06/05/2013
Nos amis
Quand je découvre les nouveautés de la science animalières, je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’Alexandre Vialatte en aurait dit, lui, le spécialiste de la fourmi sanguine et de l’oryctérope. Modestement, je reprends donc sa chronique…
L’avantage que présente notre époque sur celle de Vialatte réside dans le nombre considérable de gens payés à observer les animaux et à en tirer des conclusions pour le bonheur de l’humanité. Une vie entière consacrée à l’observation des choucas des tours ne peut qu’amener des enseignements sur la meilleure manière d’apprendre à piloter un avion de chasse.
Idem, pour les baleines à bosses.
Pour attraper leurs proies, elles utilisent une technique très sophistiquée: elles plongent puis remontent en décrivant des cercles et en lâchant de grandes quantités d'air qui forment des nuages de bulles. Enfermés et poussés vers la surface par ce filet d'air, les petits poissons deviennent des proies faciles que les baleines engloutissent la gueule grande ouverte.
Or, en 1980, une innovation a été observée dans la façon de se nourrir d'une baleine évoluant dans le golfe du Maine aux US. Pour la première fois en effet, l'une d'entre elles s'est mise, avant de plonger, à frapper de grands coups dans l'eau avec sa nageoire caudale.
Cette innovation coïncide avec la disparition des bancs de harengs. Les baleines se sont reportées à coup de queue sur les lançons (photo: lançon gourdon).
En trente ans la baleine qui a innové a transmis sa technique à un grand nombre de ses congénères. En 2007, près de 40 % des baleines à bosse ont adopté cette méthode de chasse. Les chercheurs observateurs ont pu assister année après année à l'extension de cette technique.
Preuve qu’il n’y a pas que les patrons de PME qui soient capables d’innovation.
Il y a aussi le singe. Les bébés singes mangent exactement comme leur mère. Pourtant des mâles amenés à changer de groupe pour s'accoupler à des femelles non apparentées, adoptent le régime alimentaire de leur « épouse ». C'est ce que montre une expérience conduite avec des singes vervets [photo] en Afrique du Sud. Dans la même situation, 100% des hommes interrogés s'adapent mais disent regretter la nourriture de maman. Pour l’instant, on a pas encore interrogé les singes de l'expérience mais l’étude se poursuit explique Erica van de Waal à la radio suisse RSR.
Et les recherches se multiplient… Par exemple sur Tamiasciurus hudsonicus, un écureuil américain [photo].
En observant ses mouvements saccadés, ses grignotages furtifs, ses jeux de cache-cache virevoltants, on se doutait bien que le stress jouait un grand rôle dans la vie de l'écureuil roux. Une étude publiée dans Science le confirme, son destin se dessine (intelligent design?) in utero, en fonction des taux de cortisol, l'hormone du stress, produit par la mère.
Cette conclusion est le fruit de 22 années d'observation dans le Yukon. L'ajustement de la croissance des petits écureuils à la densité de la population, par le cortisol, offre un avantage en augmentant les chances de survie la première année. Mais pourquoi alors ne pas produire systématiquement des petits à croissance rapide ? Peut-être parce qu'une fois adultes leur durée de vie se trouve réduite. Est-ce que le modèle écurueil est transposable à l’homme (ou la femme) stressé ? L’étude ne dit pas si les femmes stressées peuvent mettent au monde des bébés plus joufflus en 6 ou 7 mois. On devrait avoir la réponse dans 22 ans environ.
A part ça, des chercheurs allemands ont révélé que les fourmis rousses des bois, très communes sous nos latitudes, s'installeraient préférentiellement le long des fractures sismiques et seraient capables d'anticiper le déclenchement d'un séisme. Vialatte, spécialiste de la fourmi germanique, le savait déjà.
Et encore
- Le nombre de guépards, de pingouins de Humboldt, d’éléphants du Mozambique, des Rhinos de Rhodésie… diminue dramatiquement.
- Le Milan royal est victime de poison
- Les espagnols comptent les papillons, il y en a de moins en moins… Une étude qui utilise des bénévoles qui déclarent préfèrer les papillons aux scarabées. Normal aurait dit Brassens.
- Des moutons OGM phosphorescents en Uruguay
- Production record d’aras au Yucatan
- Des singes hurleurs dans un hôtel de charme en Argentine
- Un loup filmé en Ardèche.
- et... aucun raton-laveur.
11:57 Publié dans Bestiaire | Lien permanent | Commentaires (2) |
Commentaires
et les goujons ? sont devenus fort rares. C'est qu'ils sont très sensibles à la pollution.
Ils sont si rares que pas un chercheur n'en fait un "objet de recherche". Et puis, quel intérêt d'aller se balader dans les campagnes françaises. Le goujons ne demande que peu de crédits. Une recherche qui ne coûte pas grand chose, ne vaut pas grand chose !
Écrit par : Aredius | 08/05/2013
Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où
Le Héron au long bec emmanché d’un long cou.
Il côtoyait une rivière.
L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours ;
Ma commère la Carpe y faisait mille tours
Avec le Brochet son compère.
La Tanche rebutée, il trouva du Goujon.
Du Goujon ! c’est bien là le dîné d’un Héron !
J’ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise !
Il l’ouvrit pour bien moins : tout alla de façon
Qu’il ne vit plus aucun Poisson.
Écrit par : Joël | 09/05/2013
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