Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/03/2008

Maoïstes

Ca-vient.jpg

 

En mai 68, on était trotskiste, anar ou maoïste. Moi, j’étais maoïste, je trouvais ça vachement exotique. Pensez, la Chine…

Notez que j’y étais en bonne (ou mauvaise, c’est selon) compagnie : Sous les grandes ombres de Sartre, de Godard et de Sollers, il y avait Serge July, Gérard Miller, Olivier Rolin, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann (oui, oui le suppôt de Sarko lui-même)...

On trouvait dans le livre rouge de Mao des pensées puissantes comme « Qu’importe qu’un chat soit blanc ou noir, s’il attrape des souris. » En fait cette pensée est de Chou en Laï, je crois. Le petit livre rouge expliquait que les cadres peu soucieux des masses devaient revenir aux échelons inférieurs et retourner à la production. On aimait bien cette idée.  

Plus tard, on a découvert que l’on avait été d’une naïveté incroyable et qu’en fait Mao s’était servi de cette méthode de retour à la base (à la terre) pour ses fins bassement politicardes de conservation du pouvoir. Un des révélateurs des immenses turpitudes du grand timonier (Mao Zédong en langage propagandiste) fut l’écrivain et sinologue belge Simon Leys dans un livre publé en 1971, intitulé « Les habits neufs du président Mao ».  

Le titre de ce livre est inspiré d’un conte d’Andersen. C’est l’histoire d’un empereur, friand de beaux habits, à qui l’on fait un costume sans tissu et donc transparent. Toute la cour s’extasie, l’empereur défile, la foule admire, personne ne veut passer pour un idiot, seul un petit enfant crie « L’empereur est nu ! L’empereur est nu ! ». Finalement, la foule reprend cette phrase et l’empereur très digne rentre à son palais frigorifié.

Voilà comment nous, les niais, naïfs, nunuches adpetes français de Mao Tse Toung*, avions dit, sans rien vérifier, « quels beaux habits pour le président Mao ! »

Simon Leys adore parler littérature: “Nul écrivain ne dispose d’une puissance verbale qui pourrait rivaliser avec l’imagination de ses lecteurs ; aussi tout son art est-il de jouer sur ce clavier-là”. Pour lui, lire des romans est la seule manière de survivre : “En d’autres mots : les gens qui ne lisent pas de romans ni de poèmes risquent de se fracasser contre la muraille des faits ou d’être écrabouillés sous le poids des réalités”.

Dans un de ses livres Simon Leys cite une pensée très fine de ce Président Mao qui, comme Néron, se rêvait aussi poète et n’était pas avare d’aphorismes mais qui, selon Leys, n’était qu’une boursouflure de poète : «Camarades, vous devez toujours assumer vos propres responsabilités. Si vous devez chier, chiez! Si vous devez péter, pétez! Ne gardez rien sur l'estomac, vous vous sentirez plus à l'aise!» («Mao Zedong, Pékin, 1969) Ainsi s'exprimait le Grand Timonier qui commandait aux vents chinois: on ne se méfie jamais assez des poètes.

* Mao Tsé-toung est devenu Mao Zédong (cliquer pour la bonne pronociation)

09:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1) |

Commentaires

J'adore quand tu parles de mes compatriotes ! ;-)

Moi de Mao, je n'ai connu que les cols....et c'était dans les années 80 ;-)

Encore un excellent article, comme d'habitude !

Amitiés

Dario

Écrit par : Dario | 02/04/2008

Les commentaires sont fermés.