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30/04/2011

Guépard

Une preuve de plus que l’univers est multiple : le guépard de Vialatte.

Quel esprit charmant, quel rêveur, quel désarmant platonicien a songé le guépard du Larousse ? Car il est ainsi défini :  « Mammifère du genre chat. La seule espèce connue est le guépard à crinière » !… La seule connue !… Comment sont faites les autres ?… Et comment sait-on qu’elles existent ?…

Cette définition insondable me poursuit depuis plusieurs jours. Elle me roule dans des abîmes. Elle met l’univers en question. Je n’y vois qu’une explication : le guépard, M. Larousse n’a pas osé nous le dire, mais c’est lui qui l’a inventé. Tel qu’il doit être. Avec ou sans crinière. C’est une création de son esprit, c’est une idée platonicienne. Il se trouve que, dans la nature, un animal mi-chien mi-chat et à crinière a réussi (c’est notre seule chance) à ressembler à l’une des mille races de guépards qu’à inventées M. Larousse et qui comprennent (peut-on savoir ?) le guépard bleu et le guépard sans crinière, le guépard à pois, le guépard à carreaux.  « La seule espèce connue… »,  il y a là un regret… Ah ! si on l’avait laissé faire !

Rien ne saurait mieux prouver à l’homme que ce monde n’est qu’un accident parmi des millions de mondes possibles. Le guépard particulièrement. Nous vivons entourés de mille guépards chimériques, de mille possibilités de guépards toutes plus belles les unes que les autres. Nous naissons et mourons dans la cage aux guépards.

C’est une situation révoltante. C’est l’arbitraire le plus gratuit. Qui a prouvé, après tout, le guépard inconnu ? Qui l’a décrit ? Personne, surtout pas M. Larousse. (Il connaît mieux les lois du fantastique.) C’est plus beau, il le sous-entend ! Voilà de quel bois il se chauffe.

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