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01/05/2011

Eléphant

 

Bestiaire de Vialatte suite : L’Eléphant

(illustration: Royal de Luxe)

 

L’éléphant est mythologique. L’homme est plein d’éléphant. L’éléphant habite l’homme. Il a hante tous les dessinateurs, tous les écrivains, tous les peintres.

 

L’éléphant date de la plus haute antiquité. Du moins sous forme de mammouth. Il pataugeait alors dans les glaciers d’Auvergne. Ou de Sibérie, pareil a un prophète biblique. Depuis, le mammouth a perdu ses poils. Il vit tout nu dans les forêts équatoriales, ou à Paris (au zoo de Vincennes, et dans le Ve arrondissement). Il est indispensable à l’homme : physiquement, moralement et de toutes les façons. Comment vivrait sans lui l’éléphantologiste ? Comment l’homme saurait-il, sans lui, qu’il n’a pas de trompe? (et, sans le chameau, qu’il n’a pas de bosses ?) Telle est l’utilité des monstres. Ils indiquent  à l’homme ses limites, ils lui permettent de se définir, de connaître son contour et son ombre chinoise. Sans eux l’homme serait flou : une vapeur, une fumée, un gaz toxique.

L’éléphant se compose en gros d’une trompe, qui lui sert à se doucher, d’ivoire, dont on fait des statuettes, et de quatre pieds, dont on tire des porte-parapluie. Dieu l’a fait gris, dit Bernardin de Saint-Pierre, pour qu’on ne le confonde pas avec la fraise des bois.