19/09/2007
Hommage Posthume
"Françoise Giroud, de son vrai nom France Gourdji, fut un prof de piano qui tenta de se faire passer pour concertiste. Elle fut script-girl, jamais script-lady. Dent de fer, mâchoire de caoutchouc : croyant mordre, elle couinait. Elle voulut se faire craindre et respecter ; elle fut crainte, puis tolérée. Elle mourut dans un tintamarre d'éloges, avant de couler à pic.
On retiendra d'elle quelques vacheries de chansonniers : « On ne tire pas sur une ambulance », « Combien coûte un ticket de métro ? » ; et un aphorisme pour sujet du bac : « Le problème des femmes sera résolu le jour où l'on verra une femme médiocre à un poste important ». Postulat se retournant contre son auteur, nommée Secrétaire d'État à la Condition féminine, puis à la Culture. Ce dont elle se vengera dans de petits livres aigres, plats et inélégants, où elle laissa le plus clair d'elle-même."
Stéphane HOFFMann
On disait qu'elle avait "une plume". Elle a pondu le roman "Mon très cher amour", un des plus mauvais livre que j'ai jamais lu. Comme le signale le garde-mots elle a aussi écrit ça mis en musique par Lou Gasté le mari de Line.
LE PETIT CHAPERON ROUGE
Paroles: Françoise Giroud, musique: Louis Gasté, 1944
Le petit chaperon rouge
Trottinait dans les grands bois
Quand soudain une ombre bouge
C'est un loup, un gros loup à l'oeil sournois
Qui se dit en voyant la gamine
J'ai besoin de vitamines
Je vais faire un bon petit repas froid
REFRAIN:
Tire, tire, tire la chevillette
Tire et la bobinette cherra
Où allez-vous donc fillette?
Lui demande le loup gourmand
Je vais porter une galette
Et un petit pot de beurre à ma mère grand
Qui habite cette maisonnette.
Allez vite mignonnette
Et merci, merci pour le renseignement
REFRAIN
Tandis qu'elle cueille des noisettes
Il court vite chez la mère grand
Et d'un seul coup de fourchette
Il avale presque toute la bonne maman
Pour la fête se fait une vinaigrette
Met chemise, bonnet, lunettes
Puis se couche dans le lit en ricanant
REFRAIN
Toc, toc, toc, vient la pauvrette
Qui annonce à sa mère grand:
Je vous apporte une galette
Et du beurre que vous envoie ma maman
Ouvrez vite à votre mignonnette.
De sa voix la plus fluette
Le loup crie, imitant la bonne maman
REFRAIN
Elle entra dans la chaumière
S'écria en la voyant
Que vos bras sont longs grand-mère
C'est pour mieux, mieux t'embrasser mon enfant
Que vos yeux, vos oreilles, vos molaires
Ont grandi bonne grand-mère
C'est pour mieux te manger mon enfant
REFRAIN
Mais le petit chaperon pas bête
Se rappelant la fin de l'histoire
Prit une grosse clé à molette
Et lui ferma soigneusement la mâchoire
Puis doucement au loup bavant de colère:
Je t'ai laissé bouffer grand-mère
Mais faudrait tout de même pas me prendre pour une poire.
Le petit pot et la galette
C'est le chaperon qui les mangera
Il faut toujours ma grosse bête
Se méfier d'un plus petit que soi!
22:25 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5) |
17/09/2007
L'attentat
Amine est palestinien. Il a la nationalité israélienne et c’est un brillant chirurgien, doué de ses mains, intelligent et avec un contact humain chaleureux. Il est marié à une palestinienne, Sihem. Sans enfant, ils filent le parfait amour dans leur résidence friquée d’un quartier rupin de Tel-Aviv. Tout baigne jusqu'au jour où... un attentat se produit dans la capitale. Son ami Naveed, flic israélien, lui annonce que Sihem a été tuée et qu'elle est fortement soupçonnée d'être la kamikaze responsable de nombreux morts. C’est le drame pour Amine qui va désormais chercher des raisons de continuer à vivre et part pour une quête de ses racines.
Sur cette fantastique idée de roman, Yasmina Khadra batit un récit riche et subtil. C’est le type même du roman que je voudrais être capable d’écrire : Une grande histoire, des personnages attachants y compris les personnages secondaires très subtils, un récit bien ficelé…
Khadra nous emmène dans les méandres de l’âme humaine. Amine se demande pourquoi, pour quelles raisons sa femme, cet être doux, dénué de haine et de mystère, s'est-elle fait exploser dans un restaurant, bondé d'enfants de surcroît ? Pourquoi ne lui a-t-elle rien dit ? Et comment lui, qui l'aimait tant, qui lui avait donné toute sa vie, n'a-t-il rien vu venir ? Dans sa quête éperdue pour approcher les raisons qui ont pu motiver un tel acte, Amine se frotte à ces « terroristes » en puissance hantés par la cause palestinienne et, pour les meilleurs d’entre eux, prêts à mourir. Khadra sait nous rendre ce drame vivant. On tremble pour Amine sans cesse menacé comme traître à son peuple. On pleure avec Amine, enfin pour les plus sensibles.
Une deuxième fois merci à Dario pour m'avoir passer ce livre après les Hirondelles de Kaboul.
21:05 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |
16/09/2007
L'Arande
Pour preuve cette journée qui a vu défiler au moins mille Saint-Juliennois, toutes les associations qui s’étaient données de la peine, des salles superbes, une grande terrasse… L’architecte était content et nous a gratifié d’un beau discours sur la réalisation de l’édifice. Il avait une contrainte, transformée en avantage, qui était de garder la façade et le puit de lumière de l’ancien bâtiment des Fromageries Girod. Mission accomplie !
On se sent tout de suite bien dans ce bâtiment. A noter les deux salles « Sports de combat » et « Danse » avec leur puits de lumière. Grandes et immédiatement agréables. Allez voir ! Montez sur la terrasse !
21:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
15/09/2007
La rentrée
Troisième rédac donc ! Pas folichon le sujet, après le look en juillet, la bouffe en août, la rentrée en septembre. Quelle imagination débordante cet Olivier !
Pour moi la rentrée c’est le jeûne genevois. Vous trouverez tous les détails sur cette journée si particulière en suivant le lien wiki. A Genève, on dit que le jeûne remplace le premier mai, donc on ne chôme pas le jour de la fête du travail mais on jeûne le jeudi qui suit le premier dimanche de septembre. En fait de jeûne et d’abstinence, on en profite pour se taper la cloche dans les restaurants français environnants.
Comme, dans la vie de travailleur en Suisse, on n’a pas tellement d’opportunités de faire le pont, ce jeudi de septembre est le bienvenu, on l’imagine. Sauf que… vivant en France, ce premier week-end de septembre coïncide pratiquement chaque année depuis des décennies avec la rentrée des classes. Et il faut être un parent bien insouciant pour priver ses enfants de rentrée des classes au prétexte que l’on peut faire le pont à se prélasser. Bref, des années à rater le pont.
Plus de 700 romans, 200 essais, un grande confiture de phrases et pas de pot, ne cherchez pas, il n’y a pas le mien. Il n’y en aura d’ailleurs pas plus l’année prochaine car le livre est un produit qui se marchandise (du verbe merchandiser), qui se conditionne et se bichonne un an à l’avance et sauf à s’appeler Poivre d’Arvor ou de prêter son yacht au président, on a zéro chance en s’y prenant au dernier moment.
12:00 Publié dans Rédac | Lien permanent | Commentaires (12) |
13/09/2007
AKS
Cela fait longtemps que ce blog n’a pas parlé de mathématiques. Je suis allé faire un tour chez Lhuna qui recense avec ses élèves les manières de compter. Ce qui m’a amené, je ne sais pas trop comment ni pourquoi sur ce fameux algorithme AKS. Comment ? Vous ne connaissez pas AKS ? On va combler cette lacune.
En août 2002, trois chercheurs indiens annoncent qu’ils ont trouvé un test de primalité déterministe en temps polynomial. La belle affaire me direz vous ! Eh bien figurez-vous que c’est un truc très vachement (vache sacrée bien sûr) étonnant.
« New Method Said to Solve Key Problem in Math » titrait le New York Times du 8 août 2002. (A) -Manindra Agrawal, (K) -Neeraj Kayal et (S) - Nitin Saxena de l’ Indian Institute of Technology ont trouvé un algorithme d’une éclatante simplicité et d’une surprenante élégance. Quelques jours plus tard, les experts s’enthousiasment. Quatre jours avant le gros titre du New York Times, un dimanche, les trois auteurs avaient envoyé à quinze experts un preprint de neuf pages intitulé « PRIMES is in P ». Le soir du même jour Jaikumar Radhakrishnan et Vikraman Arvind, deux papes de ce domaine des mathématiques, leur envoyaient leurs félicitations. Le lundi, un des maîtres du sujet, Carl Pomerance, vérifiait le résultat et, dans son enthousiasme, organisait un séminaire pour l’après-midi et informait Sara Robinson du New York Times. Le mardi le preprint était en accès libre sur Internet. François Morain fit un exposé sur ce sujet au séminaire Bourbaki de mars 2003. Et le vendredi, Dan Bernstein affichait sur le web une amélioration de la preuve du résultat principal, qui tenait en une seule page.
Bref, la brièveté, inhabituelle en mathématiques, de la période de vérification reflète la concision et l’élégance de l’argument et sa simplicité technique. Une preuve, simple, courte, innovante et tellement plaisante « suited for undergraduates ».
Deux autres choses étonnantes:
- Deux des auteurs, Kayal et Saxena, venaient juste de recevoir leur diplôme de licence en informatique.
- Cette découverte sensationnelle est accessible à l’« homme ordinaire » ce qui est inédit pour les mathématiques de ces cent dernières années.
Pour être honnête, je dois avouer que, soit cette dernière prétention est très excessive, soit je suis un homme « sous-ordinaire ». Au départ, j'étais content, cela partait du petit théorème de Fermat : (x − a)^n ≡ (x^n − a) mod n... des nombres de Sophie Germain. Puis soudain quelques anneaux et corps plus loin, j'ai perdu pied... Au secours!
Bref, à lire superficiellement la démonstration, je veux bien admettre que je pourrais sans doute tenter de la comprendre un jour (mais je n’ai pas envie :-) alors que, j’ai abandonné sans même lutter l’idée même de comprendre la démonstration de Wiles du grand théorème de Fermat.
A votre bon coeur c'est « suited for undergraduates ».
06:25 Publié dans Mathématique | Lien permanent | Commentaires (3) |
12/09/2007
Yasmina Khadra
Yasmina Khadra,
l'auteur des hirondelles de Kaboul,
de l'attentat
et des sirènes de Bagdad
est un écrivain algérien de langue française
né en 1955 dans le Sahara algérien.
Son vrai nom est Mohammed Moulessehoul.
07:05 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |
11/09/2007
Les hirondelles
Yasmina Khadra
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Les
hirondelles
de
Kaboul
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Kaboul, an 2000, les talibans font la loi. Quatre personnages inoubliables : Mohsen, qui descend d’une famille de commerçants prospères que les talibans ont ruinée ; Zuneira, sa femme, sublimement belle, qui fut une enseignante brillante et qui n’a plus le droit de sortir de chez elle… Atiq, gardien de prison, qui a adhéré à l’idéologie des talibans et qui doute. Et Mussarat, sa femme, qui se meurt de maladie et de désespoir.
Mohsen erre dans Kaboul quand il est entouré par une foule qui s’apprête à lapider une femme adultère (extrait). Ce geste insensé va faire basculer le destin de tous les protagonistes dans la tragédie… jusqu’au sacrifice ultime – et vain – de Mussarat, cette femme qui donnera sa vie pour permettre à l’homme qu’elle aime de retrouver sa capacité d’aimer.
Extrait:
Le mollah lève une main majestueuse pour apaiser le hurleur. Après la récitation d’un verset coranique, il lit quelque chose qui ressemble à une sentence, remet la feuille de papier dans une poche intérieure de son gilet et, au bout d’une brève méditation, il invite la foule à s’armer de pierres. C’est le signal. Dans une ruée indescriptible, les gens se jettent sur les monceaux de cailloux que l’on avait intentionnellement disposés sur la place quelques heures plus tôt. Aussitôt, un déluge de projectiles s’abat sur la suppliciée qui, bâillonnée, vibre sous la furie des impacts sans un cri. Mohsen ramasse trois pierres et les lance sur la cible. Les deux premières faillissent à cause de la frénésie alentour mais, à la troisième tentative, il atteint la victime en pleine tête et voit, avec une insondable jubilation, une tache rouge éclore à l’endroit où il l’a touchée. Au bout d’une minute, ensanglantée et brisée, la suppliciée s’écroule et ne bouge plus. Sa raideur galvanise davantage les lapideurs qui, les yeux révulsés et la bouche salivante, redoublent de férocité comme s’ils cherchaient à la ressusciter pour prolonger son supplice. Dans leur hystérie collective, persuadés d’exorciser leurs démons à travers ceux du succube, d’aucuns ne se rendent pas compte que le corps criblé de partout ne répond plus aux agressions, que la femme immolée gît sans vie, à moitié ensevelie, tel un sac d’horreur jeté aux vautours.
18:00 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (1) |