Le monde change
30/05/2010
Come gather ‘round people
Wherever you roam,
...Then you better start swimming
Or you'll sink like a stone,
For the times they are a-changin'!
Rassemblez-vous braves gens
D'où que vous soyez,
Et admettez qu'autour de vous
L'eau commence à monter.
Acceptez que bientôt
Vous serez trempés jusqu'aux os,
Et que si vous valez
La peine d'être sauvés,
Vous feriez bien de commencer à nager
Ou vous coulerez comme une pierre,
Car les temps sont en train de changer.
Prenons un phénomène récent dans notre histoire, le mouvement des femmes. Si vous aviez demandé à ma grand-mère si elle était opprimée, elle n’aurait pas compris le sens de la question. Si vous aviez demandé à ma mère, elle savait qu’elle était opprimée, et elle en concevait du ressentiment, mais elle ne pouvait pas contester ouvertement la situation. Elle ne nous aurait pas laissés aller à la cuisine, mon père et moi : ce n’était pas notre rôle. Nous étions censés faire des choses importantes, comme étudier, et tout le travail était pour elle. Maintenant, allez demander à mes filles si elles sont opprimées. Il n’y a aucune discussion là-dessus. Elles vont vous flanquer à la porte, c’est tout. C’est un changement important qui a eu lieu tout récemment, un changement spectaculaire dans la conscience et dans la pratique sociale.
Marchons dans les couloirs du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il y a quarante ans, on n’y aurait vu que des étudiants de sexe masculin, blancs, bien vêtus, pleins de respect pour leurs aînés, etc. Aujourd’hui, la moitié des personnes sont des femmes, un tiers appartiennent aux minorités, les tenues sont décontractées. Ce ne sont pas des changements mineurs. Et ils se sont produits dans toute la société. (...)
Comment le changement a-t-il lieu ? Posez-vous la question : comment a-t-il eu lieu de ma grand-mère à ma mère puis à mes filles ? Pas par l’action bienveillante d’un gouvernant qui a fait voter des lois accordant des droits aux femmes. Ce changement a été en grande partie déclenché par les jeunes mouvements militants de gauche. Prenez le mouvement de résistance à la conscription dans les années 1960. Ceux qui ne voulaient pas partir faisaient un choix très courageux. Ce n’est pas facile, pour un gamin de 18 ans, de prendre le risque de perdre sa carrière prometteuse et peut-être de passer de longues années en prison, ou de fuir le pays et peut-être de ne jamais pouvoir y revenir. Il faut vraiment avoir quelque chose dans le ventre.
(...) Elles ont commencé à regarder les jeunes hommes comme des oppresseurs. Et ce fut l’une des grandes sources u mouvement féministe moderne,qui s’est vraiment épanoui à cette époque là.
Il arrive un moment où les gens comprennent la structure de pouvoir et de domination et décident de faire quelque chose. C'est ainsi que ce sont produits tous les changement dans l’histoire. Comment cela arrive, je ne sais pas. Mais nous avons le pouvoir de le faire.
La doctrine des bonne intentions - David Barsamian - Fayard 2006
Entretien avec Noam Chomsky
Le plus grand intellectuel vivant est de passage à Paris. Daniel Mermet devrait lui consacrer une nouvelle émission. Rappel du lien donné par Xavier pour connaître et écouter Noam Chomsky sous-titré en français.
2 commentaires
Hello Joël,
Alors que je peine sur le livre d'Onfray et ses longueurs, ses redondances, quel plaisir de lire ces mots de Chomsky, quelle limpidité, quelle simplicité. Est-il un philosophe ?
Salut Dilettante, ça fait plaisir.
C'est vrai qu'Onfray est souvent redondant, c'est la marque du pédago: La répétition fixe la notion. On trouve ça très bien quand cela aide à comprendre et moins bien quand on a compris ou bien quand le point nous intéresse moins. J'avais déjà eu le même problème avec d'autres des ses livres.
On ne peut pas luis reprocher, comme le fait Roudinesco, d'être simpliste. Il va au fond des choses, il a tout lu, tout analysé. L'avantage aussi avec Onfray, c'est qu'il écrit bien... mais je suis un peu partial. J'aime bien ce qu'il fait.
J'aime aussi beaucoup Chomsky qui est de la même trempe. C'est un linguiste de haut vol, dans une des sciences les plus difficiles donc et bien sûr un philosophe. En fait, si je suis la définition d'Onfrey, tout penseur, même irrationnel et farfelu, est un philosophe. Chomsky est un grand philosophe qui s'engage dans la société de son époque. Il me fait penser à Voltaire. Je l'ai écouté chez Taddeï mais je l'ai raté chez Mermet. Heureusement il y a le podcast. J'y vais de ce pas. A voir aussi le film dont j'avais parlé ici
http://perinet.blogspirit.com/archive/2009/01/15/chomski-et-cie.html
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