22/10/2006
Ga Bu Zo Meu
On dit que quelqu’un fait un abus de langage lorsqu'il utilise un mot pour un autre.
On comprend ce quelqu’un car on sait que ce n’est pas facile de nommer l’autre alors on peut lui pardonner d’utiliser le mot « mot » à la place. D’un autre côté on comprend bien que cela soit un abus (au delà de l’us et donc de la coutume) de dire mot pour autre car dans ce cas n’importe quel autre mot devient n’importe quel autre mot mot, ce qui est embarrassant pour la compréhension des uns et des mots.
Et puis si autrement devient un motment il devient difficile de se singulariser. « Attendez un moment, je reviens avec un mot mot. » Et même si quelqu’un retrouve son mot qui nous garantit qu’il ne l’a pas pris pour un autre ? Rien. D’ailleurs si quelqu’un se prend pour un autre qui nous assure qu’il n’use pas les mots volés à un troisième ou des mots piqués à un usurier ou à un coiffeur, un mot tif ou un mohair, un mot de lui ou un modèle, un mot atrabilaire, un mot bile, un mot à dormir dans un motel, tel que quoi d’ailleurs, un mot usé, un mot tard ou un mot tôt, un mot cochon ou un mot lard, un mozabite ou même un moabite, un mot cas, un mot râle, un mot las, un mot laid, un mot rue, un mot l’os, un mot triste, un mot rose...
Les risques d’abus de langage sont immenses.
10:33 | Lien permanent | Commentaires (2) |
21/10/2006
Physique
Ligne droite
et
position
des
particules
Je relis régulièrement Henri Roorda ce prof de math genevois, pédagogue visionnaire, qui vivait au début du siècle dernier. J’aime surtout son roseau pensotant qui me rappelle mon maître Vialatte.
Roorda nous parle de la ligne droite et du fait que monsieur Einstein, jeune physicien à l’époque, voulait que la ligne droite ne le soit plus. « essayez de vous représentez une ligne droite différente de celle de l’année passée… c’est la santé même de votre intelligence qui est menacée…. La ligne droite telle que nous la concevons avec netteté a toujours eu une conduite irréprochable… » Il a raison.
Depuis la mort de Roorda en 25, on a fait pire. La physique quantique nous dit que l’on ne peut pas connaître simultanément la position ET la vitesse d’une particule massive. Déjà que c’est une idée farfelue, en plus les gendarmes n’en ont tiré aucune conclusion et continue de verbaliser les voitures à tout va.
On peut comprendre que le cerveau de certains de nos contemporains ne résiste pas à tout ces changements qui manquent sérieusement de rigueur.
Le texte de Roorda tiré du roseau pensotant :
M. Einstein s'attaque à mes convictions les plus profondes. II veut m'enlever une notion que je ne pourrais pas perdre sans sombrer dans le scepticisme le plus affreux et, peut-être, dans la folie. I1 prétend que je me faisais une idée fausse de la ligne droite !
Mesdames, Messieurs, la ligne droite qu'on veut arracher de mon esprit, c'est la vôtre. C'est la ligne droite dont nos pères et nos grands-pères (qui n'étaient pas des imbéciles) se sont toujours contentés. C'est la ligne droite qui, depuis les premiers jours de l'histoire humaine, a suffi aux plus grands génies comme aux plus humbles ramasseurs de hannetons.
Pour soutenir leur thèse, les partisans d'Einstein invoquent une découverte récente qui, à mon humble avis, ne prouve rien du tout. Il parait que la lumière émanant d'un astre quelconque (par exemple, de la planète Mercure) ne peut pas passer dans le voisinage du soleil sans subir une déviation. Mais est-ce une raison pour que la « ligne droite » se mette à minauder et à se tortiller lorsqu'elle passe devant l'Astre-Roi ? Un rayon lumineux est une chose et la ligne droite en est une autre. La ligne droite, telle que nous la concevons avec netteté (nous qui constituons la partie saine de la population), a toujours eu une tenue irréprochable. Elle est d'une constance à toute épreuve. On rencontre parfois des droites brisées. Mais en brisant la ligne droite, on ne la fait pas abdiquer. Ses plus petits morceaux gardent éternellement ses vertus originelles. N'est-ce pas là le signe de l'absolue pureté?
La ligne droite part du fond de notre âme. Elle est le chemin que voudrait suivre notre impatience quand nous nous élançons vers l'objet désiré. Chez les êtres nobles, la ligne droite est une idée innée. Si M. Einstein réussissait à nous prouver que la ligne droite elle-même s'écarte parfois du droit chemin, nous ne pourrions plus avoir confiance en personne.
J'ajoute que les révolutionnaires de la physique moderne constituent un danger pour l'industrie nationale. En répandant leurs idées subversives, ils ne songent pas à ces milliers de professeurs de mathématiques qui, devant leurs élèves avides de certitude, célèbrent chaque jour les vertus de la droite euclidienne, de la bonne vieille droite traditionnelle, dont la devise est :« Ne fléchissons pas !» En enlevant la foi à ces pédagogues consciencieux, ne leur enlèverait-on pas, du même coup, leur gagne-pain ?
Ignorants, mes frères, ne forçons point notre talent. N'allons pas, pour le vain plaisir d'être à la mode, adopter cette droite nouvelle, légèrement courbe, dont les savants auront besoin, désormais, pour « expliquer l'univers ». Restons fidèles à la ligne droite des honnêtes gens, qui, lorsque nous partons, nous montre toujours la route à suivre.
Tout cela est triste. Si les hommes ne peuvent pas s'entendre sur le « droit » et le « courbe », se mettront-ils jamais d'accord sur ce qui est juste et ce qui ne l'est pas ?
12:10 Publié dans Textes, Vialatte | Lien permanent | Commentaires (9) |
20/10/2006
Tournis
.
L'homme
politique
est
à
un
tournant
Je ne tournerai pas autour du pot, je pense que la situation tourne à l’aigre. Ce politique hautain qui se prend pour un aigle nous a fait tourner en bourrique. Il pensait que son discours était bien tourné mais il aurait plutôt dû tourner sept fois sa langue de bois sur le tour avant de le prononcer. Il croyait nous tourner la tête mais nous ne sommes pas des girouettes, nous ne tournons pas à tous les vents. Tout cela tourne au ridicule. Pourquoi pas faire tourner les tables tant qu’on y est ?
Il pourrait mettre encore plus d'eau dans son vin avant que celui-ci ne tourne vinaigre... mais après avoir tourné à droite, il s’est déjà tourné vers la gauche et nous on ne sait plus où tourner la tête. Certes ses amis ont pour la plupart tourné leur veste pendant que son principal ennemi tournait les talons. Pour tourner la difficulté, il aurait pu tourner un film dans lequel il aurait expliqué pourquoi la terre tourne si mal, cela se fait aux US mais on se souvient que ce mouvement de rotation la terre a, en son temps, tourneboulé les autorités ecclésiastiques.
On pourrrait croire que la fortune va définitivement lui tourner le dos, que son avenir va tourner court, mais souvenez-vous : la roue tourne et ce n’est pas en tournant autour du pot que l’on fait les meilleures soupes.
Il importe de se souvenir de cette pensée du Sar Rabindranah Duval : « Celui qui a son avenir devant lui, l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi-tour »
11:42 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (4) |
18/10/2006
Les lois
Il faudrait que le parlement canadien légifère sur la négation de la déportation des prisonniers anglais en Australie.
Les Indonésiens pourraient alors légiférer sur la négation du massacre des indiens d’Amérique du nord.
Puis les indiens d’Inde pourraient légiférer pour punir la négation de l’extermination des indiens d’Argentine par les Espagnols.
Ensuite, les Mongols feraient une loi condamnant à la prison ferme la négation de l’esclavage des africains dans les Caraïbes.
On pourrait même imaginer que le parlement turc vote une loi interdisant, sous peine de prison, au parlement français de légiférer sur n’importe quel massacre, y compris celui des bébés phoques en Alaska.
00:04 | Lien permanent | Commentaires (4) |
16/10/2006
Jacques Duboin
Un des plus grand visionnaire de la première moitié du XXième siècle, le digne successeur de Henry David Thoreau, le fondateur de la Grande Relève** le créateur de l’économie distributive*, Jacques Duboin est né à St-Julien-en-Genevois, le 17 septembre 1878.
Déjà en 1934, Jacques DUBOIN, financier, député de Haute-Savoie, secrétaire d'État au Trésor français et économiste visionnaire, tirait les leçons de la crise de 1929, prévoyait la deuxième guerre mondiale et suggérait les fondements d'une économie basée sur le consommateur plutôt que sur le client solvable.
* L'économie distributive, c'est l'économie de l'abondance, par opposition à l'économie enseignée précédemment l’économie de rareté. Les machines ont remplacé l’homme,
Que disait-il?
« Il faut un gouvernement issu de tous qui, engageant sa responsabilité pleine et entière, assurera d'abord la période transitoire puis réalisera dans le moindre temps et pour le bien de tous, l'organisation de l'abondance ».
Duboin qualifiait cette organisation de socialiste. Il l'opposait au « socialisme de la rareté » professé alors par tous les partis politiques et par tous les syndicats se réclamant du socialisme. Il espérait que peu à peu ils finiraient par comprendre la nécessité de l'économie distributive...
**Pourquoi la Grande Relève ?
Parce que, depuis quelques décennies, dans les pays industrialisés, on assiste au remplacement du travail humain dans la plupart des processus de production de biens et de services, par des machines, par des automates, par des commandes, par des informations. Ainsi, consciemment ou non, l'humanité est-elle en train de vivre une véritable mutation, qui est l'aboutissement des recherches faites par les hommes pour diminuer leur peine à produire ce dont ils ont besoin pour vivre. Ils ont été «relevés» par la machine.
00:10 Publié dans Duboin | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : utopie |
14/10/2006
aVant
Inspiration
en V
comme
Vialatte
Vieux
Vian
.
Au bon vieux temps :
la neige était plus blanche,
le loup plus hirsute,
les étoiles plus brillantes,
la forêt plus noire,
les bandits plus hardis,
les vieilles femmes plus cassées,
le savetier plus gai,
l'usurier plus avare,
l’herbe était plus verte,
les automnes plus orangées,
les printemps plus éclatants.
les étudiants plus travailleurs,
les travailleurs plus solidaires,
les patrons moins riches,
les jardiniers plus joviaux,
les ingénieurs plus géniaux,
les socialistes plus soucieux,
les urbanistes plus urbains,
la musique plus harmonieuse,
les sportifs moins dopés,
la crème plus fouettée,
les saisons plus marquées,
les jeunes plus prévenants,
et les vieux plus lucides.
12:20 Publié dans Textes, Vialatte | Lien permanent | Commentaires (3) |
13/10/2006
Patrimoine
Trouvé sur Simplicité volontaire:
Au cours d’un débat dans une université américaine en mai 2000, le ministre brésilien, Cristovam Buarque fut interrogé à propos de l'idée d'inter- nationalisation de l’Amazonie. Un jeune Américain lança le débat en disant qu’il espèrait la réponse d’un humaniste et non pas celle d’un Brésilien. Sa réponse:
"En effet, en tant que Brésilien, je m'élèverais tout simplement contre l'internationalisation de l'Amazonie. Quelle que soit l'insuffisance de l'attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre.
En tant qu'humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l'Amazonie, je peux imaginer que l'Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l'importance pour toute l'humanité. Si, au nom d'une éthique humaniste, nous devions internationaliser l'Amazonie, alors nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier. Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l'humanité que l'Amazonie l'est pour notre avenir.
...on devrait internationaliser le capital financier des pays riches...
...j'aimerais assister à l'internationalisation de tous les grands musées du monde...
...il faudrait que New York, lieu du siège des Nations Unies, soit internationalisé. Au moins Manhattan devrait appartenir à toute l'humanité...
...internationalisons aussi tout l'arsenal nucléaire des États-unis...
...Internationalisons les enfants, en les traitant, où qu'ils naissent, comme un patrimoine qui mérite l'attention du monde entier. Davantage encore que l'Amazonie. Quand les dirigeants du monde traiteront les enfants pauvres du monde comme un Patrimoine de l'Humanité, ils ne les laisseront pas travailler alors qu'ils devraient aller à l'école; ils ne les laisseront pas mourir alors qu'ils devraient vivre.
09:25 Publié dans Simplicité | Lien permanent | Commentaires (5) |