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29/01/2011

De culture

La neige de culture, c’est de l’eau de l’air et c’est tout. N’est pas une belle phrase pour aborder cette rubrique On nous ment* ?

Je suis aller faire du ski. Oui, je sais, le ski est un sport de riches, un sport pour parisiens qui ont les moyens de mettre des pneus neige sur leur 4x4, de payer un studio au prix d’une suite princière au Carlton, de louer skis et chaussures pour les enfants, d’acheter des forfaits hebdomadaires aussi chers qu’une inscription au Paris-Dakar, et je vous passe les faux frais, tout ça pour se retrouver avec des mômes qui ont froids au milieu d’une queue bourrée d’autres parisiens agressifs qui vous abîment vos skis tous neufs sous prétexte d’avancer vers le tire-fesse. 

N’empêche que, s’il fait beau, pas trop froid, si l’on est hors vacances de février, le ski c’est sacrément sympa. Dévaler les pentes à grandes vitesses et se prenant pour un danseur qui vire et volte dans la poudreuse, c’est simplement magique.

 

Bien sûr, il faut oublier un instant sa fibre écolo. Parce que quand on lit l’affiche, collée sur les poteaux du télésiège, un ânerie comme celle écrite si dessus, je rappelle : « La neige de culture, c’est de l’eau de l’air, et c’est tout » On se dit que, même ici, même en pleine montagne dans ce décor de rêve, le Mont-Blanc devant, la Pointe-Percée derrière, le ciel bleu, on n’est pas débarrassé de ces mots de faux-culs qui nous gâchent la vie.

 

Vous me direz, il faut bien donner un peu de lecture au skieur solitaire qui n'a pas su s'entourer sur le télésiège. Et puis, cela change des sempiternels : "Veuillez revenir impérativement dans votre station avant 16 heures" affichés sur le poteau précédent. Pas toujours facile de revenir quand on est resté coincé dans une autre vallée et 16 heures c'est bien tôt et le forfait Grand-Massif c'est cher. Mais revenons à de l'air, de l'eau, c'est tout !

 

Neige de culture. Déjà le mot arrache. On ne fait pas dans l'artificiel, non, faute de pouvoir se prétendre naturel, on fait dans la culture. C'est riche la culture, c'est noble, c'est grand, bienfaisant, on fait pousser des choses, de bonnes choses, et peut-être même que, avec un peu de chance, on apprend des choses.

 

Ce qu’il faut savoir, c’est que la neige de culture produite par les dizaines des milliers de canons, ce sont des retenues d’eau creusées à la dynamite et au bulldozer, ce sont des modifications de l’écoulement des eaux torrentielles pas toujours calculées, des barrages pas forcément sécurisés et qui seront encore un problème quand les stations de ski fermeront faute de carburant, c’est de l’eau qui ne retourne pas nécessairement à sa destination, c’est enfin de l'énergie et donc pas loin de 10 tonnes de CO2 par hectare, soit sur le parc de ski alpin français un accroissement kilotonnesque du dérèglement climatique.

 

Mais non, circulez, détendez-vous, skiez tranquille braves gens, ce n’est que de l’eau et de l’air, quoi de plus sain, de plus naturel ! Et puis, pour ceux qui auraient un peu trop d’esprit critique, la station nous rappelle, sur le poteau suivant du télésiège, que le ski, ce sont des milliers d’emplois créés. Qui peut être contre la création d’emplois ? Alors, ne gachez pas le plaisir de tous ces braves gens, SVP.

 

Pour plus d’infos sur le business de l'or blanc, louez le DVD reportage de l'excellent Gilles Perret Ça chauffe sur les Alpes.  

  

* On nous ment est une nouvelle rubrique très prétentieuse qui cherche son inspiration chez Noam Chomsky mais pas seulement. Elle puisera aussi chez Franck Lepage, Jean-Pierre Le Goff, Eric Hazan voire même Philippe Muray… enfin chez toius les gens qui ne prennent pas les discours et les mots ambiants pour des lanternes à guider les aveugles.

19:24 Publié dans On nous ment | Lien permanent | Commentaires (6) |

Commentaires

Sans oublier les dizaines (centaines ?) de tonnes d'huile minérale mélangée à l'eau pour permettre aux canons à neige de ne pas gripper et qui se dispersent directement sur les pistes de ski. Là dessus, motus, on ne nous ment pas, personne ne le sait !! Il faut juste avoir visité une usine(centrale très sophistiquée qui gère l'ensemble des canons de la station de sports d'hiver) de fabrication de neige artificielle pour avoir cette information.
Bon ski, à vrai dire, ça ne ma manque pas vraiment. Au fait, la sécheresse est fini, la saison des pluies arrive.

Écrit par : ti-tangue 974 | 30/01/2011

Eh oui un peu d'huile par canon, cela fait des tonnes déversées.

Écrit par : Joël | 30/01/2011

C'est intéressant cette idée de chronique : On nous ment.
Sur le principe, c'est évidemment évident.
Et puis. Il faut aller encore au delà dans cette réflexion je crois. Ce "On" me dérange. Il sous entend une puissance occulte, un Deus ex Machina. le grand qu'On accuse !
Moi, je ne me sens pas si petit que quand j'étais dans la cour de l'école.
Je retiens tout de même la merveilleuse et comique intégration des toutes récentes techniques de la désinformation par le Crétin des Alpes version marketing : cette "neige de culture" me donne envie de me faire un shoot à la tartiflette.
Moi je penserai à te souffler un autre titre de chronique : "Pour votre confort et votre sécurité…" ou "Dans l'intérêt de notre aimable clientèle…" ou "Afin de préserver notre planète…". Ouf ! Il y a tellement de possibilité que je vais aller fumer une "Yuma" cigarette (hors de prix et sans goût) issue de l'agriculture biologique et possédant le label commerce équitable.
Et comme dirait Ionesco : équitable ! et pourquoi pas équichaise ?
Merci de laisser ce blog aussi propre en sortant que vous auriez souhaité le trouver en entrant.
Amitié.

Écrit par : Habran | 31/01/2011

Merci François de "challenger", disons de secouer, ce titre dont je ne suis pas très satisfait. L'idée première c'était de faire "comme on nous parle", pas de pot, c'est déjà pris. Toujours l'idée du démiurge planqué sous le Verbe. C'est quand même bien mon idée même si le démiurge est moins en cause que les marionnettes qu'il manipule. En fait dans cette chronique, j'aimerai bien me moquer d'expressions du style "projet de vie", "cohésion sociale", "commerce équitable et solidaire", "ambassadeurs de tri ou de compostage", encore que j'ai un petit faible pour ces derniers.

Dans ta veine écolo, je dirais "Merci pour les ours blanc."
Pour revenir dans la note Souchon "La vie qu'on nous propose".
Il m'est venu à l'esprit le plus abscons: "Défions-nous des définitions."

Quoi qu'il en soit, c'est ainsi qu'Allah est grand !

Écrit par : Joël | 31/01/2011

Attention : Dieu voit tout, entend tout, et ne fait rien !
Amitié

Écrit par : Habran | 31/01/2011

Même si je ne suis pas une fan de la montagne (trauma d'enfance), je pense qu'il faut respecter notre environnement. Skier est surement un vrai plaisir mais en arriver à fabriquer de la neige pour le plaisir d'une minorité!
Neige de culture", cela me rappelle perle de culture = forcer la nature à répondre à nos désirs. Quand répondront à ses souhaits ?
J'aime bien le titre de votre chronique, il me fait penser à une certaine Arlette... Révolte douce de votre part.
Je commence souvent les miennes par "Bien sûr, vous allez me dire que je n'y connais rien...", l'important est que vous nous passiez des messages qui nous font réfléchir.

Merci

Écrit par : Chris | 07/02/2011

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