11/10/2018
Automne 2
L’automne est là. Voici les premiers froids.
L’homme reste au coin de son radiateur sur son fauteuil en tubes de nickel. Il se rappelle avec horreur les grands feux de bûches qui salissaient toute la maison, la braise brûlante qui sautait sur le tapis, la flamme dangereuse qui venait lécher la jambe de bois du grand-oncle Emile, le fauteuil rigide dont la pauvre grand-mère finissait par prendre la forme.
Aujourd’hui, au contraire, l’homme presse sur un bouton, un ressort joue et le fauteuil s’incline ; si bien que l’homme peut vivre sa vie obliquement par rapport au sol, tantôt à quarante-cinq degrés, tantôt à cinquante-six, tantôt même à soixante.
Il en profite, il en abuse, il en tire une grande volupté. Son œil caresse avec amour le petit radiateur à eau chaude. Quel progrès sur la vieille cheminée du grand-père, qui rôtissait les jambes quand on était tout près, mais devant laquelle on se gelait à deux mètres !
Le petit radiateur, au contraire, chauffera doucement toute la maison. Dès les froids officiels. Dès le 24 ou le 25. Dès que le syndic en aura donné l’ordre, après la réunion des copropriétaires. L’homme, d’avance, en frémit de plaisir.
(Sauve qui peut – La Montagne – 13 octobre 1964)
00:45 Publié dans Vialatte | Lien permanent | Commentaires (3) |
Commentaires
J'en connais qui s'en servent...
Écrit par : Philippon | 12/10/2018
Et oui, il y en a des qui ont des canapés qui basculent en pressant un bouton. J'en connais aussi ! Et c'est l'anni de Lilian aujourd'hui.
Écrit par : Joël | 13/10/2018
Et cependant, j'ai acheté des fauteuils en clisses de châtaignier ! ... avec ce qu'il faut de coussins on peut s'y délasser. Mais je reconnais que le fauteuil basculant en cuir c'est extra
Écrit par : Aredius44 | 16/10/2018
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