15/01/2008
Déjeuner
Chaque mois, le 15, à la même heure, 12.00, heure de Paris, des rédac' blogueurs écrivent un billet sur un sujet commun. Ce mois-ci le petit déjeuner. Allez aussi lire leur point de vue, et n'hésitez pas à laisser vos commentaires!
Laurent, Bergere, Bertrand, JvH, Jean-Marc, Lady Iphigenia, Julien, Chantal, Christophe, Hibiscus, Alcib, Bluelulie, Anne, Hpy, Joël, Looange, Loïc & Hyun-Jung, Jo Ann v, V à l'ouest, Marie, William, Catie, Nanou, Isabelle, Lelynx, Cecfrombelgium, Gally, Froggie, La Nymphette, Julie70
Dé-jeuner Cesser le jeune comme break fast.
Mais c’est que mon petit dej. est d’une banalité à pleurer. Que dire ? En gros, Nescafé, biscotte ou baguette du jour précédent partagée avec ma moitié (alternativement un dessous et une dessus), beurre allégé, confiture maison (et c’est bibi qui les confectionne) un fruit ou deux. Le seul vrai suspens de l’histoire c’est est-ce que la biscotte va se casser et tomber dans le nescafé. Pas génial !
Non, la seule aventure du petit dej, c’est par la radio qu’elle arrive.
Plusieurs options : Déjeuner en paix donc en silence. Ecouter France-Inter et son cortège de nouvelles qui sont mauvaises d’où qu’elles viennent, une chaîne musicale ou France Culture ? Bon, on ne se refait pas, on retombe presque toujours sur France Inter. On écoute les infos de sept heures sur le radio-réveil (les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles et viennent) et on se lève.
On tente d’éviter la chronique de Jean-Marc Sylvestre vers 7 :20 qui amène chaque matin le démon de la mondialisation à la maison. Le pire c’est qu’il croit ce qu’il dit. Il est convaincu que, plus les riches s’enrichissent, plus les pauvres vont aller bien. Contre toute logique, il vante chaque matin, la liberté du loup dans la bergerie. Donc à éviter sous peine de casser encore plus ses biscottes, voire de se gâcher la journée.
La vraie difficulté c’est de rater Sylvestre sans manquer Nicolas Demorand à 7 :25 qui chaque jour nous fait découvrir un truc étonnant. Ce matin, il parlait de Pot-Bouille de Zola, une autre fois c’est une BD super ou un site Internet original. Demorand, c’est un vrai intellectuel. Quand il interview Bernard-Henri ou Alain (Finkielkraut), on sent tout de suite du quel côté est la vraie réflexion, le souffle… Bref, je suis fan de Demorand. En général c’est juste après lui, vers 7:30, qu’on déjeune, toujours avec France-Inter qui à sept heures et demi répète les même nouvelles, mauvaises d’où qu’elles viennent, en cassant ou pas la biscotte dans le bol de Nescafé. Suspens !
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15/12/2007
Luxe
C'est le jour de la rédac. Le 15 du mois à midi. 30 rédacteurs ce mois-ci voir la liste plus bas. Après le look, la gourmandise, les bagnoles, c'est le luxe. Manquait plus que ce soit la luxure pour continuer sur les péchés capitaux. D’ailleurs luxe et luxure, c’est la même étymologie, Luxus veut dire excès en latin comme dans luxuriant, cela veut aussi dire splendeur et faste et encore ce qui est superflu et inutile.
Donc je déclare d’entrée que le luxe et moi on n’est pas trop copain. J’ai d'ailleurs déclaré la guerre au superflu et à l’inutile. Je viens de commettre un article sur NaturaVox qui a eu un petit succès et que je vous encourage vivement à lire si vous êtes en quête de simplicité volontaire.
Ceci dit, la définition du luxe peut aussi être ce qu’on considère comme valable et précieux. Il existe une méthode japonaise nommée QFD qui permet de savoir ce que les consommateurs désirent vraiment dans un produit futur ou une amélioration de produit existant. On raconte que le QFD a été appliqué pour la création d’une voiture de luxe et que ce qui est ressorti loin devant en terme de priorité c’était le silence bien avant la vitesse ou la carrosserie. Donc tout le paquet a été mis sur comment faire une voiture silencieuse.
Pour moi en ce moment le luxe c’est la liberté de faire ce que j’ai envie, écrire des articles, randonner… C’est le calme, le silence, pas trop de stress, rencontrer mes copains pour faire une bonne bouffe sympa sans excès de raffinement. C’est très ennuyeux les restos de grand luxe où il faut venir saper et où trois pingouins sont à l’affût du moindre de vos vidage de verre. Le luxe aussi de faire de temps en temps un petit voyage pour découvrir un endroit sympa, d’autres gens, loger dans un hôtel correct mais modeste ou mieux dans une chambre d’hôte accueillante chez des gens qui aiment recevoir. On s’ennuie dans les hôtel de luxe ou chez des hôtes qui ont une chambre de charme à 150 euros. On s’ennuie à Bora-Bora à passer la journée allongé dans un transat au bord d’un bête lagon tout bleu, d’ailleurs comment peut-on fréquenter des pays sans montagnes ?
Voilà, ma conception du luxe mais si je participe à un QFD, ce que je mettrais en premier, loin devant, c'est la liberté. Je ne vois rien de plus précieux quand on a la santé. Allez, à la bonne votre! Au mois prochain et lisez les rédacs des autres.
Laurent, Olivier, Bergere, Bertrand, JvH, Jean-Marc, Lady Iphigenia, Julien, Chantal, Christophe, Hibiscus, Alcib, Bluelulie, Anne, Hpy, Isabelle, Joël, Looange, Loïc & Hyun-Jung, Anne B, V à l'ouest, Froggie, Jo Ann v, William, Catie, Nanou, Lelynx, Cecfrombelgium, Gally
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15/11/2007
Choc Culturel
S’élargir l’esprit, c’est une chose assez facile à Genève où la tradition de cosmopolitisme et d’accueil est séculaire. Une tradition qui n’empêche pas qu’on cultive ses particularismes. En bon suisse, le genevois ne jure que par la Migros, une chaîne de magasin pure sucre hélvète, tout en tenant énormément à son indépendance cantonale, il vit bien séparé du reste de la Suisse en regardant la France comme une contrée un brin exotique ou l’on part en week-end comme on fait de plus longues vacances au Togo ou dans les îles.
L’avantage de l’endroit, quand on est comme moi curieux des autres, ce sont les rencontres multiples et surprenantes. Pour prendre un exemple, je vous parlerai de mon ami Mahlar. Mahlar a fait math-sup au lycée Bertholet à Annecy, il connaît très bien la politique française. Il est aussi un peu suisse car il est sorti brillamment de l’EPFL, l’école polytechnique de Lausanne. Mais Mahlar est originaire de la région de Bombay et il a gardé toutes les valeurs et traditions millénaires de cette partie de l’Inde.
J’avais envie de raconter la « petite party » qui a réuni le tout indien de Genève au BIT, le Bureau International du Travail, à l’occasion de son mariage. Le vrai mariage avait eu lieu à Bombay, sept jours de festivités avec cheval blanc et grand tralala… Au BIT ce n’était qu’un « petit » rappel, une party donnée pour les gens qui, comme moi, n’avaient pas pu faire le déplacement. La mariée couverte de bijoux était promise à Mahlar de longue date. Pendant quelques heures, pour ma femme et moi, le dépaysement, en plein genève fut total.
Une autres anecdote : Nous avions une heure ou deux à tuer à l’aéroport de Belfast après une journée fatigante de consulting chez un constructeur d’avion. J’avais repéré un bar au loin et j’avais déjà le goût de la bière en bouche. Soudain, je me retourne, plus de Mahlar. Je reviens sur mes pas pour le découvrir scotché sur place, le tête bloquée en l’air, concentré sur un écran de télé qui ne donnait même pas les horaires d’avion mais un match de cricket. Pour un français, le cricket est un sport des plus ennuyeux et bien pour Mahlar, c’est un sport passionnant.
C’est ça le choc des cultures. Découvrir qu’un gars qui parle français avec la pointe d’argot nécessaire, qui connaît les arcanes de la politique française, qui ne crache pas dans la fondue au fromage, qui peut parler savamment du championnat de France de foot… découvrir que ce même gars était fiancé à l’âge de 4 ans et qu’il peut rester scotché devant les West Indies contre le Pakistan dans un sport aussi mortel que le cricket.
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15/10/2007
Fou du guidon
562,6 millions de tonnes de CO2. C'est le montant total des émissions de la France en 2004, tous acteurs confondus (transport, immobilier résidentiel, industrie manufacturière, énergie, agriculture/sylviculture, traitement des déchets). Les transports représentent a eux seuls 26,5 % de ces émissions et l'agriculture/sylviculture 18,9 %.
Quelqu’un qui parcoure 20'000 kms par an avec sa voiture envoie de 1200 à 1800 kilos (2tonnes pour les grosses cylindrées) de pétrole raffiné dans la nature.
Ah oui, vous cherchiez peut-être la rédaction du mois d'octobre sur les fous du volant. C'est ici. Dans la fond, ce n'est pas telle,ent hors sujet. Allez donc aussi voir chez les autres...
Laurent, Olivier, Bergere, Bertrand, JvH, Jean-Marc, Lady Iphigénia, Julien, Isabelle, Christophe, Hibiscus, Alcib, Fred, Anne, Hpy, Joël, Chantal, Loïc & Hyun-Jung, Marie, Looange, V à l'ouest, Froggie,Donc en 20 ans +/- 30 tonnes !
En fait, je roule en scooter et je fais 5000 kms par an. A trois litres au cent (la consommation par passager d’un A380 de +/- 600 places.) cela fait 150 litres par an. 3 tonnes en 20 ans.
Le problème du scoot, c’est que t'as pas de carrosserie, donc faut faire trois fois plus gaffe, surtout au milieu de ces grosses bagnoles à pare-buffle. Jamais croisé un buffle à Genève, même pas au cirque Knie et pourtant, y a plein de bagnoles qui se méfient des buffles. En fait, ils se méfient des scooters, à l’avant des 4x4, ce sont des pare-scooter chromés.
C’est vrai que nous, les scooteristes, si on est plus écolos qu’eux, on ne respectent pas toujours les règles. Pistes cyclables, files des bus, un trottoir à l’occase, outre-ligne blanche et même outre-double-ligne-blanche, j’en ai même vu outre-banane et même à l’envers dans les ronds-points. Je le dis tout net, je fais pareil mais c’est pas bien ! Pas bien du tout !
A leur décharge aux scooters, il faut bien dire que si la ville est vachement encombrée par tous ces chasseurs de buffles qui occupent des hectares de chaussée, chacun dans son petit confort douillet à l’abri de la pluie, protégé des animaux sauvages… Mais quand ils arrivent au boulot, ¾ d’heures plus tard, la gueule enfarinée, râlant après les embouteillages, le manque de parking, le prix de l’essence… Nous, les scooters, on mugit de plaisir
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15/09/2007
La rentrée
Troisième rédac donc ! Pas folichon le sujet, après le look en juillet, la bouffe en août, la rentrée en septembre. Quelle imagination débordante cet Olivier !
Pour moi la rentrée c’est le jeûne genevois. Vous trouverez tous les détails sur cette journée si particulière en suivant le lien wiki. A Genève, on dit que le jeûne remplace le premier mai, donc on ne chôme pas le jour de la fête du travail mais on jeûne le jeudi qui suit le premier dimanche de septembre. En fait de jeûne et d’abstinence, on en profite pour se taper la cloche dans les restaurants français environnants.
Comme, dans la vie de travailleur en Suisse, on n’a pas tellement d’opportunités de faire le pont, ce jeudi de septembre est le bienvenu, on l’imagine. Sauf que… vivant en France, ce premier week-end de septembre coïncide pratiquement chaque année depuis des décennies avec la rentrée des classes. Et il faut être un parent bien insouciant pour priver ses enfants de rentrée des classes au prétexte que l’on peut faire le pont à se prélasser. Bref, des années à rater le pont.
Plus de 700 romans, 200 essais, un grande confiture de phrases et pas de pot, ne cherchez pas, il n’y a pas le mien. Il n’y en aura d’ailleurs pas plus l’année prochaine car le livre est un produit qui se marchandise (du verbe merchandiser), qui se conditionne et se bichonne un an à l’avance et sauf à s’appeler Poivre d’Arvor ou de prêter son yacht au président, on a zéro chance en s’y prenant au dernier moment.
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15/08/2007
Rédac d'août
C'est une conspiration mondiale ! Pour l'instant nous ne sommes que 19 mais cela va grossir... grossir. Quand nous serons mille cela deviendra peut-être compliqué de tout lire... En un mot, l'idée consiste à poster tous les 15 du mois à midi heure de Paris, une rédac sur un sujet fixé le premier du mois. La liste des participants:
Laurent, Bertrand, JvH, Jean-Marc, Julien, Bergere, Christophe, Isabelle, Hibiscus, Fred, Anne, Hervé, Hpy Chantal, Loïc & Hyun-Jung, Marie, Looange
En juillet, c’était : "t'as le look ?" En août c'est encore estival et détendu (attention à la rentrée en septembre ;-) : "Votre pêché gourmand" (avouez votre petite tartine de Nutella à 4h tous les jours, ou bien que vous ne pouvez pas vous endormir sans un grand verre de lait...)
Mon pêché gourmand.
Si pour le look j’avais assez peu d’idées, pour la gourmandise j’en ai des ventrées. Plus jeune, je n’étais pas trop pour le sucré mais cela à changé et je suis le premier à tomber dans les plaques de chocolat que la marraine de Gian-Luigi lui offre si généreusement. Si vous voulez garder la ligne il ne faut pas avoir de marraine comme delle là. Ce n’est pas plaque à plaque, c’est par dizaines qu’elle les achète et Gian-Luigi nous en fait profiter, nous qui sommes ses collègues de labeur.
En creusant un peu et puisque nous sommes en août, j'ai décidé de vous parler des noisettes. C’est petit les noisettes, c’est délicieux dans le chocolat au lait ou le Nutella mais, à mon avis, c’est encore meilleur quand ce sont des noisettes fraîches. Remarquez que je pourrais aussi vous parler des amandes mais il y a peu d'amandiers par ici ni d'ailleurs de pistachiers ou d'arachides et pour les noix mais ce n’est pas encore la période.
Autant vous faire tout de suite une confidence, je suis la réincarnation d’un écureuil et même la réincarnation d’un lignée d’écureuils, le treizième squirrel-lama dont le karma, il faut bien l’admettre, était de revenir en homme occidental friand de petite graines alors que tous mes avatars précédents étaient sans exception des écureuils du Tibet. Noblesse oblige !
L’écureuil du Tibet est encore plus friand de noisettes et de petites graines que celui de chez nous et à fortiori que les chipmunks (tic et tac) américains que les québécois appellent des suisses. Le suisse mange n'importe quoi en particulier des croûtes de fromage et des röstis. Qu'on ne me parle pas des écureuils qui bouffent des glands comme celui de l’âge de glace surpris ici par la caméra.
Cette parenthèse naturaliste et métempsychotique refermée, revenons à nos noisettes du 15 août. C’est la pleine période. Certes, j’ai planté deux noisetiers pourpres autour de ma maison mais cela ne saurait suffire pour ma consommation personnelle. Surtout qu’il y a des années sans et les balanins de la noisette au rostre effilé (très belles photos de la sale bête sur ce site). Ce monstre de trois millimètres pond ses œufs dans le fruit en formation et la larve, un petit ver blanc, va percer la coquille pour donner ce trou que les amateurs de noisettes fraîches connaissent bien. Concurrence déloyale qui peut se régler sur le pré à coup de sulfate de fer, à condition de ne pas rater le créneau de fin février-début mars, fonction du temps et de la lune et attention de ne pas laisser de traces rouge sang sur la trerrasse.
Bref, pour assouvir mon content de noisettes, j'ai dû m'organiser. C'est tout un boulot. Il faut repérer le noisetier qui va bien. Des noisettes assez grosses mais pas de ces énormes rondes, les géants des halles, dont la chair fraiche goûte comme des glands. Idéalement un mélange de pourpres, d'aveline du Piémont et de longues d'Espagne. Le fin du fin, c'est l'impériale de Trébizonde ou la petite ronde de Byzance mais on en trouve assez peu sauf au bord de la mer noire en Turquie (voir Trabzon). La Turquie est le paradis de l'écureuil, enfin en théorie, car le turc ne partage pas volontiers, il est premier producteur mondial et il tient absolument à le rester.
Bref, j'ai en tête une vraie cartographie de tous les noisetiers du Genevois. Par chance, et contrairement à la Turquie, les gens d'ici attachent peu d’importance à la noisette. Donc, je pose mon scooter discrètement, je me bourre les poches de précieuses graines fraîches. Si personne ne vient, je décharge mes poches dans mon top-case pour les recharger rapidement sur l'arbuste. Attraper les branches du haut est tout un art.
Arrivé à la maison je sépare la bogue du fruit, je me munis d'un casse-noisette et... je savoure. Que ceux qui pensent qu'il faut attendre septembre pour que les noisettes soit bien mûres demande au premier écureuil venu.
PS: La noisette est très calorique mais par chance, depuis peu, elle est bourrée d'oméga3, oméga6 et surtout d'Oméga9 (3 fois 3).
12:00 Publié dans Rédac | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : redaction, gourmandise |
15/07/2007
T'as le look?
C'est une conspiration mondiale! Pour l'instant nous ne sommes que 15 mais cela va grossir... grossir. Quand nous serons mille cela deviendra peut-être compliqué de tout lire... En un mot, l'idée consiste à poster tous les 15 du mois à midi heure de Paris, une rédac sur un sujet fixé le premier du mois. Ce mois-ci, le sujet est paraît-il très différent. estival et détendu: "t'as le look ?"
Parlez nous de votre coiffure, de votre façon de vous habiller... du look dont avez toujours rêvé sans jamais oser franchir le pas. Si vous êtes timides, vous pouvez parler de vos voisins, de votre fille et ses amies... Lire les autres ici: Laurent, Nathalie, Bertrand, Jean-Marc, Lady Iphigénia, Julien, Bergere, Christophe, Isabelle, Pho, Hibiscus, Fred, Bluelulie, Alcib
___________________Rédac_____________________________
Le look, pfuutt, c’est vraiment pas pot de tomber sur un sujet pareil pour ma première rédac. S’i y a quelqu’un qui se fout de son apparence, c’est bien bibi. Enfin, à dire vrai, je m’en foutais. C’est un peu comme le pognon, il y a un moment, quand t’es jeune, où tu prends ça de haut. D’ailleurs ne dit on pas «L’argent ne fait pas le bonheur» et «L’habit ne fait pas le moine.» Eh bien, ça se discute comme on dit chez Delarue. Pour le fric, d’ailleurs ça ne se discute même pas: si t’en as pas t’es à la rue, c’est tout. ! Pour l’habit, faut voir.
J’étais le plus mal fringué de toute ma galaxie soixantehuitarde et, quarante ans plus tard, voilà le travail :
Bien sûr, cela ne s'est pas fait en un jour. Après m’être fait emm… par tous les flics et douaniers du coin, les suisses comme les français, à cause de mes cheveux longs, frisés (eh oui) et pas toujours nets, de mon vieil anorak sur un pull drapé et effiloché, des baskets trouées et un jean à l’avenant… j’ai décidé d’opter pour du moins voyant, le look programmeur discret, mon job de l'époque. Puis au fil des années, tout en tissant mon réseau professionnel je me couvrais de tissus plus cossus. Oh rien d’ostentatoire rassurez-vous (j’aime bien ostentatoire), non, du classique, du pratique, du chic mais discret… on disait alors BCBG.
N’allez pas croire que j’apportais plus d’intérêt à l’habit. Que nenni. J’attachais toujours plus de prix à un bon livre qu’à un bon costard. J’aimais mieux Boris Vian et son homme nu qui marchait l’habit à la main, que d’être bien sapé avec de belles bretelles qui soutiennent l’habit au niveau des aisselles.(1) Mais je m’égare.
Je me sapais donc pépère chez Voisin, le marchand de fringues du coin. Un bon fournisseur, je le recommance, capable de parler littérature, c’est dire ! Ni trop cher ni trop cheap. Une seule règle pour moi: trois essais au maximum. Si ça n’allait pas ce serait pour un autre jour avec trois nouveaux essais. Bref, jusqu’à samedi dernier, je pensais que l’habit ne faisait pas le moine mais que le moine ne pouvait pas se contenter de n’importe quelle bure au col crado ni le bureaucrate de n’importe quelle cravate monacale. C’était ma seule philosophie, rien d’abyssal (ni d’habit propre d’ailleurs.)
Et puis pour le mariage de mon fils, voir note du 7-7-7, je n’avais pas de costard décent, alors je me suis dit: "faut louer!". Me voilà donc chez Mascarade, rue des rois, la boutique qui habille d’occase tout les théâtreux genevois. « Vous voulez un jaquette ? » me demande la vendeuse. Je réponds « peut-être mais pas une flottante. » Elle ne capte pas ma saillie humoristique. Voyant que j’étais béotien en matière de costume de mariage, elle m’explique en quelle occase on met une redingote, un frac, un smoking, une queue de pie… puis elle me dit : « Avec la jaquette, vous mettrez sans doute une lavallière ? » Hum, vous dite une lavallière? ...faut voir. Elle me sort une espèce de bavoir gris perle. Non, je prendrais une cravate plus classique.
Voilà. Vous avez vu les photos. Les copains étaient épatés, mon fils et ma bru aussi. Il y avait de quoi. Faut convenir que si je m’étais intéressé un peu plus tôt à mon look, si au lieu de me fringuer comme l’as de pique je m’étais sapé comme un lord (on ne dit plus comme le prince de Galles), j’aurais pu me placer dans la vie et sans doute qu’aujourd’hui je roulerais carrosse, j'aurais une banque à chaque doigt, et un doigt dans chaque pays, et chaque pays serait à moi. Quand même, à quoi ça tient la vie !
(1) Grammaire : On ne dit pas : "L'habit à Popaul" mais "L'habit de Popaul"
12:00 Publié dans Rédac | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : rédaction, look, costume |