27/12/2010
Instants fataux
Un brin de grammaire ne fait jamais de mal. Vialatte disait même que c’était, après le cheval, et à côté de l'art des jardins, l'un des sports les plus agréables. Donc, les mots qui finissent en al font leur pluriel en aux sauf que…
...on ne dit pas :
Des festivaux
Des piédestaux (ni d’ailleurs des piédestals)
Des récitaux
Des raisonnements bancaux
Des instants fataux *,
Des bouquets finaux (sauf s’ils sont très rusés)
Des chantiers navaux
Des airs tonaux (on dit les musiciens ont vidé le tonneau et d’ailleurs ils ne chantent plus dans le ton)
Des éléments causaux (ni même causals) tels que "parce que", "car", "puisque". On doit dire : ce sont des particules causales.
* Les instants fataux est le titre d’une cantilène en gelée de Boris Vian qui me semble toute indiquée en cette fin d’année :
De mon temps de ton temps
On respectait les vieux
On marchait sul trottoir
On la tournait sa langue
dissette fois dans sa bouche
Avant d'oser causer
Et les gauloiz coûtaient
Dix-centimes-deux sous
Mais ils ont tout changé
On n'a plus de respect
Pour les vieux pour les vieux
On fait l'amour avec
Des sinjenpantalons
On roul dans des voitures
Qui marche-t-au pétrole
Et puis surtout et puis
Ah merde merde merde
On est vieux, on est vieux...
13:19 Publié dans Blog, Vialatte | Lien permanent | Commentaires (5) |
Commentaires
Mais non Joël on n'est pas vieux... ce sont les autres qui le sont, ceux qui ne rigolent pas, ne sourient jamais, ne savent plus ce que le mot espoir veut dire, ceux qui ne voient pas l'avenir, ceux qui etc.... merde, merde, merde... trois fois plutôt qu'une, ça porte encore plus bonheur.
Vive toi, vive moi, vive tout le monde et vive Boris et Alexandre !
Écrit par : françoise | 27/12/2010
Nous arrivons tout nouveaux aux divers âges de la vie, et nous y manquons souvent d'expérience malgré le nombre des années.
François, duc de La Rochefoucauld, Réflexions ou Sentences et Maximes morales
Tiens ça me fait penser un un faux-ami, "eventually" en anglais qu'il ne faut pas traduire par "éventuellement" mais par "fatalement". Dommage, j'aurais bien aimé le "éventuellement nous mourrons", on ne se ferait pas de mouron.
Et j'ai feuilleté le Grévisse hier soir, ma femme voilant savoir si elle devait écrire "je vous remercie pour votre cadeau" ou "je vous remercie de votre cadeau". Mais je n'ai pas pu savoir qui elle remerciait.
Écrit par : Aredius | 27/12/2010
Françoise,
Il vaut peut-être mieux l'admettre.
Aredius,
Eventually c'est finalement donc fatalement... En fait je trouve que c'est plutôt mieux que ce soit certain. Le doute serait bien pire. On est tranquille, on mourra. On ne sait pas comment... De son côté, Boris Vian a échafaudé qqs hypothèses:
...
Je mourrai rongé vivant
Par des vers, je mourrai les
Mains attachées sous une cascade
Je mourrai brûlé dans un incendie triste
Je mourrai un peu, beaucoup,
Sans passion, mais avec intérêt
Et puis quand tout sera fini
(eventually) Je mourrai.
Écrit par : Joël. | 27/12/2010
Merci pour ce cadal grammatical, toujours bon à savoir ;o)
Écrit par : Legweak | 27/12/2010
Il y a donc des adjectifs au pluriel double avec un sens plus ou moins différent c'est le cas de : Austral / australs / austraux ; banal / banals / banaux ; boréal / boréals / boréaux ; final / finals / finaux ; glacial / glacials / glaciaux ; marial / marials / mariaux ; pascal / pascals / pascaux ; tonal / tonals / tonaux ; tribal / tribals / tribaux
Dans la cas de final, les littéraires disent examens finals et les économistes bilans finaux même s'il ne sont pas très malins. On ne dit pas des sermons pascaux mais des remontrances pascales. Sacré Pascal.
Écrit par : Joël. | 29/12/2010
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