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31/05/2012

Le cas Sneijder

le-cas-sneijder.jpgJe disais dans la note précédente que j’avais lu, le mois dernier, le cas Sneijder de Jean-Paul Dubois sur les recommandations d’un lecteur assidu mais furtif de ce blog.

Le lecteur furtif ne commente pas, il envoie à la rigueur un mail des quatre coins du monde (des coins qui en général ne tournent pas très rond). Quoi qu’il en soit, la recommandation était excellente et m’a même donné envie de lire d’autre Dubois dont on fait les livres.

Or j’apprends que ce livre fait partie de la sélection du livre Inter 2012 dont le jury est présidé par la géniale Amélie Nothomb. Je me dis que les jurés de cette année sont des sacrés chanceux parce que, en plus d’Amélie, ils vont choisir un livre au moins aussi bon que le cas Sneijder car, indiscutablement, ce livre est un petit bijou.

Paul Sneijder est victime d'un accident rarissime : une chute d'ascenseur dans un immeuble à Montréal, la ville où il s'est installé avec sa deuxième femme, Anna. Paul restera dans le coma durant une vingtaine de jours avant de se réveiller et d'apprendre qu'il est le seul rescapé de l'accident, les quatre autres passagers, parmi lesquels sa fille Marie, sont morts sur le coup. La vie de Paul va changer. Il quitte son job à la SAQ, la Société des alcools du Québec. Sa femme, Anna lui apparaît tout à coup comme une étrangère, ridicule avec ses prétentions de working-woman et son obsession de l'apparence sociale. Les jumeaux qu'Anna lui a donnés sont avocats fiscalistes en France ? Deux imbéciles avides et incapables d'affection, qui se sont toujours accommodés de l'ostracisme ignoble de leur mère à l'égard de Marie leur demie-soeur. Plus rien ne semble compter désormais pour Paul, à l'exception de l'urne contenant les cendres de sa fille, posée sur son bureau.

On se soucie peu des ascenseurs, en pourtant c’est un élément central de nos vies contemporaines. Le « coeur palpitant » de l'univers urbain dans lequel la plupart d'entre nous vivons aujourd'hui. « Il est le miracle mécanique qui a un jour permis aux villes de se redresser sur leurs pattes arrière et de se tenir debout. » Imaginez un peu, avance Paul Sneijder : sans ascenseur, plus de verticalité, plus d'empilement les uns sur les autres. La densité urbaine baisse d'un coup. De là à penser que les ascenseurs sont à l'origine de tous nos maux, il n'y a qu'un pas, que Paul Sneijder n'hésite pas à franchir. C'est à cause d'eux que nous sommes aujourd'hui contraints de vivre comme des fourmis dans un espace de plus en plus restreint, entassés, concentrés, soumis à une promiscuité de moins en moins supportable. Comment avons-nous pu accepter cela ? s'interroge Sneijder, qui a, il est vrai, quelques raisons d'en vouloir aux ascenseurs, puisqu'il a subi la défaillance de l'un d'entre eux, seul survivant d'un terrible accident où sa fille a péri sous ses yeux...

Après avoir quitté la SAQ, Paul devient dogwalker (promeneur de chiens), au grand dam de sa femme qui trouve cette activité grotesque. Son patron (un grec mathématicien, obsédé par les nombres premiers palindromiques) incite Paul à participer à des concours de chiens en tant que handler, sorte d'accompagnateur « à mi-chemin entre le danseur mondain et le montreur d'ours », chargé de tenir la laisse pendant que les juges examinent l'animal. Paul refuse et finit par se battre avec un propriétaire qui ne jure que par lui… Tout ça finira mal, on le devine : on ne sort pas impunément des rails de la normalité, surtout quand on est marié avec une Anna pliée aux règles de la vie sociale, adpte du travailler plus pour gagner beaucoup plus d'argent et qu'en plus, on a deux jumeaux idiots pour veiller sur vous par-dessus l'Atlantique. N’attendez pas un happy-end. La fin est encore pire que celle d’une vie française pour ceux qui l’on lu.

rl11_cas_sneijder-150x150.jpgCe livre est clairement une métaphore de notre monde en chute libre comme l’ascenseur que prend Paul. La situation de Paul par rapport à Anna et aux jumeaux manque de vraisemblance. On peut penser que le vrai Paul n’aurait pas pu vivre si longtemps aux côtés de trois abrutis de ce calibre. Pourtant, ce qui pourrait apparaître comme un défaut, est en fait une qualité si on considère ce livre comme une allégorie de la vie moderne. De même la fin radicale montre une société sans espoir. Jean-Paul Dubois a forcé le trait.

Au-delà de l’histoire, il y a le style de Dubois. Un style très travaillé. Une utilisation de vocabulaire recherché. Un plaisir pour les adeptes de la belle écriture. Sans conteste le livre d'un grand écrivain.

livre-inter.png

Et puis, jallais oublié, ce lire contient des passages hillarants. Des situations d'une cocasserie irrésistible.

Non, décidément, si les jurés du livre Inter ont mieux à se mettre sous la dent, ce ne sera vraiment pas de bol pour Dubois qui arriverait une année trop riche. Ceci me semble bien peu vraisemblable. Moi, ancien juré 2006, je vote pour lui. La cas Sneijder sera la livre Inter 2012 ! Attendez-vous à entendre Amélie en dire du bien.

30/05/2012

Les ignorants

 Ce blog roupille comme le fait remarquer une fidèle lectrice. Pendant ce temps, le Garde-Mots s’est fait opéré à cœur ouvert. J’ai pas mal de chroniques de lecture en retard.

-   1Q84 Trois gros livres de Murakami, jamais déçu par Haruki !

-   Le cas Snijder de Jean-Paul Dubois, une découverte !

-  Une vie française du même pour poursuivre la découverte.

-   Et enfin une délicieuse BD : Les ignorants d’Étienne Davodeau offert par    Inès et Xav.

790044.gifPendant un an, Étienne Davodeau a goûté aux joies de la taille, du décavaillonnage, de la tonnellerie ou encore s'est interrogé sur la biodynamie.

Richard Leroy, de son côté, a lu des bandes dessinées choisies par Étienne, a rencontré des auteurs, s'est rendu dans des festivals, est allé chez un imprimeur, s'est penché sur la planche à dessin d'Étienne...

Étienne et Richard échangent leurs savoirs et savoir-faire, mettent en évidence les points que ces pratiques (artistiques et vigneronnes) peuvent avoir en commun.

Le dessin est très beau. Il y a de l’humour. Nos deux personnages sont hauts en couleur, en particulier Richard Leroy. Celui-ci vient du monde e la banque via la dégustation et s’est installé sur 3 hectares à Rablay sur Layon. Il a rapidement vinifié ses chenins en sec. Le chenin est un cépage né en Anjou, attesté dés le 9ième siècle. Le renom des blancs secs de Richard n’est plus à faire, on dit qu’ils dépassent les meilleurs Bourgogne. Si vous n’y connaissez rien en vin, lisez cette BD. Si vous n’y connaissez rien en BD, lisez la aussi.

Photo-DAVODEAU-LEROY-oct2011.jpg

Etienne à droite

Richard à gauche

avec son pelage d'été

sur fond de vignes



les_ignorants2.jpg


les-ignorants-extrait.jpgdavodeau-les-ignorants-2.jpg

davodeau-les-ignorants-1.jpg

 

 

Richard Leroy

10 planches sur BDgest

09:00 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (2) |

18/05/2012

L’éphémère

Il vit quelques heures à peine, le temps de se reproduire et c’est pourtant un des plus anciens insectes vivants. On situe sa naissance il y a 280 à 350 millions d’années. Son nom vient du grec epi qui veut dire pendant et hemera – jour. Il déteste les eaux polluées et son nombre tend à diminuer fortement depuis quelques années.

ephemeredanica.jpg

En fait l’éphémère vit assez longtemps dans l’eau sous forme de nymphe et s’il a la chance de ne pas se faire bouffer par un ombre, une truite, un brochet ou un saumon, un beau jour ses vieilles branchies vont se transformer en ailes magnifiques. Ensuite ses heures sont comptées. Il faut qu’elle/qu'il se reproduise. L’éphémère mâle (un sur deux, seul l'éphémère grammatical est toujours mâle) veille sur la rivière, mais si la femelle ne trouve pas de mâle, elle se débrouille seule. C’est la parthénogenèse (parthéno – vierge en grec) facultative (ou le mâle en option).

berni.jpg

Dans un de ses plus beaux poèmes, Aragon en a fait une autre sorte de nymphe. Une nymphe étrangère aux longues jambes de faon. Les pécheurs (en lit de rivière) tentent de reproduire les nymphes d’éphémère pour appâter les poissons. Chacun sa pêche, chacun sa proie, chacun son lit.


1059891302.jpgJ'ai pris la main d'une éphémère 
Qui m'a suivi dans ma maison 
Elle avait des yeux d'outremer 
Elle en montrait la déraison. 
Elle avait la marche légère 
Et de longues jambes de faon, 
J'aimais déjà les étrangères 
Quand j'étais un petit enfant ! 


En grec, ephemerida (εφημερίδα) veut dire journal. A quoi bon lire le journal, les nouvelles ne sont déjà plus fraîches. Relisons Aragon...

ephemere+image+nature+insecte+tatouage.JPGCelle-ci parla vite vite 
De l'odeur des magnolias, 
Sa robe tomba tout de suite 
Quand ma hâte la délia. 
En ce temps-là, j'étais crédule 
Un mot m'était promission*, 
Et je prenais les campanules 
Pour des fleurs de la passion 

À chaque fois tout recommence 
Toute musique me saisit, 
Et la plus banale romance 
M'est éternelle poésie 
Nous avions joué de notre âme 
Un long jour, une courte nuit, 
Puis au matin : "Bonsoir madame" 
L'amour s'achève avec la pluie.

* terre de promission - terre promise. Un mot m'était terre promise !

Après Ronsard et sa rose, belle illustration de l’éphèmérité (effet mérité ou est-ce l’éphèméritude ?) des choses de l'amour. Yves ou Léo ?

09/05/2012

Dunker

Savez-vous dunker grand-mère ?

Ah, vous ne savez pas ce que dunker veut dire. Dunker, c’est mettre le ballon en sautant au dessus du panier en s’accrochant ou non à l’anneau. Sachant que le panier est à 3,05 mètres, cela représente un joli saut. Les dunks sont assez courants lors des matchs… masculins.

Très peu de femmes peuvent dunker. Ce qui s’explique par deux choses : Les femmes sont plus petites (1,83 mètres en moyenne dans le championnat féminin) et elle sautent moins haut : 48 cm en moyenne contre 71 cm pour les hommes. En athlétisme, l’écart au niveau du record du monde est de 36 cm. A structure musculaire égale, un homme saute donc généralement plus haut qu’une femme.

Heel-Nik_LRG.jpgCeci dit, il existe quelques femmes qui dunkent et même une ou deux qui mesurent moins de 1,83. On ne sait pas si elle utilisent les Nike à talons. Essayez de chercher "femmes et dunker" sur google. Très joli assortiment de chaussures.  


08/05/2012

Misère

Coluche lavait prévu... la gauche allait gagner en 2012. C’était en octobre 1979 (vers les 50 secondes). Misère. Un morceau de bravoure…

Une chose que Sarko avait promise et qu’il ne pourra achever, ce sont les différents droits opposables… caricaturés par un humoriste. Saurez-vous trouver lequel…

« Le droit opposable au logement, ça consiste pour un SDF, par exemple à Neuilly, qui cherche un toit et n’en trouve pas, à dire : “Application du droit opposable au logement !” Il va donc voir son avocat. Son avocat l’oriente vers une commission qui elle-même saisit un tribunal, et au bout de cinq ans, ce sans domicile fixe peut avoir un logement social à Gennevilliers ! »

…pause…

« Mais nous n’avions pas tout vu ! Il y a maintenant le droit opposable à l’accueil en crèche… C’est ce que propose Nicolas Sarkozy. Vous êtes parent, vous avez un enfant en bas âge… Ah il n’y a pas de place ! Qu’à cela ne tienne, droit opposable à la crèche ! Vous allez voir votre avocat qui saisit une commission, qui en appelle au tribunal… et, au bout de cinq ans, quand votre enfant est à l’école, vous pouvez le remettre à la crèche… »

…pause…

« Mais nous n’avions pas tout vu ! Il nous est proposé un droit opposable à l’accueil dans une maison de retraite… Vous avez une personne âgée dépendante, vous allez voir votre avocat, le même que vous aviez saisi quand vous étiez en crèche… Votre avocat saisit une commission, qui en appelle au tribunal… Et au bout de cinq ans, au paradis ou en enfer, vous recevez une invitation pour vous rendre à l’EHPAD.

09:23 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (3) |

07/05/2012

Roosevelt 2012

Dans la première moitié du XXième siècle, Jacques Duboin prêchait dans le désert quand il parlait de la grande relève de l'homme par la machine, plaidant pour une économie distributive et stigmatisant les apôtres du pur libéralisme économique.

Il semble bien qu'à droite comme à gauche on ait pas encore compris que le paradigme a changé et qu'il est peut-être encore temps de changer  le monde. C'est pourquoi, s'appuyant sur l'expérience de Roosevelt et du New Deal un collectif veut prendre les chose en main. Alors on signe ici.

logo-roosevelt2012.png

Nous avons décidé d'agir

« Chacun de nous peut changer le monde. Même s’il n’a aucun pouvoir, même s’il n’a pas la moindre importance, chacun de nous peut changer le monde » écrivait Václav Havel quelques semaines après la chute du Mur de Berlin.

En 1989, ce sont des femmes et des hommes "sans la moindre importance" qui ont changé le cours de l’Histoire. Vingt ans plus tard, le système néolibéral s’effondre à son tour. C’est à nous, les citoyens, de dire dans quelle société nous voulons vivre. Société d’injustice et de chaos ou société d’équilibre et de convivialité ? A nous de choisir. A nous d’agir.

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Dire l’extrême gravité de la situation

Il y a déjà plus de 5 millions d'inscrits à Pôle Emploi, des millions de précaires et nul doute hélas que nous allons bientôt replonger en récession.

La crise des subprimes est née aux Etats-Unis et une nouvelle crise est en préparation : la dette totale des Etats-Unis atteint 358 % du PIB. En 2011, alors que la dette publique augmentait de 1.300 milliards, le PIB a augmenté de 260 milliards seulement. Le PIB augmente 5 fois moins vite que la dette ! De plus en plus de dette pour de moins en moins de croissance... La première économie mondiale est comme une voiture, qui a besoin d’un litre d’huile tous les 300 mètres. A tout moment, elle peut casser une bielle et le moteur va exploser. Des coupes budgétaires colossales sont prévues à partir de 2013 qui risquent de faire plonger les USA dans une récession historique.

En Chine, la bulle immobilière a atteint plus du double du maximum atteint par la bulle aux Etats-Unis avant la crise des subprimes. En 2009, pour éviter la récession, le gouvernement a ordonné aux banques d’accepter toutes les demandes de crédit qui leur parvenaient...

06/05/2012

Comenius

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Pour ceux qui, comme moi, ne sont plus étudiants ni parents de, vous connaissez peut-être le programme Erasmus grâce au film L’auberge Espagnole.

Je viens de découvrir qu’il existe pour les collégiens et les lycéens, le programme Comenius.  


En Europe, chaque année, le programme Comenius met en relation 11.000 écoles et donne l'occasion à 850.000 élèves et professeurs de s'impliquer dans un projet européen. Le programme Comenius permet également à 7.000 enseignants de suivre une activité de formation continue en Europe.

En France, actuellement une centaine d'écoles participent à ce programme permettant à pas moins de 9.000 élèves et près de 700 professeurs de bénéficier ou de s'impliquer dans un projet européen.

Le programme Comenius vise à

·         Faire mieux comprendre aux jeunes et au personnel éducatif la diversité des cultures européennes et sa valeur.

·    Aider les jeunes à acquérir les qualifications et compétences nécessaires à leur développement personnel, à leur activité professionnelle future et à une citoyenneté européenne active.

On connaît un peu Erasme (1469-1536), on connaît mieux Montaigne (1533-1592) et ses conseils "pour l'instituion des enfants" (des têtes bien faites plutôt que des tête bien pleines) mais qui donc était Comenius ?

220px-Johan_amos_comenius_1592-1671.jpgComenius ( né Jan Amos Komenský le 28 mars 1592 à Uherský Brod, Moravie, République Tchèque - mort le 15 novembre 1670 à Amsterdam ) fut un philosophe, grammairien et pédagogue tchèque.


Pour Comenius, la réforme de l'éducation est l'unique remède à la profonde crise culturelle que traverse l'Europe à l'époque de la Guerre de Trente Ans. Cette réflexion a des racines religieuses. En plaidant pour une démocratisation de l'éducation, Comenius se fait l'héritier du message égalitaire du christianisme : puisque chaque être humain est une image de Dieu, chaque être humain mérite d'être éduqué.

Ainsi, « tout doit être enseigné à tout le monde, sans distinction de richesse, de religion ou de sexe ». Comenius affirme que les filles ont les mêmes capacités intellectuelles que les garçons; il plaide aussi pour une meilleure prise en charge des élèves en difficulté.

Il s'agit plutôt d'apprendre à bien penser; les élèves doivent ainsi mémoriser le moins possible. Pour Comenius, le système éducatif devrait non seulement s'attacher aux activités de la pensée et de la raison, mais aussi au travail manuel, dont il affirme qu'il n'est en aucun cas honteux. Il considère que les écoles devraient montrer bien plus d'intérêt pour des matières comme la géographie, l'histoire ou la biologie. Il insiste particulièrement sur l'importance de l'éducation artistique ; il juge que l'art doit être rendu accessible à tous.

Mais ce qui fait de Comenius un des pionniers de la pédagogie moderne, c'est sa réflexion sur la manière d'enseigner, et en particulier l'idée que l'enseignant se doit d'éveiller l'intérêt de l'élève.

Le 28 mars, sa date de naissance, est commémorée en République Tchèque et en Slovaquie par la Journée des professeurs.