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09/09/2006

Tentation -2-

La plage est déserte. Les volleyeurs viennent de terminer une partie acharnée, seuls deux enfants, plus loin, font des pâtés de sable. Rentrée chez elle, Fleur doit se demander pourquoi elle a accepté une invitation au restaurant d’un inconnu. Le soleil brille encore sur la mer des Caraïbes, il illumine le Yucatan, et le Mexique tout entier. Il est probable que Lucie soit déjà à Mexico épuisée par le long voyage dans ce bus rouge cahotant sur les ralentisseurs, ces topes vachards qui jonchent les routes et les villages de ce pays. Des milliers de touristes terminent leur visite des temples mayas et rentrent blasés à leur hôtel.
 
En France, son fils Fabrice et son ami Richard se couchent après une longue journée de travail. Sa mère est déjà au lit. Elle n’arrive pas à dormir. Elle doit penser à la longue lettre qu’elle lui a envoyée il y a deux semaines. La lettre qu’il a trouvée ce matin, poste restante à Playa, et qu’il a déjà lue et relue. Une demande de rançon morale, une rançon à payer pour prix de sa libération et de celle de Maurice.

L’impermanence… s’il est un sujet de méditation que Jacques peut aborder avec facilité, c’est bien celui là. Tout dans sa vie n’a été que mouvement : son enfance, sa jeunesse, les disputes de ses parents, la fuite de son frère Maurice, sa fille Julia, les aléas de son mariage… tout. Tout a coulé comme du sable entre ses doigts. Incontrôlable.

Son métier… Si Bouddha avait connu l’informatique, il aurait choisi les ordinateurs pour illustrer l’impermanence. Rien de stable dans ces machines… La vitesse est dépassée… L’accélération est obsolète… Les prix des processeurs s’écrasent… Une génération nouvelle chaque année et demie… L’expérience des uns ne sert à personne… c’est à peine si elle peut resservir pour soi-même… et pas longtemps… Des œuvres du passé, il ne reste presque rien… et ce qui reste n’est utile qu’aux historiens, et encore… De toute façon, qu’y a-t-il d’important à sauver ? Tout est construit sur le sable… du silicium… des puces en sable qui n’arrêtent pas de bouger leurs milliards de pattes... Les mémoires se remplissent et se vident à la vitesse de la lumière… les électrons volent… les pixels clignotent… les souris glissent sur des tapis trop petits sans jamais faire une halte ni entamer une quelconque prière… Un logiciel qui fonctionne est un logiciel obsolète.

Commentaires

Oh! là me suis mise en plein dans ton histoire et j'attends la suite. Les grandes ruptures familiales et l'impermanence c'est juste mon truc :-)

Écrit par : Ruth | 09/09/2006

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