Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/05/2011

L'heure de l'heur

L’heure de l’heur. [Matisse: Le bonheur de vivre]

Bonheur et malheur sont tous deux composés de heur. Le bonheur lui-même, disait Bossuet, est composé de tant des pièces qu’il en manque toujours quelques unes. On peut dire qu’en revanche le malheur n’a besoin de presque rien pour vous gâcher la vie.

Heur nous vient du latin augurium, qui peut aussi bien être une bonne ou mauvaise chance. Augurium vient lui-même de augere qui veut dire croître. Du coup, on n’est pas surpris de constater que les objecteurs de croissance ont bien du mal à nous faire croire au notre bonheur. Et pourtant, on sait que, comme l’argent, la croissance ne fait pas le bonheur. Vialatte disait que le bonheur datait de la plus haute antiquité mais qu’il était tout neuf quand même car il avait bien peu servi.

Il y a pas mal de manière de voir le bonheur. Les grecs avaient plusieurs mots. Hêdonè, le bonheur issu du plaisir. Eutuxia, le bonheur né du succès, de la bonne fortune et enfin eudémonia, le bonheur de celui qui a un bon démon, une bonne divinité, né sous une bonne étoile. Si on n’a pas la bonne étoile, il faut bosser et c’est assez dur. Il faut pratiquer l’eudémonie pour trouver le bien être psychologique. En général cela prend une vie, les méthodes sont nombreuses en commençant par les religions. Les recettes semblent simples mais le succès n’est jamais garanti. Il y a tant de vieux qui meurent sans même avoir réussi à avaler leur plus petite colère.

Je voulais aussi parler de l'heure car le bonheur (on pourrait en parler pendant des heures) est lié à la capacité à vivre l’instant présent (carpe diem) et l’heure avec un e est composée de plein d’instants présents. Mais je crois que je n’ai plus le temps. J’y reviendrai... mañana.

11/05/2011

Un héros

En lisant la bio de Stéphane Hessel, je découvre que sa mère, Helen Grund, était l’héroïne de Jules et Jim, le roman d’Henri-Pierre Roché mis en scène par Truffaut avec Jeanne Moreau qui est Khate/Helen. C’est l'écrivain Serge Rezvani qui joue Albert dans le film qui a écrit la fameuse chanson qu'il accompagne à la guitare. A sa naissance donc, Stéphane Hessel était déjà un personnage de roman, on sait le résistant qu’il deviendra et le beau vieillard si jeune par ses idées.

Roché, était le Jim du film et le père de Stéphane, l’écrivain allemand Frantz Hessel était Jules. Les deux hommes sont amoureux d’Helen/Kathe. Truffaut avait trouvé le livre chez un bouquiniste.  

Les manuscrits de Roché ont été rachetés par un américain d’Austin, Carlton Lake, qui s’est promené en France avec son carnet de chèques et a acheté les archives de Beckett, de Cocteau, de Roché et bien d’autres. Ceci a permis à Maud Simmonot de travailler à partir des romans de Roché et de la matière intime que constituent les Carnets, mais aussi avec le Journal d’Helen (avec l’accord de son fils) et les romans de Franz Hessel, Romance Parisienne, Le Dernier Voyage, le Petit Bazar du bonheur et dans ces romans, qui ne sont pas l’histoire de Jules et Jim, il y a des passages très troublants parce qu’ils correspondent exactement. Ce qui lui a permis de combler certaines syllepses* pas toujours évidents de Jules et Jim. Dans le journal de sa mère S. Hessel s'appelle Kadi.

Je tiens tous cela de ce PDF… si le cœur vous en dit…

 * Une syllepse est une figure de style. Il en existe de toutes sortes. Selon Émile Littré, la syllepse est une figure de grammaire qui accorde des mots non d’après les règles grammaticales mais d’après une vue particulière de l’esprit. Elle est dite syllepse « grammaticale » car elle concerne le genre, le nombre, et, pour le latin, le cas.

10/05/2011

Dardanaires

 

Je ne retrouve pas mon exemplaire de Kou l’ahuri que j’ai dû prêter. J'en avais parlé ici.

[le dessin de couverture représente un économiste barbu monté sur une vieille vache rossinante et brandissant l'étendard de la Saint économie.]

Heureusement le PDF est sur la toile...

...et je relis donc le livre de Jacques Duboin. Un petit livre mais grand par le talent ! Je relis donc quelques unes des lettres que Kou, notre mandchou qui visite la France, envoie à son père resté au pays. En voyant fonctionner la France des années 30, Kou est totalement ahuri par ce qu’il constate: dans le pays de l'abondance les économistes libéraux ont crée la pénurie au nom du profit. Il relate une conversation avec un jeune chercheur en pharmacie :

— Kou, croyez-vous que ce soit de gaieté de coeur et vraiment pour empoisonner les gens que l'on fabrique tant d'alcools variés et avariés ? Lorsqu'on entreprend de fabriquer quelque chose, on se demande rarement si elle est utile. On pose la question : est-ce payant ? et l'on se décide en conséquence. Or les choses payantes sont souvent nuisibles et les choses utiles ne sont pas toujours payantes.

On pense bien sûr au Médiator. En lisant le livre on pense que, après la guerre et  l’impasse des 30 glorieuses, le monde que découvre Kou est le notre sauf que le phénomène qu'il décrit est devenu mondial. Les dogmes de l’économie libérale (la Sainte Economie) sévissent toujours et pour le profit d’un petit nombre, on truque la société d’abondance. En plus, depuis Duboin, on a l’alibi de la rareté des matières premières pour faire le beurre des dardanaires (un vieux mot d'origine latine pour monopoleurs et spéculateurs qui créent la rareté à leur seul profit. Mot qui semble utilisé en allemand)

Un sujet d’actualité quand on entend les propositions honteuses de Laurent Wauquiez qui veut emmerder encore un peu plus les receveurs du RSA qui déjà ne trouvent pas de boulot et doivent survivre avec des sommes si minces alors que d’autres se gavent par millions au nom de la soi-disant rareté de leur soi-disant compétences. Suivez mon regard côté Renault, Nissan et autres banquiers ou traders divers.

14:39 Publié dans Duboin, Mots | Lien permanent | Commentaires (0) |

08/05/2011

Intello

 

En surveillant d’un œil distrait un épisode des stroumphs que regardaient avec passion mes petits enfants, je viens de comprendre pourquoi l’instruction a si mauvaise presse dans la jeunesse et même chez certain chef d’état.

 

Cela m’a rappelé un assez mauvais souvenir dans mon dernier job. Je me suis trouvé un soir dans une soirée « cher collègue », un repas organisée par un département de ma boîte. J’étais donc avec une bande de jeunes informaticiens très pointus dans leur discipline, tous bac +5, mais ne disposant que d’une culture de jeux et des séries télé. A un certain moment une question de vocabulaire se pose, on se tourne vers moi, je partage mes connaissances et en rajoute un peu dans l’étymologie pour illustrer mon propos, limite pédant mais pas trop me semble-t-il, et les plaisanteries commencent à fuser. La bande d’ignares se fout carrément et ouvertement de ma gueule. J’en étais tout stroumphé et je me suis donc stroumphé dans mon assiette en silence, un brin vexé.

En fait, ces chers collègues avaient trop regardé les stroumphs. Ils avaient le culte du chef, le grand stroumph sympa, et un profond dédain pour le stroumph à lunette, l'intello ridicule toujours en train de stroumpher un livre et que Peyo rend stroumphement idiot, role que je stroumphe asssez bien quand je veux. 

06/05/2011

Résidence

C’est l’histoire d’un mec qui avait acheté un pavillon dans une résidence bien surveillée. Un peu chère peut-être mais un bon investissement quand même. Tout le confort. Six chambres à coucher, WC, salle de bains, barbecue, pas de connexion Internet, l'homme n'aimait pas ça, mais un parc arborisé, de hauts murs pour protéger l'intimité familiale... Bref, un vrai petit paradis. Il s’y était installé avec femme et enfant en espérant y passer un séjour paisible.

Il avait choisi une petite ville non loin de la capitale, un endroit tranquille avec le bon air de la moyenne montagne aux environs de 1300 mètres d’altitude. Des plantations de pommes de terre, des eucalyptus et quelques plant de cannabis sauvages. L’endroit était sûr. La preuve, une académie militaire s’y était installée avec pas mal de casernements alentour. Une ville pittoresque où les touristes aiment venir passer quelques jours dans un paysage montagnard. La mairie de la ville avait été conquise par un membre de la ligue musulmane, le plus vieux parti du pays, garant de libéralisme économique et d’un conservatisme social de bon aloi.

Ils vivaient là, une vie presque monacale, dans cette bonne ville d’Abbottabad non loin d’Islamabad, jusqu’à ce jour où les hélicos américains ont atterris sur le toit de sa résidence posant un commando qui venait rappeler à Oussama son passé de briseur de tours.

PS: A noter que 60% des lecteurs d'Agoravox ne croient pas qu'il s'agissait de Ben Laden ou que rien ne s'est passé à Abottabab. Ils pensent qu'Oussama vit encore. Il serait dans un pavillon dans la banlieue parisienne. Il écrirait des notes sur Agoravox sous un pseudo et mettant en cause la version officielle du 11 septembre et même toutes les versions officielles de tous les événements quels qu'ils soient. Sacré Oussama !

04/05/2011

Chiens

Si vous n’aimez pas les chiens vivez en Inde, 1 chien pour 2609 habitants. L’OMS préconise un maximum d’un chiens pour 10 habitants. Au-delà, se posent des problèmes de santé publique. Ce qui doit être le cas aux US (1 pour 5), en Australie (1 pour 5) et en France (1 pour 8). En Chine, c’est correct (1 pour 62, normal, les chiens dodus, ils les bouffent.)

A Buenos-Aires qui compte un chien pour 7,4 habitants, le problème des déjections se pose donc. alors les savants cosinus argentins ont décidé d’en tirer parti. Ils en font du méthane. Le méthane sent le gaz et c’est parait-il plus facile à brûler que les déjections. On peut faire cuire la marmite avec. C'est du développement durable. Oui madame ! Ça donne : CH4 + 2O2 = 2H2O + CO2 On peut boire H2O. Le CO2 est un gaz a effet de serre mais bien moins que le méthane. Ceci dit si les argentins bouffaient quelques uns de leurs chiens, cela ferait durablement moins de bordel, surtout que maintenant ils ont du gaz pour le faire mijoter. Car il faut bien cuire la chair du chien, même argentin.

03/05/2011

Grammaire

Dans le bestiaire de Vialatte, un drôle d’animal : La Grammaire

J’avais à reparler de la Grammaire. Qui est la mère de la civilisation. Ou tout au moins sa fille aînée. Ou alors sa cousine à la mode de Bretagne. Et je ne dis pas que ce soit passionnant, mais enfin c’est une cause très juste qu’on n’a pas le droit d’abandonner. La Grammaire est une belle personne, un peu sèche, un peu tatillonne, autoritaire et chichiteuse, un peu osseuse, un peu chameau, mais enfin, pour un jeune homme pauvre et qui n’a pas trop d’ambition, c’est un parti qui mérite un coup d’oeil.

Il y a trois sortes de femmes, disait Apollinaire : les em…bêtantes,les embêteuses et les embêteresses ; la Grammaire est une embêteresse. Elle distille l’ennui distingué. Après tout elle a le profil grec, et des endroits moins secs que d’autres ; ceux qui la connaissent bien disent que c’est une fausse maigre. Bref, il y aurait plaisir à rompre en son honneur quelques lances dans les tournois. Tout au moins si on ne savait pas les graves dangers de l’équitation. Surtout avec les chevaux de tournoi, qui se prennent les pieds dans leurs jupons tant ils sont couverts de dentelles, de volants et de colifichets. La Grammaire veut quelques égards, et même un peu d’hypocrisie.

08:54 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (0) |