02/09/2008
Sans-Soucis
C’est en lisant un polar norvégien « rue sans soucis » que je découvre le palais éponyme construit par le premier roi noir de Haïti en 1811 après l’indépendance de 1804. Pendant que Napoléon s’embourbait en Russie, Henri-Christophe construisait Sans-Soucis, son Versailles haïtien sur la cime du morne du Bonnet-de-l'Evêque.
Au palais du roi Christophe se tenaient des fêtes qui pouvaient durer plusieurs jours et où toute la cour se devait d'être présente : le prince du Trou Dondon, le duc de la Marmelade, le comte de Limonade, ou celui de l'Acul, le baron de la Seringue... Des noms venus des lieux-dits et des plantations des campagnes environnantes. Christophe ne manquait cependant pas d'imagination et aurait aussi décerné à l'un de ses fils issu d'un adultère le titre de «duc des Variétés». «Car c'est pour varier mes plaisirs que j'ai fait infidélité à ma femme», disait-il.
De son palais perché, Henri Christophe surveillait à la longue-vue ses sujets qui labouraient dans la plaine. Gare à celui qui s’endormait au boulot. Il voulait qu’on travaillât plus pour gagner plus. Tyranneau pour les uns, visionnaire bâtisseur pour les autres, il finira mal en se tirant une balle en or en pleine tempe, en octobre 1820, plutôt que d'affronter une révolte de ses sujets. Une poignée de ses derniers fidèles l'enterra à la va-vite dans la citadelle . On mit une plaque avec une inscription à la grandiloquence haïtienne:
«Seule la poussière impalpable de la dépouille tragique du monarque défunt frôle invisiblement les murs.»
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