12/09/2009
Sociale intelligence
Encore une note sur la gratuité avant la présentation de lundi à l’Arande., 20 heures. Un article surprenant de Jean-Paul Damaggio "Les Amériques et la gratuité". Celui-ci fait un raccourci saisissant mais au bout de ce raccourci, il y a cette idée qui me paraît essentielle "Apporter les outils novateurs pour rendre la gratuité socialement compétitive"
Les entreprises sont capables de mettre en oeuvre des outils puissants de "Business Intelligence", les responsables de l'économie utilisent des outils dits "d'Intelligence économique". Si on veut que la gratuité ne dérape pas, il faut mettre en oeuvre des outils d'intelligence socio-économique. Ceci commence par l'étude d'indicateurs de bon fonctionnement et permettraient un suivi de la gratuité, indicateurs simples et accessibles à tous. La mise en place de tells instruments me semble indispensable. Ils pourraient être mis en pratique de suite dans les domaines quasi gratuits (chez nous) de la santé et de l’éducation.
Comme dit Damaggio : "Nous savons qu'il n'est pas possible de renvoyer le compétitif dans le néant de l'histoire."
Comment rendre la gratuité socialement compétitive ?
(…) Imaginons une bibliothèque qui prêterait gratuitement des livres sans se doter des outils capables de contrôler les prêts : elle deviendrait très vite vide. Le chercheur nordaméricain, James Petras n'hésite pas à rappeler que des services publics (et nous pensons que c'est vrai pour le concept de gratuité) repensés pour servir les citoyens, doivent avoir des comptes à rendre, en tenant compte des acquis techniques d'évaluation propres à l'économie politique actuelle. Quand on sait comment le système marchand conduit au gaspillage, ne rêvons pas, la gratuité, bien qu'elle soit de l'ordre du bien commun, n'éliminera pas, d'elle-même, tout comportement néfaste à l'intérêt général ! Les Amériques, où la manie de l'évaluation sert les attitudes socialement négatives, peuvent apporter, en renversant leur usage certains outils capables d'articuler efficacité et gratuité. Dans un hôpital, les bilans du travail y sont hebdomadaires mais portent surtout sur l'action des individus et peu ou pas sur le fonctionnement global de l'institution. Renverser l'outil, c'est admettre le principe d'un temps régulier consacré à évaluer le travail, tout en élargissant les domaines d'analyse (en écoutant notamment les usagers et d'autres observateurs). Le tort peutêtre de James Petras c'est, tout en défendant la fonction centrale de l'Etat, de croire que par sa décentralisation, on va apporter, comme par magie, des outils de contrôle plus fiables. Tout débat sur la gratuité suppose donc de s'interroger sur les moyens techniques à mettre en oeuvre mais aussi sur le statut de l'Etat, suivant le principe bien connu : on ne peut traiter du fond sans traiter de la forme sous peine de se perdre. Les Amériques peuvent permettre de saisir les dangers encourus par la société quand l'Etat se désagrège, et en même temps elles peuvent apporter des outils novateurs pour rendre la gratuité socialement « compétitive ». La force du concept de gratuité c'est en effet d'obliger à distinguer le socialement compétitif de l'économiquement compétitif, à partir du moment où nous savons, me semble-t-il qu'il n'est pas possible de renvoyer « le compétitif » dans le néant de l'histoire.
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