24/12/2011
Bon Noël
De l’avis général, la France est dans le fond du trou. L’économie va mal. Un ami transporteur me disait que seule la bouffe circule encore dans ses camions, les autres produits ne se transportent plus. On ne fabrique plus rien en France.
Et, pendant ce temps, que font nos sages députés ? Ils cherchent une solution à la crise ? Ils bossent la question du chômage ? Ils traquent le pouvoir d'achat ? Non. Ils votent une loi qui parle d’un massacre qui a eu lieu en... 1915 ; alors qu’il eut suffi d’attendre 3 ans et on aurait pu tranquillement commémorer le génocide arménien en même temps que le deux centième anniversaire de la fin des tueries napoléoniennes.
Du coup, les turcs sont fâchés. Ils n’aiment pas qu’on les traite de sanguinaires. Le turc a sa fierté, il manie le sabre aussi bien qu’un français mais il ne veut pas qu’on dise qu’il égorge mieux que nous. C’est ainsi ! Alors comment améliorer nos relations avec la Turquie ? C'est la question du jour pour Alain Juppé. Sur le Post, j’ai trouvé cette suggestion. Une idée qui semble frappée au coin du bon sens. Passez un bon noël et réveillonnez léger :
11:20 Publié dans Au fil de la toile, Mondialisation | Lien permanent | Commentaires (3) |
22/12/2011
Fou fol folle
Bernard Debré* avait traité Rachida Dati d’enfant gâtée. Toujours plus fort, notre grand leader l’aurait traitée de folle. Etait-ce affectueux ? On peut en douter. Il me semble qu’au féminin cet adjectif n’est pas vraiment affectueux. Si on dit par exemple qu’Axel Khan est fou de se présenter contre Fillon et Dati, cela prend un petit caractère audacieux et sympathique. C'est vrai, il est un peu fou l'Axel.
Bien sûr si on disait « Cette folle d'Axel », cela changerait de sens.
Si on double l’adjectif, on peut dire que cela prend un caractère affectueux au deux genres : Axel est fou-fou, Rachida est fo-folle. Imédiatement on les imagine sous un jour sympathique. Le président d’université racontant des blagues de potache ou l’ex gardienne des sceaux essayant des robes excentriques.
Fou vient du latin follis, un soufflet pour le feu, une outre gonflée. Par métaphore cela a donné sot, idiot. Même origine indo-européenne le mot ballot. Le mot a rapidement pris le sens de malade mental. On a créé des maisons de fou. On a raconté des histoires de fous. Le fou est parfois gai, plus on est de fous plus on rit. L’imagination est la folle du logis. La folle avoine est agitée par le souffle du vent. On traîne une patte folle...
Sur fou on a créé le mot valise foldingue, excentrique et fou. Folichon, surtout employé dans pas folichon. Folâtre gaie. Folâtrer, vagabonder suivant son humeur. Affolant avec une connotation sexuelle au départ. Raffoler, être fou de quelque chose, en rapport sans dout avec un amour fou.
Pour revenir au sexisme, il faut citer l’alexandrin de Victor Hugo
Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie
qui est suivi de
Une femme souvent n’est qu’un plume au vent
Vers qui ont inspiré Rigoletto...
La donna è mobile qual piuma al vento
*Le fils de Michel, souvent dessiné avec un entonnoir.
03:42 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (2) |
21/12/2011
Ampliation
Cher monsieur,
(…) Faute de recevoir l’ampliation de votre décret de naturalisation nous ne serons pas en mesure de…
Ceci est un extrait d’une lettre envoyée à un étranger ou à un français de fraiche date que j'ai pu lire récemment...
J’avais lu quelque part que les nouveaux naturalisés devaient maitriser la langue française*. Ce qui semble en effet une bonne idée. Ceci dit, quel vocabulaire est jugé nécessaire ? Parce que si on y met « ampliation », antonomase, aposiopèse ou asyndècte… on risque bien de recaler 99% de la population. On va se retrouver dans une France de 200 à 300'000 habitants. Cela fera beaucoup moins de monde chez Géant Casino le samedi après-midi.
Donc un conseil, si vous voulez en être (des 300 mille), travaillez votre vocabulaire. Ne dites plus copie, exemplaire ou double… dites ampliation. Apprenez ce que sont une allitération, une anacoluthe, une analepse, une anaphore, une antanaclase, une antiphrase, une antonomase, une aposiopèse, une asyndète, une catachrèse, un chiasme, une énallage, une hypallage, une hypotypose, une métonymie, un oxymore, une parataxe, une paronomase, un polyptote, une prétérition, une stichomythie, une synecdoque. Allez sur le blog du Garde-mot.
* Extrait du blog de Claude Goasguen, maire UMP du XVI ième arrondissement.
Je me félicite de la reprise de la proposition 16 de mon rapport sur la nationalité (…) relatif à la connaissance et maîtrise de la langue française pour les postulants à la naturalisation.
Rien ne justifie une naturalisation pour quelqu'un qui ne dispose pas des bagages nécessaires pour vivre correctement au sein de la Nation. Ce n'est ni l'intérêt du postulant, ni celui de la France.
L'ampliation est aussi l'augmentation de la cage thoracique à l'inspiration. Contrairement à l'autre, on ne la copie pas ni ne la décrète. On peut juste faire du sport pour l'améliorer.
02:21 Publié dans Au fil de la toile, Mots | Lien permanent | Commentaires (1) |
06/12/2011
Yvelines
Après Paris, on a passé deux jours chez Daniel et Corinne à Montigny le Bretonneux. Une bonne adresse où l'on mange bien. Daniel nous a fait visiter trois sites dans les Yvelinnes très intéressants:
- La maison de Jean Monnet. Un de pionniers, fondateur de la Communauté du charbon et de l'acier (CECA) puis de la Communauté Europèenne. Une maison situé dans le hameau de Houjarray sur la commune de Bazoches-sur-Guyonne. Jean Monnet était un vrai idéaliste et visionnaire qui avait proposé à de Gaule et à Churchill, le 17 juin 1940, de faire de la France et de l'Angleterre un seul pays. Une maison, aujourd'hui propriété du parlement europèen, simple et très agréable.
- Le château de la Madeleine, situé sur les hauteurs de Chevreuse. Magnifique forteresse construite entre le XIe et le XIVe siècle. La Maison du Parc a été édifiée à l'intérieur de l'enceinte du Château. Dans les caves du château, une exposition "Vie de château" retrace l'histoire de la forteresse.
Un soldat trouvé dans les oubliettes du château de la Madeleine.
- Le château de Breteuil. Une visite très agréable.
"A Breteuil l'histoire est racontée. Le château est magnifiquement meublé. La visite est animée par 50 personnages de cire du musée Grévin. Elle est toujours guidée. Vous découvrirez les salons qui peuvent être loués pour des réceptions ou des séminaires.
La famille Breteuil, présente depuis 400 ans, fut intimement liée à l'histoire de France. Ici, il s'agit de la signature de l'ordre d'arrestation du Cardinal de Rohan le 15 août 1785. Cette scène évoquée à Breteuil s'est passée Versailles. L'ordre est donné par le roi Louis XVI, en présence de la reine Marie-Antoinette et du baron de Breteuil. Ce dernier sera chargé de faire exécuter la volonté du roi.
13:35 Publié dans Au fil de la toile, Blog | Lien permanent | Commentaires (5) |
03/12/2011
Maths et Arts
Samedi, il pleuviotte toujours.
On se rend à la fondation Cartier pour l'art comptemporain où nous attend une exposition sur... les mathématiques. Pas toujours facile à comprendre... normal ! Mais toujours fascinante.
On imagine que les artistes qui ont participé à la création de l'expo, David Lynch ou Raymond Depardon par exemple, n'ont pas capté grand chose du sujet mais le résultat est assez surprenant. Bref, une bonne idée.
Entre autre un cours décapant de Cedric Villani le mathématicien et très médiatique directeur de l'institut Henri Poincaré.
Ensuite, direction le Grand Palais pour l'expo sur les Stein, ces grand collectgionneurs américians du début dur XXième siècle. Beaucoup de Matisse, pas mal de Picasso et quelques Cézanne. Enormément d'explications que le public nombreux (trop) lit avec concentration.
11:14 Publié dans Art, Au fil de la toile, Blog | Lien permanent | Commentaires (2) |
02/12/2011
Sempé et Victor
Quelques jours à Paris.
Aujourd'hui exposition Sempé à l'hôtel de Ville.
Impressionnant la production de cet homme.
La qualité des dessins.
L'humour.
On se balade deux bonnes heures.
On est au chaud.
Dehors, il pleuviotte.
La foule de noël est dans les starting-blocks à New York et ailleurs... Article ici
Ensuite théatre, Victor Hugo mon amour. Excellente pièce portée par un actrice metteuse en scéne, directrice de troupe, pleine d'énergie, Anthéa Sogno.
Rencontre, désir, passion, jalousie, exil, c’est l’histoire de ce couple mythique et mémorable qu’ont formé Juliette Drouet et Victor Hugo.
11:03 Publié dans Art, Au fil de la toile, Blog | Lien permanent | Commentaires (2) |
27/11/2011
Lamourette
Il y a des jours sans imagination et puis soudain la folle du logis refait parler d’elle… alors je refais une note plus ou moins étrange sur un sujet plus ou moins bizarre. Mais parfois, le calme dure trop longtemps, et je me dis « au fait, Vialatte, que devient-il ? » Et je vais faire un tour sur le site de l'année Vialatte puis, au détour de la toile, je trouve ce bijou, Fred Lamourette déclarant sa flamme à Dora la fille de l’île. Sur une pierre froide qui leur donna un rhume, ils échangent des empires et des royaumes tandis que l’eau clapote autour des roseaux noirs. Un grand roman...
Ce fut sans doute ce soir-là qu’il osa lui prendre la main, quand ils furent assis sur une pierre et il lui dit – la nuit était toute noire et c’est à peine s’ils se voyaient – qu’un jour il serait capitaine au milieu des Méridiens bleus, dans des pays qui sentent l’alligator. Rien ne pouvait s’opposer à ça, sinon peut-être l’équation du mouvement accéléré, car autant il brillait en géométrie pure, autant cette équation lui causait de tourments, mais, avec l’aide de Destarac qui était très fort, il battrait aussi cet ennemi, il tuerait ce dragon de sa lance… Pour l’amour des Grandes Choses et des Jeunes Filles de l’île… Il n’eut pas besoin d’en dire plus. Elle comprit fort bien cette algèbre. Elle lui pressa la main, et lui dit à son tour, pour ne pas être en reste avec ce conquérant qui lui apportait les éléphants, les crocodiles et la peau de l’équation la plus ennemie au monde de l’avenir des enfants des Iles, elle lui dit, sans qu’on pût bien savoir si c’était l’ironie d’une jeune fille taquine ou le secret d’un enfant solennel, qu’elle était, elle, la reine des Iles, du Labyrinthe, des Maisons Roses, des Maisons Mortes et du Moulin à Vent. C’était si vrai depuis si longtemps au fond de nos cœurs qu’il ne put que la croire sur parole. Il savait déjà tout cela avant qu’elle n’eût ouvert la bouche.
Ce fut ainsi qu’ils échangèrent, comme Salomon et la reine de Saba – sur une pierre froide qui leur donna un rhume – des empires et des royaumes tandis que l’eau clapotait autour des roseaux noirs. Et l’amour devait toujours sentir pour Frédéric cette odeur de panier de pêcheur et de grand vent qu’avait le soir sur les Iles du fleuve.
Et, après ces orgies, Dora lui dit d’attendre, que quelqu’un viendrait le chercher et le ferait passer en canot. Puis elle partit et disparut dans les buissons.
Les Fruits du Congo, Alexandre Vialatte,
Edition L’Imaginaire, Gallimard, p. 56 (40 lignes environ)
21:49 Publié dans Au fil de la toile, Vialatte | Lien permanent | Commentaires (1) |