19/08/2007
No Suicide -7-
Après les disparitions de Raymond, Alphonse, Lucien, Jean-Jacques, il me restait Raymonde. Raymonde qui me rendait visite chaque semaine. C’était une joie de la voir, plus que centenaire, arriver chaque samedi de son pas alerte. Elle m’amenait des fleurs et une brassée de livres que je n’avais jamais le temps de lire. Elle m’encourageait à écrire. J’avais de la peine avec mes rhumatismes, même taper sur un clavier était pénible et on n’avait pas encore inventé des APerHos aussi sophistiquée qu’Olga.
Après Raymonde, plus rien… disons presque plus rien. Des années de désert, de solitude…. J’ai perdu jusqu’au goût de la conversation… et Dieu sait si je suis bavarde. Heureusement la tête va bien et même très bien, c’est ce qui m’a permis de faire avec Olga cette dernière farce. Mais n’anticipons pas.
Mais il y avait cette petite idée d’écriture… Une idée qui s’est mise à germer… lentement… Si je tenais un tant soit peu à cette vie, je dirais que l’écriture m’a sauvé la vie. Je devrais dire : « tant pis ! » Ils disent que je m’accroche ! Je voudrais bien les voir eux… dans mon état… avec cette machine qui m’évite tout faux mouvement… L’écriture m’a prolongé une vie dont je ne voulais plus. C’était plus fort que moi. Voilà tout !
Lucien disait toujours qu’après quarante ans, on ne se fait plus d’amis. En conséquence de quoi, il se contentait de voir chaque fin de semaine les trois ou quatre même soûlards qu’il avait connus sur les bancs de l’école ou dans les rangs du régiment. Un solitaire, le Lucien… Moi, j’aimais bien voir du monde, m’amuser… Même immobilisée sur un lit, je réussis encore à lier des contacts. Mais des amis… c’est autre chose.
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