01/10/2024
Youri Knorozov
Youri Knorozov né à 1922 à Pivdene - mort en 1999 à St Petersbourg
était un linguiste, épigraphe et ethnographe russe. Il est principalement connu pour son apport considérable dans la compréhension et le déchiffrement de l’écriture maya en raison de son approche syllabaire. Membre de la National Geographic Society.
Pendant la Seconde Guerre mondiale Knorozov sert dans l'artillerie et fait partie des soldats de l’Armée rouge qui prirent Berlin en . Pour ses faits militaires il sera décoré de la Médaille pour la victoire sur l’Allemagne.
Selon Michael Coe, Knorozov, dans les ruines de la bibliothèque d'État de Berlin en train de brûler, ramassa un petit livre illustré en noir et blanc encore épargné par les flammes : la reproduction des trois codex de la civilisation maya. Dans ce livre, Knorozov lut un passage conclusif selon lequel l’écriture maya ne sera probablement jamais déchiffrée, et il décida de relever le défi.
Il n'était jamais allé en Amérique centrale mais suite à la chute du mur, il a été invité au Guatemala.
La statue ci-dessus avec son chat est situé à Merida au Yucatan. Il avait l'habitude de citer son chat siamois Asya comme co-auteur de plusieurs de ses œuvres ; cependant, les éditeurs la supprimaient toujours. Knorozov utilisait également cette photo avec Asya comme photo d'auteur officielle et s'énervait chaque fois que ses éditeurs la recadraient.
A noter qu'il ne restait que 3 codex mayas. Tous les autres ont été détruits, avec tous les livres présents au Yucatan, dans un autodafé (acte de foi mon c...) par l'évêque espagnol Diego de Landa en juillet de l'année 1562.
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07/11/2023
Oisiveté et Chimères
Il arrive que je tombe par hasard sur un de mes billets. Aujourd'hui je suis tombé sur... Dieu, excusez du peu.
Il arrive aussi que je tombe sur Montaigne.
Vers le début des essais :
Dernièrement, je me suis retiré chez moi, décidé autant que le pourrais à ne rien faire d'autre que de passer en me reposant, à l'écart, le peu de temps qui me reste à vivre.
Il me semblait que je ne pouvais faire une plus grande faveur à mon esprit que de le laisser en pleine oisiveté, à s'entretenir lui-même, s'arrêter et se retirer en lui-même. J'espérais qu'il pourrait le faire désormais plus facilement, étant devenu, avec le temps, plus pondéré et plus mûr.
Mais je découvre que L'oisiveté dissipe toujours l'esprit en tous sens et que, au contraire, comme un cheval échappé, il se donne cent fois plus de mal pour lui-même qu'il n'en prenait pour les autres. Et il me fabrique tant de chimères et de monstres extraordinaires les uns sur les autres, sans ordre et sans raison, que pour en examiner à mon aise l'ineptie et l'étrangeté, j'ai commencé à mettre cela par écrit, espérant, avec le temps, lui en faire honte à lui-même.
Ecrire pour dissiper les chimères
et se faire honte à soi-même.
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23/11/2022
Thérèse
En juin 2005, à la mort de Jean-Marie Maulaz, le fameux boucher d'Abondance, j'avais fait un texte à la mode de Georges Perec que l'on peut trouver ici. J'apprends que sa femme est décédé le 19 novembre. Informé trop tard je n'ai pas pu me rendre aux funérailles.
En souvenir, je remets une version un peu modifiée de mon texte.
Thérèse
Requiescat In Pace
Je me souviens
D’un boucher et de sa femme Thérèse,
Ils travaillaient 15 heures par jour,
Elle au magasin, lui au laboratoire.
Ils faisaient les meilleurs saucissons de Savoie.
Je me souviens
De son fils Jean, un grand pote à moi,
Il avait deux ans de plus que moi et tout mon respect.
Je me souviens
Que l’on enfilait la chair à saucisse dans des boyaux
A l’aide d’une machine ronde
Dont je tournais parfois la manivelle.
Je me souviens
De l’immense cheminée fumoir
Où pendaient jambons et saucissons
Lentement fumés à la branche de genièvre
Je me souviens
Qu’avec Jean on nourrissait les lapins,
Qu’il se faisait de l’argent de poche
En vendant les peaux
Séchées sur une branche de noisetier.
Je me souviens
Que chez Thérèse il y avait le seul téléphone du quartier,
Un lourd appareil en ébonite relié à l’opératrice,
Elle-même reliée au 22 à Asnières.
Quand ma mère téléphonait,
J’avais une furieuse envie d’appuyer sur le contacteur en alu.
Je me souviens
Des deux machines à laver en démonstration chez Thérèse
Une à tambours, l’autre à rouleaux.
La nouveauté. Comment choisir ?
Je me souviens
Que, lapins soignés, saucisses faites,
On jouait à la petite guerre dans la forêt sous le Jora
Avec les fusils en bois fabriqués par Georges,
Le fils du menuisier
Ou par Henri Besson le petit fils d’Atanase.
On croyait que les trous dans la forêt
Pour arrêter les blocs de rochers
Etaient des tranchées de la grande guerre.
Je me souviens
Que mon petit frère avait mis le feu à la forêt.
Je me souviens
Que, lapins soignés, viandes hachés, on organisait des
Jeux Olympiques dans le champ derrière la maison.
Le champ où avait rampé une grosse couleuvre
Que le faucheur portait en triomphe au bout de sa fourche.
Pour les jeux, c’était le poids hexagonal de deux kilos
De la boucherie qui servait au lancer.
C’était Jean qui gagnait toujours.
Je me souviens
Qu’avec Jean, on écoutait à la radio
Les matches de foot le mercredi,
Puis les pièces de théâtre le mardi ou le jeudi.
On en parlait longtemps avant de se coucher
A travers la petite lucarne qui reliait les deux maisons
Je me souviens
Que c’est grâce à Jean que j’ai lu AJ Cronin
La citadelle, les clés du royaume…
Est-ce qu’on lit encore A.J. Cronin,
Archibald Joseph et ses histoires de médecins ?
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08/02/2014
Les mauvaises gens
Comme j’avais bien apprécier « Les ignorants » de Davaudeau qui racontait l’échange entre un vigneron et l’auteur (initiation croisée vin contre BD), Xavier et Inés m’ont offert un coffret de trois autres BDs d’Etienne Davaudeau. Je les gardais pour la bonne bouche. Je viens de terminer la première « Les mauvaises gens » qui raconte le parcours des parents de l’auteur.
Étienne Davodeau est issu d'une famille ouvrière des Mauges. Dans Les Mauvaises Gens, il retrace la jeunesse de ses parents : tous deux nés en 1942. Ils commencent à travailler dans l'industrie locale à 13 et 14 ans et deviennent membres de la JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, et aussi syndicalistes CFTC puis CFDT.
C’est le monde d’après guerre. Une époque où il y avait du travail mais quels travaux ! Des patrons paternalistes à souhait, ERAM, local de l'étape, n’échappait pas à la norme. La guerre d'Algérie. Des bonnes sœurs pas rigolotes qu'on imaginent pas loin de celles de Philomena. (film de Stephen Frears sur nos écrans très bon et très émouvant, allez-y !). A l’exception de quelques vicaires, qui, à cette époque, s'engagent aux côté des ouvriers, le conservatisme des curés est très prégnant... les Mauges furent au cœur de la guerre de Vendée.
C’est de la BD-récit, très littéraire... même si on dit qu'on n’aime pas la BD, c’est par là qu’il faut commencer. La bonne nouvelle pour moi, c’est qu’il y en a trois dans le coffret.
Davaudeau est aussi l'auteur de Lulu femme nue, qui a inspiré un autre bon film éponyme du moment à Solveig Anspach.
21:36 Publié dans Cinéma, Ecriture | Lien permanent | Commentaires (7) |
04/03/2013
Adieu Alain
J'ai un Garde-mots comme d'autres ont un garde-manger
J’apprends sur Facebook une bien triste nouvelle. Le Garde-Mots, alias Alain Horvilleur, n’est plus. Son fils Jean-Louis écrit : « Nous non plus ne parvenons pas réaliser que mon père, Alain Horvilleur, nous a quittés. Et pourtant... C'était jeudi dernier après 281 jours d'une lutte exemplaire, qui nous a laissé jusqu'au dernier matin l'espoir de le voir revenir, fragile mais bien là. La vie n'est pas juste. »
Pour les mots et le fromage c'est bien mieux qu'un réfrigérateur
Je suis bien mal placé pour écrire sa nécrologie. Je le connaissais fort peu. Nous nous sommes connus via nos blogs respectifs et j’avais eu la riche idée de vouloir le rencontrer, in real life comme on dit, c’était fin 2006, je crois. Avec sa femme Josette et la mienne, nous avions passé une charmante soirée dans un restaurant de Lyon, non loin de son appartement. La conversation avait roulé autour des blogs bien sûr. Autour d’une étrange aventure blogesque titrées « Serendip ». Le Sérendip était un bateau virtuel qui sillonnait la toile et dont il était le capitaine. On avait aussi parlé de nos familles et encore de la mémoire de l’eau et de Jacques Benveniste qu’il avait bien connu. C’est d'ailleurs à Gilbert Montagnier qu’il a consacré un de ses derniers billets.
Son blog était super bien organisé et centré autour des mots (il avait publié la DÉCLARATION UNIVERSELLE DU DROIT DES MOTS). On y trouvait la défense de la langue, des illustrations humoristiques d’YDEL (une soixantaine depuis 2006), qui était je crois un des ses amis et aussi des billets doux, de la poésie. Le cygne de Sully Prudhomme, une des dernières notes publié le 18 mai 2012 pour illustrer des photos d'un cygne égaré, Verlaine, Rimbaud mais aussi des poèmes d’Alain Horvilleur lui-même dont celui qui termine ce billet.
En 2009, 2010 et 2011, il avait publié des almanachs sur la base des billets de son blog. Son blog va rester suspendu dans le vide. On peut se demander si c’est une bonne chose, mais après tout les livres restent, alors pourquoi pas un blog. Et puis, on pourra toujours y consulter ce qu’il appelait des singumots, des mots rares comme Vexillologie, Anastylose ou Ochlocratie.
Ce qu’on ne pouvait pas savoir, si l’on ne connaissait que le blog du Garde-mots, c’est qu’Alain était une sommité de l’homéopathie qui avait publié pas mal de livres d’utilisation pratique. Ce n’est pas moi qui suis un mécréant de la chose (nul n’est parfait avait dit Josette) qui vais vous en parler mais je suis sûr que si quelque adepte passe par ici, il ou elle ne manquera pas d’en dire un mot.
Voilà, que dire de plus ? Je l'aimais bien. J'aurai aimé que l'on se retrouve dans un resto à St Julien comme promis. J’ai déjà parlé de lui ici quand j’avais encore l’espoir qu’il retrouverait la force d’approcher un clavier, qu’il pourrait me lire et que je pourrais voir son commentaire amusé. Je suis tout triste et larmoyant devant mon écran qui ne me parle plus avec des mots compréhensibles.
Avant le poème, un dernier bouquet pour Alain, c’était celui en forme de coeur qu’il avait mis sur son blog pendant les travaux. Saleté de travaux. Vacherie de coeur.
Pas question d'être Dieu
Philosophe ou voleur
De jeter sa raison en pâture
Aux esprits
Tout juste d'être garçon d'étage
Pour maison ouverte
Une heure
En toute liberté
Un mois
Avec panache
Un an
Par procuration
Toute la vie
Sans retour
Coursier des traditions
Livreur de paysages
A la rigueur
Poète
Il suffit que le ciel
Entrouvre ses étoiles
21:32 Publié dans Ecriture, Mots | Lien permanent | Commentaires (8) |
25/03/2011
Les combats d'une reine
En 2005, j'avais parlé ici de Grisélidis Réal. Grisélidis Réal était une courtisane qui connut son heure de gloire vers 1975, à Paris, à la tête d’un mouvement insurrectionnel de 500 prostituées. Elle est morte en 2005 à l’age de 75 ans. C’était une militante de la prostitution qui aimait les gens et conchiait les moralistes de tous poils en commençant par Calvin et le pape. En 2009, elle a été entérré au cimetière des rois, le Panthéon de Genéve, au milieu de célébrités et non loin de son ennemi Calvin.
Françoise Courvoisier a fait de la vie de Grisélidis une pièce de théatre intitulée "Les combats d'une reine. Il s'agit de trois de ses combats tirés des textes mêmes de Grisélidis dont la passe imaginaire.
texte copié d'ici. Le combat premier commence à 35 ans. Côté jardin, Grisélidis interprétée par Magali Pinglaut, encore verte et pas toujours convaincante, est enfermée dans une prison en Allemagne, elle écrit et dessine. Un halo de lumière délimite sa cellule. Côté cour, dans un halo identique, accoudée à un comptoir de bar, Françoise Courvoisier reprend le fil de la vie de cette femme fière au milieu des années 1970. Grisélidis Réal, à près de 50 ans, se bat pour le droit des travailleurs du sexe. Elle mène en 1975 la « révolution des prostituées ». Au centre, la grande Judith Magre se glisse dans la peau de Grisélidis, plus âgée. Soixante-quinze ans, humour intact malgré un cancer, une beauté diffuse, qui s’exprime dans ses poèmes et ses tableaux. Elle rit, boit, ironise surtout. Avec distance et retenue, dérision, Judith Magre (affiche) incarne une femme pleine de vie et pourtant au seuil de la mort. Prête encore à en découdre.
Voir ces trois femmes n’en jouer qu’une est émouvant. Et la scénographie très simple – quelques éléments suffisent à évoquer une époque et un lieu : prison, comptoir de bar dans les années 1970 et chambre chaleureuse au début des années 2000 – laisse la part belle à ces comédiennes de trois générations. La partition héritée de Grisélidis Réal est tissée de textes comme Suis-je encore vivante. Journal de prison, la Passe imaginaire et les Sphinx (de forme épistolaire) ou le Carnet noir, qui compile avec un professionnalisme quasi bénédictin les lubies de ses clients et autres détails du métier, mais aussi les pensées fugitives et quelques aphorismes caustiques.
La manière dont elle s'en prend à Sarko, ministre de l'intérieur de l'époque qui s'attaque aux prostitués est très drôle. Après le off d'Avignon, c'était à Genève au théatre de poche. Une pure merveille !
15:20 Publié dans Blog, Ecriture, Théatre | Lien permanent | Commentaires (0) |
21/01/2011
Chebbi
J’ai gardé un livre de mon copain Amara. Un livre en arabe du poète tunisien Abou el Kacem Chebbi. Je suis bien incapable de le lire mais j’ai mis une marque sur la phrase qui parle des sommets. Une phrase chère à tous les tunisiens qui sont tous un peu poètes.
Entendu à 3D sur des questions de Jean Piero
Quand un peuple aspire à la liberté
Force au destin d’y répondre
Force aux ténèbres de se dissiper
Force aux chaînes de se briser
Qui ne vise les sommets
Finira au fond des vallées.
(Si vous êtes arabophone merci de me dire si le texte correspond à l'image.)
16:26 Publié dans Au fil de la toile, Ecriture | Lien permanent | Commentaires (0) |