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28/08/2015

Rudologie bis

Lilian, 8 ans, me parle avec grand enthousiasme de sa visite à Bruniquel* et d’un homme « presque » Cro-Magnon, homme qui lui a montré comment se servir d’un propulseur à sagaies et autres instruments genre fronde à tuer le mammouth bâtie façon marteau d’athlète... Il me dit qu'il a même essayé avec le propulseur et la fronde de tuer une balle de foin faisant office de pachyderme... "mais ce n'était pas si facile." Finalement, il me chante la chanson qu'il connaît assez bien...

Du coup, je cherche la chanson des 4 barbus, le commentaire du Garde-Mots... et je retombe sur ma note sur la rudologie postée en 2009 avant que je ne sois élu au Sidefage et bientôt institué spécialiste du déchet*…

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La rudologie, une science de notre temps.

Comme dirait Vialatte, le rudologie date de la plus haute antiquité et même plus. Déjà dans sa caverne l’homme de cro, l’homme de ma, l’homme de Cromagnon, pon pon laissait des déchets. Très peu en comparaison de l’homme moderne, cela va de soi.

Ah oui, j'allais oublier, du latin rudus, décombres, la rudologie est l’étude des déchets.

Eh oui, la poubelle, est un bon moyen de mesurer le pouls de la société. (La poubelle ne date que du 19ième siècle, Eugène Poubelle (1831-1907), préfet de Paris, fut amené à prendre un arrêté en 1884 qui obligeait les propriétaires d'immeubles à mettre à disposition de leurs locataires des récipients communs, munis d'un couvercle et d'une capacité suffisante pour contenir les déchets ménagers.)

Plus près de nous entre 1985 et 1990, la société française avait quatre grandes catégories de poubelles :

  • Les poubelles de l’abondance pour les déchets des ploutocrates, les riches, ceux qui ne jettent que des Rolex usagées ou des bijoux dessertis.
  • Les poubelles du choix possible pour les déchets de la classe moyenne qui jette des choses moins fantaisistes, des Swatch qui ne marquent l'heure que deux fois par jour, des quolifichets achetés au souk de Marrakech...
  • les poubelles du nécessaire pour les déchets des HLM. Très riches en cartons d'emballage, pack de bières vides, jouets toc en plastoc et autres rogatons.
  • Enfin les poubelles de l’indispensable, les déchets des pauvres, assez proches des déchets que laissait Cromagnon. Peu de choses en somme.

Les déchets sont précieux pour révéler les comportements spatio-temporels d’une société donnée. Ainsi par exemple, rien qu’en examinant les ordures rejetées par une catégorie sociale, les rudologues peuvent apprendre qui travaille et à quel heure, qui fait la fête, en famille, qui partouze, qui chôme, qui se gave etc… Dans la poubelle on distingue aussi le rat de ville du rat des champs… Bref, la rudologie est devenue une branche importante de la sociologie. Et en ce moment les fours des incinérateurs à ordures du Sidefage ne fonctionnent pas à leur pleine capacité. On se demande bien pourquoi.

A noter que les hommes de la grotte de Bruniquel étaient sûrement des Néandertaliens et pas des sapiens comme l'homme de cro, l'homme de ma, l'homme de gnon, l'homme de Cro-Magnon, ce n'est pas du bidon...   

* Déchet à la même origine que déchoir et décadence qui vient du decadere latin qui veut dire tomber (cadere en italien). Peu à peu le sens du mot a déchu et on a dit "aller en déchié (sic Alain Rey) pour les ordures puis le mot s'est transformé en déchet. Les intercommunalités en ont fait des déchetteries (intercommunales) pour la propreté du territoire (intercommunal).

 

* Ordure vient de ord ou orde qui voulait dire sale. Mot dérivé du latin horridus, hérissé ou à l'aspect sauvage qui a donné horreur et horrible.

A propos de déchié, une petit contrepèterie : "La philanthropie de l'ouvrier charpentier"

09:04 Publié dans Rudologie | Lien permanent | Commentaires (2) |