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08/02/2012

Civilisation


Georges Clemenceau sur ce le thème des civilisations, lors d'un débat sur la colonisation, le 31 juillet 1886, bien avant Hitler donc. Trouvé sur huffingtonpost.fr



"Races supérieures ? Races inférieures, c'est bientôt dit ! Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisation inférieurs. Race inférieure, les Hindous ! Avec cette grande civilisation raffinée qui se perd dans la nuit des temps ! Avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté l'Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d'art dont nous voyons encore aujourd'hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure, les Chinois ! Avec cette civilisation dont les origines sont inconnues et qui paraît avoir été poussée tout d'abord jusqu'à ses extrêmes limites. Inférieur Confucius ! En vérité, aujourd'hui même, permettez-moi de dire que, quand les diplomates chinois sont aux prises avec certains diplomates européens... (rires et applaudissements sur divers bancs), ils font bonne figure et que, si l'un veut consulter les annales diplomatiques de certains peuples, on y peut voir des documents qui prouvent assurément que la race jaune, au point de vue de l'entente des affaires, de la bonne conduite d'opération infiniment délicates, n'est en rien inférieure à ceux qui se hâtent trop de proclamer leur suprématie..."

07/02/2012

Poissons

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Dessine-moi un poisson.

Comme chacun sait, le poisson est l’animal le plus facile à dessiner depuis que Findus en a fait un animal parallélépipédique (pas facile à écrire par contre).

Les poissons vont disparaître, c’est ce que nous dit Findus qui ne peut bientôt plus utiliser de merlan bleu pour le surimi, ni le merlu du Pacifique pour les tranches panées.

Soyez rassurés braves gens, Findus a connu une croissance de 7% en 2011. Quand les parallélépipèdes ne contiendront plus que de la panure enveloppant des molécules chimiques et quelques traces de poisson vendues à prix d’or, Findus continuera d’engraisser ses bénéfices et de dégraisser son personnel et le Figaro de vous parler de la raréfaction du poisson 

Mais tous les poissons sont-ils égaux ? Non, bien sûr, il y a en a de plus égaux que d'autres. D’un côté, les prédateurs (carnivores) et de l’autre les proies (herbivores) et quelques espèces carnivores au milieu mais qui se font fait bouffer par des plus gros qu'elles. Pour simplifier, Alfred James Lotka en 1925 et Vito Volterra en 1926 ont pris les proies et les prédateurs et ont posé, chacun de leur côté, des équations qui expliquent la croissance des deux populations. Voir sur Wiki.

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Les équations admettent des solutions périodiques qui n'ont pas d'expression simple à l'aide des fonctions trigonométriques habituelles. Néanmoins, une solution approximative linéarisée offre un mouvement harmonique simple, avec la population des prédateurs en retard de 90° (un quart de période) sur celle des proies. Voir schéma. Dans le modèle utilisé, les prédateurs prospèrent lorsque les proies sont nombreuses, mais finissent par épuiser leurs ressources et déclinent lorsque la population de prédateur a suffisamment diminué, les proies profitant du répit se reproduisent et leur population augmente de nouveau. Cette dynamique se poursuit en un cycle de croissance et déclin.

A noter que ces équations marchent aussi pour le lynx et le lièvre des neiges, pour le lion et la gazelle, le cachalot et le phoque… Par contre elles ne disent pas ce qui se passe quand le prédateur marche sur deux pattes en utilisant son gros cerveau pour compter les billets de banque. Mais, dans ce cas, on peut prévoir que les deux courbes finiront par faire plouf dans l’eau et la vie sur terre avec.

220px-Allan_Hobson.jpgA noter encore que les mêmes équations, magie des mathématiques, ont été utilisées par Allan Hobson, neuropsychiatre américain, pour décrire les relations entre les neurones cholinergiques responsables du sommeil paradoxal et les neurones aminergiques liées à l'état de veille. Il a fait L'hypothèse de l'activation-synthèse (AS) en posant que les rêves sont issus de l'activation aléatoire des neurones dans le cortex cérébral. Le cerveau fait de son mieux pour attribuer un sens aux signaux, dans les conditions de travail défavorables du sommeil paradoxal. Cette hypothèse basée sur un modèle mathématique, se présente comme une critique des thèses psychanalytiques.

Allan (photo) a 79 ans et le sourire.

05/02/2012

Furet

Savez-vous quel est l’adjectif qui signifie « qui ressemble au furet ? ». Non.

Bon, OK. Mais vous connaissez la contrepèterie dans le titre de la chanson enfantine ? Non plus !

Vous connaissez la chanson, bien sûr :

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Donc l’adjectif c’est viverrin (viverrinus – le furet en latin)

Utilisé pour qualifier un chat… qui pèche : Un chat d'Asie qui a la taille d'un chat domestique et qui aime l'eau...

 

 

Et aussi un chien japonais qui est arrivé en France depuis quelques années via l'Ukraine, où, dans les années 40-50, ils étaient élevés pour leur fourrure. Le chien viverin (Nyctereutes procyonoides - qui veut dire "de nuit" - "errant" et "sorte de chien" qui aussi le nom du raton-laveur en latin) que les anglais appellent Raccoon-Dog - Raton-laveur-Chien, est vraiment un chien... enfin peut-être, en tous cas un canidé. C'est à dire pas mal de dents mais pas toujours le même nombre de chromosomes. Pas si facile de trouver des détails précis sur la taxonomie des canidés et des canidoïdes. Disons de la famille des... loups de toutes sortes (gris, rouge, de bisons...), des chiens de toutes races, des chacals des coyottes, des dingos, des lycaons, des otocyons aux oreilles de chauves-souris, des renards (roux, artique, corsacs, caamas, à grandes, moyennes et petites oreilles), des chiens de buisson aux oreilles courtes, des dholes, des dusicyoins (éteints), des fennecs... (mais désolé, pas des ratons-laveurs). 

Un chien original qui hiberne comme les marmottes. En Europe de l'ouest, il n’est pas franchement le bienvenu. A dire vrai, il ressemble plutôt à un gros raton-laveur plus qu'à un furet viverinn. Les japonais l'appellent Tanuki.

Nyctereutes_procyonoides_4_(Piotr_Kuczynski).jpg

Le tanuki est, dans la mythologie japonaise, l'un des yokai (esprits) de la forêt, inspiré du chien viverrin.

03/02/2012

Sur un petit violon

La version clown-clown :
Raymond Devos le Clown se meurt par aandre_danyel

La version clown triste:
Giani Esposito - "Le Clown" par RioBravo

22:07 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) |

02/02/2012

L'éléphant s'évapore

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Pour Vialatte, l’éléphant est irréfutable, chez Murakami, il s’évapore. C’est le titre d’un recueil de nouvelles publié il y a 20 ans au Japon et que je n’avais pas lu.

C’est un bonheur rare de découvrir un Murakami point encore lu. En plus j’aime particulièrement les nouvelles.

Celles-ci ne sont pas toutes du même niveau mais celles qui sont bonnes, sont superbes et il y en a pas mal sur les 17 du recueil.


Cela commence par une nouvelle qui a sans doute servi d’esquisse pour l’oiseau à ressort. On y retrouve le chat Noboru Watanabe nommé ainsi parce qu’il « ressemble » à son beau-frère, pas vraiment un compliment. D'ailleurs dans la nouvelle Family affair, on découvre ce fameux beau frère pas trop sympathique au narrateur.

Toutes les nouvelles sont racontées à la première personne, ce qui fait surgir souvent des récits étranges comme ce préposé aux lettres de réclamations dans une entreprise qui se met à répondre à une cliente en lui faisant d'étranges digressions sur les kangourous... La force de Murakami, c’est de nous décrire des chose banales, boire une bière, peler des oignons… et de passer soudain dans une autre dimension, on adore la bière et on prend son pied avec le bizarre qui lui succède. Un écrivain ! Un grand. Il se dit admirateur de John Irving, j’espère juste qu’Irving se dit admirateur de Murakami. Ils se ressemblent, ce sont des tous grands.

Même si tous les personnages ne sont pas déjantés, ils sont souvent en phase de déstabilisation: hommes au chômage au foyer, femmes seules noyant leur mélancolie en contemplant leur jardin, femme qui n'arrive plus à dormir, homme mono maniaque dont le passe-temps favori est de brûler des granges abandonnées. Cela donne des nouvelles au bord du vertige, très poétiques, comme cet homme "obsédé" par les chinois et qui s'assoit sur le port et attend à l'horizon, en vain, un cargo pour la Chine.

Des coups de coeur pour quelques nouvelles comme les granges brûlées ou ce nain qui danse, raconté par un "fabricant d'éléphant" ! En effet, les éléphants ne se reproduisent que tous les cinq ans ; des adorateurs pressés fondent une société d'approvisionnement en éléphants pour pallier à ce handicap ! Dans cette usine, un nain qui danse merveilleusement bien passe un pacte avec l'ouvrier pour qu'il puisse séduire une jeune ouvrière... Je crois qu’il n’y a que Murakami pour me faire avaler un truc pareil en me donnant autant de plaisir de la lecture.

Une nouvelle un peu décevante les TV people.

08:07 Publié dans Murakami | Lien permanent | Commentaires (0) |

01/02/2012

Paule Thevenin

En 1946, Antonin Artaud sort de l'asile de Rodez où il vient de passer neuf ans. Des amis, Arthur Adamov et Marthe Robert entre autres, s'entremettent pour lui trouver un hébergement en milieu médical, proche de Paris. Une jeune interne en psychiatrie, Paule Thévenin, âgée de vingt-trois ans, rend visite au docteur Delmas qui a une maison de santé à Ivry. Delmas va accepter de loger Artaud dans un bâtiment à l'écart où il pourra écrire en toute liberté. 

Peu de temps avant sa mort en 1948, Artaud, qui a l'habitude de dicter ses textes une fois rédigés, demande à Paule Thévenin de les taper à la machine. Il lui dicte différents textes, dont le célèbre Van Gogh le suicidé de la société.

A sa mort, Paule Thévenin va vouer sa vie à la publication des œuvres complètes d’Antonin Arthaud. Recherche de textes, d’articles, de lettres, assemblement des écrits et des centaines de cahiers saturés d'encre où même le blanc des interlignes pouvait être crayonné. Va-et-vient entre les manuscrits, les dactylographies, les ajouts, les transformations, les ratures, déchiffrement de l'écriture qui fut bien souvent un démêlement des lettres, des néologismes voire des glossolalies, c'est-à-dire de tous les outils sonores employés par Artaud pour parvenir à retrouver le chantonnement de la langue. 

Personnage secret et discret, Paule Thévenin n'aura jamais cessé d'être au carrefour des « avant-gardes » de son temps, dans l'amitié d'œuvres aussi diverses que celles de Louis-René des Forêts et de Pierre Guyotat, de Pierre Boulez et de Jacques Derrida, ou encore de Tel quel et de Jean Genet – qu'elle avait su paradoxalement apprivoiser au point d'en devenir l'intermédiaire, l'intercesseur et, pour ainsi dire, l'imprésario au sens moral du mot. [copié ici]

Mais que serait devenue Paule Thévenin, l’arbitre des avant-gardes littéraires et artistiques, sans cette rencontre avec Arthaud ? Une bonne psychiatre ou même une mauvaise. Qui sait ?