18/03/2013
Vaches
Je-Je Trou-trou-trouve que-que c’est tune-tune-une chan-chance d’ê-d’ê-d’être con-con-contemplatif et cu-cu-cu-curieux dans-dans la vie. Je-je peux-peux ar-ar-ar-arrêter de bé-bé-bégayer quand quand-je quand-je quand je veux. Il me suffit de penser dans ma tête…
Oui, c’est une chance d’être contemplatif parce qu’on ne s’ennuie jamais. Enfin presque. Par exemple, si je suis dans un champ et qu’il y a, disons, deux vaches de l'autre côté du champs, pas de montagne, pas de lac, juste un champ et des prés à l’infini. La plupart des gens vont s’em-s’emmerder très vite. Moi pas du tout. Je regarde les vaches.
Il y en a une qui a une cloche et l’autre pas. C’est une belle cloche qui doit valoir des ronds. J’ai entendu dire que c’était un vrai problème les belles cloches de vache parce qu’il y a des gens qui les volent. On vit vraiment dans un drôle de monde. Voler les cloches des vaches. Feraient mieux d’aller en ville, il y a quand même plus de truc à voler. Au fait, il y en à une qui a les cornes sciées et l’autre pas. C’est celle qu’a pas de cloche.
C’est bête cette idée de couper les cornes des vaches. Paraît que certaines cornes pourraient pousser vers la tête (de la vache) au lieu de pousser vers l'extérieur et pourraient blesser la vache. A mpon avis, c’est une excuse. Non, avec les étables modernes, la stabulation libre, les vaches doivent passer la tête entre deux barreaux pour manger. Voilà la raison ! Ces cornadis sont prévues pour la vache standard, type Holstein blanche et noire. Mais certaines races ont des cornes beaucoup plus grandes. C'est le prétexte pour les couper. Paraît qu’il y a un règlement européen qui interdit aux éleveurs de détenir un taureau. L’insémination artificielle est obligatoire. c'est con... Mais je digresse…
Au fait, dans mon champ, il y a une Aubrac et une Salers. Les plus jolies de toutes les vaches, on dirait un aurochs (Il avait nom corne d'Aurochs, ô gué, ô gué /Tout l'mond' peut pas s'app'ler Durand, ô gué, ô gué). Aurochs prend un s au singulier. Salers, une vache tout en muscle, le poil frisé, la robe rouge, avec de grands cils, à moins que ces ne soit l’Aubrac qui ait de grands cils. Faudrait s'approcher un peu.
Moi, ma race préférée c’est la race d’Abondance, à cause du fromage. Les abondancières sont des vaches rouges avec le museau plus ou moins blanc et des lunettes autour des yeux.
C’est assez beau les vaches. Cela fait un moment que je contemple ces deux là en laissant mon esprit aller à vau l’eau et voilà qu’une troisième arrive de derrière le bosquet. On n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer à la campagne.
Et puis, je l’ai dit, je suis un garçon curieux. C’est un peu pour ça que je sais reconnaître les vaches. Il faut dire que depuis Gutenberg, la curiosité est plus facile à satisfaire et avec le Web, le champ offert à la soif de connaissances est devenu sans limite. Franchement, pour s’ennuyer dans un pré avec deux vaches et une tablette connecté sur Internet, faut vraiment avoir bien peu d’imagination.
Par exemple, ma recherche sur les cornes de vaches… On utilise les cornes et les sabots des vaches pour faire des engrais et des émulsions pour extincteurs, la base moussante des émulseurs destinés à lutter contre les feux d'hydrocarbures. Etonnant non aurait dit Desproges. Des cornes et des sabots pour stopper les incendies !
En partant d'incendie, je trouve Gustave Flaubert et son dictionnaire des idée reçues : « Phénix : Beau nom pour une compagnie d’assurances contre l’incendie. » Et à Phénix je trouve : phénix ou phœnix (du grec φοῖνιξ / phoinix), est un oiseau légendaire, doué de longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître après s'être consumé sous l'effet de sa propre chaleur. Il symbolise ainsi les cycles de mort et de résurrection. Je laisse de côté la mort et la résurrection, Paques et vendredi saint, car soudain me vient à l’esprit le corbeau de la fable qui est le phénix des hôtes de ces bois.
De Lafontaine, je passe à Céline via Lucchini. Je reviens sur la mort. Je me replonge dans Mort à Crédit ce qui m’amène sur Courtial de Pereires. J’apprends, on sait que Céline avait peu d’imagination, que ce personnage étonnant, Courtial de Pereires, était inspiré de Raoul Henri Clément Auguste Antoine Marquis, dit Henry de Graffigny, un écrivain polygraphe. Diderot, ce cher Denis, était un écrivain polygraphe qui écrivait sur tout...
Je crois que je suis un surfeur polycurieux. Au fait savez-vous que curieux à la même racine que cure dans le sens de soin. D’ailleurs par ici, en Savoie, quand on s’occupe des vaches (on dit gouverner) on commence par curer le fumier. Attention, à être trop curieux on peut finir dans la merde mais on ne s’emm… jamais.
Voi-voi-là c’est c’est tout pou-pou-pour pourau- pourau-pouraujour-aujour-d’hui. Je re-re-re-tourne à ma-ma con-con-con contemplation et à ma cu-cu-cu- curiosoté.
08:23 Publié dans Textes | Lien permanent | Commentaires (2) |
Commentaires
J'adore votre texte et vos ballades mentales ... Et j'aime les vaches aussi. Continuez, c'est beau ...
Écrit par : HEUREUX | 02/04/2013
Merci HEUREUX, cela fait toujours plaisir d'avoir des lecteurs qui ne me reprochent pas mon hermétisme :-) et qui commentent en plus.
Écrit par : Joël | 03/04/2013
Les commentaires sont fermés.