28/05/2010
Déni
Prestation classique, de grande mauvaise foi, ce matin sur France Inter de madame Roudinesco, papesse et historienne de la psychanalyse. Elle vient de publier un livre qui semble bien être le chant du cygne de la secte freudienne tellement la défense du fondateur de la secte est médiocre.
J’ai rencontré Michel Onfray il y a une dizaine d’année dans un palace de Bangkok. Je vous passe les raisons étranges qui nous avaient amené, ma femme et moi, dans une chambre immense et douillette alors que nous sommes plus familiers des lits étroits des B&B pour routard. A tout hasard, j’ai mis en route la télé et miracle de la technique et de l’organisation hôtelière je me suis retrouvé sur TV5 Monde qui diffusait un entretien avec le philosophe aux lunettes noires et carrées. Je suis resté scotché. Ma moitié a eu quelques peines à me sortir de cette chambre calme et voluptueuse afin d’entrer, en bon touriste, dans le capharnaüm de la ville bruyante connue pour ses Touk-Touk. Depuis ce jour, je kiffe Onfray à donfe, pour parler djeune, au point d’écouter attentivement France-Culture et les cours de philosophie de l’université populaire pendant l’été.
J’ai rencontré Freud à dix-huit ans, dans la période où l’on se flattait d’avoir lu le Procès de Kafka, Les pensées de Mao, La Nausée de Sartre et l’interprétation de rêves, entre autres… Il fallait aimer ces livres ou au moins pouvoir en parler, même si on y avait rien compris. J’ai fait comme tout le monde ce qui est un comportement bien peu philosophique mais tellement humain. Ensuite, j’ai bien vite renié Mao puis très progressivement ce cher Freud et son inconscient. Il se trouve que j’ai aussi une formation scientifique et que, examiné sous l’angle scientifique, la psychanalyse tient bien peu la route. J’ai donc rapidement douté ce qui, comme chacun sait dénote pour le psychanalyste d’un problème psy des plus graves. En effet, pour un membre de la secte, on peut douter de tout mais pas d’Œdipe ni de l’inconscient. Tout refus de croire est signe d’un enfouissement profond de l’envie de tuer son père et de coucher avec sa mère, ce qui entraîne une pathologie sérieuse et inconsciente.
Je parlerai de l’excellent livre d’Onfrey* dans une prochaine note.
* quand j'écris Onfrey avec un E Google m'envoit tous les gens qui, comme moi, ont l'appareil à photographier les mots un peu flou.
12:17 Publié dans Onfray | Lien permanent | Commentaires (15) |
Commentaires
C'est vrai que Roudinesco est risible mais Onfray ne serait-il pas un eu trop médiatique pour être honnête ?
Écrit par : Rako | 29/05/2010
En général, je me méfie des gens trop médiatiques et de tous les hommes et femmes publics qui racontent souvent tout et son contraire pourvu qu'ils passent à la télé... mais j'ai un faible pour Onfray qui réussit à vulgariser la philosophie sans prendre ses lecteurs/auditeurs pour de c...
Écrit par : Joël | 30/05/2010
Trop facile de parler de "secte" à propos de Freud et de ses disciples. Certes, ils ont des côtés insupportables mais ils nous ont offert une lecture de l'homme qui mérite discussion. Les freudiens ne constituent une secte que si les cartésiens en constituent une autre. Je parle ici philosophie et non science. Le cartésianisme, oui ; les cartésiens, non.
Écrit par : Le Garde-mots | 31/05/2010
Je n'avais jamais pensé les cartésiens comme une "secte" mais, tu as sans doute raison, on peut le voir ainsi. Avec pas mal de différences quand même.
>Je parle ici philosophie et non science
C'est tout le problème avec la psychanalyse. Onfray, après beaucoup d'autres, tente de remettre Freud à sa place de philosophe et de lever l'ambiguïté centenaire qui consiste à instituer les constructions mentales hasardeuses (Complexe d'œdipe, interprétation des rêves...) d'un philosophe, en quête de gloire, en postulats indiscutables sur lesquels on pourrait bâtir une axiomatique sans faille pour expliquer la psyché.
Écrit par : Joël | 31/05/2010
Tu as lâché le bon mot : "postulat". C'est là ou le bât blesse.
Écrit par : Le Garde-mots | 31/05/2010
Moi, je pense qu'il n'y a pas de priorité de route à suivre pour se sortir de ses problèmes psychiques, puisque dans le subjectif , tout est symbolisé,et un détail peut avoir condensé une importance énorme.J'ai été très mal, et je n'ai pas lu Freud en particulier mais bien sur j'avais son concept d'inconscient.C'est suffisant pour essayer de connaitre son ombre,pour améliorer sa lumière.Avancer avec le fils de la pensée,(écrite, je te tenais un journal), pour décortiquer les problèmes d'émotions avec logique, les uns après les autres.Bien sur,je croyais en mon pouvoir d'intervention sur moi-même, de cela, je n'ai jamais douté.L'important est de savoir ce qu'on veut faire de sa vie, et de se donner les moyens pour y parvenir.Le seul conseil que je pourrais donner, c'est de garder l'estime de soi,en toutes circonstances, car,nous faisons ce que nous pouvons, et l'élite n'existe pas pour moi,nous sommes tous égaux, tout est question de données psychiques, certains ont la chance d'avoir beaucoup de données exactes en naissant,ou par leur éducation, d'autres sont obligés de les acquérir avec douleur.
Écrit par : ver00 | 31/05/2010
Je complète car j'ai la sensation d'une injustice.Ma thérapie fut d'abord intérieure, sur moi-même,pour me comprendre, trouver les problèmes,excuser les autres, m'excuser moi-même,savoir ce que je veux vraiment, me trouver.Puis je suis passée au garde mot,par hasard,pour le titre du blog et j'ai confronté mon bon sens avec le sien....Il y avait du travail ! Une adaptation de mes désirs d'être aux exigences du monde, notamment de respect.C'est mieux qu'un psy.parce que c'était très soutenu, dès que l'idée germait....Merci,Monsieur Horvilleur.Envoyez moi la note § Tout va bien, maintenant.
Écrit par : ver00 | 31/05/2010
Eh oui sur de simples postulats certains sont en ont fait un apostolat au lieu de se dire "Que fais-tu là postulat ?"
ver00,
Thérapie par le blog, c'est bien. Je suis un blog avec pas mal d'intérêt, cela s'appelle errances narratives
http://www.cooprh.com/pratiques-narratives/
Écrit par : Joël | 31/05/2010
À propos de l’affaire Onfreud :
http://www.facebook.com/notes/psychanalogie/en-realite-michel-onfray-veut-sauver-la-psychanalyse-contre-freud-et-les-psychan/391038327884
= http://goo.gl/srst
Où l’on découvre dans les propos de M. Onfray dans la presse et à la télévision qu’il cherche à substituer à la psychanalyse dite « freudienne » une « psychothérapie pour aujourd’hui », « psychanalyse post-freudienne », consistant en… la « méditation philosophique », substituée par supersessionisme. Et que pour cela, il cherche à ridiculiser la règle fondamentale, la « loi » de la psychanalyse, qui consiste du côté du patient à dire tout ce qui vient à l’esprit (« association libre »). Et que dans ces conditions, le livre de M. Onfray cherchant à ridiculiser Freud n’est qu’un moyen de parvenir à ses fins qu’il révèle par ailleurs : « je souhaite dire que j’aimerais que ce livre soit aussi et surtout l’occasion de penser une psychothérapie pour aujourd’hui », in article de M. Onfray publié sur le site du Monde le 7 mai 2010. Où l’on découvre que tout ceci est motivé par la phobie de la notion “freudienne” selon laquelle la « normalité » n’existe pas, et qu’il n’y a qu’une différence de degré, et non de nature, entre les « normaux » et « ceux qui ne le sont pas », et que M. Onfray estime cela scandaleux et tient à une frontière nette entre les deux, afin de pouvoir se placer… devinez dans quelle catégorie : voilà toute l’affaire. Voilà ce qu’y trouvent ceux qui soutiennent M. Onfray dans son ambition.
Sommaire
— des extraits de l’article de M. Onfray paru sur le site du Monde le 7 mai 2010 (mais non paru dans l’édition papier)
— un premier commentaire de l’article de M. Onfray paru sur le site du Monde le 7 mai 2010
— des extraits du Dossier publié par Le Monde, sur site le 7 mai 2010 et dans l’édition papier le 8 mai 2010 : deux articles parmi ceux du dossier
— les liens vers les enregistrements vidéo de la prestation de M. Onfray lors de l’émission télévisée de Laurent Ruquier le samedi 8 mai 2010
— la transcription et le bref commentaire des passages estimés essentiels de la prestation télévisée précitée de M. Onfray le 8 mai 2010
— le lien vers le blog de M. Onfray qu’il consacre à son livre et les suites de celui-ci notamment dans les médias : essentiel pour mieux apprécier la “mentalité” de M. Onfray
— addition sur la notion de science et si la psychanalyse est une science
— le lien vers le blog d’Emmanuel Fleury qu’il consacre à l’affaire Onfray et notamment liste la plus complète des liens vers les articles relatifs à cette affaire.
Voir http://www.facebook.com/notes/psychanalogie/en-realite-michel-onfray-veut-sauver-la-psychanalyse-contre-freud-et-les-psychan/391038327884
= http://goo.gl/srst
---
http://psychanalogie.fr
Écrit par : frdm.fr | 01/06/2010
Il y aurait beaucoup de chose à dire. Quelques points :
- Je ne crois pas qu'Onfray cherche à ridiculiser la règle de l'association libre. Ce qu'il ridiculise, c'est la position de Freud sur le psy qui roupille en laissant travailler son inconscient. Je pense même que l'idée de l'association libre chère aux surréalistes n'est pas pour lui déplaire mais cela reste à vérifier.
- Une psychotérapie pour aujourd'hui... Bien sûr, c'est ce qu'il faut. Je n'y connais pas grand chose mais ce que font les gens de la fabrique narrative me parle et il y en a plein d'autres...
http://www.cooprh.com/pratiques-narratives/les-pratiques-narratives-en-bref
- Je ne sais pas où vous avez pris l'idée qu'Onfray était un supporter de la notion de "normalité", il me semble que sa philosophie va exactement contre cette idée qu'il existe des gens normaux. D'ailleurs lui-même est trop intelligent pour se trouver tout à fait normal :-)
Cordialement
Écrit par : Joël | 02/06/2010
@ Joël, en réponse aux quelques points :
Extrait de http://goo.gl/srst :
(…) Voici ci-après que retenir à mon sens de la prestation télévisée de M. Onfray lors de l’émission de Laurent Ruquier du 8 mai 2010 à la lanterne magique (en complément de l’article paru le 7 mai sur le site du Monde, cf. ci-dessus) :
— Enregistrement 1re partie, minute 17:05 http://www.dailymotion.com/video/xd8iho_onfray-vs-zemmour-naulleau-1-itv-on_webcam | Sur l’« association libre », M. Onfray exprime le plus grand mépris, un rejet absolu ; il qualifie cette pratique d’« extrêmement narcissique », et il la ridiculise : la psychanalyse onfrayienne non-freudienne « post-freudienne freudo-marxiste » (sic M. Onfray, article sur le site du Monde du 7 mai 2010) ne saurait donc comporter de la part du patient la libre association, ni l’encouragement en ce sens du praticien, ni que le praticien tolère la libre association de la part du patient ; alors que la jurisprudence a constaté que la psychanalyse se caractérisait par « la règle fondamentale du côté du patient de dire tout ce qui lui vient à l’esprit ». M. Onfray veut une psychanalyse non freudienne, qui exclut la libre association des paroles du patient. Mais dans ces conditions, c’est une tromperie de qualifier une telle pratique de « psychanalyse » : M. Onfray est donc un faussaire, il veut dénommer « psychanalyse » (post-freudienne, freudo-marxiste : en continuant bizarrement de se référer au nom de Freud) quelque chose qui n’a strictement plus rien de la psychanalyse, du côté du patient.
— Enregistrement 1re partie, minute 18:26 | En même temps M. Onfray énonce : « Prenez quand même le corpus ; Freud dit ça. Si maintenant vous dites ‹ oui mais enfin maintenant on prend des libertés ›, est-ce qu’on peut encore parler de psychanalyse. » – M. Onfray veut donc exercer la police de ce qui est ou n’est pas véritablement la psychanalyse, du côté du psychanalyste (après avoir, du côté du patient, rejeté la règle fondamentale de dire tout ce qui vient à l’esprit : cf. ici commentaire immédiatement précédent).
— Enregistrement 3e partie, minute 1:37 http://www.dailymotion.com/video/xd8iz1_onfray-vs-zemmour-naulleau-3-itv-on_webcam | M. Onfray ne supporte pas la notion freudienne qu’il expose selon laquelle « il n’y a pas de différence de nature entre quelqu’un qui est normal et quelqu’un qui ne l’est pas mais il y a simplement une différence de degré, le névrosé nous donne les clés pour comprendre l’homme “normal” » (bizarrement M. Onfray précise « entre guillemets » s’agissant de la deuxième occurrence du terme « normal »). M. Onfray a déjà exprimé le rejet de cette notion dans ses articles, il le réitère dans l’émission du 8 mai 2010. M. Onfray veut donc être bien certain de pouvoir être classé parmi les « normaux », et que la différence entre lui et ceux qui ne sont « pas normaux » soit parfaitement nette. Dont acte. (…)
http://www.liberation.fr/livres/0101633366-l-art-de-ne-pas-lire-freud
L’art de ne pas lire Freud
Par Jacob Rogozinski Philosophe
(…) Lorsqu’il accuse Freud «de nier la différence de nature entre la santé mentale et la maladie mentale», de justifier «la folie, la perversion, la psychose» en excusant ainsi a priori les criminels nazis (p. 564), ne sait-il pas que c’est au nom de cette différence «de nature» que l’on a légitimé les grands renfermements des temps modernes et les persécutions des prétendus anormaux ? Michel Onfray semble tout à fait fier de sa robuste santé mentale : à la camisole, le «pervers» Freud et ses semblables ! (…)
http://pagesperso-orange.fr/michel.onfray/8annee26avril10.htm
Université populaire de Caen, Contre-histoire de la philosophie par Michel Onfray - 8ème année Cours n° 164 - Lundi 26 avril 2010 « Un verrouillage sophistique »
(…) DEUXIÈME SOPHISME : Tout refoulement de l’analyse signale un névrosé dont, de fait, le propos est invalide
1. La résistance signale le refoulement qui prouve la névrose. (…)
2. Il n’existe pas une différence de nature mais de degré entre le normal et le pathologique :
* « On a reconnu de façon générale que les différences entre les individus normaux et les névrosés sont de nature quantitative et non qualitative » (Minutes IV. 59).
* Révolution nihiliste qui ne distingue plus bourreau et victime, voleur et violé, etc. (…)
Écrit par : frdm.fr | 02/06/2010
Désolé mais trop d'arguments tuent l'argumentation. Je ne peux m'empêcher de penser que vous faites flèche de tout bois pour abaisser Onfray. Pour moi, ce sont les derniers soubresauts du poisson hors de l'eau. La psychanalyse restera une étrangeté dans la pensée du XXième siècle. Un truc bien compliqué basé sur des postulats curieux et qui n'a jamais guéri personne au delà de l'effet placebo.
Comme Onfray, je suis un affreux refoulé/névrosé qui refuse de se soigner pour cacher ses turpitudes sexuelles enfouies dans mon subconscient... et je n'ai même pas honte.
Écrit par : Joël | 02/06/2010
@ Joël : Donc vous pensez que je fais ce que fait Onfray en 600 pages plus ses multiples interventions dans les médias à propos de Freud et de la psychanalyse, et à quoi vous ajoutez par votre propre blog :) Pourquoi pas.
Écrit par : frdm.fr | 03/06/2010
Soigner et prouver vos soins,le moyen importe peu.Le contact entre 2 êtres, l'un en souffrance et l'autre en désir d'apaiser la souffrance.Sans doute, un amalgame "sorcier" de conscience et d'inconscience mais, surtout une grande humanité volontaire et sincère.
Écrit par : ver00 | 06/06/2010
@frdm - Vous marquez un point - Je suis en train de terminer le crépuscule et la fin est encore plus terrible. 600 pages, à mon avis, c'est un peu long.
@ver00 - Le moyen importe cependant! A moins de penser que, depuis les chamanes et les sorciers, aucun progrès n'a été fait dans la connaissance des troubles psychiques... Après tout, c'est peut-être vrai - aucun progrès accompli - et donc l'engouement pour la psychanalyse ne serait qu'un avatar parmi d'autres de la thaumaturgie chère aux religions.
Au XXième, on a quand même quelques médicaments, pas forcément miraculeux mais qui aident bien. A ce sujet, on devrait élever une statue à Henri Laborit qui, lui, a fait faire de vrais progrès aux sciences neurologiques.
Écrit par : Joël | 07/06/2010
Les commentaires sont fermés.