20/05/2007
Encore Lucien
Après les Excentriques Stratégies de Parade de Dieppe, Lucien Mermet-Bouvier met en scène de petites utopies réalistes. Il présente au Château de Clermont une série de travaux récents. Voyageur burlesque à Paris, New York, Moscou, Genève mais aussi Annecy, Chambéry ou Albertville, l’artiste en rapporte une vision décalée. Mis en scènes avec personnages et accessoires, ses clichés stigmatisent avec humour nos paradoxes. La distance critique n’est pas loin : ses photographies sont également une manière de révéler nos conformismes. Et ses pérégrinations à travers le monde semblent bien être le meilleur moyen de faire au bout du compte un « certain portrait » des Savoie…
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et ce n'est pas tout Lucien expose aussi à Annecy le Vieux du 16 juin au 30 septembre...
Voilà où mène une retraite mal maitrisée!
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18/05/2007
Libération
Vingt-cinq ans...
Je revois la couleur du ciel au-dessus de Genève. La forme des arbres au bout de la rue de Carouge. Sous le soleil de ce printemps là, la nouvelle envahissait doucement la ville. En début d'après-midi, peu de gens avaient entendu la radio. Joyeuse et peu précise, la voix de ma mère téléphonant de Lausanne, sans dire bonjour :« Voilà, voilà, ça y est !»... - Allô, quoi ? qu'est-ce que tu... « Mais oui ! Ça y ,st ! C'est fini !»... - Mais qu'est-ce qui est fini, Maman !... « La guerre, mon chéri ! La guerre est finie !... »
Et ce besoin physique de le dire, immédiatement, moi aussi à quelqu'un là tout de suite sans raccrocher - dans ce téléphone encore chaud. A qui ? je ne sais plus très bien car j'ai fait le premier numéro qui me venait au coeur, mais ce devait être celui des Lauriac puisque ma mémoire â cet endroit résonne du grand rire de Rirette, ma sœur perdue.
Et puis sortir, voir, toucher des hommes, embrasser des femmes, plonger dans la foule des braves gens, partager ! ah oui ! partager cette joie qui s'est allumée dans mes tripes et qui monte à ma gorge comme un premier amour.
Dans les rues, la nouvelle gagne les passants, ouvre des boutiques, arrête un couple, rattrape un tram, sort de la pharmacie, me bouscule, disparaît dans une allée, monte dans les étages, saute du 5e, ne rejoint aux Bastions, me devance à la Corraterie, déboule dans les Rues Basses, voilà, voilà, ça y est, la guerre est finie, à bas les Boches, vive la France, le Molard sort ses drapeaux, la foule arrive Je partout sans savoir où elle va, revient sur ses pas, cherche à ~avoir ou ça va se passer...
Car enfin il faudrait bien que quelque chose se passe, n'est-ce pas, puisqu'on est tous venu pour ça !
Alors ça va se passer partout, la rue est à nous, les fenêtres pavoisent, des types se mettent à jouer de l'accordéon sur le trottoir, de bar en bistrot des bandes d'amis s'improvisent, trinquent, s'embrassent, font « Schmolitz » et repartent à la recherche d'autres amis. Ça va durer toute la nuit - dans ce grand délire des hommes qui boivent pour se jurer que le monde va devenir meilleur...
Toute la nuit, nous avons bu au bonheur de la France, à la grandeur de l'Amérique, au courage des Anglais, à l'héroïsme des Russes. Nous avons arrosé l'Europe future, inondé l'Humanité de demain, noyé la Victoire du Bien sur le Mal.
Délivrée du nazisme, la Terre des Hommes de bonne volonté allait connaître enfin la Paix, la justice, le Bonheur !
Nous avons bu toute la nuit - jusqu'au matin radieux de ce nouveau printemps qui se levait sur un monde fraternel.
Il y a vingt-cinq ans.
Nous avons bu toute la nuit.
Mais c'est aujourd'hui que j'ai la gueule de bois...
Jack Rollan - Bonjour publié dans "La Suisse" 9 mai 1970
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17/05/2007
Pub Lucien
Lucien Mermet-Bouvier expose à Dieppe.
10:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
16/05/2007
Jack Rollan
En écoutant la RSR1 dimanche dernier j’ai appris que Jack Rollan avait avalé son bulletin de naissance. Des souvenirs me sont remontés en mémoire de l’époque où je restais cinq minutes sur le parking de l’entreprise à écouter l’éditorial de Jean-François Kahn sur Europe1, après le journal d’Olivier de Rincquesen, et où le défunt journal La Suisse publiait chaque matin le Bonjour de Jack.
Europe1 et Kahn, c’était vers 8 heures 15 et le billet du journal c’était à la pause café. Deux moments qui rythmaient et enrichissait la matinée du programmeur que j’étais. Dimanche donc, arrivé à la maison, j’ai retrouvé le recueil des Bonjours de Jack et je ne manquerai pas de vous en publier quelques uns ici, dès que Neuf daignera me remettre en route cette foutue connexion.
Jack Rollan, né Louis Plomb, en 1916 est donc mort le 3 mai. C’était un animateur de radio, un chansonnier et un chroniqueur. C’est dans ce dernier rôle que je l’ai particulièrement apprécié. Jack avait aussi lancé la Chaine du Bonheur, cette organisation de solidarité si typiquement suisse par son aspect multiple, généreux, pratique et efficace.
Dans ses billets, Jack savait être caustique, humain, hors des sentiers battus, sale caractère, un brin anarchiste, tout cela avec une plume riche et exigeante. Bref, parmi les articles du feu journal « La Suisse » en général conventionnels, axés sur le fait divers, le sport et une politique suisse un brin ennuyeuse, les Bonjours prenaient un joli relief. J’espère vous avoir mis l’eau à la bouche. A suivre...
14:35 Publié dans Jack Rollan | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Genève, chronique, journaliste |
Accès
Changement de fournisseur internet : Passage de Cegetel à Neuf. Plus de téléphone... Pas d'info sur ce qui se passe. Long temps d'attente... Bref l'habituelle publicité mensongère... J'en reparlerai.
10:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) |
10/05/2007
Monde disparu
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Ella Maillart
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Nicolas Bouvier
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Témoins d’un monde disparu
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Quand le grand écrivain voyageur rencontre l’aventurière, tous deux nés à Genève, cela donne un petit livre publié chez Zoé avec vingt photos d’Ella dont voici un extrait au sujet d'un voyage immortel :
Pékin, janvier 1935. On parle encore de l'arrivée de la « croisière jaune » qui a fait d'ouest en est la route de Marco Polo. Ella reprend le projet formé deux ans plus tôt: gagner l'Inde par l'Ouest chinois, le Sin-kiang et les passes du Karakoram. Mais tout cet occident où les «seigneurs de la guerre » s'expliquent avec des armes soviétiques ou anglaises échappe au gouvernement de Nankin, qui en interdit l'accès et contrôle les branches nord et sud de l'ancienne Route de la soie. L'explorateur Sven Hedin conseille à Ella de passer par le centre en traversant le Tsaidam. La pauvreté de ces hautes terres, le climat, la difficulté d'y trouver des montures, les pillards Tangoutes rendent cet itinéraire si malaisé que le gouvernement n'a pas songé à le fermer.
Ella vient de retrouver à Pékin le correspondant du Times, Peter Fleming. Ils décident de tenter ensemble l'aventure, en clandestins. Ces deux solitaires irréductibles vont former une excellente équipe. Peter est frère aîné de lan Fleming et donc l’oncle de James Bond(*). Bon cavalier, bon fusil, homme d'esprit, parlant un chinois passable et passé maître dans l'art si utile de corrompre les fonctionnaires. Ella possède le russe, connaît la vie caravanière, sait panser bêtes et gens et apprêter sur un feu de crottin n'importe quel gibier de poil ou de plume. Elle est plus dure à la peine qu'un chien eskimo.
A l'est du lac du Koukou-Nor, ils larguent leur dernière escorte chinoise - quatre vieux tringlots pressés de retrouver leurs pipes d'opium - et plongent avec leurs poneys, un guide et quelques chameaux dans ce qu'Ella appelle «l'inconnu démesuré. » Pendant des semaines on chemine ; le temps est comme aboli. Les quelques apparitions entrevues dans cet immense chaudron de grésil et de silence ont l'allure de fantômes dilués par trop d'espace. Un soir, ils croisent la caravane d'une princesse mongole surgie de nulle part, enveloppée comme un joyau dans des fourrures de marmotte. Elle les invite gracieusement dans une tente doublée de soie. Le lendemain au réveil, la neige a effacé toutes les traces, et le campement princier a disparu: c'est du Nô japonais. C'est aussi cette fabuleuse dérive du voyage où soi-même - avec quel soulagement - on se sent disparaître. La géographie bascule dans un imaginaire qu'il faudra un jour rechercher autrement et ailleurs.
Ils mettent ainsi six mois à atteindre Kashgar, vivant le plus souvent du gibier qu'ils abattent, et gagnent les Indes britanniques par le col de Mintaka. Au Cachemire personne ne repère ces deux héros boucanés et littéralement muets de bonheur. Déception pour les échotiers du microcosme colonial: pas de romance entre ces deux équipiers qui parleront toujours l'un de l'autre avec une moquerie affectueuse.
* et aussi au service du MK8, donc modèle James.
Sur ce voyage, Fleming publie Courrier de Tartarie (réédité chez Phébus Poche en 2001) en 1936 et Ella Maillart Oasis interdites en1937, deux must de la littérature de voyage.
07:00 Publié dans Géographie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Genève, voyage, chine, aventure, exploration |
08/05/2007
Symboles
J'ai oublié les fleurs du Salève.
Pour revenir au sujet du jour, lisez l’article d’Olivier Ezratty sur le challenge du nouveau président. J’ai aimé le passage: « Faire preuve d’exemplarité et bien gérer la symbolique qui à l’ère de la communication tout azimut, de l’Internet et de la transparence, sont plus que jamais indispensables. Parfois, cela tient à de petites choses. Dimanche soir, le dîner de Nicolas Sarkozy au Fouquet’s avec la jet-set n’était pas forcément bien vu de ce point de vue là. »
Olivier n’a pas bien compris. Le message est clair. Le souper au Fouquet’s c’est la symbolique voulue, pensée du nouveau président : « Travaillez, enrichissez-vous et vous serez admis à ma table. » Ira-t-il jusqu'à laver les pieds des nouveaux riches? L’avenir nous le dira.
01:10 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (6) |