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13/08/2005

Internet Romance -R3-

On avance… voilà, ça y est, notre histoire n’est plus virtuelle. Mary-Ann, fatiguée de devoir se satisfaire, pour toutes étreintes, des seuls allers-retours de sa souris sur son tapis en poil de chatte, pendant que de son côté Nico remue frénétiquement son curseur à l’aide du petit clito rouge (entre le point G et le H du clavier), (Mary-Ann) a décidée de venir en Europe.


Elle s’est peut-être aussi lassée de Tom son compagnon un peu rustique et sportif alors que ses aspirations à elle ne sont que musique et spiritualité. Sans compter que Tom, avec trois enfants, estime avoir suffisamment donné pour la reproduction de l’espèce. Elle attend donc stoïquement de partir à l’aéroport de Sydney. A Lyon, Elle est attendue par un comité d’accueil autour d’un Nico supercaféïné et dont le cœur fragile risque de péter à chaque instant.
La belle arrive, toute souriante. Pas la plus belle, non, mais gracieuse et charmeuse à souhait. Le narrateur et Louise, une observatrice, surveillent la scène avec un amusement attendri. Le monde de TKN, Management Science resté au travail est curieux. Les choses sont bien faites : on a organisé un pot… Tous les intéressés vont pouvoir se rendre compte de visu. Ils sont plutôt séduits par la belle australienne. La spéculation va bon train sur l’avenir de notre couple…

Ndlr : Cette semaine, pendant que je marchais sur les chemins du Queyras, j’ai finalisé le scénario du deuxième Ophélie et pris la décision de l’écrire rapidement. Je sais, vous vous en moquez et vous avez raison. Côté feuilleton, la tension est montée avec le nombre de lecteurs malgré le peu de commentaires. La force de l’histoire ne suffira pas à convaincre Cribas qu’il devrait limiter sa consommation d’alcool sauf peut-être en cas de happy-end (pardon Garde) fin heureuse. Fred va-t-il changer son héros, Paul Vachard, pour nous écrire des bluettes qui se finissent dans le mélo le plus méli qui soit. D’ailleurs, que dire de la fin de cette idylle ?
Franchement, je ne sais pas. Tout est possible, Nico et Mary sont sur les routes, on peut bifurquer dans toutes les directions. Je suis presque tenté de vous faire écrire la suite… Plus tard peut-être. Pour l’instant, restez à l’écoute il se peut que cela devienne torride et comme il n’y a que ça qui vous intéresse vraiment…

17:05 Publié dans Internet Romance | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Ecriture |

12/08/2005

Internet Romance -19-

Depuis notre équipée sauvage à Lyon-Satolas, Louise et moi avions commencé à parler de cette histoire. Depuis des mois, elle était devenu la confidente de Mary-Ann. Leur échange épistolaire, hors French, datait de janvier. Mary-Ann parlait d’Australie, Louise de la vie ici, de ses grands enfants, Mary-Ann questionnait beaucoup sur les enfants : « comment étaient-ils tout petits ? Est-ce que c’était difficile ? Est-ce que son mari l’avait beaucoup aidé ? » Elles parlaient de Nicolas.

J’avais mille questions pour Louise, mille questions sur la belle australienne. Il me fallait les poser calmement, Louise n’est pas du genre à galvauder ses secrets, pas non plus du genre à fréquenter le bar du Trianon. Je trouvais donc tous les prétextes pour lui rendre visite dans son bureau, un cube assez éloigné du mien. Il m’a fallu toutes les six semaines pour savoir deux ou trois petites choses. Que Louise me pardonne, c’est sur la base de ces bribes, glanées jour après jour, que je voudrais reconstituer le puzzle : « Portait d’une petite fille élevée dans le quartier chic de Rose Bay, à Sydney. Enfant gâtée par son papa et sa maman. Jeune femme en quête de sens à sa vie. »

-   Cette liaison, d’après toi, c’est solide ? Tu crois que ça peut durer ?
-   Écoute, quand Mary-Ann m’a parlé de ce voyage, j’ai pensé que c’était une bêtise et que jamais il n’irait à son terme, je le lui ai dit.
-   Et aujourd’hui ?
-   Je ne sais pas. Je ne sais plus trop quoi penser…
-   Qu’est ce qu’elle dit de Nico ? Comment elle le trouve ?
-   Disons, qu’elle n’est pas dupe de son côté… son côté…
-   Bizarroïde, farfelu.
-   Si tu veux… Avec Tom, ça ne marche pas si mal. Physiquement j’entends. Elle est assez franche dans ses lettres, presque crue. Tu sais qu’ils devaient se marier, Tom et elle ?
-   Nico n’a pas l’air d’y croire.
-   Moi, je te le dis qu’avec Tom c’est plus sérieux que Nicolas veut bien l’admettre.
-   Oui, difficile de croire qu’elle va changer son bel italien contre notre petit vendéen malingre et un peu illuminé.
-   Je ne dirais pas ça comme ça… C’est pas très sympa.
-   D’accord ! Mais est-ce que tu penses que Mary-Ann essaye de rendre Tom jaloux en venant ici ?
-   Ça, c’est bien possible, et je n’aime pas ça du tout. Elle m’a dit qu’elle trouvait la situation amusante, que Nico est gentil mais un peu fou.

Après tout, puisque Nicolas voulait bien jouer les guides à travers l’Europe, c’était son problème.

-   Mon espoir, c’est que Mary-Ann veut des enfants… elle en veut à tout prix  et avec Tom, c’est exclu.
-   Quand même, Nicolas, comme étalon, on fait mieux.
-   Écoute, pour ce qui est du cerveau, il est pas mal équipé, Non ? A ce qu’on dit, c’est même un petit génie.
-   Génie, je ne sais pas mais très intelligent, ça oui ! 

Nous étions livrés à notre imagination, nos tourtereaux visitaient l’Europe et nous, nous manquions atrocement d’information. Heureusement pour moi, Nicolas avait emmené son ordinateur portable et il a pris des notes, presque chaque jour. Plus tard, j’ai pu me rattraper avec son journal.

19:40 Publié dans Internet Romance | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Ecriture |

11/08/2005

Internet Romance -18-

Cinq heures. Dans la grande salle de conférence, nos deux amis officient. Elle prépare les amuse-gueule, il ouvre les bouteilles. Nicolas me dit à l’oreille qu’elle a dormi toute la journée, en tous cas, elle semble en grande forme. Il est d’usage d’arriver en retard aux pots, de prétexter du travail. Pas ce soir, tout le monde est à l’heure. En vraie maîtresse de maison, Mary-Ann propose des jus de fruits, elle reçoit, après tout, elle est de la grande maison TKN, sitôt les présentations faites, elle commence à jouer les organisatrices avec habileté. Elle plaisante avec chacun, passe de l'anglais au français, à l'aise dans tous ces coqs à l'âne qui font les délices si superficielles de ces pince-fesses du vendredi soir. La conversation roule de l'Australie aux vacances, du jardinage à la peinture à l'huile, des crèches aux particularismes nationaux…

En aparté, les collègues me prennent à partie, ils questionnent : « C’est toi qu’a dit qu’elle était si belle ? Tu trouves vraiment ? Bof ! Pas tant que ça. » Ils critiquent : « Un couple pareil, ça ne peut pas marcher. Regarde le, le Nicolas ! Non, mais vraiment, regarde-le. Il est à côté de ses pompes. Il va lui payer des vacances en Europe, voilà tout ! » Ils conjecturent : « Moi, je te parie que dans une semaine elle reprend l’avion pour ses kangourous. Avec l’autre hurluberlu, elle ne tiendra pas plus longtemps… » Ils étalent leur culture : « Si, si, ça arrive, chez Georges  Brassens on voit des biches qui remplacent leurs beaux cerfs par des sangliers…et la nonne aima le brigand. » Je précise que c’est tonton Georges qui chante tonton Victor. Quant à notre tonton Nico il a le sourire vissé sur la figure et rayonne de bonheur.

On est resté un très petit groupe pour manger une pizza. Ensuite, le calme plat, six longues semaines. A peine deux ou trois notes dans French pour seule ponctuation d’un tour d’Europe triomphal. Une note de Daniel à Paris, une de Bruxelles, une de Dieter à Munich. Au bureau, forcément, on était en manque. Moi, Louise, tous… Même les plus cyniques.

19:35 Publié dans Internet Romance | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Ecriture |

10/08/2005

Internet Romance -17-

« …De toute façon, je l'aurais reconnue, je suis sûr que je l'aurais reconnue. Elle était comme sa voix, comme ses lettres, comme je l'imaginais dans mes rêves les plus colorés. Fraîche, malgré ses vingt-six heures de voyage, enjouée, souriante. Je la serre très fort. Elle se dégage de l'étreinte pour embrasser les trois autres, puis elle revient vers moi pour une effusion encore plus intense… »

C’est ce que Nicolas avait écrit, le soir même, dans son journal.

Nous aussi, sommes revenus sur terre. Les bagages sont restés en rade à Paris, ils arriveront dans la journée. Le buffet de l’aérogare vient d’ouvrir, on va boire un café pour apaiser les émotions. Elle parle, elle parle… les mots se bousculent… français, anglais, franglais… tout y passe… elle veut tout raconter… tout, tout de suite. Elle veut tout savoir… ses questions ne supportent que des réponses ultracourtes… Est-elle belle ? Est-ce la plus belle fille de Sydney ? Disons : pas tout à fait. Elle est assez mignonne. Elle a un charme fou, des yeux brillants. Elle commande un jus d'orange, un très grand… Il n'y a qu'un modèle… pas assez grand pour elle… tant pis, ce sera deux jus d'orange. Nicolas, toujours sur son nuage : « La même chose, s’il vous plaît. » Louise immortalise nos deux amis devant leurs quatre verres d’orangeade.

Arrivés à Grenoble, on dépose nos tourtereaux chez Nicolas, ils passeront au bureau ce soir pour le verre de l’amitié. Dans la voiture, tous les trois, on est un peu émus, envieux, l’imagination vagabonde, on se passerait bien d’aller au travail et pourtant, nous y sommes très attendus. Les collègues, même les plus fatigués de cette histoire, même les moins romantiques, sont à l’affût des nouvelles. Ils veulent savoir. Oui, bien sûr, Mary-Ann est trop belle pour lui… C’est vrai… Un canon ? Peut-être pas… Encore que… Ils verront bien… Ils verront ce soir… comme convenu, ce sera le pot offert par Nicolas en hommage à sa belle.

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09/08/2005

Internet Romance -16-

Il allait réveiller sa tachycardie. « Cette nuit, je t’assure, j’ai pas dormi une minute ! J’étais bien trop excité pour fermer l’œil ! » On le croyait volontiers. Debout depuis quatre heures, Nicolas en était à son cinquième café. Nous roulions sur la route de Lyon-Satolas, c’est moi qui conduisais dans le petit jour naissant. Dans le Renault Espace, nous étions quatre : Louise, Christian et moi, silencieux et méditatifs, l’excitation de Nicolas n’avait pas encore de prise sur nous trois.

Christian, un vieil ami de Nico, organiste du dimanche comme lui, avait travaillé dans notre groupe une année plus tôt. Louise est, avec moi, la plus proche observatrice de cette idylle. Elle approche de la retraite. Secrétaire chez TKN, elle a pour Nicolas de l’amitié et beaucoup de tendresse. C’est une femme de bon sens, solide sur ses pieds, l’œil rieur, de l’humour à revendre. Chaque jour elle lit French et quand on a décidé d’accompagner Nicolas à l’aéroport, elle est venue me voir. On a parlé un long moment, elle s’amuse de cette histoire avec beaucoup d’indulgence dans la voix. Elle m’a parlé de Mary-Ann comme d’une complice.

On est archi en avance, le hall de l’aéroport est désert, le buffet est fermé. On tourne en rond. Louise a pris son gros appareil photo. Les amoureux ont convenu, en souvenir du ballon rouge de Boston, que Mary-Ann mettrait un sac sur la tête. L’heure arrive, l’avion est annoncé, on s’avance vers l’arrivée. Des passagers défilent. D’où viennent-ils ? Des jeunes au pas alerte, un vieux boitillant, l’air sévère, une dame souriante avec trois enfants… Et toujours pas de sac sur la tête.  Louise désigne à Nicolas une immense noire fessue avec des balcons bien surplombants, elle lui demande : « C’est elle ? » Lui, sur son petit nuage, de répondre : « Non, elle est trop grande. » Crise de fou rire générale.

Enfin, LA voilà. Pas de sac sur la tête, un grand sourire, elle s'avance vers Nicolas comme dans un ralenti de série B. La scène des grandes retrouvailles après dix ans de séparation. L'héroïne tombe dans les bras de son prince charmant. Les photographes mitraillent. Demain, cela fera la une.

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08/08/2005

Internet Romance -15-

Au Charles Kingsford Smith Airport de Sydney, Mary-Ann regarde les photos de Nicolas et des copains de son équipe elle s’attarde sur ce motard casqué et grimaçant. Elle se réjouit et craint à la fois ce voyage en Europe. Si l’on excepte un aller-retour à Singapour dans le cadre de TKN, elle a peu quitté l’Australie et même assez peu les environs de Sydney. C’est là qu’elle a toute sa famille, son église, ses amis de l’orchestre de chambre, ses pianos, le vieux et le neuf, son travail. C’est dans cet ordre tout ce qui compte dans sa vie. Ensuite elle pourrait mettre Tom, mais est-ce que Tom compte vraiment ? C’était un peu à cette question qu’elle se propose de répondre en allant rejoindre Nicolas à Grenoble.

Pour elle, ce voyage, c’est énorme. Fille unique, elle a été chouchoutée par papa et maman, elle a connu ses premières amours dans le quartier de Rose Bay, embrassée son premier garçon sur le bateau qui fait la navette dans le plus beau havre du monde de Circular Quay à Rose Bay. Petite fille modèle bien qu’hyperactive, à seize ans elle n’en avait pas moins fugué avec un groupe de garçons et de filles de son âge pour connaître le frisson d’une nuit de bivouac sur la plage de Bondi à quelques kilomètres de la maison paternelle. La réprimande avait été sévère, c’était néanmoins un des grands souvenirs de son enfance. A dix-huit ans, elle s’était fiancée avec un membre de la SC de quatre ans son aîné, deux ans plus tard, elle allait se marier quand le garçon avait pris ses jambes à son coup en pleine préparation des réjouissances. Même scénario ou presque deux ans plus tard.

Si elle était encore célibataire à trente ans, ce n’était pas faute d’avoir connu des garçons. Certaines de ses amies la considéraient même d’un oeil jaloux comme une vraie collectionneuse. Ce qui clochait pas avec elle, c’est que dès que le garçon remplissait les critères pour devenir le père des ses enfants, elle rentrait immédiatement dans une relation fusionnelle. Ensuite, il n’y avait que deux scénarios, soit le garçon inquiet partait en courant, soit il devenait collant et c’est elle qui ne le supportait plus. Cela ne ratait jamais. Sauf avec Tom. Avec Tom, c’était une relation plus froide, fonctionelle. Il n’y avait qu’au lit que cela explosait.

 

L’ennui avec Tom, c’est qu’il a trois enfants, qu’il ne s’intéresse qu’au sport, qu’il est italien et ne fréquente que des italiens, qu’il n’est pas du tout Science Chrétienne… elle le soupçonne même de ne pas croire ne Dieu, ce qui a ses yeux est gravissime. Elle avait presque décidé, malgré tout, de vivre avec Tom, elle s’est habitué aux enfants, surtout à la petite dernière, les deux grands la traite encore avec distance mais ils commencent à s’habituer. Ils avaient parlé mariage l’année dernière et depuis plus rien. Bien sûr, ils n’ont pas répondu à la question fondamentale : enfant ou pas enfant. Pour Tom, c’est impensable, pour elle c’est indispensable.

 

Alors depuis quelques mois, elle s’est mise à vivre par French, à communiquer nuit et jour avec Nicolas. Elle l’a convaincu d’arrêter l’alcool, il a commencé à étudier la science chrétienne et les soins par la prière. Ce qui au début n’était qu’une tocade est devenu un projet. Elle a même commencer à en parler à Tom qui ne sait que maugréer devant sa télévision et refuse d’entre en matière. Il ignore le sujet, quand elle en parle ses oreilles se ferment.

« Vol pour Paris Charles de Gaulle, embarquement immédiat. »

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07/08/2005

Internet Romance -14-

De toutes mes lectures indiscrètes, les textes de Mary-Ann sur la religion étaient les plus indigestes. Ses fautes de français, amusantes d’habitude, devenaient pénibles. Des textes prétentieux, bourrés de clichés d’un messianisme gnangnan. Elle était adepte de la Science Chrétienne, elle écrivait la SC. On aurait dit une mauvaise traduction de l’araméen via trois ou quatre langues mal maîtrisées. Ce que je comprenais de tout ce charabia, c’était que la SC n’admet pas d’autre méthode de soin que la prière. Dieu sait protéger qui a la foi. Une sorte de sainte méthode Coué. Ce n’était pas, pour elle, une vague activité sociale parmi d’autres : La SC avait dans sa vie plus de place que Nico ou que Tom. D’après moi, il n’y avait guère que son désir de maternité qui aurait pu l’amener à enfreindre les saints préceptes édictés au XIX ième siècle par Mary Baker Eddy, le messie de la SC.

Tom, encore Tom. En toute indiscrétion, entre les lignes, je sentais bien que l’Italien sportif, inculte, un peu fruste, était pour Mary-Ann plus qu’une simple liaison. Elle s’était attachée à ses trois enfants : « Le dimanche, quand les enfants de Tom sont avec nous, on se lève de bonne heure, on fait très beaucoup de choses actives. Ils sont gentilles avec moi. Le problem c’est qu’ils ne sont pas miens et ils sont des teenagers. » Les autres dimanches, il prenaient du bon temps : « …quand les enfants sont avec leur maman, Tom et moi, on ne quitte pas le lit avant que d’aller à le match de soccer vers trois heures après-midiOn prépare des plateaux… On se recouche… Je crois qu’on dit c’est une grasse matinée… c’est very délicious » A la lecture de ces mots Nico devait trouvé le sportif bien encombrant. 

Dans un des courriels que je lisais en douce, elle annonçait à grands cris sa venue en France, ce serait en septembre. Je n’ai pas eu à jouer les hypocrites bien longtemps, Nicolas est arrivé triomphant dans mon bureau « Elle va venir ! Elle arrive bientôt ! C’est merveilleux ! Il faut que je prépare tout ça. Je serai en vacances en septembre et en octobre, six ou sept semaines, je crois. » Je n’ai pas eu le cœur de lui faire remarquer que l’on ne pouvait pas prendre plus de quatre semaines de congé d’affilée sans une excellente justification. À dire vrai, cette histoire commençais à tous nous fatiguer : Nicolas, moi et surtout toute l’équipe de prima donna. Dans les couloirs, à la cafétéria, on ne parlait plus que de ça. Le travail de tous s’en ressentait. Une pause de deux mois nous ferait le plus grand bien à tous.

De plus, nous allions faire la connaissance de Mary-Ann, de la pétillante Mary-Ann. La plus belle fille de TKN Sydney. Elle aussi était tout excitée :
Sydney le 12-Sep
Nicolas,
J'ai trouvé un billet d'avion vraiment pas dispendieux (expensive?). Dans 3 semaines et 1 jour c’est pour moi la France! Je m’enjouis très beaucoup de notre rencontre en vrai. Tom ne parle rien sur ces vacances. Rien de plus sur le mariage. Le projet du début de l’année, projet qui devrait être achevé ce mois-ci. Je ne sais quoi faire plus. Je vais prier Dieu pour inspirer mes choix.

Ma curiosité n’avait plus de frein. Au début, je n’osais pas trop aller guigner dans le courrier de Nicolas Ce n’était pas digne de moi. Puis progressivement, j’ai fouillé dans tous ses fichiers. Ce mariage, prévu de longue date, entre Tom et sa belle, il me l’avait caché. C’est Mary-Ann qui l’avait annulé en mai ou en juin. Nicolas m’avait dissimulé d’autres petits secrets qu’il confiait à une sorte de journal bizarre tenu dans un fichier EXCEL.

A cause de ce rôle d’espion, quand Nicolas m’a demandé de venir accueillir Mary-Ann à Lyon, j’ai un peu hésité. J’étais partagé entre ma curiosité à vif et une envie de sortir de ce rôle de témoin sournois, de voyeur un peu glauque. J’ai accepté bien sûr. Nicolas comptait les jours comme un prisonnier. Il était soudain pris d’une fièvre d’écriture dans French. Sa grande inquiétude, c’était la photo de sa belle qui n’arrivait pas, une coquetterie de sa part. Nous, les french-noteurs grenoblois, il y avait belle lurette que Nicolas nous avait demandé, à tous, des portraits pour les envoyer à Sydney. J’avais posé dans un photomaton avec mon casque de moto et mon air le plus niais possible. Nicolas avait sous-titré : « Mon chef casqué. »