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21/12/2010

Retraite

Soirée mémorable, samedi, pour fêter la retraite de l’Homme. Il y avait des masses de nourriture et même une corbeille de fruits exotiques venus tout droit de la Réunion. Il y avait des chansons sur le travail, des sketchs pour expliquer à quoi s’exposait l’homme à la retraite... Et j’avais écrit un petit texte pour reprendre ma saga de l’Homme. 

Sur la route de l’autonomie

 

Après avoir fabriqué des saucisses et autres préparations culinaires… usiné des pièces de métal… construit d’une main des alambics de tôle parmi les plus alambiqués pour un grand fabriquant d’arômes en tenant de l’autre main les rênes du syndicat local de la chimie… tenté sa chance dans la belle Province… réparé quelques maisons anciennes… bénévolé à l’Apreto… animé l’atelier cuisine pour la pitance d’ex, et de moins ex, toxicomanes… promené au petit matin des délinquants pour leur faire visiter la ville de Genève tout en les aidant à repérer les bons coins où on peut se faire de la thune facile…

 

Enfin… oui ENFIN, l’homme prend sa retraite. Il est enfin libre !

 

On se souvient que j’ai chanté les lointains voyages de pêche de l’Homme. En particulier au Nunavut. J’ai abordé la vie complexe de l’homme du nord et de la femme du sud confrontés aux feux de friture et aux feux de cheminée, au bricolage domestique, à la perte des clés et des agendas, aux affres des petites boutiques sympas,  et diverses autres péripéties… Le temps est venu de reprendre cette saga pour faire le point sur cette étape importante et tellement attendue : La retraite de l’Homme.

 

Retraite, quel vilain mot pour une si belle chose. Le régiment bat en retraite. L’Homme, lui, se bat avec sa caisse de retraite pour pouvoir se retirer, quel désastre ! Aucun doute, il faut changer ce mot. J’ai pensé à autonomie, au sens philosophique du terme. Autonomie, du grec auto soi et nomos loi. Vivre sa vie, s’accomplir selon ses propres lois. Voilà le superbe programme qui attend l’Homme : La liberté.

 

Sur le papier c’est magnifique mais attention, dans la réalité ce n’est pas toujours simple. L’Homme le sait : la liberté a ses contraintes. Demain il va se trouver confronté au vide existentiel qui guette l’homme le mieux préparé.  Plus rien pour rythmer le temps, à part les programmes de la télé. Plus de reconnaissance de ses chefs. Personne pour lui dire, merci Homme pour le travail exceptionnel que tu as accompli au service de la collectivité. Plus d’augmentation de salaire inattendue. Plus de repas chers-collègues, et d’ailleurs même plus de chers collègues pour lui téléphoner, trop occupés qu’ils seront à balader de nouveaux délinquants dans la grande ville.

 

Bien sûr, l’Homme peut prendre exemple sur les grands anciens. Lulu, qui le premier à abandonner le front des jeunes et de la culture pour photographier tantôt des imbécillités, tantôt des idioties suivant les jours, enfin occupé à faire du l’art idiot et du cochon sympa, mi-Bouvard et Pécuchet, mi-brave-soldat-Chvéïk… du n’importe quoi mais conçu de manière autonome (de auto, soi et nomos loi). Jean-Marie qui cultive son Morton et s’essaye avec succès à faire des photos pas trop imbéciles ni trop stupides. René, qui non content de descendre à ski les pistes qu’il vient péniblement de gravir, cultive son jardin avec frénésie et part avec Raymonde au quatre coins de la planète-trekking pour user ses godasses et son sac à dos. Un agenda surbooké, le René. Pas un exemple à suivre. Et moi, enfin, qui fatigué de me reposer, me colle cinq à six rendez-vous pas jour histoire de montrer qu’on peut, si on veut, être tout à fait inefficace tout en s’appliquant avec beaucoup de soin. Je ne mentionnerai pas Jeannot, bien trop jeune dans l’exercice de l’autonomie pour servir d’exemple.

 

Donc, l’Homme sait ce qu’il faut ne pas faire, à lui de se démerder pour trouver ce qu’il faut faire. Personnellement, je lui déconseille la pêche trop intensive. Supposons qu’il finisse par se dégoûter du saumon, que les berges des rivières et des lacs l’insupportent, que l’Alaska redevienne un état des États-unis… que il en ait marre de faire voler des mouches sèches pour attraper des poissons mouillés… Impossible. Dit-il ? On dit ça mais dans la vie tout est possible. Un jour, la femme pourrait par exemple entrer dans une boutique sans rien acheter. Improbable, d’accord mais pas impossible, question de statistiques. Et là, soudain, c’est le drame. Il n’a plus rien dans sa vie. Il se retrouve condamné à regarder les documentaires animaliers sur la cinq. Et pour peu qu’il se fatigue de voir le dix millième ours attraper le cent millième saumon. Là, il es foutu. FOUTU. Plus de jus, plus rien…

 

Alors voilà, j’ai pensé qu’il fallait qu’il se diversifie. Il pourrait prendre des cours de photos avec René, Lulu ou Jean-Marie. Il pourrait s’intéresser à tous ces gadgets que la Femme repère du premier coup d’œil dans les boutiques…. Franchement, il y a plein d’autres choses que la pèche dans la vie. Alors, Bernard, réfléchit bien parce qu’on ne voudrait pas que tu t’ennuies. L’oisiveté est mère de tous les vices, c’est bien connu. Sarko l’a dit, le travail est une valeur essentielle et prendre sa retraite trop jeune n’est bon ni pour le travailleur ni pour la sécu. La déprime est au bout de la retraite.

 

C’est bien pourquoi, il ne faut pas battre en retraite. Il faut penser autonomie – du grec auto –soi- et nomos -loi-. Bonne et longue autonomie Bernard !    

 

Joël – 17 décembre 2010

08:47 Publié dans Blog, Textes | Lien permanent | Commentaires (0) |

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