que des westerns spaghetti initiés par Sergio Leone. La Dolce Vita, la Strada, Casanova, I Vitteloni, La Voce della Luna : aucun cinéaste n'a autant tourné dans les studios de la via Tuscolana que Fellini. «Le fameux studio 5 était le préféré de Fellini. C'est un immense théâtre, le plus grand d'Europe, il fait 3000 m² »
...et allez faire un tour sur le blog très complet de Thibaut "Bonjour Rome". Avec plein de choses sur Cinecittà
Retour au centre de Rome. Pas possible de visiter les « Case Romane », faut réserver. Dommage. Petit tour au Capitole où je vérifie que la roche Tarpéienne est vraiment tout près du Capitole (le pouvoir jupitérien est à côté du rocher d’où l’on jetait les condamnés à mort - Macron attention !
C’est ici, qu’en entendant les cris des oies du Capitole depuis sa maison, Marcus Manlius Capitolinus, en 390 avant J.C., partit à l’assaut des Gaulois qui tentaient d'envahir discrètement la colline et, ainsi, sauva Rome. Manlius fut couvert d’honneurs. Cependant, il fut peu après accusé de tenter de se faire sacrer roi et fut jeté de la roche Tarpéienne. Sans ces foutues oies, Rome eut peut-être été gauloise.
Demain école.
10:24 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
09/03/2018
Roma G2-G6
Carla me conduit à mon cours comme un jeune étudiant qui débarque à Rome. Il pleut un peu. Rome sort d’un épisode neigeux et de pas mal de jours de pluie. Encore quelques jours de pluie et les romains seront au bord de la crise de nerf ! Du coup, on prend un bus pour la Chiesa Nuova puis un petit café au Novecento avant de rentrer alla Scuola Leonardo da Vinci, piazza dell’Orologio. Petit test de niveau. Des subjonctifs, évidemment. Petit interrogatoire. En attendant la suite, balade jusqu'au pont du Castel San Angelo, à côté de l'école puis me voilà dans la classe d’Alessandra.
On est une douzaine avec Alessandra, de sept ou huit nationalités différentes. Tous assez jeunes à part moi et Jan, un anglais de Strasbourg qui parle bien le français mais on s’en tient à l’italien. Le niveau me semble bon. On attaque la grammaire et donc… le congiutivo, le subjonctif.
Ensuite de midi à deux, je suis avec Ilaria et deux autres "intensifs". On commence par du vocabulaire autour des cinq sens. Il me manquait quelques verbes essentiels, annussare, assagiare par exemple. C’est bien. Le soir, je vais à l’apéro dans un bar sous une librairie. Les niveaux d’italien sont très disparates. Il a là un danseur classique de Monaco (Munich) et un canadien anglais. On parle mais c’est un peu difficile, parfois l’anglais s’impose.
Les autres jours de la semaine sont identiques. De 9 à 12, le cours avec Alessandra, passato remoto, concordance des temps, condizionale composto… puis l’après-midi avec Ilaria, conversation, vocabulaire. Le jeudi et vendredi, je suis seul avec Ilaria, on parle littérature, politique et cinéma. Sympa. Le soir dans la famille, on mange après huit heures, puis les tifosi de la Roma regardent un match, c'est la grande époque des huitièmes de finale, moi je discute d’un peu tout avec Carla. Le matin, je déjeune seul mais Carla ou Massimo passent dans la cuisine et on fait la causette. Vabbé !
Le jeudi grève des transports à Rome. à laquelle s'ajoute la grève des femmes du transport, journée de la femme oblige. Pas trop gênant dans la mesure où cela fonctionne aux heures de pointe, le matin et le soir.
Le vendredi soir, visionnement de "La grande Bellezza". Un film à voir et revoir. La Roma décadente de notre siècle.
La première semaine est già trapassata.
16:43 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
04/03/2018
Roma G1
Arrivée à Rome. Train jusqu’à Trastevere puis Tram 8. Arrivée chez Carla, Massimo, Carlo e Giulia. Accueil sympathique. Je pose la valise et part pour le Centro Città.
En sortant du tram, je tombe sur le Largo Berlinguer au bout de la via delle Botteghe Oscure, réminiscences du PCI et du compromis historique. Je suis à côté de la Piazza Venezia. Donc je monte les escaliers de l’Altare della Patria, encore appelé le Wedding Cake ou la macchina da scrivere. De là, je domine les fora impériaux avec la vue jusqu’au Colisée. Perspective noire de monde.
Je me balade dans Rome « a zonzo », au petit bonheur et après la traversé des Fora, je tombe sur la fontaine de Trévie qui résonne encore des « Marcelooo », mais noire de monde évidement.
Petite visite à la Feltrinelli, pas mal de magasins ouverts en ce dimanche après-midi. Je reprends le tram 8. Demain ce sera cours.
16:17 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
01/03/2018
Vaffa
Savez-vous ce qu’est le VAFFA ?
Un mot lié à Beppe Grillo, un comique italien créateur du Mouvement Cinq Etoiles, le M5S. Difficile pour un non-italien (anche forse per un italiano) de comprendre exactement le M5S.
Le M5S a été créé il y a moins de 10 ans et il est en passe de devenir le premier parti italien. On le traite de tout, populiste, fasciste, anti-élites, opportuniste… Il fait des scores incroyables dans le sud, le mezzogiorno. En 2016, ils ont remporté les mairies de Rome (67%), Turin et Parme, excusez du peu ! Les débuts de Virginia Raggi à Rome se sont montrés catastrophiques mais ce n’est sans doute pas suffisant pour refroidir les fans.
Bien qu’il y ait beaucoup de différences avec la République en Marche, on peut quand même tenter des comparaisons. Comme LREM, M5S attire la jeunesse, il correspond à un renouvellement drastique de la classe politique basé sur des mots clés : transparence, honnêteté et une volonté d’actions pratiques, transports publics, récolte des ordures ménagères…
La grosse différence avec LREM réside dans son électorat ramasse tout des extrêmes alors que celui de Macron est essentiellement centriste et pro-européen. Bref, vous trouverez pas mal d’articles ici ou là d’experts en politique pour infirmer ou affirmer la comparaison.
Revenons au VAFFA. Beppe Grillo s’est retiré de la scène politique et a décidé d’en finir avec le VAFFA. Pourtant ce raccourci pour vaffenculo était un peu son image de marque.
Son successeur, le jeune Di Maio, est, me semble-t-il en train de jouer très malin en présentant cette semaine ses futurs ministres et leurs programmes, jour après jour.
Pas de sondages sur les deux dernières semaines mais droite et gauche sont empêtrés dans les querelles et laissent pas mal de champ au M5S. C'est ce qui ressort de mes lectures du huffingtonpost italien.
A gauche, c’est entre Renzi, l’ex premier ministre parti et chef de parti, et Gentiloni, l’actuel premier bien soutenu, tout deux du même parti, le PD. Des deux, qui sera calife ?
A droite dominée par l’increvable Berlusconi, non-éligible, un groupement de sensibilité allant aux néo-fascistes, donc difficile de présenter un gouvernement. Berlu se contente de lancer Antonio Tajani, un berlusconien pur jus (un jus trouble et nauséabond).
Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir mais je sens bien un bon résultat pour le M5S. Ceci ne serait pas une bonne nouvelle pour l’Europe, c’est juste un petit pari personnel. Si c’est la bande à Berlu et à l’autre facho de la Lega, Salvini, carrément favorables à un Itexit (hashtag Ituscita/Itfuori) alors j’enverrais aux italiens un « grande VAFFA ».
15:31 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (3) |