11/08/2020
Canicule
L’HOMME D’AOÛT EN FORÊT
On n'imagine pas la chaleur qui accable l'homme au mois d'août. Il faut l'avoir vécue soi-même. L'asphalte fond, la sangsue se ratatine, le sergent de ville colle à la chaussée.
C'est pourquoi l'homme se réfugie dans les forêts pour y manger du saucisson. Ces forêts demandent un entretien considérable, car elles contiennent des pins Douglas et des arbres à oreilles de chien tels que le saule pleureur et le saule de Virginie.
Dès le mois de mai l'administration fait repeindre au lait de chaux les vestiaires des satyres ; les capitaines de louveterie dispersent les bêtes fauves et massacrent les loups aux carrefours les plus importants ; ils gardent la peau et jettent le reste ; ils tendent des cordes entre les arbres pour faire tomber les braconniers et se dissimulent dans les hautes branches afin de protéger les insectes utiles et de dresser des contraventions aux gens qui emportent les sapins et les violettes. C'est pourquoi le gouvernement les habille d'un vert botanique qui les fait prendre dans les chênes, par les passants, pour des excroissances végétales. Ils vivent ainsi, d'arbre en arbre, jusqu'au moment où l'aquilon dépouille la forêt de sa parure, et se réfugient alors dans les épicéas. De grandes capotes bien chaudes les empêchent de prendre froid. Cette vie de plein air parmi les résineux leur fait une santé de fer et de grandes cages thoraciques.
Adam, août 1965.
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