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28/09/2012

Gramoulinophone

Démarrage de la saison théatrale le weekende dernier à St Julien par un spectacle gratuit sous chapiteau, Gramoulinophone par la compagnie "2 rien merci". Flemme de composer un texte original, donc je pique une excellente critique ici. Je confirme que "Le spectateur ébouriffé, brimbalé, ne peut que s'abandonner béatement à ce bidonnant bal des bobards."

Le trio improbable à la fin du spectacle:

À l'instar du titre, le spectacle mêle l'entre-sort forain, le théâtre de machine, le zoo et le cinématographe. Le public entre dans une maison hybride : moitié yourte, moitié moulin à café, sans compter un tourne-disque à pavillon, dans lequel un trio improbable et pourtant familier raconte de charmantes salades. Condensant les frères Marx, le rural cauteleux tenant un faux claque et l'acteur comique de film muet, nos trois compères, musiciens, acrobates, artistes forains, projectionnistes, proposent un plaisant voyage dans le temps.

Voyage dans le passé mais aussi dans l'enfance. De la prestidigitation à quelques centimes, des gags à la noix, un manège esquissé, une ambiance stylisée de cinématographe, des boites à malice un peu magiques, un petit zoo impromptu, tout un ensemble de rêveries enfantines. À l'âme du spectateur, se réveillent des images de laGuerre des boutons ou des films de Jean Vigo, des esquisses de Keaton ou même de Méliès. Le plus admirable est l'harmonie générale : chaque élément fait écho à tous les autres. Le tempo du spectacle est accordé à des objets vieillis mais récupérés : tantôt soutenu, tantôt lento voire lentissimo, et languissant. La rareté des paroles fait écho à la pauvreté austère des signes employés. L'éclairage, minimaliste, résonne avec la simplicité archéologique des instruments.

Le titre est un mot valise, un bloconyme, condensant « moulin » et « gramophone », dans un collage verbal qui place l'esprit dans l'hésitation : est-ce un amalgame de deux mots connus (comme le surréaliste « phallustrade ») ? Ou bien un terme nouveau, intriguant mais admis ? De même, le spectacle recycle des vieux morceaux, des chiffons, des déchets, pour en faire un objet spectaculaire inédit, improbable, résultat merveilleux de traditions séculaires, rustiques et inconnues. Le spectateur, « pénétroversé » (1), ébouriffé, brimbalé, ne peut que s'abandonner béatement à ce bidonnant bal des bobards.

Jean-Jacques Delfour

1. C'est-à-dire pénétré et traversé ; Michaux, Connaissance par les gouffres.

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