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08/02/2006

Arpitan

Mes ancêtres parlaient arpitan.

Mon grand-père paternel en possédait plusieurs variantes du val d’Aoste et des Savoie.

Ce n’était pourtant pas un grand lettré, ses écoles il les avait faites en poussant une barotte comme on dit en arpitan, une carriole à bras qui contenait son matériel à rétamer les couverts, de l’acide chlorhydrique (il disait muriatique), des barres d’étain, un chalumeau à essence pour faire de petites soudures. Il allait de vallée en vallée, dans un voyage commencé avant la grande guerre, entrecoupé en 1916 de grandes vacances chez les chasseurs alpins (i cacciatori alpini) sur les glaciers du Tyrol dans des corps à corps avec les comparses autrichiens de cette farce sanglante, puis continuer en 1919 pour enfin faire venir sa famille en 25 à Abondance.

Mon père est donc né un an avant aux frontières de l’Arpitanie, dans le val Soana. Mon autre grand-père venait du Valais, un autre coin de l’Arpitanie. De l’Abbaye de Saint-Maurice à celle d’Abondance, il n’y avait que quelques génuflexions. C’est à La Chapelle d’Abondance que le valaisan est venu installer sa boulangerie où, naguère (10-12 ans), mes cousins faisaient encore un pain délicieux.

Vous connaissiez peut-être l’arpitan, c’est le francoprovencal que l’on parlait dans la région ci-dessous. Un mélange d’Oc du sud et d’Oïl du nord, moitié huile, moitié vinaigre. C’était plus ou moins l’ancienne Allobrogie romaine, de Neuchâtel à Roanne, de Grenoble à Aoste en passant par Macon, Saint-Etienne, Lyon, Chambéry, Sion, Sierre, Genève, toute la Romandie. Une langue perdue ou presque.

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01:00 Publié dans Canavese | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Ecriture |