18/08/2006
Forfait 6
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Forfait
illimité
-6-
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romance
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Raymonde, elle, est dans la confidence depuis Collioure. "Raymonde, tu ne sais pas ce qui m’arrive… J’ai rencontré un monsieur très gentil…" Voilà, c’est le progrès : SFR, son forfait, plus de délai…
Lucien, c’est sûr, il va me traiter de folle… Raymonde, au contraire, elle m’encourage à partir. Elle me dit : « Ma vieille, sans vouloir te démoraliser avec des statistiques, vous avez pas bien gros de belles années à passer ensemble, ton Alphonse et toi ! C’est déjà miracle, cette rencontre… alors, si tu veux mon avis, faudrait voir à en profiter, et vite. Toutes tes excuses sur la vie pas si facile, c’est que des… des excuses pour ne rien faire, très précisément ! » Elle a raison. À cent pour cent. Mais je n’arrive pas à me décider, ça m’agace. J’ai fait plus court que d’habitude avec Alphonse, quarante à cinquante minutes, pas plus… Faut dire que d’entrée, il m’a parlé de sa Touraine. Ça m’a rendue triste. Je n’ai jamais aimé les départs…
« Avoue-le. Dis-moi que tu étais dans un jour sans. Etait-ce ma lettre qui t’avait manqué. Non je ne suis qu’un vieillard égocentrique. Ce n’est pas ma lettre. C’est le spleen… La peur de l’avenir… Sois franche, ne joue pas à la fière, ne retiens pas tes larmes, ça te retombe sur le cœur et ça y fait des trous profonds. Je l’ai bien sentie, cette tristesse. Une mélancolie sournoise qui ne vient de rien, qui tient à la substance même de l’existence. Avant j’aurais pris ça pour de la distance… Ce n’est pas ça, non, dis-le-moi ! Ah, je sais ! Tu as attrapé ma misère… Mon malheur profond passe par les ondes… La première maladie à virus hertzien… J’essaye d’oublier… Je veux penser à autre chose…
Voilà des idées de volupté et de caresses qui soudain m’assaillent. Mon cœur bondit à ta pensée… C’est délicieux… C’est baudelairien en diable… spleen… nostalgie… Depuis que je te connais, ma maison est devenue gigantesque. J’erre dans les pièces comme une âme perdue. Les souvenirs de Fernande se sont estompés, sur les meubles et même un peu… dans ma tête. Qui l’eût cru ? Pour les meubles, Michèle, ma fille, a embarqué les derniers bibelots kitsch de sa mère. Pour la tête, tu dois y être pour quelque chose. Donc, la place est à mon image des mauvais jours : triste et déserte. Elle est comme toi, cet après-midi au téléphone.
On se morfond. On devrait respirer une joie sereine et on transpire une tristesse énervée. C’est ma faute ! Je ne sais pas capter les ondes positives de ton petit portable. Je vais y réfléchir. Ou plutôt, ces ondes, je vais les amplifier et trouver un moyen de retrouver notre complicité de Collioure. Je t’envoie encore des bouquets de tendresse… bien plus que ne peut en recevoir la place devant ton immeuble !… Je veux que tes voisins soient époustouflés ! Je t’aime… incommensurablement. Ton Alphonse.»
00:55 | Lien permanent | Commentaires (1) |
Commentaires
"Je t'aime ... incommensurablement"
Comme l’immodéré siée bien à l’amour … (soupir)
Écrit par : pkdille | 18/08/2006
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