07/01/2006
Roi-mage
Je viens de lire l’histoire du quatrième roi mage de Bergamote, elle est très jolie mais, il faut bien le dire, elle est fausse…
En fait, ce quatrième roi s’appelait Nicolas et habitait à Myra, le palais de la photo qui est aujourd’hui en Turquie, au bord de la Méditerranée, donc pas très loin de Bethléem. Les petits malins qui connaissent l’endroit et qui pensent que je parle de Saint Nicolas (270-310), l’homme à la barbe blanche font un gros anachronisme. Non, notre Nicolas était un jeune mage, fringant et plutôt beau gosse, genre David Copperfield avec la cape noire et la baguette magique. C'est début octobre, juste avant l’an zéro, que notre roi-mage reçu par Samarie Message Service un texto, venu d’on ne sait où, qui lui disait de suivre l’Etoile.
Seulement voilà, notre Mage Nicolas n’avait aucun sens de l’orientation et, sans réfléchir, il se mit à suivre l’étoile polaire qui brillait, comme il se doit, vers le nord, alors que chacun sait qu’il fallait qu’il parte vers le sud en traversant le Liban. Par chance le message de SMS avait bien mentionné qu’il ne devait pas lésiner sur les cadeaux et donc il était parti les sacoches de ses chameaux pleines à craquer exactement comme s’il était invité au mariage d’Elton Jones. Il avait non seulement des perles de prix mais de l’or, de l’encens, de la myrrhe et pas mal de bonbonnes de ce petit alcool de prune qu’à l’époque on ne faisait qu’à Damas avant que les jurassiens n’en découvrent le secret et n’en abusent.
Et voilà notre Nicolas sur les routes. Avec son sens de l’orientation, au lieu de passer entre la mer Noire la Caspienne, comme aurait fait n’importe qui, il s’égara en Perse, au Turkestan, Turkemistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, tous les stans… avant de repartir plus à l’ouest vers l’Ukraine, la Pologne… Les mois passaient, les années passaient… Le mage Nicolas traversa enfin le Danemark pour arriver à Copenhague. Là, il pris le ferry (où son alcool fit fureur) pour Malmö. Après un bref séjour en Suède il arriva en Norvège, ses réserves d’or s’épuisaient et surtout les bonbonnes de damassine qui lui avait permis de tenir dans le froid. Bref, je vous la fait courte parce que les hivers norvégiens sont non seulement longs mais terriblement ennuyeux.
Pour gagner sa vie Nicolas devint bandit de grand chemin façon Robin des steppes puis il se fit moins leste et la police lapone (la célèbre Policone) l’attrapa. Le conseil suprême des sages lapons qui alors régissait la Laponie avec des méthodes assez modernes, il faut en convenir, le condamna à des travaux d’intérêt général : chaque année, en décembre, il devait livrer aux enfants qui vivaient sur le cercle polaire des jouets. En ce temps là, le fils du charpentier avait déjà pris l’ascenseur depuis belle lurette pour les vignes de son père, notre Nicolas avait barbe blanche, une grande cape rouge façon houppelande pour les tours de magie… et c’est ainsi que les rois mages ne furent que trois et que naquit la légende du père Noël.
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