18/08/2003
Vialatte, maître Vialatte, disait : « Je me présente: Vialatte, écrivain notoirement méconnu. »
Ses derniers mots pour une dernière (901 ième) chronique de la Montagne avant de partir
en salle d'opération dont il ne reviendra que pour quelques heures :
On imagine généralement (parce que c’est vrai) que l’homme est un quinquagénaire en train de promener son chien sur le boulevard Arago à l’heure où les étoiles s’allument et de regarder le Baudrier d’Orion avec un faux air d’innocence tandis que son caniche souille le marbre du seuil d’un immeuble résidentiel. C’est une vision photographique de l’homme. Le docteur O’Grady, de Maurois, en avait une vision chimique. Il estimait que l’homme se composait en gros de deux seaux d’eau, de quelques bribes d’autres ingrédients, et de très peu de fer (même pas de quoi faire un clou). Ce qui ramenait les chagrins d’amour…
On est tenté de continuer : Ce qui ramenait les chagrins d’amours… à quelques gouttes de larmes parsemées de deux ou trois douzaines d’atomes de chlorure de sodium. Ce qui réduisait les coups de foudre à la circulation d’une poignée de molécules neuro-transmettrices dans l'océan d'un cerveau aqueux. Bien sûr, la vraie vision de l’homme n’est ni photographique, ni chimique, elle est spirituelle et religieuse, comme le disent si justement les proverbes bantous : "Le poisson connaît les rêves de l’eau qui dort." et "L'homme sait perdre son regard dans un ciel étoilé. Il s'assoit au bord de la rivière et en rêvant il vide à petites gorgées une calebasse d’alcool de palmes ."
Excusez ce crime d'écriture posthume, c'était bien mieux de finir sur l'amour...
Quelques autre proverbes bantous et vialattiens :
Il n'y a pas de bas morceaux dans le gros ethnologue.
Ne pile pas ton mil avec une banane mûre.
Qui rit sous l'okoumé, pleure sous l'acajou.
On peut voir les pensées de l'homme chauve. (c’est vrai !)
Une question bantoue fondamentale: Si ta barbe et celle de ton beau-père se mettent à
flamber en même temps, laquelle éteins-tu la première ?
...et ce bijou de la culture bantoue :
C'est se conduire en rékéké que d'étouffer le roukoukou dans sa coquille.
Encore du Viallate sur l'homme :
Quoi qu'il en soit, l'homme ne paraît jamais plus beau que quand il emploie en même temps son coeur, son corps et son esprit dans quelque entreprise difficile. C'est pourquoi j'aime tant les marins, et pas tellement les cosmonautes : le cosmonaute est à peu près passif. Il est étrange que le progrès de l'humanité aille au rebours du progrès des hommes. Que le type humain le plus beau soit celui d'avant le progrès. Le progrès se fait-il donc contre l'homme ? »
Vaste question. Sans transition (ou presque) quelques sites dignes d'intérêt :
http://acrimed.samizdat.net/index.php3
http://rezo.net
http://www.menteur.com/leblog.html Le joueb du menteur
Si on cherche « Vialatte Perino » sous Google, on obtient ce Joueb, ce qui est normal, la librairie Ferraguti et le site de Zazieweb ce qui est flatteur et... la fédération française d’athlétisme, ce qui est bizarre.
11:50 Publié dans Historique, Vialatte | Lien permanent | Commentaires (0) |
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