03/11/2008
Consommation
J’ai évité de faire une note à chaud après la présentation de vendredi soir par Gilles Lipovetsky, intitulée « Le bonheur au défi de la société d’hyperconsommation ». Preuve de grande jeunesse de ma part, je réussis encore à m’échauffer sur des sujets philosophiques.
Car Gilles Lipovetsky est un philosophe.
A noter que si je ne l’avais pas su, je ne l’aurais pas mis dans cette case. Voilà que je deviens méchant. Non. Après tout, il n’y a pas que les philosophes qui ont le monopole des idées et vice-versa, les philosophes ont bien le droit de vulgariser et c’est même le but de l’exercice. Même si je ne suis pas d’accord avec son discours, notre conférencier l’assène avec grand talent et une vraie passion.
Il me semble que ce que fait Lipovetsky est plutôt de la sociologie avec une forte tendance à survendre (ou hypervendre) ses idées. Il analyse des nouveaux groupes sociaux et les habitus de consommation qui vont avec. Il a commencé sa conférence par détailler le stade ultime de la consommation auquel nous arrivons, l’hyperconso qui conduit à une grande satisfaction des besoins individuels, chacun sa bagnole, son téléphone mobile, son ordi, etc… Après une longue analyse de ce monde un peu fou qu’il juge globalement positif au point de dire, paraphrasant Churchill, « Le monde de l'hyperconsommation, de la "mode totale", de l'"écran global", de l"individualisme extrême" est bien " le pire des scénarios, à l'exception de tous les autres »
Ensuite, il parle du bonheur et il admet que si l’hyper modernité (urgence et profusion, le tout - tout de suite, le narcissisme, l’individualisme…) n’amène pas au bonheur elle réduit le malheur (plus de soins, vie plus longue et en bonne santé…). Il se fait rousseauiste pour dire que le bonheur est une affaire personnelle qui n’est donc pas liée à la satisfaction des plaisirs.
Pas loin de 300 personnes pour l’écouter à Archamps. C’est beau ! 300 personnes sorties de leur télé et de pop-corn du Gaumont tout proche. C’est bien ! Alors pourquoi suis-je sorti énervé ? Parce que j’ai eu l’impression que Gilles Lipovetsky est venu conforter le mode de vie destructeur de planète de mes concitoyens frontaliers hyper consommateurs. Il n’y avait qu’à regarder le sourire béat de certains. Contents de savoir qu’ils étaient dans le bon mouvement et que c’était bien ainsi. Et qu’en plus, ils pouvaient continuer de consommer tranquilles puisque eux, très malins, ils assistaient à des soirées philosophiques. Oui madame. Ils râlaient contre les preneurs de parole et les questions trop longues. Ils étaient venus écouter un prédicateur, fallait pas leur gâcher le plaisir.
Agenda : Alors si vous voulez entendre un autre son de cloche et avoir la chance d’échanger des idées, venez au café philo d’Alain Gentil à l’Arande, c’est le 8 décembre, on parlera de mondialisation. Vous pouvez aussi venir au café citoyen que j’anime le 11 novembre, on parlera d’Europe et de Démocratie.
Malgré tout, si vous aimez les grands-messes et les grands gourous venez à Archamps le 28 Novembre. Christophe André qui est psychiatre nous parlera de la « psychologie du bonheur » Dialogues assurés avec talent par Gérard Lemarié [photo] comme pour Lipovetsky et Pascal Bruckner en Septembre. J’y serais bien sûr, on a pas tellement l’occasion d’écouter des grands gourous :-)
14:11 Publié dans Cafés | Lien permanent | Commentaires (1) |
Commentaires
J'arrive chez vous via Chez JLK et je suis bien content du détour, ma foi.
Je reviendrai.
Me suis sérieusemnt bien marré.
Faut dire que j'ai une formation de sociologue, il y a longtemps, ou ça sentait pas bon, et que, disais-je, i m'ont toujours fait marrer les sociologues et leurs spéculations.
Je les ai souvent comparés à des métérologues qui se seraient spécialisés dans le temps qu'il a fait hier.
Cordialement.
Écrit par : Redonnet | 06/11/2008
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