06/12/2008
Transnistrie
[Moldavie en bleu, Transnistrie en jaune]
Cela fait longtemps que l’on n’a plus parlé ici des débris d’URSS. Après la Gagaouzie, Je voudrais revenir sur la Transnistrie dont mon ami Jeannot me dit que c’est une nouvelle poudrière à l’image de l’Ossétie du sud. L’ours russe pourrait encore sortir ses griffes. Il se base sur la position pro occidentale de l’Ukraine qui pourrait bien gêner les intérêts russes ainsi qu’un mouvement moldave (très minoritaire pour le moment) pour un rattachement à la Roumanie donc à l’UE . Qu’en est-t-il ?
La République moldave de Transnistrie, capitale Tirasol, déclarée indépendante de la Moldavie (capitale Chisnau) en 1991 n’est reconnue par personne, pas même par son ange tutélaire russe qui loge ici quelques têtes de missile. A la tête (à claques) de la Transnistrie se trouve depuis 18 ans un gouvernement mafieux dirigé par Igor Smirnov qui a établit une sorte de modus vivendi avec la Moldavie de Vladimi Voronine. Les dirigeants de deux entités tirent des gros profits de la situation. Officiellement on se dispute, mais pas tant que ça.
Des négociations pentalatérales (Moldavie, Transnistrie, Russie, Ukraine et OSCE*) ont eu lieu en 2002 pour aboutir à l’échec du mémorandum KOZAK en 2003. Depuis les négociations sont devenues heptalatérales (pas fastoche à placer) avec l’ajout de l’UE et des américains en tant qu’observateurs mais c’est toujours le bourbier.
Si j’en crois cet excellent article les Russes ne devraient pas trop se risquer en Transnistrie qui n’a pas de frontière commune avec la Russie. Mais affaire à surveiller de près.
Le site Transnistrien ( Pridnestrovie en transnistrien) en anglais.
*OSCE L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a pour but de favoriser le dialogue et la négociation entre l’Est et l’Ouest. Le chef de la délégation française est Michel Voisin député UMP de l’Ain.
L’OSCE accueille la totalité des États du continent européen, ainsi que ceux qui n'en sont pas, mais qui sont nés de la dissolution de l’Union soviétique. Elle offre ainsi à l’Europe et à des pays contigus, dans le Caucase ou en Asie centrale, la possibilité de maintenir un dialogue politique permanent.
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03/12/2008
Les pauvres
Les Pauvres datent de la plus haute antiquité. La stratégie utilisée par les riches pour éviter d’avoir mauvaise conscience date par ailleurs de la même époque. Un des pires problèmes des riches est de vivre à côté des pauvres. C'est pourquoi les riches ont toujours consacré beaucoup d’énergie à justifier leur position de riches. C’est toujours le cas aujourd’hui mais les économistes libéraux ont apporté leur aide pour faciliter la bonne conscience des riches.
La réponse la plus antique, la plus pèrenne, et aussi la plus simple, disons la plus biblique, consiste à dire « Les premiers ici-bas seront les derniers là-haut et réciproquement. » Magnifique. Rien à ajouter.
Et pourtant, des siècles plus tard, à l’aube de la révolution industrielle, on a modernisé la chose en disant que ce qui était bon pour les riches était bon pour l’ensemble de la société donc pour les pauvres. Vers 1830, certains économistes tel Malthus dirent que si les pauvres sont pauvres, c’est de leur faute : ils font trop d’enfants.
Ensuite on expliqua la chose, avec des gens comme Rockefeller (plus riche que Crésus), par cette merveilleuse règle de Darwin un peu bricolée : Seul les plus aptes survivent. L’élimination des pauvres se fait pour le bien de la race. Une loi de la nature, donc de Dieu. (L’ironie est que ce sont les mêmes qui luttent aujourd’hui contre le darwinisme avec l’Intelligent design.) Cette théorie du darwinisme social implique qu’aider les pauvres se fait au détriment de l’intérêt général bien compris.
Certains disent que c’est l’état qui doit aider les pauvres. Oui, mais les économistes libéraux pensent que l’état est incompétent donc on ne peut pas lui demander d’aider les pauvres, ce serait la pagaille et la solution serait pire que le mal. L’état doit s’occuper des choses sérieuses comme l’armée. En matière de protection sociale les fonctionnaires sont incompétents contrairement aux militaires qui dépensent l’argent public à bon escient. Ceci est particulièrement vrai pour les Etats-Unis.
Et puis aider les pauvres est mauvais pour leur moral, il faut qu’ils restent battants, qu’ils continuent de travailler plus pour gagner plus. D'ailleurs, ce sont souvent les femmes qui réclament des indemnités, et ce n’est pas bon pour la paix des ménages. Non, les aides nuisent aux défavorisés. De plus, elles nuisent aussi à ceux qui bossent qui doivent alors payer pour les oisifs. Les riches risquent de ne plus se rendre dans leurs bureaux climatisés du dernier étage si leurs impôts sont trop élevés. Quelle perte pour la richesse commune. Et même s'il continuent de bosser, comme Johnny, ils risquent de partir. à Monaco ou en Suisse. Pas bon pour l’économie tout ça. Mettons un bouclier pour les protéger. Regardez autour de vous, les riches bossent beaucoup moins qu’avant, c’est la faute aux aides sociales.
Et puis, aider les pauvres, c’est empiéter sur la liberté générale, donc sur la leur. C’est limiter le droit de faire ce qu’on veut de notre bel argent durement gagné. Et priver les gens de liberté n’est bon pour personne, pas plus pour les riches que pour les pauvres, c’est bien connu.
Dernier point, la crise est déjà tellement omniprésente, les informations économiques et boursières tellement déprimantes, le terrorisme est partout, alors il n’est pas conseillé, si on tient à son bonheur personnel, si on veut garder une pensée positive, de trop se préoccuper des pauvres. Non mais sans blague ! C'est minant pour le moral, ça n'est pas bon pour le swing au golf et ça ne fait pas avancer le yacht.
* Texte librement inspiré d’un papier de John Kenneth Galbraith publié dans le numéro de novembre 1985 de Harper’s Magazine. A lire ici.
et écoutez Plume Latraverse. Ici les paroles.
Les pauvres ont pas d’argent
Les pauvres sont malades tout l’temps
Les pauvres savent pas s’organiser
Sont toujours cassés
Les pauvres vont pas voir de shows
Les pauvres sont ben qu’ trop nonos
En plus, les pauvres, y ont pas d’argent
À mettre là-d’dans
Les pauvres sont su’l’Bien-Être
Les pauvres r’gardent par la f’nêtre
Les pauvres, y ont pas d’eau chaude
Checkent les pompiers qui rôdent
Les pauvres savent pas quoi faire
Pour s’ sortir d’ la misère
Y voudraient ben qu’un jour
Qu’un jour, enfin, ce soit leur tour
Les pauvres gens ont du vieux linge sale
Les pauvres, ça s’habille ben mal
Les pauvres se font toujours avoir
Sont donc pas d’affaires !
Les pauvres s’achètent jamais rien
Les pauvres ont toujours un chien
Les pauvres se font prendre à voler
Y s’ font arrêter
Les pauvres, c’est d’ la vermine
Du trouble pis d’ la famine
Les pauvres, ça couche dehors
Les pauvres, ça l’a pas d’ char
Ça boé de la robine pis ça r’garde les vitrines
Pis quand ça va trop mal
Ça s’tape sa photo dans l’journal...
Les pauvres, ça mendie tout l’temps
Les pauvres, c’est ben achalant
Si leur vie est si malaisée
Qui fassent pas d’ bébé ! ! !
Les pauvres ont des grosses familles
Les pauvres s’ promènent en béquilles
Y sont tous pauvres de père en fils
C’t une manière de vice...
Les pauvres sortent dans la rue
C’est pour tomber su’ l’ cul
Y r’çoivent des briques s’a tête
Pour eux, le temps s’arrête
Les pauvres ça mange le pain
Qu’les autres jettent dans l’chemin
Les pauvres, c’comme les oiseaux
C’est fait pour vivre dans les pays chauds
Icitte, l’hiver, les pauvres gèlent
Sont maigres comme des manches de pelles
Leur maison est pas isolée
Pis l’ gaz est coupé
Les pauvres prennent jamais d’vacances
Les pauvres, y ont pas ben d’la chance
Les pauvres, y restent toujours chez eux
C’est pas des sorteux
Les pauvres aiment la chicane
Y vivent dans des cabanes
Les pauvres vont pas à l’école
Les pauvres, c’ pas des grosses bolles
Ça mange des s’melles de bottes
Avec du beurre de pinottes
Y sentent la pauvreté
C’en est une vraie calamité
Les pauvres...
... mais y ont tous la t.v. couleur
12:09 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (9) |
02/12/2008
Concours
Dans le cadre du concours organisé par le Garde-mots, j’ai écrit un petit texte qui raconte l’histoire d’un cryptographe (qui décrypte des textes) et de son ami sémioticien (qui s’occupe de décrypter le sens, les signes...). Le cryptographe travaille sur le Voynich ce fameux document mystérieux apparu en 1666. Le texte est enluminé de bleu, de jaune, de rouge, de brun et de vert. Les dessins représentent des femmes nues de petite taille, des diagrammes astronomiques et environ quatre cents plantes imaginaires. Aloïs, le sémioticien, est un adepte de Greimas à qui j'ai piqué cette phrase imbitable sur le sens. Le texte (qui n'a pas gagné) est sous l’illustration suivi d’une petite définition des mots sinon allez sur le site du Garde faire des découvertes heureuses.
Croyez-moi, la vie du cryptographe est épuisante, plus dure encore que celle du sémioticien. J’ai encore passé la nuit à essayer de décoder le Voynich, ce manuscrit sans doute apocryphe et probablement basée sur l’uchronie. Vers les cinq heures du matin, j’étais presque certain que je le tenais. Les petites femmes nues en bleu flirtaient avec les voyelles, celles en jaune et rouge pointait lascivement les consonnes… les mille plantes imaginaires se lisaient comme des idéogrammes et les dessins astronomiques ponctuaient le tout. Avec un peu de sérendipité et sans pierre de rosette, j’avais percé tous pièges et autres cryptolemmes du Voynich. Et puis non. Vers les six heures, sous mes yeux ébahis, la jungle a repris le dessus, emplies d’affreux pornithorynques.
Je ne voudrais pas ennuyer le lecteur avec mes problèmes d’insomnie et de petites femmes nues en étalant ici mon acribie. Je voulais simplement vous parler des ennuis d’Aloïs, mon meilleur ami, tabellion minutieux et grand sémioticien. Aloïs, un cryptonyme, prétend, à l’instar du grand Greimas, qu’il est difficile de parler du sens et d'en dire quelque chose de sensé et que, pour le faire convenablement, l'unique moyen serait de construire un langage à base de cryptomnésie et qui ne signifierait rien... Foin des métalepses glissantes, je me suis dit : voilà une bonne question qui pourrait faire l’objet d’une écritude pour le Garde-mots.
Sans contrepèterie, la littérature regorge de gens qui utilisent un langage de peu de sens pour dire des choses insensées. Les sémioticiens se penchent sur la question, Aloïs a décidé d’y consacrer sa vie. Le malheur, c’est que depuis qu’il se pose ce genre de question, non seulement, il ne dort plus mais il est victime d’une panne des sens. Sa femme, la belle Hélène, connue pour sa beauté et l'incandescence de sa libido, en est toute tourneboulée. Que faire ?
J’ai suggéré à Aloïs de s’intéresser aux petites femmes nues du Voynich, mais je ne me fais guère d’illusions, le pouvoir érotique de la cryptographie est bien mince pour un vrai sémioticien. Alors, en attendant qu’il retrouve une partie de ses sens, j’ai décidé de me sacrifier. Je vais abandonner le Voynich et passer toutes mes nuits avec Hélène, en toute indécence. Je ne dormirais peut-être guère plus mais je pense que je décrypterai bien mieux le vrai sens de la vie.
Uchronie – Réécriture de l’histoire
Serendépité – Art de faire des découvertes heureuses
Cryptolemme – Rébus
Pornythorinque – Animal chimérique, un peu salopard et même vicelard.
Acribie - précision, exactitude, rigueur, minutie
Tabellion – Notaire - Qui tient des comptes précis.
Cryptonyme – Faux nom
Cryptomnésie – Ecriture automatique
Métalespse – Changement (glissement) de sens
10:21 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |
01/12/2008
Henri Roorda
l'Association des Amis de Henri Roorda (Aahr) recherche des documents et témoignages sur...
Henri Roorda.
J’avais parlé de Roorda dans une note en 2006. En disant qu’il était Genevois... Il aurait été lausannois dit-on... au temps pour moi.
Anarchiste, internationaliste et pacifiste, le Lausannois Henri Roorda (1870-1925) fut surtout l’un des plus brillants humoristes des années folles. L’égal d’un Alexandre Vialatte par la verve subtile de chroniques publiées notamment dans la /Tribune/ et la /Gazette de Lausanne/ et la /Tribune de Genève/. Auteur de pamphlets comme /Le pédagogue n’aime pas les enfants/, il fut aussi un enseignant adulé de ses élèves.
Le Musée Historique de Lausanne prépare pour mars 2009 la première grande exposition consacrée à ce Martien des lettres romandes. Un catalogue comprenant des billets inédits sera édité pour l’occasion.
Les commissaires de l’exposition recherchent pour enrichir celle-ci des documents d’époque : des éditions originales des /Almanachs Balthasar/ (1923 à 1926) et de ses autres livres, notamment les manuels scolaires publiés chez Payot (arithmétique, algèbre, géométrie) ; des photographies de Henri Roorda ainsi que des classes où il enseignait ; des manuscrits, des lettres ; des témoignages de personnes qui auraient entendu de leurs grands-parents des évocations de Roorda comme professeur ou personnage hors du commun.
On peut aussi adhérer à l’Association des Amis de Henri Roorda, constituée à Lausanne en 2003, qui a pour buts la mise en valeur de son œuvre et de sa pensée, l’organisation de manifestations et de publications, l’exploration des connexions et alentours de Henri Roorda, la valorisation de son patrimoine littéraire, théâtral, pédagogique au plan international, l’encouragement à des démarches prolongeant son esprit.
Pour contact : Association des Amis de Henri Roorda,
Rue des Terreaux 18bis, 1003 Lausanne. Tél. 021 323 21 70
hum.fil@befree.ch
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