08/07/2006
Cher Bernard
Cher Bernard,
Puisque vous nous avez abandonné comme de vieux livres qui tombent des mains du lecteur fatigué par une intrigue trop prévisible ou un style lourdingue, nous voilà, depuis pas mal d’années, livré à Campus et à Guillaume Durand. Je tenais à vous dire que ce Campus ne vaut pas vos Apostrophes et vos Bouillons de culture et autre Double Je.
Pourtant, dans Campus il y a tous les signes extérieurs des richesses culturelles. De bons auteurs, hier soir il y avait Alain Robbe-Grillet et Marc Lévy, de quoi couvrir un large spectre de la littérature au roman de plage dans sa meilleure expression. Très bon Marc hier soir ! Sympathique, essayant de sortir de la sempiternelle question « Pourquoi vendez-vous autant de livres? » On trouve dans Campus, des sujets variés traités souvent de manière brillante. Alors pourquoi vous regrette-t-on, mon cher Bernard ?
Je cherche la réponse sur le site de Campus et je trouve une lettre de Guillaume. Pas mal pour les intentions. Un peu autopromotion tapageuse peut-être ? Oui, c’est ça. C’est ça ! C’est l’époque. Du marketing avant toute chose. Il faut inviter des gens tous plus connus les uns que les autres. On sent toujours derrière la littérature l’obsession des médias, de la mesure de l’audience, du nombre de lecteurs… du pognon.
Je ne me souviens pas d’avoir fait une vraie découverte dans Campus, de même que je ne me souviens pas d’avoir jamais senti le big business de l’édition pendant vos émissions mon cher Bernard. Avec vous on était dans les livres, les idées, dans la découverte d’un auteur, de son style. On ne parlait pas sans cesse du nombre de livres vendus, du box office, de notoriété… d’argent, toujours d’argent.
Est-ce l’âge ? Est-ce une inadaptation au monde nouveau ? Suis-je devenu un vieux con nostalgique de sa jeunesse ? Sans doute tout ceci à la fois mon cher Bernard. Je voulais juste vous faire un signe pour vous dire à quel point je vous regrette, à quel point je regrette votre curiosité, votre avidité pour les livres, votre vérité face à un auteur…
Choisissez-nous un beau Goncourt et faites attention au livre à venir de Christine Angot, j’ai comme l’impression qu’on est en train de nous formater un truc chez Guillaume, un bon vieux coup de marketing qui amènerait pognon et notoriété sur le Campus.
Portez-vous bien, cher Bernard, et bonnes lectures.
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