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02/04/2015

Michel Wieviorka

Grâce à la grève de France Inter, j’écoute RSR1, la Radio de Suisse Romande la première. C’est toujours passionnant. Nos amis Suisses Romands sont à la fois bien proches de nous culturellement avec des différences qui étonnent parfois. C'est dépaysant mais plutôt moins que de se taper la pub sur Europe1. 

yv9csqqad8yi4vssntlx.jpegAujourd’hui, il y avait un entretien passionnant avec le sociologue Michel Wieviorka que je découvre. Un de ses sujets favoris du moment est de tenter de comprendre cette apparente contradiction entre l’universalisme en temps de globalisation et la possibilité de faire vivre  sur la toile un monde multipolaire. Je sais c’est très intello, donc je vous épargne le détail. 

Il est issu d'une famille de juifs polonais dont bien sûr certains ont fini à Auschwitz. A part ça, Michel est un copain de Cohn Bendit et le beau frère d’Alain Geismar, il fut l’élève d’Alain Touraine et de Jacques Delors. C’est   un spécialiste du terrorisme qu’il a étudié en particulier avec les réfugiés des Brigate Rosse en France « amnistiés » par Mitterrand (Cesare Batistti et une centaine d'autres gus). Son analyse s’applique bien, paraît-il, au djihadistes qui nous inquiètent.

Il vient aussi  de publier « L'antisémitisme expliqué aux jeunes ». Bons commentaires sur Amazon. L’émission est à écouter ici.  Son blog est ici.

04:54 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0) |

01/04/2015

Avril

Piqué sur le Facebook des amis de Vialatte, deux textes du maître publiés par Maurits Van Overbeke:

N’OUBLIONS PAS LE POISSON D’AVRIL

L'homme, autrefois, s'intéressait à l'homme. Il se passionnait pour son voisin. Il l'étudiait à fond, il connaissait ses vices, son casier judiciaire et son état de fortune. Il lui prêtait de l'argent à 80%. Il lui écrivait des lettres anonymes. Il l'y accusait d'avoir tué son vieux père pour lui voler un saucisson pur porc. Et d'être trompé par sa femme. Il lui accrochait dans le dos un poisson en papier : c'était la loi du Ier avril. Aujourd'hui, c'est l'indifférence : on laisse traîner un garagiste accidenté par une auto pendant huit heures dans un fossé plein d'escargots ; on n'accroche plus de poisson en papier peint aux basques de son chef de bureau. Bref, il semble que l'homme ait perdu tout esprit, tout altruisme et toute initiative.

La Montagne, 20 mars 1963.

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L’HOMME D’AVRIL

Le soleil va entrer dans le signe du Taureau. C'est le moment où sont nés Rome, Hitler et Henry de Montherlant. C'est le mois où mourut le chevalier Bayard, c'est le mois où l'homme inventa le phonographe. L'homme, sujet de toutes nos études et de toutes nos préoccupations, l'homme, l'enfant chéri de cette chronique. 
Que fait-il en avril ? Il plante la griffe d'asperge, il récolte l'oseille, il protège l'espalier avec des paillassons. Mais encore ? Il les change de place, il les enlève, il les remet mieux. Il s'évertue, il se démène, il sème la lupuline, il fume les vieux houblons. En un mot, il fait le diable à quatre. La poule pond des œufs de Pâques. Le lièvre en fait autant. Du moins en Alsace et en Allemagne. La femme se livre aux nettoyages de printemps. Elle passe ses ongles à la « super-base », qui supprimera leurs peaux, à l'huile séchante, qui complétera le travail, et à la « laque fixante » qui protégera le vernis; enfin à la « crème abricot » qui stimule la croissance des griffes. Le printemps est là. L'agneau bondit près de sa mère et le poulain pur-sang près de la jument pursane. Les épinards sont magnifiques ; et l'homme s'apprête, par les jeûnes du Carême, à célébrer la fête de Pâques dans les humbles dispositions qui conviennent au peu qu'il est : il mange la morue de brandade, il s’excite à s’améliorer. Bientôt, pourtant, il retombe dans l’ornière.

 

Qu’il y croupisse ! Nous n’attendions pas mieux de cet animal mou.

 

 

 

Chronique des grands micmacs, p.169-170.