07/02/2021
Apocalypse Zombie
Que devient l’apocalypse en ces temps de covid ? C’est devenu un monde de zombis. Le cinéma a exploité à l’envi les zombis comme métaphore du consumérisme aveugle à l’ère du capitalisme tardif, à commencer par la scène mythique du centre commercial dans le Dawn of the Dead de George Romero [Zombie, en français, 1978], où l’on se croirait dans un reportage du JT sur les soldes du Black Friday pré-Covid.
Comment faire un zombie ? Tout le monde connaît le Fugu ce poisson consommé au Japon et qui mal préparé peut s’avérer très toxique et même mortel (Au Japon, la TTX est reconnue comme la principale cause d’accidents alimentaires mortels : entre vingt et cent morts par an sont imputables à la consommation de fugu.) TTX, la tétrodotoxine est une neurotoxine puissante produite par quatre souches différentes de bactéries. Cette neurotoxine puissante produite par quatre souches différentes de bactéries paralyse les muscles et entraîne la mort par arrêt respiratoire.
Il semblerait que les pratiquants du vaudou, les faiseurs de zombis savent utiliser cette molécule et d’autres sans doute pour détruire la conscience d'un individu afin de la rendre corvéable à merci. Depuis on y a mis un peu de pandémie.
C’est ce qui arrive dans « Dernier train pour Busan » film coréen de Sang-Ho Eon. Un virus inconnu se répand en Corée du Sud qui zombifie les gens aussi vite que le Covid version anglaise fait perdre le goût. L'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre à la pandémie jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...
Dans Le Réalisme capitaliste. N’y a-t-il pas d’alternative ? Mark Fisher recourt lui aussi à la métaphore du zombie pour décrire le rythme aveugle du travailleur : le capitalisme “fabrique des zombies”, et “c’est notre chair vivante qu’il convertit en travail mort, et c’est nous qui sommes les zombies auxquels il donne naissance”. De là à imaginer que l’une ou l’autre de ces zombifications (le travail mort de Fisher, ou le loisir mort de Romero), loin de la métaphore, s’intensifie au point de nous laisser très concrètement sans conscience, il n’y a qu’un pas, et on le frachit aisément.
Bon. J’arrête ici ? Non. Encore un petit bout de l’article de Courrier. C’est ce qu’ont imaginé la nouvelle de E. M. Forster La machine s’arrête ou le film d’animation Wall-E, et c’est un scénario d’avenir extrêmement plausible, à mi-chemin entre apocalypse zombie et apocalypse par victoire de l’intelligence artificielle. Oui, un peu d'IA ne peut pas faire de mal pour activer un bonne apocalypse.
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