23/09/2008
Palme d'or
Ils sont trop forts au Rouge et Noir. On a vu ce soir , à Saint Julien, en avant première, « Entre les murs » la palme d’or de Cannes.
En mars 2006, j’avais eu le plaisir de lire et de parler ici du livre de François Bégaudeau qui faisait parti de la sélection du Livre Inter. Une année scolaire dans un collège parisien du 19ième arrondis-sement black-blanc-beurre ou plutôt black-yellow-beurre. Une classe de troisième pas facile. Un prof narrateur plutôt malicieux et plein d'humour.
Ce livre venait de recevoir le prix Télérama. Ma note avait donné lieu à de riches échanges avec Ruth pour commencer puis ensuite avec Dédé, Nadine, Jean-Marc, Véronique et Hélène.
De ce livre, Laurent Cantet a fait un film. Bégaudeau a participé au scénario et il y joue son propre rôle de prof de français. Le film a ensuite été sélectionné comme 3ième (sur 3) film français a Cannes et, divine surprise, il a séduit le jury et a obtenu une palme, plus de 20 ans après le dernier film français couronné, Le soleil de Satan de Maurice Pialat. Bravo Cantet !
Il est très rare de dire qu’un film est mieux que le livre qui l’a inspiré. C’est pourtant largement mon impression ce soir.
Comme dans le livre, le film raconte la vie d’une classe (4ième plus 3ième) de la rentrée à la fin de l’année. On y trouve le bon élève (un chinois), le peut-mieux-faire, le rebelle… Au début du film, on voit d'ailleurs un professeur qui enseigne depuis longtemps dans le collège passer en revue l'effectif d'une classe, au profit d'un collègue nouvellement arrivé. A chaque nom correspond déjà une appréciation: gentil / pas gentil.
Le film bouge et fait réfléchir. J’ai trouvé que, si les élèves sont égaux à eux-mêmes dans l’indiscipline et parfois la férocité, le personnage du prof est beaucoup plus vivant que dans le livre. La tension est permanente, on souffre pour cette école qui a tant de mal à gérer toutes ses contradictions : le souci de ne pas exclure et la volonté de maintenir la discipline, la reconnaissance de la diversité et l'enseignement d'une culture unique...
Allez le voir !
23:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) |
Commentaires
" 'Il fallait que je fusse'... Commencez d'abord par maîtriser un savoir..."
Ce serait l'idéal, mais il est beaucoup trop tard pour que cette logique puisse prévaloir désormais.
Oui, Joël, tu as raison, il faut voir ce film! C'est un tableau réaliste de l'école d'aujourd'hui (étant prof en lycée professionnel, j'en sais quelque chose!) et, effectivement, on a mal devant ces contradictions. Insolubles, car elles sont le reflet de celles de la société, entre générosité et égoisme, entre laxisme et autoritarisme, entre démagogie et élitisme, entre libéralisme et dirigisme...
La force de ce film, c'est qu'on peut le considérer comme optimiste ou pessimiste, selon le côté où l'on penche. Tu ne m'en voudras donc pas, Joël, de l'avoir vu comme une excellente illustration de l'impasse dans laquelle on se trouve.
Écrit par : jacques | 24/09/2008
Merci Jacques pour ce commentaire. Tu résumes parfaitement la qualité de l'œuvre, réaliste et qui permet plusieurs lectures. Bien sûr je penche plutôt vers l'optimisme mais de façon très très mesurée.
Écrit par : Joël | 25/09/2008
J'ai vu moi aussi ce film et l'ai commenté positivement sur mon blog.
J'en fais aussi plutôt une lecture optimiste, malgré tout ce qu'il révèle des difficultés à construire des langages communs. Ce qui frappe c'est l'énergie qui le parcourt et qui traverse tous les personnages. Le danger est qu'il soit pris comme un documentaire ce qu'il n'est pas et contribue à figer les images que certains peuvent avoir de l'enseignement dans des milieux difficiles.
Écrit par : Valclair | 25/09/2008
C'est pas un film de pétasses !
Écrit par : Pascale | 27/09/2008
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